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1494Le sénateur John McCain était “en mission” à Budapest hier, 31 janvier. Il était accompagné de quelques compères, deux autres sénateurs et quatre députés de la Chambre des Représentants, – républicains et démocrates mêlés, en une délégation excellemment bipartisane. Le voyage avait l’aval, sinon le soutien, sinon le recommandation du département d’Etat, et particulièrement de Victoria Nuland qui s’occupe des affaires européens et qu’on a vu en balade à Kiev en décembre dernier. On trouve les “remarques” de McCain, texte d’un discours du sénateur de l’Arizona en Hongrie, sans qu’il soit précisé où a été prononcé ce discours, sur le site de l’ambassade des USA à Budapest, le 31 janvier 2014. Il s’agit donc, en toute transparence, d’une “mission” quasi-officielle d’une délégation du corps législatif US pour le compte de l’exécutif.
On cite ainsi deux extraits du discours de McCain, suivis de quelques remarques que l’ensemble nous inspire : «...America is proud to have supported Hungary every step of the way on its democratic journey—from the heady days of 1989, through its accession to NATO and the EU, to the challenges of the present.
»We understand the concerns about the state of democracy in Hungary that have been raised by people both inside and outside of this country. Some of these concerns are very serious. They need to be resolved democratically, by Hungarians, and this country’s democratic institutions, its checks and balances and rule of law, need to be strong enough to support that process. [...]
»We also discussed with both the Prime Minister and the opposition our many common foreign policy interests. We share a commitment to consolidating democracy in the Balkans, integrating Ukraine into Europe, fostering a free and peaceful Afghanistan, and deepening security cooperation in NATO, especially on counterterrorism. We also expressed our hope that Hungary will address its energy security needs in ways that further diversify Europe's supply of energy. The United States is grateful for the strong international cooperation that we enjoy with Hungary, and its willingness to play a leadership role on behalf of international peace and security. We believe that the success of our alliance is measured, in large part, by what we do together to support a more democratic, secure, and prosperous future – not just in Europe but also beyond Europe.»
• Le premier point est que les USA, comme à l’habitude, interfèrent dans les affaires intérieures de la Hongrie (et de l’UE, si l’on veut) en faisant effectuer à leur sénateur favori un petit tour opposition-gouvernement, marqué par leur préoccupation pour l’aspect démocratique de l’ensemble. C’est une mise en cause à peine indirecte du gouvernement Orban, accusé de vilaines pratiques antidémocratiques et anti-UE par l’opposition et par Bruxelles («...the concerns about the state of democracy in Hungary that have been raised by people both inside and outside of this country. Some of these concerns are very serious.»).
• A côté de cela, tout à côté, il y a les préoccupations du bloc BAO pour les nouveaux liens en train de s’établir entre la Hongrie et Moscou, notamment du point de vue de l’énergie («We also expressed our hope that Hungary will address its energy security needs in ways that further diversify Europe's supply of energy.») Il est vrai que la visite-surprise du Premier ministre hongrois Orban à Moscou à la mi-janvier à débouché sur de nouveaux accords très importants entre les deux pays, notamment du point de vue du ravitaillement en énergie. Dans Strategic-Culture.org du 17 janvier 2014, Potr Iskenderov décrit le résultat de cette visite : «...one must acknowledge that cooperation between Russia and Hungary in the energy field is becoming a strategic partnership.»
• La proximité de la Hongrie et de l’Ukraine, avec une frontière commune et une minorité hongroise en Ukraine, peut s’interpréter de toutes les façons possibles, pourvu qu’il soit question de désordre. Il y a aussi bien la possibilité qu’il soit conseillé à la Hongrie de se rapprocher des opposants ukrainiens pro-UE actuellement en révolte, que la possibilité qu’une même situation se développe en Hongrie contre Orban, jugé trop pro-russe et anti-UE selon les stratèges McCain, Nuland & Cie.
• Tout cela est couronné du passage exaltant le soutien constant des USA à la lutte des Hongrois pour leur liberté. L’avisé speechwriter de McCain a pris la précaution de préciser « from the heady days of 1989...». En effet, si l’on remonte un peu, pour parler de la vraie lutte des Hongrois pour leur liberté, on tombe sur la révolte d’octobre-novembre 1956. Il s’agit de la plus complète et cynique trahison des USA vis-à-vis d’“amis en lutte pour leur liberté”, lorsque les USA encouragèrent les Hongrois à la révolte, en leur promettant une aide logistique, de l’armement, voire des forces spéciales clandestines via des émissions enflammées de Radio Free Europe, pour laisser ensuite le massacre du début novembre 1956 se dérouler sans lever le petit doigt. (Voir le 9 octobre 2006.)
Mis en ligne le 1er février 2014 à 12H16