Manhattan, vue d’un drone

Manhattan, vue d’un drone

Voici une vidéo prise à partir d'un avion radiocommandé survolant Manhattan. Ce sont des images splendides, avec des passages à couper le souffle et un fort impact émotionnel. Elles soulèvent aussi d'intéressantes questions.

http://www.youtube.com/watch?v=M9cSxEqKQ78

L'avion est une aile en mousse d'1,40 m d'envergure. Propulsé par un moteur électrique, il pèse 2,2 kg et dispose d'une autonomie de 30-40 km. Sa vitesse de pointe en vol horizontal est de 100 km/h, et son plafond de 4000 m. Il embarque une caméra qui retransmet les images en temps réel, c'est à dire que le pilote, resté au sol avec ses lunettes et son matériel de transmission, bénéficie d'une vision immersive. Le matériel utilisé est ce qui se fait de mieux dans le domaine de l'aviation de loisir. Aux USA, un particulier peut acquérir la même configuration pour quelques milliers de dollars. Pour réaliser ce genre d'exploit, compter en plus des centaines d'heures de bricolage et d'entraînement au vol en montagne.

Black Sheep, le pilote, affirme ne pas avoir violé les règlements en vigueur. Dans une autre vidéo il explique les précautions prises, notamment vis-à-vis des couloirs aériens et du survol de zones peuplées.

Sur YouTube, les commentaires fleurissent pour lui reprocher de donner de vilaines idées à Ben Laden. Et si le vrai terroriste, c'était celui qui transforme ces belles images en sujet de discorde ? C'est vrai que les drones, ça ne devrait voler qu'en Afghanistan. C'est vrai aussi que diffuser une pareille vidéo nécessite un sens très fin de la provocation.

Soyons honnêtes : le matériel utilisé a sa place dans des opérations militaires. Dans le cas de l'aile d'1,40 m on pense à des opérations de reconnaissance, mais d'autres dispositifs également en vente libre (comme les quadrotors) sont capables de se faufiler dans des bâtiments et d'acheminer une petite charge létale. D'ailleurs, les fabricants de drones militaires ne doivent pas se gêner pour acheter des composants à des fournisseurs civils.

Ces nouveaux jouets existent grâce à l'augmentation de la performance des batteries et des transmissions sans fil, elles-mêmes cause et conséquence de l'essor de l'informatique nomade, qui ressemble à une lame de fond venue balayer le monde. C'est la deuxième révolution Internet, alors que la première se poursuit toujours. Internet, c'est à l'origine un projet militaire qui trouve dans la décentralisation un moyen de résister à une attaque nucléaire lancée par le bloc soviétique.

La question est la même que pour le Cablegate : que se passe-t-il quand du matériel de niveau militaire se retrouve légalement aux mains des particuliers ?

Réponse : ils jouent avec et diffusent des vidéos sur YouTube pour épater leur copains. Et rien d'autre, tant qu'on ne vient pas les énerver.

Laurent Caillette