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52078 janvier 2024 (14H15) – J’ai cherché beaucoup et longtemps un titre original et n’en ai point trouvé. La tâche était immense : mettre ensemble des choses qui, à première vue, pour le vulgum pecus solitaire et d’un autre temps que je suis, n’ont rien à voir ensemble dans les circonstances où je les réunis. Alors, je vais lâchement au plus simple : réunir par quelques mots symboliques-ou-non ces différents sujets que je traite en commun et qui n’ont rien de commun, – et vogue la galère !
La “galère”, de quoi parle-je donc ? Il s’agit de rien de moins que cette immonde barcasse, ce sabot infâme, cette époque qui nous conduit à de telles acrobaties ; je vous le dis, c’est une galère auprès de laquelle celles où Louis XIV envoyait les malotrus qui s’étaient mal inclinés devant lui ressemblent à un séjour au Club Med’.
Je commence donc cet étrange récit.
Le 2 janvier 2024 dans l’après-midi, je prends la chronique du jour de Christoforou et, pendant les six à sept premières minutes, je ne peux que le suivre dans un fou-rire inextinguible. Christoforou s’arrêter à une interview de Zelenski par ‘The Economist’, et l’on a un extrait de l’interview, un passage avec Zelenski en tout-petit (il n’est pas grand) qui éructe de fureur, qui s’agite, qui bondit de et sur son siège comme s’il était ressort, qui – en langage de théâtreux et de signataire d’une des innombrables pétitions-Depardieu, – surjoue terriblement jusqu’à vous remplir de gêne, puis saisi par la tentation d’un fou-rire inextinguible devant le bouffe pur, l’humain-bouffe dans tout son déchaînement, ce petit homme en tee-shirt et semi-barbe mal taillée, – de l’anathème anti-Poutine à la vertu anti-Depardieu... Vous voyez, un tableau d’époque, avec le mélange du tout avec du n’importe quoi.
Il est vrai que l’intervieweuse de ‘The Economist’ que nous montre rapidement Christoforou, une lady vraiment très chic, qui se tient un peu trop droite, un peu trop rigide, un peu trop les dents serrées, est sur le bord du précipice, prête soudain à se perdre, se lâcher, et éclater d’un rire convulsif...
Christoforou, lui, ne freine pas une seule seconde, il n’arrête pas de hoqueter de rire devant les douces et tendres vaguelettes d’une Méditerranée si apaisée, si loin de la vulgaire colère de simulacre furieux des hommes et de leurs manigances, tout cela lors d’un début de matinée idyllique sur la plage encore déserte avec son sable immaculé, – chypriote, je crois...
« On le voit bien, l’intervieweuse a du mal à garder son sérieux, à ne pas éclater de rire devant ce Zelenski éructant, l’entendant crier, “Poutine est un animal ! Poutine est un animal ! Comme tous les animaux, il dit qu’ils vous mangera tous, l’OTAN, l’UE, la démocratie, la liberté !” ... Nous allons tous devenir des steaks que Poutine va dévorer ! Des steaks bien découpés, dorés sur tranches, avec Poutine prêt à l’engloutir... [...]
» Vous savez, il devrait tout de mème y avoir quelqu’un à la Maison-Blanche qui s’aperçoit que plus Zelenski parle, plus les choses vont mal... Plus il parle, plus il voyage, plus il fait des discours devant des parlements, plus il serre les mains des dirigeants, plus il donne des interviews télévisé, au plus les choses empirent ! Au plus les choses empirent ! Si je pouvais donner un seul petit avis à la Maison-Blanche, ce serait que quelqu’un dise à Zelenski juste ceci, qu’il la ferme, qu’on ne l’entende plus...»
Fin du premier acte, – et poursuivons sans crainte du sacrilège ni du qu’en dira-t-on. Il m’en faut de l’allant et de l’audace pour poursuivre après une telle mise en train.
Mais nul ne fera taire Zelenski, contrairement à toutes les confidences des gens si bien informés sur sa liquidation prochaine, parce qu’on ne sait quoi faire, qui mettre à sa place, pour quelle stratégie, pour quels voyages absurdes, pour quelles illusions extraordinaires ? Enfin, parce que nul ne peut faire taire Mister Z...
