Même le New York Times ne gobe plus (complètement) le mensonge-Système…

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Le bon Papa Noël a fait au souriant président Obama un cadeau mirifique. Dans sa hotte, il avait le chiffre de la chute du chômage de 9,1% à 8,6% en un mois. (Nous laissons de côté le chiffre réel du chômage, dont on sait qu’il est au minimum le double des chiffres officiels, si pas deux fois et demi. Nous débattons bien de l’aspect officiel, du décompte-Système de la chose.) Extase devant la réussite sociale de la présidence Obama, – cela méritant bien une réélection, n’est-ce pas ? La chute inespérée (?) de cet affreux indice du malheur populaire a été accueillie avec un enthousiasme qu’on découvre finalement comme sacrément mitigé, – et c’est bien là la surprise de la chose.

Les fouineurs ont aussitôt détecté la cause de cette chute du chômage, par ailleurs évidente. Il s’agit, à côté de la création de 120.000 emplois, d’une défection massive du nombre d’Américains inscrits au chômage, c’est-à-dire de personnes ayant perdu tout espoir de trouver un emploi et, dès lors, qui se désinscrivent des canaux officiels et ne figurent plus dans le recensement officiel : 315.000 personnes. Russia Today, qui qualifie de “mensonge officiel” ce chiffre du chômage, développe, ce 3 décembre 2011 le mécanisme du procédé. Il est donc toujours question des chiffres officiels

«November’s figure, 8.6 percent, is actually the proportion of Americans unemployed, “as a percent of the civilian labor force,” as per the official definition from the Labor Department (a figure it refers to as “U-3,” the official unemployment rate). When considering those that fit that definition as well as discouraged workers (U-4), those marginally attached to the work labor force (U-5) and those that are employed part-time and seeking full-time employment but can’t find it, the Labor Department has another statistic, which it refers to as U-6; for the month of November, that figure is at 15.6 percent.

»The actual number of Americans who have given up a while ago isn’t firm, but the latest statistics — though painted pretty by the Department of Labor — reveal that November saw 315,000 new Americans abandoning their job hunt. “You’d like to see the unemployment rate coming down when people are coming into the job market, not disappearing,” James Glassman of New York City’s JP Morgan Chase & Co. tells Bloomberg News. “That’s probably exaggerating the trend in unemployment.”

»As civilians leave the labor force, obviously the percentage of those participating in the market drops as well. Should the jobless numbers be compared to those participating in the labor force when Obama entered office in 2009, the U-3 unemployment rate would be at around 11 percent now, reports CNBC contributor James Pethokoukis.»

Russia Today termine son article par une remarque d’un spécialiste statistique de la question, qui relève comme quasiment “sans précédent” le nombre de personnes abandonnant la recherche d’un emploi et donc l’inscription au chômage. Cela signifie que la masse de la “labor force” est en constante régression, avec l’extension incessante par conséquent de masses de citoyens US se retrouvant complètement hors des normes officielles du Système, en véritables “dissidents” économiques… C’est là une remarque particulièrement intéressante. «Steve Eggleston of Hot Air adds that this seasonal drop in the civilian labor force is “almost unprecedented” for this time of year. “Since 1982, there have been only seven times the labor force has dropped between an October and a November, and only three times has the drop been even close to this steep,” adds Eggleston.»

Un autre aspect intéressant, déjà signalé plus haut, est le scepticisme avec lequel a été accueillie la nouvelle de cette spectaculaire réduction du Système. Fort justement, Truthdig.org observe que même le New York Times, l’incontestable bible du Système, s’est arrangé pour à la fois applaudir d’une façon habituelle pour lui ce chiffre (un article optimiste-Système du 3 décembre 2011) et à la fois dire très fortement tout le scepticisme qu’il faut manifester à son encontre, et cela dans un éditorial (ce qui est plus marquant qu’un article) du même 3 décembre 2011. Truthdig.org écrit donc, le 4 décembre 2011 (lLa citation de l’édito du NYT est effectivement impressionnante) :

«…Interestingly, The New York Times offered two different takes on the new numbers. “Somehow the American economy appears to be getting better,” the author of an optimistic article began, before suggesting that the European debt crisis, instability in the Middle East and the slowdown of Chinese industry were greater concerns than domestic joblessness, and that November’s decline was a “welcome relief.”

»Elsewhere, the paper’s editors were less sanguine. —ARK

»The New York Times: “Most of the decline in November’s unemployment rate was not because jobless people found new work. Rather, it is because 315,000 people dropped out of the work force, a reflection of extraordinarily weak demand by employers for new workers. It is also a sign of socioeconomic decline, of wasted resources and untapped potential, the human equivalent of boarded-up Main Streets and shuttered factories.”

»”The job growth numbers also come with caveats. More jobs were created than economists expected, but with the job market so weak for so long, that is a low bar. It would take nearly 11 million new jobs to replace the ones that were lost during the recession and to keep up with the growth in the working-age population in the last four years. To fill that gap would require 275,000 new jobs a month for the next five years. That’s not in the cards. Even with the better-than-expected job growth in the past three months, the economy added only 143,000 jobs on average.

»”And most of those new jobs are low-end ones. In November, for example, big job-growth areas included retail sales, bartending and temporary services. Teachers and other public employees continued to lose jobs, and job growth in construction and manufacturing were basically flat. Indeed, work — once the pathway to a rising standard of living — has become for many a route to downward mobility. Motoko Rich reported in The Times recently on new research showing that most people who lost their jobs in recent years now make less and have not maintained their lifestyles, with many experiencing what they describe as drastic — and probably irreversible — declines in income.”»

On distingue, dans ces diverses circonstances et les commentaires qui les accompagnent une évolution fondamentale de la situation aux USA. En un mot, il apparaît que le Système n’a désormais plus assez de puissance pour imposer, même temporairement, une vision plus optimiste de la situation. Cela correspond bien, au travers de l’activité du système de la communication, à la suprématie en constant renforcement de la dynamique d’autodestruction du Système sur sa dynamique de surpuissance, en constant déclin selon un rapport relatif de cause à effet. La réaction du NYT est à cet égard extrêmement révélatrice : même les bastions les plus sûrs du Système ne se sentent plus assez forts, ou sentent effectivement le déclin de cette surpuissance du Système, pour soutenir inconditionnellement, même temporairement, l’habituelle litanie des mensonges-Système, – dont les indices statistiques sont une des manifestations courantes.

L’autre constat, qui concerne la réduction de la “labor force” dans une proportion pratiquement sans précédent, indique une désertion massive de la population des normes du Système. Il y a là-dedans l’indice autant du désespoir devant l’évolution de la situation, que de son double agressif, qui est le potentiel insurrectionnel également devant l’évolution de la situation. Mais il faut nuancer ce “autant” que nous avons utilisé… Compte tenu de l’environnement psychologique actuel, du succès obtenu par le mouvement Occupy, de la fragilité de la situation US et des crises sans nombre qui ne cessent de se développer et d'alimenter les revendications et la colère populaire, on avancera l’hypothèse qu’il y a dans cette désertion des normes du Système bien plus le signe du développement du sentiment insurrectionnel que l’abattement dans un désespoir qui, lui, n’est pas une nouveauté. Poussé à un certain degré et alors que les circonstances de la psychologie collective impose un Moment fondamental de celle-ci, le désespoir débouche effectivement sur l’option de l’insurrection.


Mis en ligne le 5 décembre 2011 à 10H03