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Certes, il y a des spéculations sur la façon dont les USA pourraient tenter de sauver la mise après GW, mais il y a aussi les réactions presque spontanées devant le spectacle habituel des USA confrontés à leur décadence dans les rapports avec le monde, et ces réactions publiées sans hésitation dans les colonnes des organes de presse faisant partie de l’establishment. Ainsi de cet article du magazine Time, du 19 mai, qui nous conte d’abord cette aventure de GW Bush en Arabie. (Le fait que l’article soit signé d’une plume extérieure à Time, et non US, – Massimo Calabresi, de al Janadriyah, – nous paraît en un sens encore plus significatif. Cela indique que les organes de l'establishment ne craignent même plus d'accepter que le constat de l'effondrement de la puissance US soit fait par des observateurs non-US.) Nous donnons l’introduction et l’épilogue:

«Worried about the high cost of filling up? President Bush is on the case. Last Friday he arrived in Riyadh to urge King Abdullah, the leader of the world's largest petroleum producer, Saudi Arabia, to put more oil on the market.

(…)

»…It was there, after much pomp and circumstance, that Bush made his request. And it was there that the King still said no.»

Le ton est ici remarquable, l’espèce d’ironie furieuse et méprisante, – à l’image du titre, également: «The Incredible Shrinking Superpower.» Les conclusions sont également définitives, en détachant de plus en plus nettement le destin actuel des USA du seul calamiteux GW Bush et en désignant la réalisation de la chose comme une tâche fondamentale du futur président, – faire admettre par les citoyens de cette super-puissance qu’elle est devenue une “ Incredible Shrinking Superpower”...

«Americans tend to think of the presidency as all-powerful, but much of its authority comes from the ability to convince the public to follow, and the same is sometimes true in diplomacy. The time when George W. Bush could perform that trick has long passed. But if Americans are adjusting to the idea of a weak Bush, an even tougher mental leap awaits them once he leaves office: accepting that the U.S. isn't the force abroad it was just a few years ago. The next President's hardest job may be getting the country used to that.»

Cette sorte d’appréciation reflète un état d’esprit, désormais répandu et accepté dans le monde de la communication, qui ne facilitera pas toute tentative de restauration, même partielle, du statut de “superpuissance” respectable et respectée des USA. Il semble que le résultat du très long mandat de GW Bush, – la persistance ininterrompue de l’activité catastrophique finit par faire trouver le temps long, – est non seulement d’avoir réalisé d’importantes avancées dans cette situation catastrophique mais, en plus, et cela peut-être de façon décisive, d’avoir créé un état d’esprit spécifique à cette situation. On dirait qu’on ne craint plus, aujourd’hui, dans des milieux américanistes ou proches de l’américanisme, de proclamer haut et fort le déclin catastrophique des USA, au-delà de GW.


Mis en ligne le 23 mai 2008 à 06H52