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3377• Pendant que nous écoutions l’absence de Trump transformer le Sénat en un tir aux pigeons des grandes ‘valeurs’ de la démocratie américaniste, pendant que nous nous vaccinions, le fringant Secrétaire Général de l’OTAN recevait le premier ministre d’Ukraine. • Quel menu pour cette visite ? • Hypothèse récurrente : l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. • Sans aucun doute, cette séduisante perspective a plus de poids avec Biden qu’avec Trump : ce serait sa version du ‘Make America Great Again’ (MAGA). • Biden et le fiston Hunter aiment bien l’Ukraine...
Le bloc-BAO regroupé au sein de l’OTAN a depuis des années un penchant particulier pour l’Ukraine. Il est vrai que le coup d’État de Kiev de février 2014, bien mis en scène par l’équipe département d’État-CIA, nous laisse un goût d’inachevé : retour de la Crimée à la Russie, le Donbass en sécession larvée, tout cela fait désordre. Va-t-on vers un rangement ? Victoria Nuland, qui avait joué un rôle remarqué en février 2014, s’est morfondue pendant les années-Trump, mais elle est de retour avec l’administration Biden et un président-élu (et fort bien) particulièrement arrangeant. On connaît d’ores et déjà la tendance de Biden à déléguer ses pouvoirs aux divers composants de sécurité nationale et autres, ce qui est par ailleurs la condition sine qua non aux arrangements divers et aux aménagements électoraux qui ont conduit à son élection.
On sait d’autre part :
• que son administration est infestée de fauteurs de guerre et neocons divers à l’exemple de Nuland ;
• qu’une politique dite ‘de fermeté’ est requise pour refaire une virginité à la très-grande puissance de l’américanisme (le ‘Make America Great Again’ [MAGA] type-Biden, infiniment plus sérieux que le dépositaire-Trump de la formule) ;
• que Biden, s’il a un mot à dire, sera un mot favorable à l’Ukraine où il a, avec son fils Hunter Biden, des attendrissements constants, sonnants et trébuchants, pour la direction ukrainienne ;
• qu’à ‘D.C.-la-folle’ on est chez les fous, et quelques bonnes petites initiatives tonitruantes y feraient bon effet, en plus de la stratégie mille fois réaffirmée (et d’ailleurs complètement faussaire, c’est ce qui fait son charme) selon laquelle une ‘bonne petite guerre’ est un bon petit moyen de calmer les troubles intérieurs, – dans ce cas, il nous semble que ce pourrait être exactement le contraire ;
• qu’un élargissement de l’OTAN (à l’Ukraine, mais aussi à la Géorgie) serait ainsi vécu comme un triomphe, le rétablissement de l’empire américaniste sur le monde, le triomphe de l’intelligence occidentale et ainsi de suite...
Tous ces arguments éculés et stupides tournent en boucle autour de la visite du premier ministre ukrainien à l’OTAN la semaine dernière. StrategicCulture.org fait une présentation de cette visite, et surtout du dossier de l’hypothèse de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN.
« [La semaine dernière], le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a reçu le premier ministre ukrainien, Denys Shymhal, au siège de l'organisation à Bruxelles. Lors d’une conférence de presse commune, les deux hommes se sont montrés optimistes quant à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Stoltenberg a reconnu que l’ancienne République soviétique était considérée activement pour une éventuelle adhésion à l'alliance depuis 2008, un calendrier qui met en perspective les conflits plus récents des sept dernières années. Il a également confirmé que les forces de l'OTAN ont renforcé leur présence dans la mer Noire en coordination avec leurs homologues ukrainiens. Ces dernières semaines, trois navires de guerre américains se sont entraînés avec des navires ukrainiens afin de contrer ce que Stoltenberg appelle “l’agression russe”.
» Officiellement, l’Ukraine est cataloguée comme un ‘Partenaires pour les Opportunités Renforcées’ par l’OTAN. On s’interroge pour savoir de quelle ‘Opportunité’ il s’agit.
» L’Ukraine est déjà virtuellement membre de l’OTAN. Elle a participé à des opérations militaires conjointes à l’étranger et elle reçoit une aide militaire, une formation et un soutien logistique.