Il est temps de comprendre que Mister Z est un phénomène de notre temps, et il est phénomène inverse, les deux se complétant pour achever le tableau de l’Occident-compulsif en mode suicidaire-bouffe, de l’ “image-Depardieu”, fabrication et transmutation diffamatoires de ce pseudo-Judas libidineux et absolument diabolique selon la hiérarchie wokeniste-féministe du Système qui a paradoxalement charge de la mission vertueuse de tendre un miroir de fort bonne facture pour montrer aux Français, avec ce cas dit-“image-Depardieu”, la capacité extrême d’intolérance, du sens de l’“illiberté” d’esprit de la France-2024, simulacre de courage et de vertu, du goût français-2024 pour la dénonciation, le lynch, la haine et l’envie de la postmodernité-macronisée.
Comme dans ce cas justement, Zelenski, dont on peut mettre deux exemplaires dans une seule “image-Depardieu” mais qui est de la même essence frelatée, est l’homme du chaos et de l’impuissance, de notre chaos et de notre impuissance... Revenant à Mister Z comme à l’homme de la situation pour désigner notre chaos, l’aggraver, hurler tout haut notre impuissance et notre folie, et le faire dans un déchaînement de ridicule-bouffe où l’on peut effectivement mêler une “image” d’un acteur présumé coupable et par conséquent lynché, celle d’un dirigeant en guerre gémissant sous les missiles et en abattant par poignée comme un Achille de la modernité pour mieux exiger des poignées de $milliards du tonton d’Amérique.
C’est paradoxalement pour cette raison-bouffe que nous allons passer à un personnage d’importance, dont je vous assure avec tous mes talents de devin comprenant la possibilité divinatoire de se tromper complètement, qu’il va jouer un rôle important, – mais qu’il a besoin d’un Zelenski restant en place pour cela. Je parle du Polonais Radoslaw Sikorski. Cet intérêt pour Sikorski sera développé plus loin et de manière beaucoup plus sérieuse en reprenant un texte ancien qu’on lira ou qu’on ne lira pas mais nous nous arrêtons maintenant à cette série d’attaque où, pour la première fois, des missiles hypersonique russes Kinzhal ont été utilisés en majorité et en bonne quantité. Même Zelenski a reconnu cette présence en affirmant, évidemment de façon complètement absurde, en avoir abattu une dizaine après avoir implicitement reconnu leur énorme capacité destructrice et, in peto, la quasi-impossibilité de les abattre.
...En juste trois jours, depuis le 29 décembre, l’Ukraine a subi des attaques qui sont une riposte massive à l’attaque de Belgorod (Russie) de deux jours avant, comme Poutine l’a clairement définie... Ce que Mister Z désigne ainsi :
« Aucun pays n’a subi des attaques dévastatrices de plus de 300 missiles. Aucun autre pays n’a essuyé de telles attaques mélangeant drones et missiles, y compris des missiles de type balistiques lancés par air ... Une dizaines de ‘Kinzhal’ ont été abattus... »
Bien entendu, l’affirmation de la destruction des ‘Kinzhal’ est sans fondement, mais elle permet d’authentifier l’utilisation majeure dans un raid de ces engins, et non plus de deux ou trois utilisés à titre exemplaire les premières fois où il est intervenu.
Nos deux compères bien connus sont intervenus à deux reprises à propos de cette attaque en deux temps ; Mercouris seul d’abord, Mercouris-Christoforou ensuite le 6 janvier 2024, en très longs détails situant l’importance capitale de ces attaques comme démonstration de l’irrésistible puissance russe, avec les ‘Kinzhal’ d’abord qui peuvent être repérés dans de très rares cas parce que balistiques, et bientôt avec les ‘Zircon’, totalement in-interceptables parce que évoluant en missiles de croisière, à basse altitude, avec des manœuvres constantes d’évitement, à Mach 10 comme le ‘Kinzhal’. Mercouris souligne d’abord l’effet absolument terrible de ces raids chez les Occidentaux, – choc psychologique considérablement après le choc non moins dévastateur de l’opération sur place :
« Ces deux raids de missiles des 29 décembre 2023 et du 2 janvier 2024 ont été absolument dévastateurs, je veux dire par là que ce sont les raids de missiles les plus dévastateurs que les Russes aient jamais lancés durant cette guerre et il est clair que ces opérations ont été un choc terrible pour les Ukrainiens et les Occidentaux... »
Puis les deux compères passent à une description détaillée des attaques de cette période fin-décembre début-janvier.
