Mon BRICS à brac à moi

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Mon BRICS à brac à moi

22 août 2023 (18H55) – Vendredi dernier, il y eut donc cet article de (sur) Korybko dans lequel un polisson nommé ‘dde.org’ avait écrit, avec ce “nous” majestatif qui fait florès dans cette époque de stricte vérité et de haute moralité :

« Pour notre part, nous pensons que ce texte, qui résume dans tous les cas fort bien la situation présente des BRICS dans ses rapports avec l’américanisme-occidentalisme, mérite une analyse commenté et critique poussée. Nous nous y mettrons dans nos vaticinations autour du sommet. »

... Nous y sommes, et je m’y mets. On parle donc des BRICS, de leur sommet et des observations de Korybko, mais aussi de beaucoup d’autres qui se sont abattus sur nous en cascade énorme d’écrits et de réflexions. Jamais, bien entendu, aucun sommet des BRICS n’avait suscité autant d’intérêt ; nous serions prêts à parier que jamais, aujourd’hui, aucun événement raisonnablement prévisible et dans les normes du possible extrême (on met de côté des événement-fantasy comme un sommet Biden-Poutine dans un parc d’attraction, un sommet Poutine-Zelenski dans une tranchée près de Kharkov, etc.) ne susciterait une telle affluence communicationnelle.

On mentionne quelques articles qu’on retient, où l’on reconnaît nos sources habituelles, dont il nous semble qu’elles valent consultation :

• Outre l’article déjà rappelé de Korybko présenté par ‘dde.org’, le 18 août 2023, et qui était introduit par ce ‘chapô’ auquel nous ajoutons une touche de caractère gras pour signaler notre principale préoccupation, – et la mienne encore plus :

« • Le texte d’Andrew Korybko présenté ici est intéressant. • D’abord parce qu’il expose l’extrême complexité des BRICS, victimes de leur succès. • Ensuite, parce qu’il n'est pas si mauvais que cela de ne pas être d’accord avec lui. »

• Le 15 août 2023, sur la rivalité entre l’Inde et la Chine, — avec une remarque annexe de Mercouris dans sa vidéo du 19 août 2023 où il confirme effectivement qu’il n’y aura pas de monnaie unique-BRICS, notamment parce qu’il n’en a jamais été question par et pour les BRICS, et qu’on se demande où donc O’Neill a été pêcher cette idée :

« La Chine et l'Inde font le jeu de l'Occident, selon l'initiateur des BRICS

» Les divisions entre Pékin et New Delhi entravent le développement d'une monnaie commune pour rivaliser avec le dollar, a déclaré Jim O'Neill. »

• Le 19 août 2023, une vidéo du duo Mercouris-Christoforou sur « Un BRICS nouveau et renforcé émergera en Afrique du Sud », avec ceci de Mercouris où le terme “alternative” signifie que les BRICS sont pour ceux qui ne veulent plus du système américaniste-occidentaliste :

« [Ce sommet], c’est le moment où les BRICS passent du statut d’une sorte de club où des partenaires viennent régulièrement échanger, converser, s’entendre, etc., en une véritable organisation...

» Les BRICS sont une alternative au système occidental... »

• Le 21août 2023, à partir d’une analyse très marquée d’une appréciation politique du ‘Financial Times

« La Chine veut que les BRICS rivalisent avec le G7 - FT

» Le bloc discutera de son expansion lors de son sommet à Johannesburg, avec 23 pays désireux d'y adhérer, rapporte le journal britannique. »

• Le 21 août 2023, d’une source expérimentée et occidentalisée dans son travail passée, mais qui n’est plus activement engagée, – et donc l’esprit “dégagé” si l’on comprend ce que cela signifie :

« Le dollar américain “n'est pas digne de confiance”, déclare un ancien cadre du FMI à RT

« Les BRICS ont besoin d'une alternative à la monnaie américaine, selon l'économiste brésilien Paulo Batista. »

• le 21 août 2023, de Dimitri Trenine, commentateur russe très écouté et durant longtemps directeur de la Carnegie Foundation à Moscou :

« Les membres fondateurs des BRICS sont confrontés à une décision historique alors qu'ils tentent de remodeler l'ordre mondial.