» Mais si l’Ukraine devait être officiellement admise dans l’alliance de l’OTAN, cela ouvrirait une voie légalisée et inévitable vers la guerre. Selon les règles de l’organisation, tout membre de l’Alliance est autorisé à invoquer une clause de défense générale demandant aux autres membres de le soutenir militairement. Comme les autorités de Kiev prétendent continuellement que la Russie est un agresseur, – un point de vue partagé par l'OTAN, – le risque d’une guerre généralisée avec la Russie est bien réel si l’Ukraine devait officiellement rejoindre l’alliance.
» Les dirigeants de l’OTAN sont conscients de cette catastrophe potentielle et sont également bien conscients des profondes inquiétudes de la Russie. Cela explique une certaine prudence vis-à-vis de l’admission de l’Ukraine jusqu’ici. L’Allemagne et la France, en particulier, sont hostiles à l’entrée de ce pays dans l’OTAN par crainte de provoquer la Russie.
[...]
» Les prétendues règles de l'OTAN interdisent à l’organisation d’admettre des pays qui sont impliqués dans des litiges frontaliers ou des conflits internes. Cela devrait clairement interdire l’Ukraine et la Géorgie. Pourtant, l’OTAN dirigée par les États-Unis ferme les yeux sur ses propres règles, déformant ses interventions dans ces pays comme des actions de défense contre “l’agression russe”.
» Ce serait ridicule si ce n’était tragique. L’OTAN “justifie” l’expansion à l'Ukraine et à la Géorgie du fait de la “présence” de forces russes dans la mer Noire et la mer de Barents. Ces régions font partie de la zone de souveraineté de la Russie. Les États-Unis, à plus de 6 000 kilomètres de distance, stationnent pour la première fois des bombardiers stratégiques B-1B en Norvège et envoient un nombre croissant de navires de guerre en mer Noire, en violation des traités maritimes. Quelle est la prochaine étape ? La Russie sera-t-elle accusée d’occuper Moscou ?
» Les précédents et le schéma historique montrent que la courroie de transmission de l’impérialisme US connue officiellement sous le nom d’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, est incapable de raisonner et de dialoguer intelligemment. C’est une mécanique à produire de la confrontation. La Russie pourrait donc devoir envisager d'utiliser une autre forme de langage pour exprimer ses préoccupations tout à fait légitimes en matière de sécurité. »
Bien, on sait jusqu’à plus-soif comment se sont déroulés les événements de Kiev-février2014, avec une intervention absolument évidente et plusieurs fois réaffirmée des USA comme un des principaux instigateurs du putsch de Maidan. Depuis, les USA contrôlent complètement l’Ukraine, où l’on sait que le fils de ‘Ol’White Joe’ a reçu dès 2015 des avantages financiers d’une participation frauduleuse à une société spécialisée dans l’énergie, tout cela soutenu par son père alors vice-président, puis toutes ces affaires poursuivies par d’autres occurrences. C’est de la vieille histoire à l’origine mais toujours en cours ; par conséquent on peut admettre qu’il existe des liens structurels personnels entre les Biden et l’Ukraine, comme entre ‘les Organes’ (mot soviétique pour désigner les structures de sécurité) des USA et la même Ukraine obéissant au doigt et à l’œil au Pentagone et à la CIA.
Cela implique-t-il qu’il se prépare quelque chose du côté de l’OTAN, parce que les USA under-Biden en auraient décidé ainsi ? L’article dont on a cité quelques passages, donne également celui-ci :
« Il est intéressant de se demander pourquoi Stoltenberg, – ancien premier ministre norvégien et chef civil nominal de l'OTAN, – a semblé cette semaine donner un nouvel élan aux ambitions de l'Ukraine. Cela pourrait-il être lié au changement d’administration aux États-Unis ? Des membres de haut rang de l’administration Biden ont publiquement déclaré, lors des auditions du Sénat, leur volonté d'accroître le soutien militaire au gouvernement de Kiev dans son conflit avec les séparatistes pro-russes en Ukraine orientale. Les envoyés américains et européens au Conseil de sécurité de l'ONU ont réitéré cette semaine des accusations stridentes contre la Russie, affirmant que Moscou était responsable de la prolongation du conflit en Ukraine. L’envoyé de la Russie, Vassily Nebenzia, a rétorqué que c'était le régime de Kiev et ses alliés occidentaux qui n’avaient pas mis en œuvre l’accord de paix de Minsk signé en 2015. »
Notre petit doigt nous a chuchotés que les Ukrainiens ne visiteraient pas l’OTAN aujourd’hui, quittée l’ère-Trump et commencée l’ère-Biden, sans l’accord-exprès des USA, sinon l’accord personnel explicite de Biden qui, dans ce cas, a un rôle à jouer à cause de ses implications diplomatiques, familiaux et intéressés. Même si notre petit doigt est un bavard impénitent dont il faut se méfier, ce qu’il nous dit dans ce cas est par contre quasiment du domaine de l’évidence, y compris l’implication de Biden.