« Il y a maintenant suffisamment de preuves que deux ensembles de batteries de ‘Patriot’ ont été démolies, une à Kiev et une sur un train dans la région de Kherson... Il y a aussi des accumulations d’images montrant des ensembles industriels absolument dévastés autour de Kiev, avec d’énormes dommages comme le montrent de nombreux rapports et reportages... De nombreux chefs militaires et dirigeants ukrainiens ont été tués... Et d’autres parties des systèmes de défense aérienne installés par les Occidentaux ont été durement frappés...
»... L’essentiel de ces dommages a été causé par des missiles hypersoniques Kinzhal, soutenus par des missiles de croisières subsoniques KH-101... Alors, du côté occidental, on ne parle pas du Kinzhal parce qu’on a passé toute l’année 2023 à démontrer la faiblesse inventée de ses capacités, la facilité complètement simulacre de son interception, etc.... Alors on parle de missiles livrés par la Corée du Nord... »
Cette idée de missiles nord-coréens a été développée par la Maison-Blanche et la voix de son porte-parole pour les affaires stratégiques, ce qui a permis d’en rajouter sur l’absurde affirmation répétée comme une litanie depuis 23 mois que “les Russes sont à court de missiles”, – bel exploit, les Russes, et chapeau bas, que de continuer à tirer depuis 23 mois des missiles que l’on ne possède plus depuis si longtemps... C’est de la magie, non ? ... Cette fois, on a donc été chercher les Nord-Coréens, sans noter le prolongement logique absolument inéluctable qu’agissant ainsi, selon les lignes de ce simulacre, on les gratifiait ainsi (les Nord-Coréens) d’une formidable avance technologique, sans aucun doute mondiale, avec missiles hypersoniques, invulnérabilité à toute défense possible, et ainsi de suite.
Bien sûr, l’explication de la Corée du Nord doit faire sourire tous ceux qui, comme moi, s’y connaissent et à qui on ne la fait pas, – mais ne nous y attardons pas trop. Pour certains d’entre nous qui n’ont pas coutume de se laisser prendre pour des pommes, dont notre ami Larry S. Johnson, il y a pourtant un peu de vrai ; mais pas dans le sens voulu par le porte-parole John Kirby, également amiral dans l’US Navy. Pour Johnson, il y a peut-être , sans doute eu quelques missiles nord-coréens, mais ils n’ont absolument pas été utilisés pour renforcer les Russes (faiblesse des stocks russes, etc.) mais pour effectuer des tests en situation opérationnelle réelle de la capacité des armes nord-coréennes... Johnson parle de missiles iraniens dans le même sens, comme dans un vrai bazar...
« Malgré l’espoir vain et persistant à Washington et à Kiev que la Russie soit à court de missiles de croisière et hypersoniques [...] pourquoi la Russie voudrait-elle utiliser, comme le rapporte le Guardian, des missiles balistiques nord-coréens [et iraniens] à courte portée ?
» Permettez-moi de proposer une explication possible : la Corée du Nord et l’Iran veulent tester leurs systèmes d’armes dans des conditions de combat. Normalement, la Corée du Nord et l’Iran testent leurs missiles balistiques dans des environnements non hostiles, c’est-à-dire lors d’un lancement sans système de défense aérienne adverse. Être capable d’en lancer certains sur un théâtre de combat réel comme l’Ukraine donne aux ingénieurs en armement de Corée du Nord et d’Iran une chance de voir si ces missiles balistiques fonctionnent comme prévu lorsqu’ils sont tirés contre des cibles de combat en Ukraine.
» Si la Russie a tiré des missiles balistiques nord-coréens sur l’Ukraine au cours de la semaine dernière, elle a alors appris, tout comme la Corée du Nord, que les systèmes de défense aérienne fournis par l’OTAN n’avaient pas réussi à intercepter et à détruire ces missiles. »
Ainsi apprenons-nous que même les barbares aux yeux bridés et à la peau prononcée se permettent d’utiliser les choses que le Ciel lui-même nous a destinés, dès l’origine des temps. Cette galère est vraiment une bien étrange époque.