» L'élargissement du nombre de membres et la recherche de l'indépendance financière vis-à-vis de l'Occident sont deux défis importants qui seront discutés lors du sommet de Johannesbourg. »

• Le 21 août 2023, l’enthousiasme pour les BRICS des Africains (hors-Afrique du Sud) jusqu’alors ignorés :

« “Les BRICS sont désormais le club le plus exaltant du monde” – un diplomate de haut rang

» L’“énorme bloc économique” peut offrir aux nations africaines des partenaires commerciaux alternatifs, déclare l'envoyé tanzanien en Afrique du Sud. »

• Le 21août 2023, une analyse très nuancée et très instructive de M.K. Bhadrakumar de la position ambiguë et très modérée de l’Inde. Surprise ? Ce grand commentateur indien, toujours très critique des tentatives de rapprochement des USA (pour équilibrer la Chine) de la part de Modi, semble ici s’en arranger et peut-être même ne pas la désapprouver :

« Pourquoi l'Inde ne veut pas que les BRICS démantèlent l'ordre mondial construit par l'Occident

« Si le groupe des puissances montantes tente d'usurper la gouvernance mondiale, il s'effondrera sous son propre poids. »

• Le 21 août 2023, un autre texte de Andrew Korybko sur la présentation de l’analyse russe du sommet des BRICS par Sergei Lavrov, qui représentera la Russie à Johannesbourg en l’absence de Poutine privée de visite selon la superbe légalité américaniste-occidentaliste du monde... Korybko reste sur son point de vue, certes :

« Lavrov explique comment la Russie envisage le rôle mondial des BRICS

» Le ministre russe des affaires étrangères a publié un article dans le journal sud-africain Ubuntu. Il s'agit du démenti le plus direct de la Russie aux fausses perceptions de la communauté des médias alternatifs sur les BRICS jusqu'à présent. »

Être des BRICS et ami des USA ?

Je pense qu’on devrai interpréter comme un extraordinaire, un formidable symbole le fait que “l’Événement” qu’est le sommet des BRICS a sa propre dynamique, qui nous domine tous et nous conduit où elle l’entend. Cet événement “extraordinaire, formidable” qu’est ce sommet selon tous les jugements possible et imaginables, — positifs ou négatifs, peu importe, – se fait en l’absence de l’homme d’Etat le plus apprécié au monde, sans doute le seul digne d’être considéré aujourd’hui comme un véritable homme d’Etat, qui mène la première puissance militaire du monde engagée dans une guerre extraordinaire, et dont le pays fut, avec la Chine, le véritable fondateur des BRICS. Si vous dites “Poutine”, vous avez gagné le soulagement de poursuivre votre lecture le cœur léger et l’esprit en repos.

“Extraordinaire, formidable symbole” dis-je, parce qu’il marque combien tous les commentaires et appréciations signalées plus haut de la part de brillant commentateurs, du plus haut intérêt et dans la plus complète indépendance, signes de la hauteur et de la liberté de leurs jugements, ne peuvent pourtant rien, et ne comprennent sans doute pas grand-chose de la structure métahistorique et de la signification métapolitique de l’événement, – sinon à laisser libre cours et le champ libre à leur intuition. Je vous rassure aussitôt : moi-même, j’en suis au même point exactement, outre de n’être en rien un “brillant commentateur” qui serait si souvent cité. C’est donc cela : les humbles et les grands dans cette catégorie de l’esprit et cette position de résistance par rapport aux forces d’asservissement sont sur un même plan de la pensée, contenus par les mêmes bornes du jugement... Il faut le savoir, mes frères !

Ainsi soit-il... Que cela ne m’empêche pas à mon tour de risquer quelques remarques. Elles seront toutes, elles, marquées du constat fameux, oxymorique dans l’esprit comme l’on force à un jeu de mots, sophistique plusieurs fois sur lui-même et tout le toutim qui va avec, – constat qui va de Socrate à Jean Gabin, – le constat que “je sais au moins une chose c’est que je ne sais rien”.

