L’USAF-Potemkine, entre agonie et schizophrénie

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L’USAF-Potemkine, entre agonie et schizophrénie

27 mai 2015 – Le général et chef d’état-major de l’USAF Mark Welsh a donné une interview à Fox.News où il expose ses graves préoccupations quant à l’état des forces qu’il commande par rapport à celles qui se développent dans d’autres pays, essentiellement la Russie et la Chine. On sait que, pour l’USAF et le Pentagone, ces deux pays sont des ennemis à peine potentiels. Les préoccupations exprimées semblent assez classiques et relèvent des geignements budgétaires courants des chefs militaires US, à l’égard d’un budget officiel du Pentagone qui dépasse $600 milliards et d’un budget réel, – au travers des allocations indirectes via d’autres agences, des budgets supplémentaires votés en cours d’année fiscale, des budgets “secrets” (dits-black), etc., – dépassant largement les $1.000 milliards. (Le budget de la défense US constitue officiellement plus de 50% de toutes les dépenses militaires du monde, et doivent dans la réalité se rapprocher des 70%.)

Comme à l’habitude lors d’une intervention de cette sorte d’un chef militaire US, les geignements ont donc pour but de demander que des budgets plus importants soient alloués à ses forces. Le général Welsh ne déroge pas à cette respectable tradition. Mais cette demande elle-même éclaire certains autres aspects du propos pour conduire à un constat de schizophrénie de la part de ce haut gradé, à cause des conditions très particulières de la situation de l’USAF, – dont le sort futur, à un moment où le futur c’est déjà maintenant, est tout entier lié à celui du JSF/F-35. (Dans le concept de flotte d'avions de combat employé dans cet article, on met à part les bombardiers qui sont effectivement considérés comme un facteur stratégique spécifique.)... D’où l’on est nécessairement conduit à supposer que cet argent supplémentaire que demande Welsh concerne, pour les matériels, encore plus d’argent pour le JSF, lequel en est pourtant couvert et reçoit même des dotations supplémentaires du Congrès, au-delà de ce que demande le Pentagone ... Car le paradoxe de la demande de crédits supplémentaires de Welsh, là où nous nous trouvons dans un monde schizophrénique, c’est que le Congrès donne en général au Pentagone plus d’argent que le Pentagone ne lui en demande, tournant en partie et comme il peut la loi de la séquestration par des artifices absolument illégaux (crédits supplémentaires sous le label d’opérations militaires non prévues en cours, comme si l’activité courante de l’USAF, dans le cadre du budget autorisé, était de ne pas effectuer d’opérations militaires).

• L’interview à Fox.News (le 26 mai 2015), assez décousu comme fait en général Fox qui a l’habitude de découper ses prises de vue et ses enregistrements de façon à leur faire dire ce que la politique de son patron Murdoch désire entendre dire, porte essentiellement sur la menace quasi-conjointe russo-chinoise.

«In an exclusive interview with Fox News, Gen. Mark Welsh, the head of the U.S. Air Force, warns that severe defense budget cuts will impact U.S. air superiority against enemies that the nation may not be thinking about right now.

»“China and Russia are two good examples of countries who will be fielding capability in the next three to five years; if they stay on track, that is better than what we currently have in many areas,” Welsh said during a three-day visit to Langley Air Force Base in Virginia. “Fighter aircraft in the next three to five years that have more capability than what we currently have sitting on the ramp. The F-35 will stay a generation ahead of them. F-22 will, too. Everything else we have will not stay ahead. The gap has closed.” “By 8 to 10 years from now, we could be facing as many as 50 countries who use Russian and Chinese top-end fighters today,” Welsh said...»

