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1er avril 2004 — On sait qu’à Washington, le grand jeu est aujourd’hui de déterminer si GW et toute sa bande étaient ou non préoccupés par le terrorisme lorsque l’attaque eut lieu. Richard Clarke a mis le feu aux poudres en révélant qu’en vérité, tous s’en fichaient éperdument. L’administration contre-attaque en jurant ses grands dieux qu’il n’en fut rien, qu’au contraire le terrorisme était sa priorité, qu’il habitait toutes ses pensées.
Le Washington Post jette un pavé dans la mare en révélant ce matin que Condoleeza Rice s’apprêtait à faire un discours, le 11 septembre 2001, où elle affirmait que la priorité de l’administration était les systèmes anti-missiles, et nullement le terrorisme.
« On Sept. 11, 2001, national security adviser Condoleezza Rice was scheduled to outline a Bush administration policy that would address “the threats and problems of today and the day after, not the world of yesterday” — but the focus was largely on missile defense, not terrorism from Islamic radicals.
» The speech provides telling insight into the administration's thinking on the very day that the United States suffered the most devastating attack since the 1941 bombing of Pearl Harbor. The address was designed to promote missile defense as the cornerstone of a new national security strategy, and contained no mention of al Qaeda, Osama bin Laden or Islamic extremist groups, according to former U.S. officials who have seen the text.
» The speech was postponed in the chaos of the day, part of which Rice spent in a bunker. It mentioned terrorism, but did so in the context used in other Bush administration speeches in early 2001: as one of the dangers from rogue nations, such as Iraq, that might use weapons of terror, rather than from the cells of extremists now considered the main security threat to the United States. »
Nous avons réalisé que nous avions une contribution à apporter à ce problème, dont nous ne trouvons trace nulle part dans la presse US. Les préoccupations de Donald Rumsfeld, le 10 septembre 2001, soit la veille de l’attaque, étaient également très éloignées du terrorisme. Nous avions signalé le lendemain, soit le jour de l’attaque (avec le décalage horaire, quelques heures avant l’attaque). Il s’agissait d’un discours sur la menace que la bureaucratie du Pentagone faisait peser sur la sécurité nationale des USA. Nous avions accueilli ce discours avec une considération extrême, estimant que Rumsfeld montrait une grande lucidité, hors de toute démagogie, en débusquant une tendance réellement menaçante pour la démocratie américaine.
« C'est assez rare pour être souligné : voilà un discours officiel qui mérite d'être lu et relu tant il a de significations profondes. Il s'agit du discours de Donald Rumsfeld, le 10 septembre au Pentagone. Un tel discours pourrait avoir été prononcé par Mao à la veille de la révolution culturelle, ou par Gorbatchev sur le point de lancer sa glasnost. Les références à la guerre froide ne manquent d'ailleurs pas dans le discours de Rumsfeld : la bureaucratie monstrueuse du Pentagone est une sorte de dinosaure rescapé de la guerre froide, et une structure aussi archaïque et paralysante que la bureaucratie de l'Union Soviétique à la veille de la chute de l'empire soviétique.
» L'intervention de Rumsfeld implique qu'hors des pressions politiques, des pesanteurs qu'il représente, des choix qu'il a faits, l'homme est capable de porter un regard lucide sur la réalité qu'il doit affronter. Le discours tranche avec les habituelles mélopées politically correct, entendues quotidiennement sur les conseils des conseillers en communication. Nous serions tentés, dans un premier mouvement, de lui accorder une importance similaire à celle du fameux discours du 16 janvier 1961 du président Eisenhower, sur le complexe militaro-industriel. Rumsfeld juge, et c'est une image assez audacieuse pour être soulignée, que le monstre bureaucratique du Pentagone est une menace aujourd'hui aussi grave pour les USA que l'était hier l'Union Soviétique (les trois premiers paragraphes du discours sont à cet égard dignes de la mémoire, tant pour décrire la bureaucratie que pour décrire son emprise sur les États-Unis autant que sur le reste du monde). »
Bien évidemment, l’attaque du 11 septembre 2001 changea les priorités de Rumsfeld, pour qui le terrorisme devint une terrible menace. Néanmoins, nous persistions à considérer ce discours comme essentiel, comme nous persistons à le considérer comme tel aujourd’hui, et persistons à considérer l’analyse de Rumsfeld comme fondée. Une fois l’attaque réalisée, nous ajoutions ceci :
« Post-scriptum post-9/11
» En post-scriptum pour faire une conclusion, nous nous contentons de citer les premiers paragraphes de ce discours. Ils sont à méditer à l'ombre du lendemain, — du 11 septembre et de tout ce qui a suivi.
« “ The topic today is an adversary that poses a threat, a serious threat, to the security of the United States of America. This adversary is one of the world's last bastions of central planning. It governs by dictating five-year plans. From a single capital, it attempts to impose its demands across time zones, continents, oceans and beyond. With brutal consistency, it stifles free thought and crushes new ideas. It disrupts the defense of the United States and places the lives of men and women in uniform at risk.
» ”Perhaps this adversary sounds like the former Soviet Union, but that enemy is gone: our foes are more subtle and implacable today. You may think I'm describing one of the last decrepit dictators of the world. But their day, too, is almost past, and they cannot match the strength and size of this adversary.
» ”The adversary's closer to home. It's the Pentagon bureaucracy. Not the people, but the processes. Not the civilians, but the systems. Not the men and women in uniform, but the uniformity of thought and action that we too often impose on them.
» ”In this building, despite this era of scarce resources taxed by mounting threats, money disappears into duplicative duties and bloated bureaucracy—not because of greed, but gridlock. Innovation is stifled—not by ill intent but by institutional inertia.” »
Pour le reste, c’est-à-dire pour la polémique qui fait rage aujourd’hui, nous apportons cette contribution : tout comme dans le cas de Condoleeza Rice, pour Donald Rumsfeld, le 10 septembre 2001, et, donc, le 11 septembre également jusqu’à l’attaque, la priorité des priorités n’avait rien à voir avec le terrorisme.
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