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359Plaignez donc les pauvres généraux US en Irak, et aussi les services de communication de la Maison-Blanche et tout le reste, America the Beautiful, Wall Street et American Dream, Hollywood et John Wayne. Bon, c’est sûr, la victoire est acquise en Irak; étourdissante, achevée, complète… Al Qaida est volatilisé (quoique, certains pondèrent la chose, incroyablement modestes et réalistes: non non, Al Qaida est démoli à 60%-70%, n’exagérons rien, — ah, les braves gens, ce souci de la précision, cette humilité dans le décompte).
C’est ce que nous raconte, parce que nous avons été bien sages, le Daily Telegraph du jour, dans un contexte qui décrit les angoisses et cas de conscience des généraux. Donc, après nous avoir décrit comment Al Qaida a été vaincu, voici décrits les tourments de ces mêmes généraux; on y voit même Petraeus et Fallon la main dans la main, partageant les mêmes préoccupations vertueuses, pour être bien sûr, cette fois absolument assuré qu’il s’agit bien de la même victoire dont on parle, vous et moi:
«Military top brass are wary of making such conclusive claims however, aware of the embarrassment caused by President George W Bush when he addressed troops in front of a ‘Mission Accomplished’ banner in the summer of 2003.
»There have been other examples of over-optimism, notably after the killing in June 2006 of Abu Musab al-Zarqawi, the leader of al-Qa'eda in Iraq, which preceded by some counts the bloodiest six months of the war.
»Even with recent improvements in security, 62 US military personnel were killed in September, a figure only slightly below average for the past couple of years.
»Military intelligence officials told the Washington Post that Lt Gen Stanley McChrystal, chief of Joint Special Operations Command in Iraq, was a leading advocate of a victory declaration, believing the terror network has been virtually obliterated.
»Lt Gen Raymond Odierno, the second highest-ranking officer in Iraq, recently said that the group's capability had been “degraded” by 60-70 per cent.
»Commanders on the ground feel progress made in the past few months has not been promoted strongly enough on the home front, and that a triumphal announcement on al-Qa'eda would lift public morale.
»But the top brass, including Gen David Petraeus, the commander in Iraq, and Adm William Fallon, chief of the US Central Command, are reported to be against a declaration, believing more time is needed to assess the true extent of the damage to the organization .»
Ainsi va la “narrative” du Daily Telegraph: il était une fois un méchant dictateur en Mésopotamie. Il avait même des moustaches comme Hitler, c’est vous dire. Il adorait les armes de destruction massive (ADM, pour faire short); mais, en impie qu’il était, il détestait Al Qaida, ces grenouilles de bénitier de mosquée. N’écoutant que sa générosité et malgré qu’il en eût contre Al Qaida, l’oncle Sam de Washington attaqua Saddam pour purger le monde de ses ADM et nous permettre de dormir tranquille. Surprise: pas d’ADM. (Mais est-ce bien sûr?) Surprise (trois ans plus tard): Al Qaida est là, partout, proliférant. (Ça, c’est sûr.) Surprise (un an plus tard): Al Qaida n’est plus là, pulvérisé. (Ça c'est encore plus sûr que sûr, comme Ariel.) Entre temps, on avait fait appel au général Custer-Petraeus et à son 7ème de cavalerie, dont l’offensive devant le Congrès fut irrésistible. Et voilà, c’est la crise: car que faire, oui, que faire de cette victoire massive?
La crise irakienne, la vraie de vraie, mais nous y sommes, mais c’est bien sûr… Que faire, que faire de cette victoire de destruction massive?
Mis en ligne le 16 octobre 2007 à 13H36