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386William Pfaff estime que les rapports entre l’Afghanistan et le Pakistan renvoient, pour l’état-major et les stratèges US, et pour le président par conséquent dans cette occurrence, aux rapports entre le Vietnam et le Cambodge pour les USA dans les années 1970-1975. La réorientation du binôme AfPak vers le Pakistan depuis l’automne dernier, et, encore plus, avec l’administration Obama qui en a fait sa “philosophie” en matière de “guerre contre la terreur”, renvoie précisément à 1970, quand les forces US envahirent le Cambodge parce qu’ils n’arrivaient à rien au Vietnam, après cinq années de féroces combats.
Pfaff écrit sur son site WilliamPfaff.com, le 15 mai 2009:
«A younger generation than mine, including senior military officers (not to speak of Barack Obama), may not know exactly why the United States and the South Vietnamese army invaded Cambodia in 1970, and what the result was. The invasion was a failure, and the result a humanitarian catastrophe.
»Washington, frustrated in its war against the Communist Viet Cong in South Vietnam, which eventually included bombing on a scale greater than the bombing of Germany in the second world war, decided it could solve its problem by an invasion to cut the Communist supply routes inside neutral Cambodia (which it nonetheless was also bombing: dropping 540 thousand tons of explosive on Cambodia over four years).»
Frustration, impuissance d’une part, sens de l’urgence devant la détérioration de la situation, extrêmement inquiétante alors que cette administration cherche par tous les moyens à en finir avec cette guerre, mais victorieusement certes. L’appel au général McChrystal a, selon Pfaff, une signification dans ce flux psychologique contrasté, entre frustration, impuissance et urgence.
«U.S. Command in “AfPak” now has been transferred, in obvious urgency, to former Joint Special Operations commander, Lt.Gen. Stanley McChrystal.
»Will a special forces officer think that guerrillas with refuge in an inaccessible and unconquered region, amidst a tri-national ethnic population of some 40 million fellow-Pathans, can be beaten by guided bombs or Special Forces raids? Or that an unenthusiastic Pakistani army will do the job? Or 70 thousand U.S. troops in Afghanistan, when the Taliban can always refuse battle and pull back into the mountains?
»Moreover, what is supposed to be accomplished by this war against the Taliban, which threatens to leave Afghanistan in ruins, and to tear Pakistan apart? Do the Taliban threaten the United States? Most of them could not find the United States on a map. What have they ever done to the United States? What if the United States would just go away and leave the Pakistanis, Afghans and Pathans to settle this among themelves?
»President Barack Obama says that the war will not be won by military means but by a “surge” of civilian development experts, reconstruction leaders and democracy teachers, such as Secretary of Defense Robert Gates recently told Congress that the U.S. is training. Will this “surge” get there in time? My own feeling is that President Obama is in over his head; and that American military command, not knowing what else to do, is reverting to Vietnam, which most of its members were too young to experience.»
La vision de William Pfaff est intéressante parce qu’il s’agit de la vision d’un historien “classique” (ce mot, dans son sens noble, on le comprend). L’analogie est elle-même classique, faite par un homme d’expérience qui, en plus, a vécu ce qu’il décrit; dans ses remarques, Pfaff appuie in fine sur l’aspect psychologique, entre ceux qui ont l’expérience d’une chose (la catastrophe Vietnam-Cambodge) et ceux qui ne l’ont pas. Il rappelle opportunément que les arguments sont, à cet égard de la perception psychologique, très similaire (Nixon qui nous expliquait en 1970 les raisons de l’invasion du Cambodge: «The invasion was occasion for Richard Nixon to declare that the invasion proved the U.S. was not “a second-rate power” nor “a pitiful helpless giant” standing by while “the forces of totalitarianism and anarchy...threaten free nations and free institutions throughout the world.”») Il rappelle, encore plus opportunément, que tout cela était d’abord une question de frustration, le sentiment d’impuissance où se trouvait le géant, – les USA ou le Pentagone, – devant une situation militaire sans issue… Là, effectivement, l’analogie est complètement justifiée.
Cette appréciation suggère une approche un peu différente des récentes décisions de BHO et de son administration, notamment concernant le “système Guantanamo” et la nomination de McChrystal, ce personnage si contesté. D’un côté, ces décisions peuvent être appréciées comme une continuation du système GW Bush, dont Obama est effectivement prisonnier dans plusieurs domaines par l’évidence des situations; d’un autre côté, elles peuvent être considérées comme le résultat du climat de panique qui concerne actuellement la situation au Pakistan, de la zone d’AfPak en général, qui fait rechercher toutes les mesures pour rassembler le soutien des militaires, y compris les plus “durs”, les plus “bushistes”, et tenter de trouver une issue militaire par tous les moyens.
Quoi qu’il en soit, le constat de William Pfaff sur l’enchaînement Afghanistan-Pakistan apparaissant comme une duplication de l’enchaînement Vietnam-Cambodge est très pertinent. La psychologie suit la même pente, répondant aux mêmes impulsions et aux mêmes erreurs. BHO y apparaît dans un rôle bien attristant pour ses ambitions, comme le Richard Nixon d’un GW Bush qui serait son Lyndon B. Johnson.
Mis en ligne le 18 mai 2009 à 09H12