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40124 avril 2025 (15h30) – Nos lecteurs ont certainement et depuis longtemps reconnu souvent dans nos divers textes notre propension à utiliser l’expression “métahistoire”. Il va sans dire, – mais disons-le pour une bonne fois, – que cette expression, dans mon esprit, équivaut à la “métapolitique”. Cela s’explique et, je l’espère, se comprend dans la mesure où, pour nous, l’histoire est interprétée comme d’abord pure politique, comme le reste des activités humaines existentielles, jusques et y compris dans l’interprétation que nous entendons donner à des activités comme pouvant être réputées comme non-politique, – la science, la culture, les arts, les sports, les “affaires”, les divertissements, etc.
Cette attitude est justifiée principalement par le caractère extraordinaire de l‘époque que nous vivons, où la démarche de transgression, si souvent proclamée par ceux qui se réclament des aspects les plus déconstructurants de la modernité, peut aisément servir à des démarches inverses si elles s’avèrent avantageuses (je veux dire “pour notre conception”, “pour notre parti”, etc.). Ma transgression est évidemment de placer des activités comme les sciences, la culture, les arts, etc., comme entièrement conditionnées par la politique.
Pour cette raison d’une telle universalité, la politique est nécessairement métapolitique, et la métapolitique rencontre la métahistoire comme son double sinon comme son extension. Il nous a paru intéressant de présenter un texte sur la métapolitique qui rejoint à notre sens celui que nous avions fait sur la métahistoire.
J’avais utilisé l’intervention du philosophe Alain Finkielkraut sur l’utilisation de la métaphysique dans l’appréciation des événements courants, et ainsi le “méta” concernant aussi bien la “métahistoire” que la “métapolitique”
« “Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueilli les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question ‘Qu’est-ce que ?’ mais de répondre à la question ‘Qu’est-ce qu’il se passe ?’...”
» Ce jugement, comme je l’ai entendu, ne m’a pas du tout paru être, pas une seule seconde, un abaissement du philosophe, descendant de la “grande question”. Tout au contraire, il s’agit d’une chose qui m’est chère, qui est un constat, qui est celui de la reconnaissance de l’essence métaphysique des événements de l’en-cours. En quelque sorte, dirait le chroniqueur cynique des salons parisiens, “la métaphysique descend dans la rue” ; ce à quoi je lui répondrais aussitôt et sans faiblir : “Par les événements qui s’y déroulent, la rue se hausse au rang de la métaphysique”. C’est donc bien le devoir du philosophe de prendre son poste de sentinelle à l’affut de l’intuition qui l’éclairera sur la signification et par conséquent sur le sens de ces événements. »
Le texte dont je parle comme structure occasionnelle de notre texte est du professeur Dr. H.E. Hei Sing Tso, sur le site‘fvdinternational.com’ dans l’original , et sur le site ‘euro-synergies.hautetfort.com’ dans sa traduction française (20 avril 2025). Il s’intitule « Métapolitologues et stratagèmes ».
On va reprendre ici l’introduction d’abord puis nous passerons aux conclusions : entre les deux se trouvent des exemples de l’action de politicologues célèbres détaillées comme caractéristiques de son intervention. Mon jugement est que ses propos rencontrent l’interprétation que j’en avais donnée lorsque j’avais mentionné la citation de son intervention, suivie d’un propos interprétatif. Pour autant, j’émettrais une réserve importante.
Pour rappel, un passage important du texte sur Finkielkraut :
« En quelque sorte, dirait le chroniqueur cynique des salons parisiens,“la métaphysique descend dans la rue” ; ce à quoi je lui répondrais aussitôt et sans faiblir : “Par les événements qui s’y déroulent, la rue se hausse au rang de la métaphysique”. »
Voici donc l’introduction du professeur Hei Sing Tso :
« Bien que la métapolitique soit une tactique fondamentale et puissante, originaire d'Europe, je pense que nous pouvons apprendre et emprunter des stratagèmes aux métapolitologues des autres continents. Dans cet article, je présenterai trois éminents métapolitologues d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et d'Asie respectivement. La plupart des gens pensent que la métapolitique précède la politique réelle, en adoptant une approche longue et lente pour une transformation culturelle avant le succès électoral. Cette approche est très similaire à l'approche “Yin” de la cosmologie et de la sagesse chinoises. Récemment, certains penseurs européens ont commencé à estomper la frontière, suggérant que la métapolitique devrait également être liée à la pratique politique. J'aborderai également cette question sous l'angle du stratagème. »
L’auteur fait suivre le cas de trois métapolitologues, de tendances différentes autant que de nationalités très éloignées. L’important évidemment est d’illustrer ce que Hei Sing Tso estime être le rôle par influence et de manière indirecte, dans la politique active, de ces métapolitologues :
• Olavo Luiz Pimentel de Carvalho (1947-2022), professeur, philosophe, écrivain, essayiste et journaliste brésilien, influent auprès de la famille Bolsanaro.
• Masahiro Yasuoka (1898-1983), philosophe et érudit japonais. Il a été actif avant la Seconde Guerre mondiale en tant que penseur conservateur sur base du point de vue du japonisme. Et a plus tard servi de conseiller à nombre de Premiers ministres japonais.
• Irving Kristol (1920-2009), principal communicateur des idées attachées dans le mouvement connu sous le nom de "néoconservatisme" (neocon) aux États-Unis. Ce simple fait suffit à donner une mesure de son influence.
