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716...Même ce franc supporter de l’USAF qu'est l’analyste Loren B. Thompson s’inquiète désormais sérieusement, avec cette dernière péripétie dans l’étonnante aventure du programme de ravitailleur en vol KC-45. Thompson est cité par Reuters le 1er octobre : «This is the latest indication that something really basic has gone wrong with the Air Force acquisition system. It's one thing to foul up a major program, but it's another thing to foul up multiple programs in a brief period of time.»
Que se passe-t-il? Comme l’on sait, le programme KC-45 est aujourd’hui renvoyé à la future administration et peut-être très loin dans le temps, après de multiples péripéties qui ont mis à jour d’énormes faiblesses, voire la paralysie du processus d’acquisition de l’USAF. Certains estiment qu’il n’y aura pas de choix avant 3-4 ans, d’autres réduisent ce délai à un an. Dans tous les cas, cela repousse l’entrée en service du nouveau ravitailleur à trois à sept ans d’ici. En attendant, l’USAF doit effectuer sa mission stratégique fondamentale de ravitaillement en vol essentiellement avec ses vieux KC-135 vieux d’un demi-siècle. Pour les faire tenir, il faut assurer une maintenance qui implique des mesures de modernisation pour écarter le risque de plus en plus grand de voir la flotte immobilisée par des accidents structurels de vieillissement. L’USAF a ouvert une compétition pour ce contrat. Boeing l’a gagnée. Le concurrent qui a perdu le marché, Alabama Aircraft Industries, Inc (AAII), a déposé plainte à plusieurs reprises (trois exactement) et vient finalement d’obtenir une décision de la justice fédérale ordonnant à l’USAF de recommencer le processus de sélection.
Désolé, le Daily Report de Air Force Association expose l’affaire le 2 octobre:
«Not only is the Air Force facing great difficulty in fielding new tankers, its efforts to task a contractor to help maintain its current refueling fleet may be derailed once again based on a federal court decision announced yesterday. Indeed a US federal claims court has ruled that the Air Force must redo its solicitation to find a company to perform programmed depot maintenance on the Eisenhower-era KC-135s, according to an Oct. 1 statement issued by Alabama Aircraft Industries, Inc., one of two companies vying for this work. AAII filed a federal suit against the Air Force and Boeing, the other competitor, in June after the Air Force had decided to proceed with the $1.1 billion contract that it originally awarded to Boeing in September 2007. AAII won a first protest of the award in a December 2007 decision from the Government Accountability Office. This caused the Air Force to re-examine the bids. But when the service decided to stay with its selection of Boeing, AAII filed a second protest with the GAO, which it subsequently lost, prompting the company to turn to federal court. The court’s Sept. 30 ruling enjoins the Air Force from proceeding with the original award to Boeing and requires the service to issue a new solicitation that addresses “explicitly the role of an ever-aging KC-135 fleet on the PDM to be performed,” according to AAII. “We could not be more pleased,” said Ron Aramini, AAII’s president and CEO, of the court’s decision. “The deficiencies in the award obviously have been recognized and finally addressed.” The Air Force told the Daily Report yesterday that it had stopped work “while it reviews” the decision, adding, “The Air Force is committed to supporting the warfighter, while providing the best value for the taxpayer, and will take appropriate action consistent with the court's decision.”»
Il est difficile de trouver quelque mot nouveau pour décrire ce qui l’a été si souvent, et particulièrement à propos du programme KC-45, et qui ne fait qu’être confirmé ici par une affaire complémentaire exposant les mêmes vices. En un sens, il n’y a aucune surprise dans cette décision puisque le processus mis en cause ici est parallèle à celui du KC-45, qu’il porte sur un domaine similaire, qu’il est issu de la même bureaucratie. Nous sommes simplement confirmé dans le fait que l’affaire du KC-45 n’est pas un accident mais une manifestation d’un mal systémique de la bureaucratie de l’USAF.
Ce qui est plus à considérer comme une nouveauté, ou la confirmation d’une nouveauté, c’est l’installation du facteur juridique dans le processus de sélection des systèmes d’armes. Désormais, plus aucun industriel n’hésite à s’adresser aux tribunaux pour appuyer une revendication dans un marché perdu et mettre en cause les décisions du Pentagone. L’effet de cette nouveauté ne pourra que se confirmer, tel qu’on a déjà commencé à le mesurer. Il s’agit d’un effet de blocage qui s’ajoute à la situation pathétique des capacités de la bureaucratie du Pentagone. La crainte de voir une décision de justice remettre en cause ses décisions va accentuer la tendance de la bureaucratie à surcharger son processus d’acquisition et de sélection de divers processus annexes de contrôle, de vérification, etc., alourdissant encore ce processus, l’allongeant, et, au bout du compte, renforçant l’état de paralysie où il s’est installé.
Mis en ligne le 3 octobre 2008 à 09H38