Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
644410 octobre 2022 (17H10) – Ce matin, à partir d’autour de 08H00, j’ai donc vécu, “virtuellement”, sous les frappes de missiles russes sur divers “objectifs stratégiques”, dont certains civils mais infrastructurels, dans les grandes villes d’Ukraine-Zélenkistan, particulièrement Kiev bien entendu ; frappes sur le réseau électrique, sur le réseau ferroviaire, contre des bâtiments administratifs dont ceux du SBU. Cette offensive était très différente dans la forme communicationnelle de la première du début septembre. Elle était faite au grand matin de l’activité générale, volontairement ou pas quoiqu’on puisse se douter de la réponse, pour être vue et entendue par tous, répercutée par une formidable vague de communication pour la documenter minute après minute, presque seconde après seconde.
Je n’entends faire ici ni un compte-rendu opérationnel, ni une observation tactique, ni une analyse stratégique. Vous savez que ce n’est pas le genre de nos habitudes de travail, où l’on tente de garder une distance vis-à-vis de l’immédiat, pour mieux en apprécier l’importance, écarter l’éphémère d’une part, d’autre part mettre au grand jour les aspects essentiels, – s’il y en a.
Donc, simplement l’avalanche des nouvelles diverses et innombrables, courant le long d’un temps insaisissable, parfois complètement baroque comme celle-ci, du fil ‘Inter Slava Z’, 10H08 :
« Arestovich [un conseiller de Z.] a dit que les Forces Aérospâtiales Russes disposaient désormais [à l'heure qu'il est] de 60 missiles de moins. Je ne plaisante pas, c’est ce qu’il a dit. »
Pour le reste, on trouve partout, dans les presses alternatives, indépendantes, censurées, russes, et même dans la presseSystème extrêmement alignée, des précisions sur les frappes russes d’hier (plusieurs vagues, sur tout le territoire). Les conditions, notamment de communication, font que ces frappes constituent sans aucun doute un degré très sérieux d’élévation de l’intensité du conflit du côté russe, et surtout officiellement désigné comme suite directe à l’attentat du pont de Kerch et divers autres incidents et tensions. L’“Opération Militaire Spéciale” (OMS) est en train de morpher, dans le langage militaro-kremlinesque, en une “Opération Contre-Terroriste” (OCT) à bien plus vastes objectifs et horizons, avec bien des possibles débordements hors d’Ukraine, – sans hésiter s’il le faut, – cela, comme je ressens les choses, et la résolution qu’on y trouyve.
L’aspect spectaculaire de l’opération, effectuée le matin à l’heure des déplacements, effectivement en pleine activité de début de semaine, a selon mon jugement que je répète ici pour l’affermir, une dimension communicationnelle évidente dans un conflit où la communication joue un rôle si important. De même l’opération correspond-elle chronologiquement, non seulement à la réponse à l’attaque du pont de Kerch, mais aussi à l’annonce du premier commandement interarmes, – ils ont mis le temps ! – de toute l’OMS morphant-OCT par le terrible général Sourovikine, au surnom terrible et partout clamé de “général Armageddon”, pour la façon non moins terriblement efficace et expéditive qu’il a employée pour conduire les opérations russes en Syrie à partir de 2017.
Ce degré de plus dans l’escalade fut donc suivi par des millions et des millions de gens, de tous les bords, jusqu’aux neutres les plus neutres, tant est grande aujourd’hui l’activité de toute cette communication échappant à la glue infâme du filtre de la presseSystème, – et d’ailleurs, la presseSystème échappant elle-même à sa glue infâme, à la force des tirs de ‘Kalibr’, pour nous faire vivre l’événement à sa façon.
« Une émission en direct de la BBC depuis Kiev, la capitale ukrainienne, a été interrompue lundi matin par un tir de missile sur la ville.
» Le correspondant Hugo Bachega était en train d'expliquer que la Russie pourrait donner une “réponse très forte” à l'attaque au camion piégé ukrainien de la semaine dernière sur le pont de Crimée, lorsque son équipe a dû interrompre l'émission.
» Le journaliste s'est arrêté au milieu d'une phrase lorsqu'il a entendu le son apparent d'un missile en phase terminale, suivi d'une explosion. Le journaliste et son équipe ont alors cherché à se mettre à l'abri, a indiqué le radiodiffuseur. »
... Mais ce dont je voudrais vous faire part plus précisément, c’est d’une appréciation psychologique de l’événement, – je dirais : l’effet sur “le public” en général, au sens le plus large, comme sur moi-même d’ailleurs. Le premier phénomène qui me frappe, c’est la fantastique activité de la profusion des fils (par exemple les innombrables comptes ‘Telegram’), tous avec des messages parfois toutes les 4-5 secondes, avec photos et vidéos, en permanence tout au long de l’événement, messages parfois si copurts qu’ils prennent la forme de ‘flash’.