C’est dans ce contexte où, “maintenant on ne rit plus” en parlant d’attaques-bouffe, que l’on introduit le personnage de Sikorski. Nouveau ministre polonais des affaires étrangères dans le gouvernement Tusk issu des dernières élections que les populistes-conservateurs ont perdues à cause de leur stupide soutien maximal à l’Ukraine, Sikorski n’est pas là pour rien. C’est un personnage de poids dans le jeu de la communication et des influences qui règlent les relations transatlantiques, et donc la guerre d’Ukraine avec notre unanime et si bienveillant soutien européen.
Note de PhG-Bis : « C’est pour cette raison que PhG reprend en supplément, pour ceux qui auraient du temps à perdre précieusement, un texte qui est un portrait précis de Sikorski, neocon de première importance, et l’un des très rares neocon non-américanisste (et non-anglo ou non-juif) auquel les neocon de Washington font une totale confiance : c’est “un des leurs”, si vous voulez, comme s’il était citoyen US ou anglo-saxon. D’ailleurs, son emploi de l’argot-slang et des insultes courantes à ‘D.C.-la-folle’ est plus qu’impeccable pour un Polak d’origine. »
Lorsqu’il a sorti son fameux tweet « Thank you, USA » en légende de la photo du gaz remontant à la surface à partir du NordStream explosé, Sikorski nous paraissait être devenu un personnage secondaire, plutôt en fin de carrière et casé dans la sinécure du parlementaire européen (un peu comme l’opération, en sens inverse, qu’effectue actuellement Charles Michel). C’était mal connaître l’oiseau et, surtout, l’influence des neocon qui ont mis le paquet pour que Tusk donne le poste stratégique des affaires étrangères à Sikorski. Cela signifie que Sikorski retrouve un rôle essentiel, celui de premier porte-flingue du groupe en Europe, préféré même à des Anglais. A son poste stratégique, sa mission sera de jeter un maximum d’huile sur le feu ukrainien pour faire pression sur l’administration Biden.
Il s’y est donc mis à contribution après les attaques des 29 décembre-2 janvier, avec un tweetX remarqué intimant à Washington et aux Occidentaux le conseil amical et impératif de doter l’Ukraine de cruise missiles de longue portée pour porter le feu jusqu’au cœur de la Moscovie imposteuse. Cela lui a valu une réplique de Maria Zakharova, signe que Sikorski est bien sur la liste de ceux qu’il faut suivre autour du conflit ukrainien :
« “Je comprends bien que Sikorski n’a guère d’idées brillantes à lui, elles sont toutes américaines, mais quand même pas au point d’agir contre son propre pays”, a écrit Maria Zakharova le 3 janvier. La porte-parole de la diplomatie russe réagissait, sur son compte Telegram, à la déclaration le même jour du ministre polonais des Affaires étrangères.
» Ce dernier, dans un post sur tweetX, exhortait les Occidentaux à renforcer les sanctions sur les composants servant aux Russes à fabriquer des armes, ainsi qu’à fournir à Kiev des missiles de longue portée. »
Alors que se développent diverses thèses, dont celle d’une coordination secrète Russie-CIA pour ne pas aller trop loin en Ukraine (voir ‘TheThinker’), le parti de la guerre à outrance est largement renforcé au niveau de l’influence par le nommé Sikorski. Néanmoins, et sans prendre parti selon mon habitude, objectivement dirait-on sur un ton anonyme, on est conduit à admettre que la puissance des attaques russes des 29 décembre et 2 janvier a constitué un formidable avertissement pour les différents pays de l’OTAN, en Europe et aux USA. Je pense que ces attaques ont mis les gens de l’Occident-compulsif devant cette évidence qu’ils avaient écartée jusqu’ici malgré les avertissements de leurs états-majors : les armes hypersoniques russes ont une formidable puissance et sont dans un registre presqu’absolu d’invulnérabilité. La menace qui pèse sur l’Ouest est de taille, elle est désormais palpable, concevable, quasiment à portée de main.