L’Ukraine est un domaine où Biden, tant diminué et disposant de si peu d’autorité par ailleurs, peut par contre prétendre jouer un rôle personnel à cause de ses accointances personnelles. Il est tout à fait logique, sinon pressant, d’admettre que le président ukrainien a déjà pris contact avec Biden et qu’il a fait faire cette visite à son premier ministre avec le soutien affirmé de la Maison-Blanche. D’autre part, la diminution des capacités cognitives de Biden, ajoutée à son caractère impulsif, peuvent sans doute pousser ce joyeux président à approuver, et à faire avancer très spécialement et à bonne vitesse le dossier de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN tout en dénonçant les inacceptables ‘agressions russes’. On pourrait même percevoir une sorte de concurrence entre l’Ukraine et la Géorgie (‘Qui sera le premier à y entrer ?’).
La situation se présente donc bien avec une Nuland bien positionnée auprès du secrétaire d’État Blinken ; lequel Blinken a déjà déclaré son intérêt pour des entrées dans l’OTAN (il a parlé de la Géorgie, mais aussi de l’Ukraine) ; Blinken est déjà à fond dans le bain, selon le principe qu’au contraire de ce qu’on croit et qu’on dit d’une façon assez irresponsable, l’entrée dans l’OTAN de ce pays (la Géorgie), mais aussi selon la même logique, de l’Ukraine, « découragerait l’agression de la Russie [contre ces pays] » plutôt qu’augmenter les risques de guerre. Cela est tellement fou et tellement bête qu’ils devraient tous y croire d’une seule pensée commune, au garde-à-vous.
(Qu’importe l’évidence puisque, comme l’écrit Alastair Crooke, ‘ils’ [les élites, et dans ce cas Biden et les wokenistes, y compris les fauteurs de guerre de l’appareil de sécurité nationale] croient à leur propre narrative [dans ce cas, celle de l’« agression de la Russie » contre la Géorgie et l’Ukraine] bien plus que ceux à qui ils veulent en faire accroire :
« Leur “Big Weakness” ? Les élites en viennent à croire leurs propres récits, – oubliant que le récit a été conçu comme une illusion, parmi d'autres, créée pour capter l’imagination au sein de leur société (et non celle des autres).
» Elles perdent la capacité de se distinguer et de se voir elles-mêmes, comme les autres les voient. Elles sont si ravies par la vertu de leur vision du monde qu’elles perdent toute capacité d’empathie ou d’acceptation des vérités des autres. Elles ne voient plus les signaux. Alors, dans ce temps où l’on parle (sans écouter) à d’autres États, les motifs et les intentions de ces derniers sont mal interprétés, parfois de façon tragique. »)
Les autres acteurs du bloc-BAO comprennent l’OTAN, qui serait absolument enchantée de reprendre de l’importance en montant au front ukrainien et/ou géorgien, pour se débarrasser des derniers restes de ses trouilles de l’époque Trump. Les pays européens de l’OTAN, surtout les gros malins type-Allemagne et type-France, peuvent commencer à se faire du souci (‘Vous avez détesté Trump ? Vous allez adorer Biden’).
En face, les Russes. Pour eux, rien à faire : une entrée de l’Ukraine (et/ou de la Géorgie) dans l’OTAN est quasiment un casus belli. Poutine pourra vraiment très-difficilement, peut-être au risque de sa position du fait de l’armée et autres, revenir sur cette appréciation ; alors, on mesure combien le corridor menant à la possibilité très forte d’un affrontement se raccourcit vertigineusement. Qui cela étonnerait-il, en vérité ? L’Ukraine (la Géorgie) est un vrai classique de l’affrontement USA-Russie, et si l’exceptionnel Navalny ne parvient pas à faire chuter Poutine, y compris de sa prison, il serait temps que la civilisation intervienne. Les uns et les autres, à l’Ouest, dans le bloc-BAO, chez les civilisateurs, nous ont suffisamment montré leur adhésion à la ‘doctrine Audiard’ (« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît »).
Mis en ligne le 16 février 2021 à 11H15