Pourquoi choisir pour en faire commentaire ces “geignements” dont on a vu qu’ils étaient courant dans le chef de ces casquettes étoilées et galonnées, chez les chefs militaires US toujours en chasse pour des budgets supplémentaires ? Parce qu’en l’occurrence, ces “geignements” sont également fondés, mais pas pour des raisons budgétaires. Ce qui est fondé, c’est l’alarme du général Welch devant la mise en cause de la supériorité aérienne de l’USAF, qui est l’un des piliers de la puissance militaire US. Depuis 1945, dans tous les conflits où les USA ont été impliqués, — et il n’en manque pas, comme l’on sait, – la supériorité aérienne des USA par le biais des capacités de l’USAF a été constante, – sauf peut-être un bref moment, quelques semaines, à l’automne de 1950 en Corée, lorsque l’USAF se trouva confrontée à des MiG-15 soviétiques livrés à la force aérienne nord-coréenne alors qu’elle-même (l’USAF) ne disposait pas encore de ses premiers F-86 Sabre qui rétablirent rapidement l’équilibre puis la supériorité US à partir de leur arrivée en Corée, en décembre 1950. Cette supériorité aérienne est telle depuis la fin de la Guerre froide qu’elle a été rebaptisée selon l’expression encore plus impérative, sinon exclusiviste, de “air dominance” (domination du ciel), signifiant que l’hégémonie US était encore plus significative dans les cieux que partout ailleurs. C’est un facteur stratégique fondamental lorsqu’on connaît la propension des USA à exercer leur puissance militaire d’abord par l’intervention aérienne, par projection de force, avec un usage sans mesure et assez indifférent aux “dommages collatéraux” qui sont aussi fréquents que la domination est incontestée.

Ce que dit Welsh, c’est que cette domination, voire même la simple supériorité, est désormais en cause, en danger. Pour une fois, il ne s’agit pas d’un baratin destiné aux sénateurs et aux représentants, mais bien d’une préoccupation fondée. Si la cause est pour partie le développement des forces incriminées, la chinoise et la russe, il y a aussi et principalement l’élément-clef de la politique d’équipement de l’USAF qui est en train d’entrer pleinement dans le piège colossal que constitue le choix du JSF/F-35 dont nous parlons si souvent. Quelques points permettront de mieux comprendre la situation.

• Le premier point est un rappel. Ce qu’on pourrait nommer “la crise de l’USAF” n’est pas un événement soudain. La crise se développe maintenant depuis près de dix ans. Les premières alarmes sérieuses, portant sur l’usure et les problèmes de vieillissement et autres des dotations courantes (essentiellement F-15 et F-16, avions conçus dans les années 1960 [F-15) et 1970 [F-16]) remontent aux années 2007-2008. (Un texte du 11 novembre 2007 est le premier, sur notre site, à signaler en détails l’événement.) Depuis, la crise a été contenue tant bien que mal par des mesures de circonstances, autant des améliorations ou renforcements apportés aux avions touchés, qu’à des mesures de limitations importantes dans l’enveloppe de vol pour ne pas aggraver leurs problèmes structurels. Ces mesures sont significatives et privent nombre d’appareils, surtout les F-15, de pourcentages significatifs (jusqu’à 50%) de leurs capacités de combat aérien. Jusqu’à maintenant, ces restrictions n’ont pas eu trop d’effets car l’USAF n’a plus été engagés dans de véritables opérations de combat aérien, ses interventions (très nombreuses) se limitant à des missions air-sol contre des adversaires asymétriques ne disposant d’aucun moyen de défense anti-aérienne, encore moins d’aviations de combat bien entendu.

• En attendant, l’usure et le vieillissement, dans des conditions extrêmes d’emploi constant vu le rythme des opérations, se poursuivent et accentuent sans cesse les limitations de vol et de combat. La moyenne d’âge de la flotte de combat de l’USAF (F-15 et F-16) approche les 30 ans. Les forces aériennes citées (Chine, Russie, France également, autre acteur principal) ont des moyennes d’âge de leur aviations plutôt entre 10 et 15 ans. Plus encore, ces forces aériennes sont en état constant de rajeunissement par un apport conséquent d’avions nouveaux, alors que l’USAF ne produit plus pour elle-même d’avions de la génération incriminée (F-15 et F-16), réservés pour des résidus d’exportation et jugés de toutes les façons dépassés... Par contre, certes, elle produit des F-35, – et comment !, – et là est bien le problème.