Ce n’est pas cela qui va décourager Sikorski. Lui, il s’en fiche, n’écoutant que les arguments habituels du milieu, – dont certains sonnants et trébuchants c’est sûr, – qui disent qu’un neocon ne recule jamais. C’est une remarque que fait souvent Mercouris, sur ce constat que
« plus les entreprises des neocon rencontrent des difficultés et des revers, plus ils exhortent toutes les autorités à accentuer les pressions bellicistes car les difficultés et les revers prouvent simplement que l’on n’a pas été assez loin et assez fort ! »
Cela vaut donc bien de jeter un coup d’oeil sur ce qu’il fut dit dans ce ‘Journal’ à son propos, il y a un an et demi, après le glouglou de Nordstream, lorsqu’il s’est agi de décortiquer l’intéressant monsieur Radoslaw Sikorski.
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• Pour tenter de suivre les arcanes de l’aventure du sabotage-terroriste des NordStream (plutôt que de tenter de prouver, comme font les intellectuels français, que les Russes ont fait le coup), on se propose de suivre les traces du Polonais Sikorski. • Un drôle d’oiseau, plus neocon que les plus neocons et pourtant libre de ses mauvaises humeurs et de sa brutalité. • Partir du « Thank You, USA », effacé depuis, pour parvenir à tenter de comprendre comment ces folles cervelles fonctionnent. • L’aventure des NordStream1/2 montre qu’on ne recule devant rien.
Rien ne vaut de suivre l’aventure de l'ancien ministre polonais et actuel député européen Sikorski pour suivre les péripéties de l’attaque de sabotage-terroriste contre les gazoducs NordStream. Il a, aussitôt l’attaque commise et ses effets connus, tweeté à partir de la fameuse photo montrant le remous énorme causé sur la surface de la mer par la fuite de gaz :
« Thank you, USA »
Il a ainsi fourni l’argument le plus percutant par sa brièveté pour indiquer le coupable le plus évident, sans nécessité d’enquête ni de preuve, dans cette affaire. Mais l’on constate, deux jours plus tard, qu’il a pris l’initiative finalement assez objectivement stupide en ce qu’elle confirme paradoxalement l’effet obtenu, de retirer son tweet. Alors, le journaliste et cinéaste Dan Cohen exprime le sentiment général en tweetant à son tour (avec le tweet initial et supprimé de Sikorski inclus et donc retrouvé, – cela tweete à tout va !) :
« Le parlementaire européen Radek Sikorski supprime deux jours plus tard son tweet attribuant le bombardement de Nord Stream aux États-Unis. Ses tweets de suivi restent.
» Maintenant, cela semble encore plus suspect. »
Les “tweets de suivi” de Sikorski disent notamment, toujours fleuri de la belle image de la Mer Baltique bouillonnant de gaz :
« ... La seule logique [de NordStream] était pour que Poutine puisse exercer un chantage et mener sa guerre en Europe de l’Est en toute impunité. »
« Tous les États baltes maritimes et l’Ukraine se sont opposés à la construction de NordStream pendant vingt ans. Maintenant 20 $milliards de métal fracassé reposent au fond de la mer, un coût de plus pour la Russie pour son invasion criminelle de l’Ukraine... Quelqu’un a effectué une Opération Spéciale de Maintenance. »
Le fait est que Sikorski a été un peu rapide et extrêmement abrupt dans son tweet initial (« Thank you, USA »), alors que l’opération d’élaboration d’une narrative dont le but serait de ‘canceller’ absolument et ad vitam aeternam/nauseam l’évidence de la responsabilité des USA s’avère assez sinon très-difficile. C’est dire qu’en supprimant son tweet et surtout sans trop se presser, il a fortement, sinon très-fortement contribué, au contraire, à éclairer et à renforcer cette évidence. (Cela n’éclatera pas aux yeux des foules américanistes-occidentalistes, adeptes de la presseSystème et des chaînes verrouillées, foules auxquelles on épargnera la lecture et le commentaire de cet épisode-tweeté.)