Partons du premier agacement (Korybko) et de la première surprise (Bhadrakumar). Les deux ne parlent pas pour les mêmes (Korybko parle en général, Bhadrakumar pour l’Inde) mais ils disent la même chose. Leur démarche et leurs arguments sont extrêmement structurées et logiques, au point qu’il paraît impossible de les contredire... En fait, ils ont raison, sauf qu’ils parlent pour un monde qui n’existe pas. Ils parlent en expert compétent et réaliste (Korybko) et en diplomate expérimenté et de jugement sûr (Bhadrakumar) mais il nous est impossible d’embrasser l’espace, le temps, la communication et la stratégie où ils évoluent pour les mettre en place dans la situation réelle du monde.

• En gros, Korybko nous dit qu’il ne faut pas rêver, que les BRICS resteront une association économique inclinée à la coopération avec l’Occident-addictif, donc qu’il est absurde de leur prêter des ambitions qui n’ont pas lieu d’être et sont impossibles à atteindre (dédollarisation, destruction du système financier américaniste-occidentaliste).

• En gros,– et ne parlons pas de la Chine ici même si la Chine écrase la pensée indienne, mais parlons de la Russie dont les USA veulent que l’Inde s’éloigne décisivement, – Bhadrakumar nous dit que l’Inde prend une très grande attention à ne s’engager ni pour la Russie, ni “contre la Russie”, qu’elle a pour cela établi des coopérations avec les USA qui équilibrent celles qu’elle a avec la Russie... Et les BRICS (et l’OSC) ne changeront rien à cela, et pour cette raison l’Inde freine l’expansion et le champ d’action des BRICS.

« Cependant, le temps ne s'est pas arrêté. La mondialisation est moribonde et le système d'institutions internationales qui la sous-tendait n'est plus inclusif. En fait, la Russie et la Chine font l'objet de sanctions de la part des États-Unis. Au contraire, les relations entre l'Inde et les États-Unis sont peut-être à leur plus haut niveau historique, – presque une quasi-alliance, – et Washington les décrit comme le “partenariat déterminant” du siècle. On peut même dire que les sanctions américaines contre la Chine pourraient présenter des avantages pour l'Inde. Les liens étroits qui unissent les deux pays dans le domaine de l'industrie des puces en sont un bon exemple. En résumé, la vie pourrait même s'améliorer pour l'Inde, et l'élite du pays ne verrait aucune raison de troquer ses modestes souhaits révisionnistes contre une restructuration fondamentale de l'ordre international existant, sans parler de sa destruction. »

... Si les USA existent encore

On comprend bien tout cela, cette habileté de ces grands fondateurs “neutres-pacifistes” des BRICS qui ne veulent pas trop s’engager sur la même voie que leurs “frères“ sont en train de suivre ou de défricher, — la voie de la guerre, en-cours pour la Russie, en préparation pour la Chine ! Aussi n’est-ce pas sur ce terrain des avantages comparés et des relations à équilibrer entre fondateurs des BRICS qu’il faut converser pour s’y retrouver.

Ce qui continue à me déconcerter, c’est cette façon de tracer une Grande-Stratégie, – quoi, pour les 10, 20, 30 ans à venir ?! – avec un rôle considérable attribuée à une hyperpuissance aujourd’hui, à l’instant où je vous écris ce texte, désintégrée en une multitude de spasmes de dégénérescence. Je ne sais pas, moi, par exemple prenez cette vidéo ! – Je veux dire celle de gens sérieux, pas les clowns du New York Times ou de LCI ; prenez cette vidéo et écoutez Mercouris discuter avec l’avocat fameux aux USA Robert Barnes, tous deux citant furieusement des cas métahistoriques du destin de Rome et de celui de l’empire britannique, de la naissance de la Grande République par-dessus tout cela, pour conclure que jamais une si grande puissance terrestre s’était trouvée dans une telle situation (Trump, Biden, etc.) de blocage total avec des échéances apocalyptiques comme cette élection présidentielle de 2024...