• Si l’on ne produit plus des F-15 et des F-16 quasiment que pour l’exportation, c’est parce qu’ils sont jugés dépassés et qu’aucune version de type “nouvelle génération” n’est envisagée ; et cela, parce que la seule dotation budgétaire pour de nouveaux avions de combat pour l’USAF est réservée au JSF. Comme l’on sait à l’ombre du coût pharaonique de la chose (le JSF), cela fait beaucoup, beaucoup d’argent, si bien que le budget pour les avions de combat est considérable et ne donne que des avions de combat inutilisables. C’est l’un des aspects pervers les plus remarquables pour la méthode révolutionnaire choisie pour le JSF (entamer tout de suite la production, avant que l’avion ne soit au point, cela entraînant un retrofit constant des avions produits, dans une perspective vertigineuse et vertigineusement coûteuse à mesure que l’on découvre de nouvelles faiblesses au JSF, puisqu’on ne cesse d’en trouver de plus en plus, évoluant vers une situation ubuesque et grotesque, — celle où le JSF, de plus en plus produit, deviendra de moins en moins utilisable jusqu’à être définitivement inutilisable sauf pour des démonstrations en vol surveillé par beau temps et sans armements, et tout cela avec déjà plusieurs centaines d’exemplaires produits). Il n’empêche, dans de telles conditions, et en fonction de l’engagement à 120% de la direction de l’USAF en faveur du JSF, il est à la fois budgétairement et philosophiquement impensable de renforcer l’USAF d’avions de l’ancienne génération, – pas d’argent pour cela, et refus d’une telle décision qui pourrait laisser croire qu’on ne croit pas complètement au JSF dont la véritable entrée en service opérationnelle est annoncée chaque jour pour demain matin, et que les plus optimistes-idéalistes annoncent pour 2020-2022, et les optimistes-réalistes pour bien plus tard dans le temps...

• Ainsi, lorsque Welsh, détaillant la catastrophe, ajoute pour tenter de rassurer son monde qu’heureusement les F-22 et F-35 sont là («The F-35 will stay a generation ahead of them. F-22 will, too»), il nous prend, d’ailleurs sans trop de conviction, pour des billes. Néanmoins, il s’attache un peu au F-22 qui, à la différence du F-35, parvient tout de même à voler, au point où il a déjà effectué une mission de combat...

«Until the first night of the air war against ISIS in Syria last October, the F-22 had never been used in combat. It's stealth, flies nearly twice the speed of sound and Fox News has since learned the F-22 has led nearly every air combat mission over Syria since. “I think we saw a lot of what the F-22 can do, but you certainly didn't see all it can do,” Welsh said.»

L’USAF a attendu 8 ans pour faire voler des F-22 en combat, et l’avion ne l’a fait que pour une seule attaque (contrairement à ce qu’écrit Fox, « Fox News has since learned the F-22 has led nearly every air combat mission over Syria since...», – précision de pure et grossière propagande bien dans la méthode de Fox ; d’ailleurs, l’USAF raconte la même chose à ses alliés les plus proches, histoire de leur faire croire que le F-22 a quelque utilité..). L’USAF craint trop de perdre un F-22 en mission de combat, même dans un environnement sécurisé, simplement par défaillance mécanique et électronique parce que ce serait pour elle une catastrophe de communication. L’USAF est déjà paralysée par le F-22 comme elle va le devenir complètement par le JSF, qui représente, en terme de fonctionnement opérationnel, un pas en arrière par rapport au F-22, c’est-à-dire un pas dans l’inversion complète de la quasi-impossibilité d’emploi au combat.