En effet, l’évidence conduit en général, d’une main ferme et sans ciller, à attribuer la responsabilité de cette opération de “sabotage-terrorisme” à l’US Navy, qui avait plusieurs navires en manœuvres opérationnelles depuis plusieurs jours, avec leurs hélicos anti-sous-marins et toute la logistique nécessaire, sur cette zone maritime où s’est produit l’opération. On précise que cette zone est sous un contrôle strict, constant et très étroit de l’OTAN, c’est-à-dire de l’US Navy, ce qui implique toutes les difficultés du monde pour un intrus (russe, évidemment), pour réaliser une telle opération secrète.
(On met de côté l’autre évidence, plus conceptuelle et complètement logique, – chose infâme dans nos temps-devenus-fous, – de s’interroger sur la logique politique qui aurait poussé les Russes à penser à un montage, ou à une plongée pour détruire leurs propres gazoducs alors qu’ils seraient prêts à livrer à nouveau du gaz si l’évolution de la situations et les positions des pays concernés y conduisaient, alors qu’ils ont un bouton à pousser et le résultat est le même, alors que... etc.)
On trouve dans tout cela de quoi se rassurer et s’assurer de la perception des responsabilités, et le tweet initial de Sikorski a fortement servi, dans sa brièveté et sa netteté, à bien mettre tout cela en cohérence. Plus encore, les autres tweets que Sikorski a laissé, même s’ils sont plus explicites, confortent cette perception, tout comme celui-ci que signale Spoutnik :
« Cependant, M. Sikorski n'a pas supprimé un autre tweet où l'on pouvait lire “Comme on dit en Pologne, “Une petite chose, mais tellement de joie”, accompagné de la même photo de l'eau bouillonnante.
» Ce tweet a [à nouveau] suscité la controverse, beaucoup se demandant ce que le législateur polonais voulait dire en le publiant. »
Nous pensons décidément que cette intervention de Sikorski a une réelle importance dans cette affaire, en même temps qu’elle est symbolique d’une situation considérée du point de vue psychologique. Nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises Sikorski dans nos commentaires, suffisamment pour connaître la variabilité et la brutalité du personnage. Ainsi, en octobre 2014, lorsqu’une conversation privée qu’il avait avec un ami politique fut enregistrée et publiée par le journal polonais ‘WPost’ :
« Sikorski a déclaré que l'alliance de Varsovie avec Washington est sans valeur et même dommageable car elle “crée un faux sentiment de sécurité en Pologne”, comme le cite Wprost, qui a publié des extraits de l'échange présumé entre Sikorski et Jacek Rostowski, député et ancien ministre des Finances. “Nous allons avoir un conflit avec les Russes et les Allemands, et nous allons penser que tout est génial, parce que nous avons fait une pipe aux Américains”, aurait dit Sikorski. Selon Wprost, il a qualifié les Polonais de “complètement nuls” pour leur position et a répété l’expression “conneries complètes” à de nombreuses reprises au cours de la conversation... »
Comme on le voit, il se trouve là en position d’opposition à l’alliance avec les USA (on insiste),
« contre la forme même de cette “alliance“, qu’il compare à rien de moins qu’un service de fellation offert gratuitement par l’opérateur de la chose ».
A cette occasion particulièrement originale, nous nous étions attardé à la personnalité de Sikorski, à sa carrière autant qu’à sa psychologie. Notre intention, par rapport à la situation actuelle, est de faire percevoir combien cette sorte de personnage peut évoluer selon des impulsions qui ne sont pas nécessairement celles de la corruption classique, mais bien plus encore celles de toute une catégorie d’opérateurs du Système, – nous le qualifiions de « Sapiens-lige du Système, cloporte patenté », sans mauvaises intentions de notre part, simplement pour éclairer le comportement de ces gens-là... Après cette citation de notre texte du 24 juin 2014, nous reviendrons sur l’affaire-NordStream, car nous y serons conduits.
