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824Les événements sont parfois bien à propos. Il y a deux jours, le 21 juillet, les Russes font dire plus ou moins discrètement qu’ils pourraient déployer, disons selon des assignations temporaires ou lors de missions en aller-retour, des bombardiers à Cuba. Il s’agit notamment de Tu-95 subsoniques et de Tu-160 supersoniques. Explication? Un retour ironique de la crise des anti-missiles en Europe («“While they are stationing missile-defense shields in Poland and the Czech Republic, our jets of far-distance strategic aviation land in Cuba,” a high-ranked source said in the interview with Izvestia.»)
Donc, événement à propos, avec le passage du nouveau chef d’état-major de l’USAF, le général Norton Schwartz, devant le Congrès pour ses auditions de confirmation dans son nouveau poste. Schwartz remplace Moseley, l’un des deux hommes liquidés par Gates le 5 juin. Il se trouve bien un sénateur pour lui poser une question sur cette affaire de bombardiers russes. Le Daily Report de Air Force Association nous en fait rapport aujourd’hui même, dans ces termes :
«Sen. Bill Nelson (D-Fla.) asked Gen. Norton Schwartz […] what he thought of news reports that indicated Russia might base nuclear capable bombers in Cuba if the US persists in installing a missile defense system in Eastern Europe. Schwartz said, “I would offer best military advice that we should engage the Russians not to pursue that approach.” He continued, “And if they did, I think we should stand strong and indicate that that is something that crosses a threshold, crosses a red line for the United States of America.”»
Cette affaire de “menace” russe de déployer des bombardiers à capacité nucléaire à Cuba, c’est un problème pour Gates dans sa querelle avec l’USAF. Gates pilonne l’USAF depuis des mois parce qu’elle ne fournit pas assez d’effort en Afghanistan et qu’elle pense trop aux guerres conventionnelles et aux scénarios de guerres conventionnelles du futur. Cette affaire de déploiement possible de bombardiers russes est un rappel tonitruant, avec souvenir de la crise de Cuba de 1962 à la clef, de l’existence de “menaces” de type conventionnel pour la forme de la guerre. Pas étonnant que Schwartz dise toute son inquiétude qui va dans le sens des préoccupations de l’USAF.
Au reste, ce Schwartz n’est-il pas un faux-frère? Il a été choisi par Gates pour démarquer l’USAF de la ligne Moseley, lequel appuyait trop sur la guerre conventionnelle pour mieux plaider en faveur du F-22. (Ce fut la cause principale du limogeage de Moseley : l’ancien CEM de l’USAF en prenait un peu trop à son aise pour aller plaider au Congrès en faveur de plus de F-22 pour l’USAF.) Cette affaire cubaine ne viendrait-elle pas comme un argument pour ceux qui veulent plus de F-22 pour l’USAF? La dramatisation de l’affaire russo-cubaine par Schwartz pourrait le faire penser.
…Elle pourrait d’autant plus le faire penser que, par ailleurs dans son audition, Schwartz en vient à recommander plus de F-22 que les 183 actuellement produits (chiffre que Gates juge tout à fait suffisant). Certes, Schwartz ne juge pas qu’il en faille 381 (chiffre voulu par Moseley) mais il lui semble qu’il faut garder la chaine ouverte en attendant que lui-même détermine combien de F-22 supplémentaires il juge nécessaire pour la bonne santé de l’USAF. (En plus, il demande plus d’argent pour acheter plus vite des JSF, pour combler les trous dans l’effectif des forces de combat de l’USAF… Cette fois, peut-être fait-il plaisir à Gates pour l’avion, puisque le F-35 est assez bien goûté par le secrétaire à la défense, mais moins pour le budget, qu’on chercherait plutôt à baisser qu’à augmenter par les temps qui courent.)
«Gen. Norton Schwartz, [...] said that he thinks the F-22 should be kept in production … for now. Offering his “personal opinion” to Senate Armed Services Committee chairman Sen. Carl Levin (D-Mich.), Schwartz said that the Pentagon’s preferred number of 183 F-22s should not be “the ceiling,” but added that he believes the long-held Air Force requirement for 381 Raptors is “too high.” Schwartz said he will “delve deeply into the analysis” of F-22 requirements if he is confirmed, and “come back with my best recommendation” to the committee as to the appropriate overall production level for the fighter. He said the aircraft is “essential” to the Air Force’s ability to penetrate and defeat enemy integrated air defenses and to achieve mastery of the air over modern foreign fighters. Schwartz also said the Air Force needs to pump up production of the F-35 from a budgeted 48 per year to 110 or more to offset the rapid aging of the fighter force.»
Mis en ligne le 23 juillet 2008 à 15H42
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