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424Les Français évaluent les chances que leur présidence de l’UE (à partir du 1er juillet) puisse donner quelques résultats, notamment et particulièrement dans le domaine de la défense. Les perspectives ne sont plus très enthousiasmantes et complètent les remous récents qu’a connus “l’Europe”, dont elles sont d'ailleurs largement imprégnées. Des indications ont été données dans les milieux européens, qui attendent avec intérêt les perspectives de cette présidence.
«Selon les Français, dit une source européenne, le succès ou l’échec de la présidence dépendra essentiellement des Britanniques, qui ont des “hésitations”, pour ne pas dire plus, sur certains projets français.» Ce qu’attendent notamment les Français des Britanniques :
• Acceptation du budget pluriannuel pour l’Agence Européenne de Défense, ce qui permettrait de faire du “un peu long terme” sur l’harmonisation des programmes d’équipement et sur la définition des technologies dites “critiques” pour la sécurité et, surtout, l’“autonomie d’action” des Européens.
• Acceptation, ou, dans tous les cas, – ce qui paraît être une nuance, – levée du veto des Britanniques sur l’activation du quartier-général européen permanent à Bruxelles. (Le QG, installé en janvier 2007, est décrit comme étant “dans un état embryonnaire”.) Comme d’habitude, les Britanniques voient dans ce QG un concurrent de l’OTAN, et en sont fortement effrayés.
Les Français, remarque cette source européenne, ont d’ores et déjà commencé leurs récriminations contre les Britanniques. Ils avancent que le rapprochement français de l’OTAN, dit “retour de la France dans l’OTAN”, devrait lever toutes les craintes des Britanniques. Leurs projets européens, disent-ils, conçus parallèlement à ce “retour dans l’OTAN”, ont reçu le soutien des USA (important pour des projets européens) aussi bien que des pays de l’Europe de l’OTAN, – ceci expliquant cela, – et notamment de la Pologne. Alors, que font donc les Britanniques?
«La réalité selon les Français, dit encore notre source, se trouverait aussi bien du côté de l’actuelle faiblesse de Gordon Brown. Cette position le rendrait incapable de prendre des décisions importantes dans ce domaine de la défense, et, notamment, de les imposer à sa bureaucratie militaire.» Cette explication semble correspondre à une certaine réalité, sans aucun doute en ce qui concerne la faiblesse de Gordon Brown, qui est aujourd’hui un fait avéré de la situation politique au Royaume-Uni. L’un n’empêche pas l’autre, d’ailleurs, et peut même le compléter utilement; la faiblesse de Brown est aussi bien un argument réel qu’un prétexte pour l’immobilisme ou l’obstruction britanniques malgré la bonne volonté “atlantiste” des Français. Il ne faut jamais désespérer des Britanniques qui, même en position de faiblesse (leurs forces militaires le sont autant que leur Premier ministre), sont capables de manifester leur stratégie nihiliste du point de vue européen, consistant à bloquer toute avancée dans ce domaine, – disons, au moins par défaut en attendant de trouver un argument ou l’autre pour justifier leur position.
Par ailleurs, observe notre source, ce qui était considéré comme un des moteurs français, par sa valeur exemplaire, pour forcer à des avancées européennes, – le Livre Blanc et la grande réforme militaire qui l’accompagne, – est en train de devenir un sérieux handicap. Il semble que les Français, leur président Nicolas-Sarkozy en tête, n’aient pas songé à l’effet défavorable, voire désastreux, qu’auraient l’annonce de réductions de forces et le plafonnement du budget militaire à 1,7% du PIB, alors que les Français attendent et même exigent des autres pays européens des augmentations de leurs dépenses de défense. Ce constat étonnant n’a pas fini d’étonner quant à la capacité des uns et des autres à anticiper les réactions des uns et des autres.
Les Français arrivent donc à la présidence de l’UE accompagnés de hautes ambitions, d’exigences impératives et de moins en moins justifiées par leur exemple, d’un désordre contradictoire remarquable, et suivis par un Royaume-Uni qui a le visage boudeur d’un Gordon Brown établissant des records d’impopularité. Tout cela met en place une situation propice à des affrontements sévères qui devraient compléter le bouleversement commencé par le référendum irlandais.
Mis en ligne le 27 juin 2008 à 09H49
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