• Et pourtant, il faut bien le répéter, tout l’argent disponible, considérable, va au JSF ... Et si Welsh obtient plus d’argent pour l’acquisition de nouveaux avions de combat, cet argent ira dans le tonneau des Danaïdes nommé JSF/F-35. On comprend bien que les geignements du chef d’état-major sur les capacités russes et chinoises ne sont pas feintes (et également capacités françaises d’ailleurs, non sans ironie hypothétique, – «The aging fleet of fighter jets – other than the stealth F-22 – could soon be overtaken by Russian, Chinese and French warplanes. “The gap,” Welsh reminds us, “has closed.”») ... Mais il s’agit d’abord d’un geignement inconscient pour un cercle vicieux équipé d’un nombre de pièges considérable où s’est volontairement enfermée l’USAF.

L’USAF-Potemkine et la communication

A ces constats divers menant à une mesure catastrophique de l’état de l’US Air Force, non par manque de moyens, ni par manque de capacités mais par manque de conscience ontologique, on y ajoutera ce que nous développons par ailleurs de l’hypothèse amusante où l’USAF, constatant la vérité de la situation d’inexistence du JSF réduit à sa narrative et campant sur ses positions d’apprécier les modèles F-15 et F-16 comme dépassés, en viendrait à se tourner vers le Rafale dont elle connaît bien les qualités. Qu’on puisse évoquer une telle hypothèse avec tout de même un peu de sérieux, voilà bien une mesure de l’effondrement de l’USAF en termes de statut, d’image, de puissance communicationnelle au service de l’exceptionnalisme américanisme. C’est sur ce terrain-là qu’il nous faut développer notre commentaire.

La situation que nous décrivons ci-dessous, et qui transparaît dans les remarques en apparence anodines du général Welsh (Fox n’y voit que du feu, bien entendu), nous l’avons souvent décrite. Il s’agit du piège du technologisme, avec un système du technologisme arrivé à son terme d’efficacité, qui a franchi son pic d’efficacité et se précipite désormais sur sa pente autodestructrice. Le programme JSF est l’étendard claquant durement de cette situation qui est à l’image aussi bien de nos prétentions technologiques-progressistes que de nos prétentions de maîtrise de l’univers complexe que nous avons nous-mêmes développé pour ne pas dépendre de l’univers naturel qui nous a été donné. Le JSF est un monstre, littéralement, construit autour d’un monde électronique fermé, conçu selon une aérodynamique qui méprise les lois de l’aérodynamique, aussi maniable qu’un camion, et tout cela devant fonctionner comme dans le meilleur des mondes, selon l’idée évidente du “système de systèmes”. Mais le système du technologisme a, entretemps, pris la clef des champs, décidant qu’il avait atteint ses limites et qu’il fallait désormais s’arranger de sa dégringolade ; et le JSF leur reste sur les bras, qui introduit en plus le virus de la banqueroute puisqu’il n’est pas question de l’abandonner tant tout dépend de lui, technologiquement, militairement, financièrement et économiquement. L’USAF, qui a effectivement tout misé sur lui, se trouve désormais tout proche de la croisée des chemins, là où il faudrait songer à choisir alors qu’elle s’est déjà convaincue qu’elle avait déjà choisi sans rien vouloir savoir des autres chemins. A un moment, ce moment où l’on retrouve la vraie vie et la vraie nature du monde, il faudrait bien, il faudra bien qu’elle agisse, et la voir acquérir un chasseur non-US qui serait par exemple le Rafale aurait de quoi surprendre bien des esprits et en faire rire quelques autres.