« Il suffit de consulter le Wikipédia de Radoslaw Sikorski pour être édifié... (Accessoirement mais d’une façon complémentaire, on peut également consulter le Wikipédia en forme de copie conforme de son mari d’Anne Applebaum, épouse de Sikorski.) Il s’agit d’un personnage typique de ce temps extrême, journaliste dissident en Pologne jusqu’en 1981 passant en Angleterre, prestement récupéré par les milieux anglo-saxons et rééduqué dans le sens qu’il faut, conseiller de 1988 à 1992 de Rupert Murdoch, parrain et financier des neocons. Sikorski est le signe indubitable que l’extrémisme neocon-ultralibéral est fondamentalement apatride et globalisé, une sorte d’“Internationale”-Système de notre temps déstructuré, où les nations et les nationalités n’ont plus guère de signification. (Lui-même, Polonais de naissance, nationalité anglaise à partir de 1984, avant de retrouver la nationalité polonaise en 2010, parce qu’il le faut bien pour se présenter aux présidentielles polonaises, donc après de nombreux postes gouvernementaux polonais en tant que citoyen britannique. Anne Applebaum a également suivi ce chemin en forme de yoyo entre deux nationalités.)
» Ce “portrait” très succinct n’est pas fait pour s’attarder vraiment à la personnalité de Sikorski mais pour observer qu’une telle personnalité continue à avoir une psychologie, et que cette psychologie s’affaiblit aussi bien sous la pression du Système qu’elle sert pourtant, jusqu’à se retourner dans des instants de lucidité par frustration, pour dire son fait à la vassalité que lui impose le Système, – malgré sa responsabilité dans ce choix, bien entendu, puisqu’il l’a bien voulu... Par conséquent, homme typique, sapiens-lige du Système, cloporte patenté sans aucun doute, découvrant en un de ces instant de lucidité signalés plus haut et aimablement enregistré que l’alliance américaniste est, pour la Pologne comme pour n’importe qui d’autre, «complete bullshit» (le terme est répété plusieurs fois, Sikorski étant un utilisateur acharné et absolument “macho” de l’argot anglo-saxoniste/américaniste). »
Selon les raisons que nous évoquons, il nous semble bien que Sikorski est un homme d’une psychologie instable mais paradoxalement très ferme et très dure dans ses changements, une psychologie ouverte à des sautes d’humeur et de colère. Aujourd’hui, il est complètement au travail pour l’“alliance”, non pas avec les USA qui n’existent plus en tant que tels sous la présidence d’un Biden, mais pour le clan-neocon, qui est sa véritable “famille”, sa véritable “patrie”, – et non pas, à notre sens, pour des raisons idéologiques, mais pour des raisons d’hystérie psychologique, comme « personnage typique de ce temps extrême ».
Notre hypothèse est alors de rejoindre, sans surprise ni la moindre gêne ni hésitation, celle que fait Christoforou, estimant que l’initiative de l’opération contre NordStream, – par pression, par influence, par manipulation, – revient donc bien à un groupe, un clan (“pas les USA qui n’existent plus en tant que tels sous la présidence d’un Biden”) :
« Christoforou attribue l’attaque non pas aux USA (au gouvernement US) as a whole, mais aux capacités d’influence et de manipulation dans le fonctionnement de la puissance américaniste du groupe extrémiste, celui des “usual coupables” certes, – en un mot, les neocons, où l’on trouve aussi bien une Nuland qu’un Sikorski (cités plus haut)... »
Cette situation signifie que Sikorski n’est ni un fonctionnaire d’un gouvernement, un agent d’une centrale de renseignement, un obligé tenu par des secrets ; d’une certaine façon, n’étant lige que du Système par l’intermédiaire de ses amis neocons, il est assez “libre” dans ses actes et ses démarches. Pour nous, son tweet, qui représente tout de même, d’un point de vue de la communication et de la tactique politique, une énorme erreur, est de sa propre initiative d’homme “libre” qui entend ainsi affirmer qu’il assume ses actes et ses manigances/les actes et les manigances du Système ; peut-être même a-t-il fait cela avec, dans un coin, un peu de rancœur contre ce Système, qu’il met ainsi en difficulté, dont il est l’obligé consentant et qu’il considère tout de même comme une contrainte totalitaire à laquelle il cède.