Un avocat français héritier d’un grand nom de l’Histoire, — Régis de Castelnau, –  l’un des très-très rares commentateurs de l’‘Hexagone’ à prêter attention à l’apocalypse en-route Outre-Atlantique, donne régulièrement aux citoyens français une leçon de civisme civilisationnel en déroulant les épisodes les plus extraordinaires de cette fresque extraordinaire qu’est cette “chute de l’empire américain” embourbé dans l’américanisme de la corruption et de la diffamation, du légalisme-illégaliste et du simulacre, de l’insulte et de l’outrage crachés par la haine, de l’incompétence satisfaite et de la bêtise avec sous-titres... Voyez  ceci :

« Quiconque s’intéresse aux États-Unis ne peut qu’être surpris par le niveau de dégradation qui atteint la première puissance mondiale. [...]

» Il est malheureusement impossible d’avoir une image de cette dégradation dans la presse française, dont un des éléments forts de l’abaissement drastique est ce que l’on peut qualifier de “provincialisation”. La couverture de ce qui se passe à l’étranger est minimale, utilisant exclusivement l’AFP devenu un fournisseur de politiquement correct. Les médias ont renoncé aux « correspondants permanents » à l’étranger au profit « d’experts » autoproclamés, entretenant en général des rapports appointés avec des organismes chargés de promouvoir un récit conforme aux intérêts de ceux qui les financent. L’effondrement éducatif n’a rien arrangé avec des journalistes français déjà ignorants de l’histoire méconnaissant également la géographie. [...}

» Le consensus politique sur lequel reposait le fonctionnement de la démocratie américaine est anéanti. La haine des démocrates mais aussi de quelques républicains pour Donald Trump est sans limite, au point que selon une étude, 12% soit 30 millions, d’Américains considèrent que la violence serait légitime pour s’opposer à son éventuel retour. La multiplication de ces procédures judiciaires parallèlement au refus obstiné du Ministère fédéral de la justice et du FBI de poursuivre la famille Biden, pour une corruption avérée et documentée, nourrit une exaspération réciproque sur fond de dégradation massive de la situation sociale. Le tout dans un contexte de guerre mondiale hybride qui voit le monde échapper à l’hégémon.

» Enkystée dans sa servilité, la France quant à elle, relaie scrupuleusement le récit démocrate américain, que ce soit sur Trump, l’Ukraine ou l’Afrique, tout en se passionnant pour des polémiques sur des paroles de chansons... »

Nos lecteurs ont de quoi en connaître évidemment, au travers de notre série sans fin jusqu’au stade final, – ‘RapSit-USA...’ [depuis 2020, depuis notre certitude que les USA se trouvaient plongés dans leur crise finale qu’il faudrait suivre jusqu’à son terme]. Notre intérêt pour l’évolution de l’effondrement US tient simplement à ceci qu’il s’agit d’une étape inévitable pour conduire à son terme la GrandeCrise.

Dans ce texte du 12 juin 2020 intitulée « Pourquoi RapSit-USA202 ? », j’exposais mon extrême désolation de voir la France plongée, comme elle continue à l’être, dans ces querelles de clochers postmodernes tandis que des continents entiers étaient emportés dans un formidable bouleversement par une tempête métapolitique et métahistorique :

« J’ai vécu, à l’âge quasi-adulte puis en professionnel, des événements comme le débarquement de la Baie des Cochons à Cuba, les droits civiques des Noirs, l’assassinat de JFK et les remous qui ont suivi, les révoltes anti-Vietnam, les campus et les banlieues noires en flammes, les assassinats de Robert Kennedy et de Martin Luther King, le Watergate, la CIA sur la sellette, les otages de Téhéran,  l’Irangate de Reagan, les émeutes de Los Angeles de 1992... Il y avait certes un bon lot de désinfos et de mésinfos, mais au moins l’on savait qu’il se passait des choses importantes chez notre grand tuteur bien-aimé. Aujourd’hui ? Rien du tout, – ah oui, j’oubliais, racisme ! Violence policières ! Cela nous permet de revenir à notre nombril victimaire et mémoriel, à nos “Indigènes de la République” et à nos picrocolesques impostures, avec nos diables à petit pied fourchu, notre culture réduite à la racisation Génétiquement Contrôlée et au RapTag.