Ensuite l’auteur introduit sa conclusion : « Dans la perspective du stratagème ».
« Le stratagème traditionnel chinois trouve son origine dans le ‘I-Ching’, également connu sous le nom de ‘Livre du changement’. Selon le ‘I-Ching’, le cosmos est constitué de deux forces, le Yin et le Yang. Le Yin désigne la lune, douce, faible, etc., tandis que le Yang désigne le soleil, dur, fort, etc. Cependant, le Yin et le Yang ne sont pas seulement opposés, mais forment un tout dialectique. Le Yin se transforme progressivement en Yang et vice versa. Le Yin et le Yang contiennent tous deux une graine opposée. La graine opposée germera lentement et achèvera la transformation totale. Cette cosmologie peut également être appliquée dans le contexte de la métapolitique.
» Fondamentalement, la métapolitique est une stratégie longue et lente, qui se concentre sur un changement subtil de la culture en tant que précurseur d'une lutte politique réelle. C'est la partie Yin, tandis que la politique réelle est la partie Yang du processus. Par conséquent, la métapolitique ne devrait pas se limiter à la lecture, à l'écriture et à la publication. La métapolitique doit promouvoir la germination des graines dans la politique réelle avant même la transformation culturelle complète. Comme nous pouvons le voir, les tactiques d’enseignement, de connexion et de gouvernement utilisées par les trois métapolitologues peuvent être très utiles pour faire le lien entre le Yin et le Yang du processus. J'ai deux conseils à donner aux praticiens de la métapolitique. Premièrement, les compétences politiques, sociales et diplomatiques doivent être cultivées pour assurer le succès de ces tactiques. Il ne suffit pas de s'asseoir, d'écrire et de publier. L'enseignement, la mise en réseau et l'influence directe sur les gouvernements requièrent une sagesse pratique. Deuxièmement, même si les métapolitologues doivent s'engager auprès du gouvernement, ils doivent rester dans la sphère Yin, c'est-à-dire faire profil bas et travailler dans l'ombre, en attendant l'arrivée de l'ère Yang, c'est-à-dire la nouvelle hégémonie culturelle et le succès politique. »
Je ferais une remarque essentielle par rapport aux trois métapolitologues choisis comme exemplaires par Hei Sing Tso, tels que les Européens devraient eux-mêmes en disposer selon lui. Il s’agit d’exemples “classiques”, qui pourraient aussi bien s’appliquer à un Machiavel dans son temps, – et je veux montrer par là que les Européens ont eux aussi éprouvé cette formule. Une sous-remarque à cette remarque serait d’observer que leurs conseils sont très loin d’avoir produit des politiques acceptables, et même au contraire introduit des éléments d’irréalité, de virtualisme, de simulacre, aux effets catastrophiques (je pense bien sûr aux neocon de Kristol et à la politiqueSystème sur laquelle ils se sont alignés).
Mon propos est très différent et c’est à lui que j’aimerais pouvoir appliquer la formule suggérée par Hei Sing Tso, qui permet de préciser la démarche que j’avais distinguée dans la remarque de Finkielkraut :
« Fondamentalement, la métapolitique est une stratégie longue et lente, qui se concentre sur un changement subtil de la culture en tant que précurseur d'une lutte politique réelle. C'est la partie Yin, tandis que la politique réelle est la partie Yang du processus. »
Ce “stratagème” entre ‘Yin’ et ‘Yang’ que nous indique Hei Sing Tso peut aussi bien, et je dirais “mieux encore”, être utilisé pour interpréter aussi justement et rapidement que possible, dans un sens métapolitique, les événements bien plus que conseiller des directions complètement fermées à ce genre d’interprétation, et introduire aussitôt cette interprétation dans la matrice du ‘Yang’. C’est dans ce sens que je cite ici la conclusion que je donnais au geste de Finkielkraut, qui va évidemment, dans le cadre que je décris ici, dans le sens d’une appréciation métapolitique aussi bien que métahistorique, sans s’aventurer dans l’imbroglio des opinions, des idéologies, des polémiques (parisiennes, notamment, une spécialité caricaturale française)...
« C’est là une de mes idées principales, celle que j’ai moi-même développée pour me justifier de cette nécessité absolue de poursuivre le travail que je fais sur ce site. Aujourd’hui, “faire de l’information”, c’est faire de la métaphysique, y compris pour 9/11 par exemple, – je parle pour ceux qui y travaillent vraiment, pas pour ceux qui lisent les consignes et, soulagés, s’y conforment. Nous sommes devant l’énigme abyssale et vertigineuse de cette Grande Crise de l’Effondrement du Système, où tout événement doit être embrassé, saisi, observé avant de pouvoir s’aventurer à en donner une interprétation. »
Mais je ne crois pas, malheureusement, que Finkielkraut ait suivi ce chemin depuis son “constat” du 1er septembre 2020, s’étant attaché à des événements comme c’est courant dans une France qui ne comprend rien à son époque, selon des positions partisanes et affectivistes. C’est pourtant plus que jamais, et chaque jour davantage, et chaque jour de plus en plus rapidement, une époque qui a besoin de ce “stratagème Yin-Yang, de ce rapprochement irrésistible et quasiment immédiat de l’appréciation métaphysique de la politique et des événements fous et incontrôlables de cette politique.