Mandelson, ou la loyauté sans préavis

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L’ex-Commissaire au Commerce de la Commission européenne Peter Mandelson est parti à Londres, rejoindre ses premières amours. Il a quitté son poste la paix dans l’âme, paraît-il, parce que “mission accomplie” (selon ses propres mots). Il est parti avec un préavis à l’image de notre monde, disons quelques jours (trois? quatre? cinq?), sans rien préparer, sans avertir des choses fondamentales, c’est-à-dire sans préavis. Le voilà prêt à affronter et à terrasser de nouveaux démons au côté de son “meilleur ennemi”, le premier ministre Gordon Brown.

“Mission accomplie”, en anglo-américain, cela se dit “Mission accomplished”. Cela sollicite notre souvenir. C’est ce que nous avait clamé GW Bush à propos de l’Irak, le 1er mai 2003, sur le pont d’envol du USS Abraham Lincoln. Le précédent laisse songeur. Songeons donc.

Il reste qu’une fureur considérable gronde à la Commission devant ce départ qui est, selon des termes qui nous été suggérés, “le plus inconvenant, le plus cavalier, le plus cynique” que jamais un Commissaire européen en rupture de ban ait offert à ses compagnons de travail. Cadeau d’adieu.

Mandelson s’en va en laissant un dossier fondamental en pleine négociation et en plein marasme, voire en pleine crise, le dossier des négociations de Doha. Pour autant, les négociations ne sont pas closes et Pascal Lamy, le directeur de l’OMC, a laissé entendre qu’elles pourraient reprendre d’ici quelques semaines, quelques mois au pire. Mandelson était un homme clef dans ses négociations, autant par son poids que par sa connaissance du dossier, que par sa capacité d’influence. Son départ n’éclaircit pas la perspective, bien au contraire comme on le comprend aussitôt, et cela dans l’atmosphère générale si chargée que l’on connaît. Il affaiblit considérablement la Commission, qui est déjà absolument inexistante dans le débat général sur la crise financière, qui la concerne directement, où toutes les initiatives ont été confisquées par les Etats-membres.

Quoi qu’il en soit du fond du débats, – après tout, les adversaires du libre-échange pourraient se réjouir de son départ au vu de ce qu’on expose plus haut, – les formes dans cette affaire, ou plutôt l’absence de formes, nous ont fourni un portrait-express de l’ex-Commissaire Mandelson. Sorte de Pïcasso, retouches par Jérome Bosch.


Mis en ligne le 6 octobre 2008 à 18H08