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901Réaction extrêmement prudente, sinon quelque peu effrayée, du secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer, à une question l’interrogeant sur la possibilité que l’OTAN intervienne comme force d’interposition entre Israéliens et Palestiniens, dans le prolongement hypothétique d’un rétablissement de conditions normales. La déclaration a été faite dans une interview télévisée à La Haye (retransmise par Spacewar.com, citant AFP le 3 janvier 2009).
«NATO will consider sending a stabilisation force to the Middle East only if an Israeli-Palestinian peace deal is reached, the bloc's head said Saturday while stressing this was a remote prospect. “I would imagine that if such a request was made to NATO, its member states would react positively,” Jaap de Hoop Scheffer, the military alliance's secretary-general, told broadcaster TROS.
»But this could be considered only if “there were to be a peace agreement, sanctioned by the UN Security Council, and if Israel and its neighbours were to request a military presence to implement such an agreement”. De Hoop Scheffer, due to step down later this year, told the broadcaster that the prospect of Israeli-Palestinian peace “is unfortunately far off”. He refused to describe the Israeli actions as disproportional, saying its actions were about “survival”.»
Les commentaires éclairés du secrétaire général JdHS (qui nous quitte en avril) constituent une excellente mise en jambes pour avoir un aperçu de la pensée-conforme occidentale en cours. Ce qu’on perçoit dans ses propos, face à cette venimeuse question, c’est la panique en développement de l’OTAN devant la possibilité de se voir confier une telle mission; d’où les conditions abracadabrantesques, et d’ailleurs décrites comme telles, que JdHS élève, comme on renforce le mur d’enceinte d’une forteresse assiégée, pour l’acceptation de cette mission hypothétique. L’OTAN devrait être rapidement terrorisée à l’idée d’une telle mission éventuelle, dans les conditions chaotiques de la crise israélo-palestinienne, si l'hypothèse devait se renforcer. Cela en dit long, finalement, sur l’évolution de l’état d’esprit de cette organisation.
Il y a quelques années, lorsque l’OTAN croyait pouvoir aligner ses ambitions sur la dimension du monde lui-même, pour lui apporter le secours de ses vertus multiples, une telle suggestion eut été acclamée de toutes les façons (une mission similaire de stabilisation entre les deux adversaires fut même évoquée lors du conflit entre Israël et le Hezbollah, en juillet-août 2006). Aujourd’hui, l’OTAN, embourbée en Afghanistan on sait comment, chargée à ras bord de membres sans la moindre capacité militaire mais pleins d’exigences politiques déstabilisantes, ayant essuyé le revers sévère du report sine die de l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine, se trouve absolument sur la défensive, en phase accélérée de survie. Néanmoins, parce que l’expansion reste la seule “pensée stratégique” possible de l’OTAN, le principe d’une telle intervention n’est pas rejeté, même s’il est aussitôt réduit à extrêmement peu de choses par les conditions posées.
La façon d’aborder la problématique de l’OTAN a changé du tout au tout. Il y a encore 2-3 ans, on pouvait voir cette organisation comme un relais à peu près efficace et prédateur des ambitions hégémoniques des USA période-neocons, et surtout des ambitions du Pentagone et du complexe militaro-industriel. Aujourd’hui, c’est une machine usée, vieillie, prodigieusement inefficace, à l’image des sponsors d’outre-Atlantique, façon-Pentagone, et qui vit constamment sur la défensive. Plutôt que s’effrayer de projets tel qu’un déploiement au Moyen-Orient, on devrait plutôt observer avec une certaine tendresse que c’est le moyen le plus sûr d’affaiblir encore ce dinosaure inutile et contre-productif. Le désordre qu’introduirait à l’OTAN un tel projet s’il se concrétisait tiendrait sans aucun doute du prodige.
Pour autant, la nervosité de JdHS, car nervosité il semble y avoir, s’expliquerait également par une perspective inédite. L’administration Obama pourrait être tenté d’effectivement favoriser un transfert de la patate chaude moyenne-orientale plutôt vers l’OTAN, qu’en hériter elle-même, en favorisant l’idée d’une OTAN déployée dans la région. Il faut garder un œil sur James Jones, l’ancien général du Marine Corps qui passa à Mons jusqu'en 2006, comme commandant en chef suprême des forces de l’OTAN (SACEUR), et qui a lui-même déjà évoqué l’idée de l’OTAN jouant un rôle de tampon entre Israël et les Palestiniens; puisque, comme l’on sait, Jones est le directeur du NSC de Barack Obama, dito l'un de ses principaux conseillers en matière de sécurité nationale.
Mis en ligne le 5 janvier 2009 à 05H35