... Marre de ROW

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A l’époque de la toute-puissance de la communication et de l’omniprésence de l’information par conséquent, les deux choses avec l’effet sur la psychologie et cet ensemble devenu l’un des principaux composants de la vie publique et l’un des enjeux essentiels de la puissance, les nouvelles qui viennent des USA concernant l’orientation de l’information du citoyen standard de la Grande République ont une considérable importance. Ces nouvelles nous indiquent un basculement en 2008. Si l'on en juge d'après les informations qu'il réclame et qui lui sont dispensées, l'Américain standard a brusquement effacé ROW (le Rest Of the Wolrd) de son écran-radar. Après une certaine attention apporté au reste pendant un certain temps, quelques années enfin, notamment avec 9/11 et l’équipée irakienne, un puissant mouvement fait basculer tout cela.

Jim Lobe nous instruit, le 6 janvier 2009, sur Antiwar.com, des résultats d’une enquête circonstanciée sur les orientations des médias US de grande information, essentiellement les grands réseaux télévisées qui constituent l’essentiel de l’information dont s’abreuve l’Américain standard. Ici, il s’agit des trois réseaux nationaux (ABC, CBS, NBC), les plus regardés lors de l'heure des journaux du début de soirée.

«In a given year, the three networks – ABC, CBS, and NBC – devote a total of nearly 15,000 minutes to national and international news, or about 22 of the 30 minutes devoted to their evening news programs.

»During 2008, the most-covered story by far was the presidential election campaign, which captured a total of nearly 3,700 minutes, the most coverage given to any presidential campaign since at least 1988, according to the report. Economic coverage – from the mortgage meltdown and the unprecedented rise in gasoline prices to the mid-September credit crisis and the subsequent bailout package – accounted for nearly 2,800 minutes, also the most in the last 21 years and about 1,000 minutes more than the coverage given the last two U.S. recessions in 1990 and 2001.

»International-related coverage totaled just over 1,900 minutes for the year, close to the levels that prevailed in the mid-1990s, according to Tyndall, when the Republican-led Congress succeeded in curbing the internationalist agenda of then-President Bill Clinton, particularly regarding the U.S. commitment to the United Nations and other multilateral forums.»

Ainsi, nous apprenons que les grands réseaux nationaux de TV US accordent autour de 13% de leur temps d’information aux affaires internationales (1.900 minutes sur 15.000). Encore les événements sont-ils loin d’être significatifs de la situation internationale : le premier événement est la guerre en Irak (244 minutes dont 88 seulement venues d’Irak même, le reste consacrés aux débats aux USA sur la question); le second, les JO de Pékin avec 236 minutes. L’événement essentiel de la crise géorgienne, par exemple, est loin derrière, avec 53 minutes sur les 15.000 annuelles, dont 44 sont d’un simple “repiquage” de reportages de réseaux non-US.

Une autre précision sortie par Lobe d’un autre enquête pour compléter son propos général nous apprend une importante nouvelle, qui est une “première” de 2008: les Américains qui s’intéressent malgré tout aux nouvelles internationales consultent plus Internet que la presse écrite, – pour la première fois en 2008. L’intérêt pour le monde extérieur aux USA ressort désormais majoritairement du domaine de la “dissidence” de l’information officielle. («The latest survey by the Pew Research Center for the People & the Press, published late last month, found that some 70 percent of the public in 2008 relied on television as a main source for national and international news last year. The same poll found that the Internet surpassed daily newspapers as a main source of national and international news, particularly for younger adults, for the first time last year.»)

Ces différentes observations confirment au niveau des réseaux d’information et du public la grande tendance observée depuis quelques mois du point de vue de la politique, et encore plus confirmée ces dernières semaines par l’activité de l’équipe Obama durant la transition. Il s’agit d’un renfermement des USA sur eux-mêmes, après la phase “extérieure” de la présidence GW Bush, l’attaque 9/11, l’Irak, la “guerre contre la terreur”, etc. Il est manifeste qu’on doit parler d’un mouvement de fond, et nullement d’une manipulation des médias. En l’occurrence, l’information suit nettement les préoccupations du public, et le monde politique fait de même. Ces constats précisent encore plus le problème qui se pose à l’administration Obama, – ou devrait-on même parler de dilemme, puisque, par ailleurs, les ressources nationales ont diminué de manière radicale tandis que la situation intérieure de crise économique mobilise effectivement des ressources importantes. Ce dilemme porte sur la politique extérieure ou, plus largement, sur la politique de sécurité nationale. Le hiatus entre ce sentiment général de renfermement, aussi bien dans le public que dans l’establishment, et les engagements extérieurs considérables devra à un moment ou l’autre être considéré et réduit d’une façon ou l’autre, parce que les ressources l’exigent. Cette confrontation viendra très vite, au rythme et à la vitesse où avance la crise aux USA.


Mis en ligne le 8 janvier 2009 à 13H32

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