Métaphysique de la géopolitique d’‘Ukrisis

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Métaphysique de la géopolitique d’‘Ukrisis

• Une analyse rapide mais extrêmement édifiante de la guerre en Ukraine, entre la Russie et l’OTAN, selon les conceptions de la mértaphysique de la géopolitique d’Alexande Dougune. • Avec un texte de Markku Siira.

Alexandre Douguine est notamment connu et fameux pour avoir développé une “métaphysique de la géopolitique” que nous placerions volontiers dans la situation que nos avions signalée il y a trois ans, avec une citation d’Alain Finkielkraut, – qui, lui, sembler avoir oublié l’idée fameuse qu’il évoquait lorsqu’il évoque, justement, le conflit ukrainien, retombant dans l’affectivisme le plus médiocre. Il disait le 31 août 2020 (le 1er septembre 2020) :

« Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueilli les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... »

C’est exactement ce que fait Douguine lorsqu’il analyse dans une perspective métaphysique l’‘Opération Militaire Spéciale’ russe en Ukraine (OMS en abrégé, sans rapport avec le Covid et les seringues). Il travaille alors hors de toute considération morale, partisane et affectivement idéologique. Justement, la perspective métaphysique se déduit directement, – sans le filtre-censureur des sapiens-sapiens s’imaginant comme centre du monde et de l’univers, – des seuls faits et événements géopolitiques. Cette heureuse occurrence est devenue possible et même recommandable parce que (voir Finkielkraut) nous sommes dans une époque où le rangement des faits et des événements est directement métaphysique, sans passer par la contingence historique, – celle-ci d’ailleurs transformée, sans utilité intellectuelle, en une bouillie pour les chats bonne pour les simulacres des communicants.

On suivra donc dans cet esprit l’exposé de “la géopolitique de l’OMS en Ukraine” selon la vision de Douguine, selon le rapport que nous en offre Markku Siira. Il nous semble inutile de soumettre ces réflexions aux censeurs qui ont officiellement et pompeusement la charge de définir notre monde et d’en comprendre le sens. Ils sont d’un autre monde que celui qu’évoque Douguine et brandissent triomphalement l’étendard aux multiples couleurs de la démocratie wokeniste.

Markku Siira a écrit ce texte sur son site ‘marksiira.com’, le 2 juin 2023. La traduction nous est parvenue le 7 juin 2023 sur le site ‘euro-synergies.hautetfort.com’.

dde.org

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Géopolitique de l’OMS en Ukraine

 « La géopolitique se construit autour de l'éternelle confrontation entre les puissances maritimes (thalassocraties) et les puissances terrestres (tellurocraties) », affirme Alexandre Douguine.

Dans l'Antiquité, ces prémisses s'exprimaient de manière éclatante dans les affrontements entre « la Sparte de la terre et l'Athènes des ports, la Rome terrestre et la Carthage maritime ».

« Ces deux civilisations diffèrent non seulement en termes de stratégie et de géographie, mais aussi dans leur orientation principale », explique Douguine. L'empire terrestre est fondé sur une « civilisation de l'esprit », « la tradition sacrée, le devoir et une hiérarchie verticale dirigée par un empereur ».

Les empires maritimes sont des oligarchies, « des systèmes commerciaux dominés par le progrès matériel et technologique ». Pour Douguine, ce sont « essentiellement des États pirates ». Leurs valeurs et leurs traditions sont « conditionnelles et en constante évolution, – comme l'élément marin lui-même ». D'où leur caractéristique de « progrès, surtout dans la sphère matérielle ». En revanche, la puissance terrestre, la « Rome éternelle », se caractérise par « la permanence de son mode de vie et la continuité de sa civilisation ».

Lorsque la politique est devenue globale et s'est emparée de l'ensemble du globe, les deux civilisations ont fini par acquérir leurs propres sphères d'influence :

« La Russie et l'Eurasie sont devenues le noyau de la civilisation terrestre, et le pôle de la civilisation maritime s'est fixé dans la sphère d'influence anglo-saxonne, de l'Empire britannique aux États-Unis et au bloc de l'OTAN », conclut Douguine.