Ainsi appelions-nous déjà (‘flash’) les dépêches urgentes, très courtes, une ou deux lignes, annonçant un événement très important, avec détails à suivre, du temps des ‘télex’, dans ma jeunesse journalistique de la fin des années 1960, et nous-mêmes attendant longuement ces “détails à suivre”. Quelle différence dans la communication ! Dans la vitesse, dans le flux, dans la masse, dans l’abondance !
Même par rapport aux deux “entrées” dans les deux guerres d’Irak (ou du Golfe, – celle de 1990-1991 et celle de 2003), largement documentées quantitativement par la communication, – je me rappelle les écrans TV en direct-CNN dans le grand hall de l’ancien bâtiment de l’OTAN, montrant les films des tirs de missiles [‘Made in USA’], pour l’édification des foules atlantistes et charmées, –le changement est fantastique. L’intensité quantitative des nouvelles, l’intervention de sources très nombreuses (vidéos, photos), souvent individuelles, souvent anonymes, donc impossibles à évaluer mais toutes s’empilant, leur poids collectif sur nos psychologies et nos perceptions, tout cela est vraiment considérable...
J’ai connu cette sorte de paralysie journalistique que j’ai ressenti à nouveau ce matin, où l’on se trouve devant un événement majeur, où l’on est poussé à écrire tout de suite à ce propos pazr réflexe de profession, – mais quoi, avec quel commentaire qui soit de quelque intérêt, dans quel sens, selon quel point de vue qui apporte quelque inédit, – alors que chaque minute, croit-on, change la situation dont on ne connaît d’ailleurs rien de structuré ? Bien, on sait parfaitement que l’heure n’est pas venue d’écrire, sinon quelques anathèmes sans intérêts et qu’il faut attendre. C’est ce que je fis et fais encore avant de poursuivre pour en venir à mon sujet annoncé plus haut, qui est bien celui de la psychologie, et nullement de l’enseignement opérationnel, ni de l’appréciation du chroniqueur qui en connaît un brin...
Ce qu’il m’importe de mettre en évidence, c’est effectivement la puissance extraordinaire de ce flot de communication, qui vous met psychologiquement dans ce qui semble être “au cœur de l’action”, qui vous oblige à sembler et à vous croire vous aussi ressentant et subissant la tension de l’action. Je pense que cette atmosphère, cette pression qui véhiculent la communication pèsent d’un poids considérable sur les psychologies. Elles nous forcent à une implication dans le conflit, dont nous n’avons nulle conscience alors qu’elle se fait. Je précise bien, une fois de plus pour cette sorte de remarque, que je tente d’exposer ce phénomène sans aucune allusion, ni prise de position par conséquent, par rapport aux deux adversaires : “elles nous forcent à une implication dans le conflit”, pour l’un ou pour l’autre, dans l’absolu même, comme on plante un arbre en terre.
Ce que j’essaie de décrire, c’est bien la force intrinsèque de l’événement, non pas tant à cause de la force qu’il déploie, mais à cause de la puissance et de la pression de la communication nous obligeant à prendre conscience, – d’une façon inconsciente dirais-je paradoxalement, – de cette force, comme l’on accepte l’oxygène que l’on respire. La communication est d’une telle puissance qu’elle impose l’événement même à ceux qui voudraient l’ignorer ou même qu’ils ignorent, essentiellement en modifiant le climat général dans le monde que nous vivons. Si l’on veut de l’ironie ou du paradoxe, il s’agit d’une sorte de “crise climatique” que nous impose la communication, en modifiant radicalement le “climat” de notre perception et donc de notre psychologie.
D’un coup pour cette fois, – et d’ailleurs “coup après coup” dans l’évolution brutale et inarrêtable de la “crise climatique“ de la communication qui accompagne ce conflit où trône la communication, – la guerre en Ukraine devient de plus en plus l’‘Ukrisis’ que nous avions identifiée dès l’origine : une crise qui embrasse toutes nos relations internationales, toutes nos psychologies, toute notre civilisation. Une crise qui se confirme chaque jour davantage, et chaque jour davantage à cause de la puissance de la communication et de son “climat”, comme la GrandeCrise, – la crise de “fin de cycle” sans nul doute.
Pour la suite dans les détails furieux et sans complexe, on s’adresse à notre principal correspondant, l’homme sur lequel l’“Ouest collectif”, ou bloc-BAO, comptait pour livrer clef en main la Russie à ses amis, – lequel nous annonce quelques nouvelles doses de “pressions climatiques” venues de la communication, – bien sûr, Dimitri Medvedev, qui d’autre & “who else” ?
« Le premier épisode est joué.
» Il y en aura d'autres.
» Et encore. Je vais vous donner une position personnelle. Je ne peux pas m'empêcher de la mentionner maintenant. L'état ukrainien, dans sa configuration actuelle avec son régime politique nazi, constituera une menace permanente, directe et évidente pour la Russie. Par conséquent, en plus de protéger notre peuple et de protéger les frontières du pays, le but de nos actions futures devrait, à mon avis, être un démantèlement complet du régime politique de l'Ukraine. »