Enfin, peut-être même a-t-il fait cela en mesurant que cela pouvait être une “énorme erreur”, mais en temps qu’homme “libre” (c’est-à-dire irresponsable, selon les normes modernistes) il s’en fichait bien. Ce qui nous conforte dans cette hypothèse, c’est le temps qu’il a mis à l’annuler (certainement sous la pression très-amicale, – sans ironie, cela, – de certains de ses “amis”, neocons ou américanistes), en en laissant d’autre qui disaient plus discrètement la même chose, c’est-à-dire en aggravant encore le cas... Mais l’homme “libre” s’en fiche !
Cet épisode doit nous permettre de mieux comprendre le fonctionnement de la folle politiqueSystème (la politiqueSystème devenue folle, c’est dire !) des États-Unis, avec leurs divers larbins épars dans leur foulée, au bien devant eux comme bouclier... En fait de la chose nommée États-Unis, il s’agit bien du Système, manipulant selon sa recherche de l’accélération de sa surpuissance, qui les USA, qui la globalisation, qui l’UE si l’on veut quoique cette chose énorme et molle qui prétend à l’héroïsme guerrier n’arrête guère le jugement du choix d’un combattant.
Le cas de Sikorski est du plus grand intérêt car le personnage a déjà montré ce qu’il pouvait faire, qu’il est un véritable internationaliste sans attaches, sinon cette sorte de déchaînement de la psychologie qui caractérise ce clan, cette tribu qui est la principale manipulatrice de la “politique US” depuis le courant des années 1990. Son intervention (« Thank you, USA ») est la marque de l’action de la tribu, et l’on n’oubliera pas que la première voix à dire que NordStream (2 et autres) ne fonctionnerait pas fut celle de la neocon Victoria Nuland, le 27 janvier, avant le fantôme présidentiel le 7 février (on vient d’apprendre que le président Bien avait été en vacances ou en repos, inactif disons, durant 40% de son temps en 2021). Les neocons sont partout, malgré la vertigineuse série d’échecs marquant la politique dont ils furent les manipulateurs, et ainsi répondent-ils parfaitement à la définition du ‘Kali Yuga’ que nous voyions hier (PhG) :
« ...la période où “l’âme du monde” est de couleur noire; il ne reste qu’un quart de la vertu, qui diminue lentement jusqu’à zéro à la fin du Kali Yuga. Les hommes se tournent vers la méchanceté; la maladie, la léthargie, la colère, les calamités naturelles, l’angoisse et la peur de la pénurie dominent. Pénitence, sacrifices et observances religieuses tombent en désuétude. Toutes les créatures dégénèrent. Le changement passe sur toutes choses, sans exception.»
Tout cela est pour renforcer l’idée de l’extraordinaire dangerosité des temps, – on pense bien sûr au nucléaire, dont tout le monde parle. Il n’y a pas de direction américaniste, ni même de politique américaniste, mais une politiqueSystème sataniste et déstructurante, servie par un groupe sans réelle discipline intérieure ni autorité directrice, pour qui tous les coups sont bons, sans souci aucun ni de l’apparat ni de l’apparence. C’est-à-dire que le Système peut, selon la fortune de ses manipulations, pousser à n’importe quoi, pourvu que ce “n’importe quoi” soit destructeur et déstructurant ; et ainsi, à sa façon, Sikorski a-t-il agi... Cette perspective est terrifiante.
Par contre, l’absence de structure du groupe, sa façon d’opérer “en rhizomes”, à-la-Deleuze, (ni réelle discipline intérieure ni autorité directrice comme on le voit avec le cas Sikorski) est aussi une éventuelle très grande faiblesse... Déconstructeurs absolus ils sont, ils ne disposent d’aucune structure de légitimité et d’autorité pour les défendre si un adversaire résolu, fût-il un homme, un sondage ou un vote, a décidé de contrecarrer décisivement cette politique totalement nihiliste, – politique du désordre destructeur et déstructurant, sans la moindre capacité de se structurer elle-même car ce serait une ‘cancellation’ d’elle-même, incapable de se structurer d’une façon qui la rendrait résiliente et lui permettrait de résister au “coups en retour” dont l’un ou l’autre, un jour, sera mortel.
Une fois de plus il est montré, au plus haut niveau, que l’on retrouve l’idée de la surpuissance jusqu’à la folie, s’accompagnant de son double de l’autodestruction du fou.
Mis en ligne le 30 septembre 2022 à 18H15