» C’est un spectacle peu ordinaire que ce défilé d’aveugles regardant les yeux fermés et la tête dans le sable s’ordonner leur futur arrangé à la sauce de leur simulacre de vertus. On dira que cela dégage l’espace pour la contraction du Temps qui nous conduit à l’avenir ; pendant qu’ils ne voient rien, les dieux s’affairent... C’est peut-être cela qui est digne de l’effondrement d’un empire exceptionnaliste, et qui l’explique en bonne partie, je veux dire cette absence complète de la  vérité-de-situation du monde, d’ailleurs aussi bien au-delà de l’Atlantique que chez nous. La civilisation s’effrite, se déstructure, glisse entre les doigts des dieux bienveillants et qui savent à qui parler, pour se néantiser dans le Trou Noir du Mordor. »

Ceux qui savent qu’ils ne savent rien

Bien on a fait un détour par la France et son hyper-startintelligence, – sa direction qui découvre, oui ma chère quelle trouvaille, que finalement l’Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord constituerait la meilleure garantie de sécurité pour la ‘douce France’, – et oui, cette idée qui est si grotesque, si enfouie dans l’aveuglement des crétins déguisés en rats des villes pour suivre un Biden déguisé en “Der Rattenfänger von Hameln”. (“Oui ma chère quelle trouvaille, le Général, ce type surfait, n’ y avait même pas pensé !”)

Tout de même, les BRICS, notamment l’Inde et le Brésil, – auxquels il nous faut revenir, – ne sont certainement pas, et de loin, à ce niveau de bassesse et d’ignominieuse bêtise qui a saisi la Grande Nation comme une lèpre venue des bas-fonds de la bourgeoisie fardée et maquillée. Mais eux aussi se font d’incroyables illusions sur l’avenir d’un lien, – quel qu’il soit d’ailleurs, – avec les USA en cours de désintégration. C’est de ce point de vue que je ma place pour dire : ne tracez pas de plans sur la comète pour l’avenir des BRICS, dans ce sens, selon cette stratégie, non plutôt celle-là, etc.

La seule vertu des BRICS est qu’ils existent et que tout le monde se précipite. Ainsi est plantée une borne fondamentale qui témoigne, par sa seule existence, de l’effondrement du reste. L’Utilité des BRICS commence là et, en attendant, s’arrête là, – quoique, je l’avoue, et dans tous les cas de figure de simulacre, une entente entre le monde américaniste-occidentaliste et les BRICS pour réformer l’actuel système, est plus qu’une illusion, mais une fantasy de simulacre absolument grotesque quoiqu’hollywoodienne, – ou bien parce qu’hollywoodienne. On ne coopère pas avec les USA, on se soumet, – enfin, tout cela au passé puisque, revenant à nos moutons, nous actons et les BRICS avec nous l’effondrement du monstre.

Pour la suite, on verra. Alors je vous dirais franchement qu’à tout prendre, je préfère la démarche de Pépé Escobar. Pépé fut souvent très enthousiaste pour ces manœuvres de résistance dont les BRICS sont un exemple, et l’une des grandes étoiles de la presse dissidente. Son étoile a un peu pâli quant à ses analyses politiques mais il se grandit notablement en multipliant les référence philosophiques, théologiques et cosmiques comme dans son dernier texte où il en appelle au soufisme. Avec Alastair Crooke, il est l’un de ces rares dissidents à la plume politique très acérée et très informée qui cèdent par instant au vertige des grands Mystères de l’Univers, et de quoi nous sommes redevables à ces Mystères dans les événements que nous traversons au milieu des tempêtes.

Mon BRICS à brac est, nul ne s’en étonnera, fait de BRICS et de broc. Mais sur l’essentiel, je suis aux côtés de ces hommes d’analyse froide ou emportée qui, par instants, cédant à leur culture grandie, observent « le vide de ces espaces infinis » et, se parlant à eux-mêmes comme un dieu le ferait, se sentent emplis à la fois d’humilité et de gloire, – êtres fourbus de faiblesses et d’abandons, et pourtant messagers des dieux comme une comète sur la voute étoilée.