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2 octobre 2006 — Chaque congrès d’un parti dominant au Royaume-Uni a son invité US : Clinton au congrès travailliste, John McCain (républicain, favori à la nomination républicaine aux présidentielles pour 2008) pour les conservateurs. Cela a permis au leader conservateur David Cameron d’ironiser, hier : «Labour had the last president of the United States, we wanted the next one.»
Justement, les ambitions de McCain, voilà ce qui nous intéresse surtout dans son intervention au congrès conservateur, plutôt que ce qui s’est dit à ce congrès. McCain a profité de cette tribune improvisée pour faire un discours qui s’adressait clairement aux électeurs US — signe que les “special relationships” n’empêchent pas que chacun reste concentré sur sa propre scène nationale.
Selon le Guardian de
«With little over five weeks to go before elections for the US Senate and House of Representatives, the man most likely to be the Republican candidate for the presidency in 2008 made two pointed references to affairs back home — attacking George Bush for being a big government conservative and seemingly being deceitful about the course of the war in Iraq.
»Both times he accused Mr Bush - without naming him — of “hypocrisy”.
»“Conservatives came to office to reduce the size of government and enlarge the sphere of free and private initiative. But lately we have increased government in order to stay in office.
»“And, soon, if we don't remember why we were elected we will have lost our office along with our principles, and leave a mountain of debt that our children's grandchildren will suffer from long after we have departed this earth. Because, my friends, hypocrisy is the most obvious of sins, and the people will punish it.”
»Tory rank-and-file members applauded the attack on the US president's profligacy. Starting with a a swipe at parties who “value [their] incumbency more than [their] principles”, it ended with this seeming warning that the Republicans almost deserve to lose the coming elections.
»Sen McCain then moved on to criticising the Bush administration's presentation of the conflict in Iraq. In his low rumble, he warned not to “attempt to placate public apprehension with false promises of swift victory and passing dangers”.
»“They have seen enough of this war, in Iraq, Afghanistan and on our own streets to know better. We have an advantage over some countries. We serve a practical and stouthearted people. They can stand the truth better than they can stand deceit and hypocrisy.”
Mais au-delà de cette cuisine électorale, un aspect du discours de McCain doit retenir notre attention. Il est mentionné en passant par le Guardian mais il pourrait se révéler comme son aspect le plus important :
«That said, Sen McCain made repeated references to his own advanced age, and stopped far short of actually declaring his hand. Indeed, embarrassingly, the Tories showed his original 2000 campaign bid video as build-up.»
Qu’est-ce qui est intéressant dans ces remarques de McCain résumées par le Guardian? McCain, qui n’est pas un timide lorsqu’il s’agit de proclamer ses ambitions, l’est tout à fait dans cette occurrence. Il mentionne son âge (70 ans cette année) comme un obstacle majeur à ce que tout le monde suppose être sa candidature, alors qu’il se garde bien d’annoncer, dans ce même discours, qu’il est candidat.
Cette timidité est en contraste complet avec les bruits courant autour de lui depuis des mois. Elle est en contraste complet avec ce qu’on écrit sur lui. Par exemple, cet article du New York Times du 21 août dernier. L’article («McCain Mines Elite of G.O.P. for 2008 Team») ne s’interrogeait même pas à propos de sa candidature mais, la tenant implicitement pour acquise, décrivait la formation de l’équipe qui allait l’entourer pour la campagne. Autre différence considérable : dans cet article, les lignes McCain et Bush étaient décrites comme quasiment identiques, au contraire du discours de McCain chez les conservateurs britanniques.
L’article notait en conclusion : «Mr. McCain and Mr. Bush have grown closer politically in the past few years because of a shared commitment to a decisive battle against terrorism and the insurgency in Iraq, although it is unclear if support for the war will win votes in 2008.
(…)
»Despite his past challenges to Mr. Bush, many who served in the president’s campaigns or his administration are lining up behind Mr. McCain.
»Among the more prominent members of the Bush team who said they expected to play a role in Mr. McCain’s candidacy, if he chooses to run, are Mark McKinnon, a Texas political media consultant who has worked for Mr. Bush for years; Terry Nelson, political director of the Bush 2004 re-election campaign; Nicolle Wallace, that campaign’s communications director; Wayne L. Berman, a Washington lobbyist, friend of Mr. Bush’s and prolific fund-raiser; and F. Philip Handy, chairman of Jeb Bush’s two races for governor in Florida and a major supporter of the president.
»Mr. McKinnon said that Mr. Bush and his chief strategist, Karl Rove, had been careful not to signal their preference among potential successors. “That said,” Mr. McKinnon added, “I think a lot of people are surprised at the extent to which there has been rapprochement between the Bush and McCain worlds.”
»He said Mr. McCain’s biggest challenge would be assuming the role of front-runner rather than free-speaking insurgent or underdog. “He has to be the leader of not just a movement, but the party,” Mr. McKinnon said. “That’s a whole different drill.”»
Comment expliquer ces différences et l’attitude inattendue de McCain à Bournemouth, où avait lieu le congrès? On notera plusieurs points :
• Si McCain s’est rapproché de GW Bush comme le signale l’article du New York Times, il reste nécessaire pour lui de rassembler un électorat plus centriste, comme l’article du Guardian le signale. Cela semble ressembler à la quadrature du cercle.
• Le rapprochement effectué ce printemps de McCain vers la droite évangéliste chrétienne extrémiste (allant de pair avec son rapprochement supposé de GW Bush) risque de l’entraîner dans une position de surenchère. McCain a pu juger indirectement, à propos de Hillary Clinton, de l’extrémisme des positions des dirigeants des chrétiens fondamentalistes. S’il veut être soutenu par cette fraction importante de l’électorat bushiste (et même, un “électorat bushiste” qui commence à reprocher à Bush sa “modération”), McCain doit abandonner toute idée d’une position par certains égards centriste, toute idée empreinte de la moindre modération.
• La question qui se pose à McCain, comme, d’une autre façon, à Hillary Clinton, est bien de savoir si l’on peut, aujourd’hui, parvenir à établir une majorité aux USA sur un programme suffisamment large pour aller de la droite radicale au centre. La réponse semble de plus en plus devenir négative.
Le discours de McCain à Bournemouth était une occasion idéale d’affirmer sa dimension présidentielle dans un environnement international. Il ne l’a pas fait. Notre hypothèse est que McCain connaît les mêmes doutes que ceux que connaît Hillary Clinton.
Ces doutes concernent la possibilité quasiment “physique” pour une personnalité d’un certain poids, avec des options claires et un programme affirmé, d’être élue aux USA aujourd’hui. Ils concernent la possibilité, pour les USA, de voir se poursuivre le processus normal de fonctionnement du système (qu’on nomme cela “démocratie” si l’on veut). McCain ne peut-il prendre à son compte la phrase que disait un observateur politique démocrate à propos d’Hillary : «She [He?] believes there is no trust between the two political sides and that we can’t function as a democracy without it.»
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