L'Empire russe, l'Union soviétique et la Russie moderne ont hérité du bâton de la civilisation terrestre. Dans le contexte de la géopolitique, « la Russie est la Rome éternelle, la troisième Rome, et l'Occident moderne est la Carthage classique ».

L'effondrement de l'Union soviétique a été un grand triomphe pour la civilisation thalassocratique de l'Occident et de l'OTAN et un terrible désastre pour la civilisation de la puissance terrestre russe. Cette faille dans l'histoire est toujours en cours de réparation, comme le reflète l’‘Opération Militaire Spéciale” de la Russie ; comme l'a dit l'initié de l'élite américaine Zbigniew Brzezinski, « sans l'Ukraine, la Russie cessera d'être un empire ».

Pour Douguine, la thalassocratie et la tellurocratie sont « comme deux vases communicants, de sorte que les territoires qui ont échappé au contrôle de Moscou se sont retrouvés sous le contrôle de Washington et de Bruxelles ». Cela a touché l'Europe de l'Est et les républiques baltes, qui se sont détachées de l'Union soviétique, puis ce fut le tour des États post-soviétiques.

Dans ce cas, la défaite de Moscou a conduit à la mise en place d'un système colonial en Russie dans les années 1990, – les atlantistes ont créé un “déluge”, avec leurs agents aux plus hauts postes de l'État. C'est ainsi que s'est formée « l'élite moderne de la Russie, prolongement de l'oligarchie occidentale », sous le contrôle d'une civilisation maritime.

Plusieurs anciennes républiques soviétiques ont commencé à se préparer à une intégration complète dans la civilisation maritime occidentale. D'autres (comme la Hongrie ?) ont suivi une stratégie plus prudente, ne se précipitant pas pour rompre les liens géopolitiques historiquement établis avec Moscou.

Deux camps ont émergé : le camp eurasien (Russie, Belarus, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Arménie) et le camp atlantique (Ukraine, Géorgie, Moldavie et Azerbaïdjan). « L'Azerbaïdjan s'est toutefois éloigné de cette position extrême et a commencé à se rapprocher de Moscou », affirme Douguine.

Tout cela a également conduit aux « événements en Géorgie en 2008, puis, après le coup d'État pro-OTAN en Ukraine en 2014, à la sécession de la Crimée et au soulèvement dans le Donbass ». Certaines régions des entités nouvellement créées ne voulaient pas rejoindre la « civilisation maritime » et se sont rebellées contre ces politiques, cherchant le soutien de Moscou.

Moscou, en tant que civilisation terrestre, « s'est suffisamment renforcée pour s'engager dans une confrontation directe avec la civilisation maritime en Ukraine et pour inverser la tendance croissante de la thalassocratie et de l'OTAN » vers la tellurocratie du monde russe.

C'est ainsi qu'est né le conflit géopolitique d'aujourd'hui: la Russie, comme Rome, luttant contre la Carthage anglo-américano-juive et ses satellites coloniaux. Le porte-parole des néoconservateurs de Washington, Antony Blinken, sait tout cela, mais, s'exprimant aujourd'hui à Helsinki, il a encore laissé entendre que l'Ukraine « ne fera jamais partie de la Russie » (l'Ukraine cessera-t-elle d'être ?).

Ce qui est nouveau dans cette géopolitique, selon Douguine, c'est que la « Russie-Eurasie » ne peut pas être la seule représentante de la civilisation des puissances. C'est pourquoi le penseur russe évoque le concept de

« heartland décentralisé ». Outre la Russie, « la Chine, l'Inde, le monde islamique, l'Afrique et l'Amérique latine deviendront également des pôles de civilisations terrestres dans les nouvelles circonstances ».

Douguine suggère que les « grands espaces » thalassocratiques, de l'Europe aux Amériques, pourraient également devenir des « heartlands » tellurocratiques.

« Aux États-Unis, Trump et certains républicains qui s'appuient sur les États du centre du continent appellent presque ouvertement à cela. En Europe, les populistes et les partisans de la ‘Forteresse Europe’ s'orientent intuitivement vers ce scénario. »

Markku Siira