Certains pourraient répondre, – technologie pour technologie, – “mais l’USAF, en fait, abandonne l’avion piloté pour le drone, et là le technologisme continue à terriblement bien fonctionner” ... Là, justement, là aussi il y a de l’eau dans le gaz, comme si la crise du système du technologisme touchait la conscience des hommes. Le général Welsh a fait les déclarations qu’on a vues après une visite à la base de Langley où se trouve un des principaux centres de contrôle des drones, pour y constater de visu la crise profonde qui frappe cette activité de l’USAF. Cette fois c’est le facteur humain qui est en cause : «The Air Force has been losing more drone pilots than they can train, which has Gen. Welsh concerned and which has forced him to order a stop-loss. “It's a serious problem if we can't fix it,” Welsh said. “The problem we have is the requirement has grown dramatically since 2008.” [...] Gen. Hawk Carlisle, the head of U.S. Air Command, was the first to draw attention to the crisis in a memo to the chief that leaked in March. “I just felt like we needed to say we are at that breaking point if we don't do something to normalize the system,” Carlisle said. “We've been in constant surge mode. We're burning them out.”» Le rapport est devenu particulièrement inquiétant et ne cesse de s’amplifier : en 2014, année-record pour ce rapport négatif, l’USAF a formé 180 “pilotes” de drones et 240 ont démissionné, essentiellement par épuisement psychologique où le caractère même de la mission d’assassinat anonyme qu’implique le “pilotage” des drone, installé dans un fauteuil en principe confortable à des milliers de kilomètres du lieu du forfait, joue son rôle. (Voir notamment l’excellent article de Pratap Chatterjee, sur TomDispatch, le 5 mars 2015.)

L’USAF est un champ d’expérimentation particulièrement fécond et exemplaire pour rendre compte des effets de la crise du technologisme sur la situation des organisations humaines, tant ce service a tout misé sur la technologie, par tradition et, depuis les années 1990, par un phénomène d’accélération de type “tout ou rien” en choisissant la voie de la technologie furtive (stealth) et de la robotisation généralisée dans une manière telle qu’un changement d’orientation semble de plus en plus, non seulement improbable mais impossible. La psychologie des chefs de l’USAF va d’ailleurs dans ce sens, puisqu’aucune voix ne s’est élevée, par exemple contre la poursuite à tout prix du JSF et pour le développement d’alternatives plus prudentes. La crise du technologisme, c’est aussi la crise de la psychologie humaine lorsqu’elle est totalement immergée dans un environnement-Système qui ne permet plus d’échappatoire de l’esprit, lorsqu’elle est totalement soumise au conformisme de fer du Système, au goup-thinking, au virtualisme bureaucratique et ainsi de suite.

Pour l’instant, cette crise est restée confinée au sein de l’USAF, avec des capacités encore disponibles pour continuer à assurer son rôle dans la mission de la présence militaire globale perpétuant l’affirmation hégémonique à laquelle prétendent encore les USA, – et un rôle essentiel selon la doctrine de projection des forces qui caractérise la puissance militaire US. Les inquiétudes du général Welsh montrent que cette situation touche à son terme et que l’USAF commence à sentir le poids de ses faiblesses jusqu’alors dissimulées, qui vont bientôt se faire sentir au niveau opérationnel, dans les situations de présence, d’affirmation, de pression militaires, face à des concurrents-adversaires de mieux en mieux équipés. L’essentiel, dans ce cas, est bien la perception que ces faiblesses commencent à être visibles, ce qui influe sur les psychologies des chefs et conduit à des planifications et à des décisions de plus en plus prudentes, de plus en plus restreintes, de plus en plus illustratives d’une puissance en recul et en déclin.

La question est ici de savoir quand, plutôt que “si”, le processus de la crise du système du technologisme commencera à toucher l’USAF pour y installer une crise stratégique des capacités de cette force, – c’est-à-dire quand il deviendra visible que l’USAF n’a plus les capacités nécessaires pour tenir sa place essentielle dans les structures de la puissance militaire US installée dans le monde entier. C’est un enjeu important, parce qu’aujourd’hui l’image de l’hégémonie US, disons l’hégémonie selon le système de la communication, ne tient plus que par l’image de l’hégémonie militaire telle que la restitue le système de la communication. La perception domine tout, elle est essentielle, dans un univers où la communication est maîtresse de tout, et où la guerre totale se joue autour de la communication, – et, dans ce cas, autour de la communication que les USA peuvent encore assurer de leur puissance militaire. Si leur propre perception de leur puissance décline, les mesures qu’ils prendront rendront compte de ce déclin. Alors, l’on saura que la crise du système du technologisme a définitivement infecté les forces armées US, essentiellement dans sa branche aérienne qui assure l’essentiel de la puissance de projection des forces. La communication aura eu raison de la stratégie.