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1562Le débat étonnant engagé entre le F-22 et le F-35 (JSF) par porte-paroles de fortune improvisés, entre le Congrès (plutôt pro-F-22) et le n°2 du Pentagone Gordon England (nettement pro-JSF) a comme cause fondamentale la crise des F-15 de l’USAF qui nécessite d’envisager des avions de remplacement. Dans son numéro de février 2008, dans sa rubrique Washington Watch, la revue de référence du lobby de l’USAF, Air Force Magazine, étudie le problème du point de vue de son urgence opérationnelle.
L’intérêt de cette rubrique est qu’elle est rédigée avant l’affrontement Congrès-England. Elle n’est pas influencée par la polémique de ces derniers jours. Plusieurs aspects de la situation sont passées en revue.
• Quel est le pire des scénarios concernant la situation des F-15? Actuellement existe la menace qu’un ensemble de 180 F-15A/C, qui doivent rester en service jusqu’au milieu des années 2020, soient effectivement retirés du service, créant un “trou” considérable dans les capacités de défense aérienne continentale de l’USAF . «The nightmare scenario [is] this: Scores of elderly F-15s, beset with fatal structural flaws, are condemned and swiftly retired, with no replacements anywhere in sight.»
• Si une décision était prise de remplacer des F-15 de défense aérienne manquants et de les remplacer par des F-22, comment les choses pourraient-elles se passer? La production de F-22 pourrait-elle être accélérée?
«[I]f USAF needed the fighters faster, costs could go up, because either additional shifts would be required with heavy overtime, or facilities would have to be expanded with new tooling and factory floor space. A potentially more time-consuming task would be finding, training, and certifying workers.
»“We have not done those kinds of excursions recently,” a company official said, meaning that it had not computed the costs of larger-buy options available to the Air Force.
»Asked to identify the longest-lead item in F-22 production, Lockheed said simply, “titanium.” Because it is in short supply, its cost has skyrocketed in recent years. One problem is that Russia is one of the world’s chief sources. Obtaining titanium has also caused headaches because of “buy American” laws sharply affecting military programs. The Pentagon maintains a list of programs that take priority when certain materials get scarce, and the F-22 isn’t on it.»
• Le F-35 peut-il servir de remplaçant des F-15, à la place du F-22, en accélérant le programme comme le propose Gordon England? Outre la question des mêmes difficultés que pour le F-22, outre la question de la capacité opérationnelle du F-35, se pose la question elle-même de l’accélération du programme pour un avion qui est loin d’être arrivé à maturité et qui connaît nombre de difficultés.
«However, USAF is also struggling to fund the F-35 fighter. It needs to build 110 per year to replace the F-16 in a timely manner, but can only afford 48 per year in its budget.
»Lt. Gen. Raymond E. Johns Jr., deputy chief of staff for plans and programs, said accelerating the F-35 isn’t a viable option because that would introduce additional risk in the program, which has a carefully laid-out development and production plan.
»“I can only ramp up the F-35 ... as it matures,” Johns said. “I can’t pump it up artificially.”»
• Même l’option d’acheter des avions de modèles anciens, des F-15 et des F-16, pour cette mission spécifique de la défense aérienne, rencontre de nombreux obstacles.
«There are no other good options, USAF officials said. They have ruled out buying more F-15s or F-16s because the versions being built for foreign sales are different than those USAF has.[...] Moreover, Johns said, he can get the F-22s “faster” than he could get the other aircraft, because USAF would have to get F-15 or F-16 customer countries’ permission to “cut into” their production runs.»
• La situation est si peu ordinaire que la chronique de Air Force Magazine mentionne, sans sourire semble-t-il, que les planificateurs de l’USAF ont même envisagé l’achat de chasseurs étrangers, – y compris le Rafale français. (D’où notre titre, où nous nous permettons d’omettre le Typhoon, pour rattraper un tout petit peu des innombrables fois où la presse anglo-saxonne omet de mentionner le Rafale français parmi les chasseurs “de 5ème génération” disponibles sur le marché des avions de combat.)
«Air Force officials said it would be nearly impossible to buy a foreign fighter such as the French Rafale or Eurofighter Typhoon, and in any case, the service would want the best available.
»Maj. Gen. Paul J. Selva, the Air Force’s strategic planner, said at a Capitol Hill airlift seminar, “Think about the emotion in this room when [USAF leaders] talk about having to hire [Russian and Ukrainian] Antonov transports to carry our armored vehicles because our C-5s don’t work. Now think about the emotion in this room if we had to say, ‘We’re going to have to buy Sukhoi fighters.’”»
Tout cela est-il sérieux? Il nous semble bien que oui. (La remarque sur l'USAF utilisant des Antonov russes parce que ses C-5 ont des problèmes n'est pas fabriquée, le cas s'est effectivement présenté.) Les spéculations dramatisent évidemment la situation mais cette évocation de l’hypothèse extraordinaire d’un achat de chasseur non-US de première ligne mesure la gravité de la situation. L’USAF (comme les autres services armés US) est écartelée entre des exigences de missions très contraignantes (les problèmes survenus aux F-15 ont été aggravés par l’usage intensif des avions de combat sur divers théâtres depuis 1990); des coûts très élevées; des difficultés considérables de développement; l’encombrement des chaînes de production pour l’exportation... C’est une nouvelle sorte de “désarmement structurel” que risque l’USAF (comme les autres services), par épuisement des matériels, des ressources et des capacités industrielles, à cause d’une politique extérieure presque uniquement fondée sur l’utilisation de l’outil militaire.
Mis en ligne le 16 février 2008 à 17H26