Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
5180• Au cas où on l’ignorerait, il y eut un ‘Sommet des Amériques’ cette semaine à Los Angeles. • Ce fut pathétique. • La Chine, première puissance investisseuse des Amériques, était absente. • Contributions : dde.org et ‘Time’.
Le président James Monroe, excellent homme et citoyen du futur Washington D.C, qui fit deux mandats de 1817 à 1825, est plus connu du fait de la “doctrine” portant son auguste nom. Il quitta ses fonctions la même année où Thomas Jefferson mourait en disant, avec le don prémonitoire de ceux qui sont au seuil du Royaume des Ombres, des mots tragiques qui enterraient l’‘American Dream’ avant même qu’il existât sous la forme informe d’un simulacre, – ces mots, comme nous les avons souvent rappelés, notamment en 2009 pour la mort de Teddy Kennedy
« Sur son lit de mort, en 1825, Thomas Jefferson avait murmuré : “Tout, tout est perdu”, signifiant par là la société idéale dont [les Pères Fondateurs] avaient rêvé. Rien n’a jamais démenti fondamentalement ce mot, et la mort de Teddy Kennedy, et tout ce qui l’accompagne, semblent en être comme le symbole illustrant la phase finale. »
Mais, “au moins”, il y avait dans le simulacre de l’exceptionnalisme-bouffe qu’est (que fut) l’‘American Dream’, une notion de puissance exclusive exaltant la force des USA sur tout un continent divisé en deux, et pour garantir et symboliser la chose, – la “doctrine de Monroe”, comme un ordre claquant comme un coup de fouet. Elle était là pour signifier qu’aucune puissance extérieure (les Européens à l’époque ; aujourd’hui d’autres puissances, l’Europe étant réduite à l’état de paillasson pour la décadence occidentale) ne pouvait prétendre chasser sur ces terres gardées du continent des Amériques. De même, les divers parasites, en général Latinos, encombrant le Sud de la Grande République, étaient réunis en une sorte de basse-cour qui serait l’arrière-cuisine où règnent les poubelles du Progrès.
Eh bien, tout cela n’est plus, kaput, balek...
Le ‘Sommet des Amériques’ qui a eu lieu pendant trois jours (jusqu’à hier) à Los Angeles, fut tout simplement pathétique. Couverture médiatique minimale, substance proche du zéro absolu, incertitudes jusqu’au bout sur la présence de Bolsanaro, le dernier “grand” du Sud dont il fallait absolument la présence, et qui vint finalement deux jours après avoir publiquement déclaré qu’il adhérait complètement à la thèse de Trump et de bien d’autres selon laquelle la victoire de Biden en novembre 2020 est le résultat d’une gigantesque fraude.
... Et encore, si Bolsonaro est venu, c’est pour ne pas être assimilé à l’“opposition de gauche” aux USA, alors qu’il est, lui, face à Biden, l’“opposition de droite” aux USA. C’est en effet le Mexique de AMLO qui avait tiré le signal de la fronde, le 12 mai dernier :
« Le Mexique d’AMLO (le président Andrés Manuel Lopez Obrador) a quelque chose d’admirable dans son tranquille et courageux entêtement à ne rien laisser passer d’essentiel qui lui déplaise de la part des USA. AMLO et le Mexique s’estiment les défenseurs de la souveraineté et de l’indépendance des peuples-Latinos des Amériques, et ils le disent, et ils le montrent. Ce n’est pas nouveau mais cela est d’une importance considérable alors que ce même Mexique, et la plupart des Latinos des Amériques ont très nettement pris leurs distances de la politique des USA/du bloc-BAO vis-à-vis d’Ukrisis ; alors que AMLO annonce qu’il n’ira pas en personne au ‘Sommet des Amériques’, sur invitation des USA à Los Angeles en juin, si cet hôte si aimable persiste à ne pas inviter Cuba, le Venezuela et le Nicaragua. »
Finalement, en bonne bureaucratie ossifiée dans ses ‘regime change’ manqués et ses sanctions impossibles à lever, la non-invitation faite aux trois insupportables “dictateurs anti-démocratiques” du continent à deux étages, disons l’invitation à ne pas être invité, a été confirmée. AMLO est resté chez lui. D’autres présidents ont suivi son exemple. Bafouillant et souriant, Biden a fait tapisserie avec le reste. Nous eûmes donc droit à une scène de plus sur le thème du naufrage désintégrée de l’Amérique, de son exceptionnalisme, de son influence.
Bons princes, très-bons princes, nous avons choisi un compte-rendu des plus vertueux pour rendre compte du Sommet : c’est dire, il vient du magazine ‘Time’, un des piliers de la presseSystème. On hume d’autant mieux, dans son manque d’entrain, dans l’obligation où il est d’additionner les échecs, les maladresses, les absurdités et les aveuglements (des USA), qu’il s’agit d’une mauvaise messe d’enterrement d’un des nombreux joyaux de l’empire dégénéré ressemblant aujourd’hui, à un « asile psychiatrique géant au milieu d’un cirque », selon l’image poétique de Memoree Joelle, de ‘AfterEllen.com’ citée dans ‘WhatDoesItMeans’ :
« L’Amérique de 2022 ressemble plus à un asile psychiatrique géant au milieu d’un cirque qu’à un pays citoyens braves et de libres citoyens... Parfois, je me demande si la plupart de mes concitoyens croient encore à la liberté, ou s'ils sont tellement effrayés et choqués qu'ils ont oublié le sens de ce mot... »
Voici donc le Sommet des Amériques dont il apparaît évident qu’il aurait été un aussi remarquable succès qu’il fut un pitoyable échec, si la Chine en avait été l’organisatrice plutôt que les États-Unis. Le titre initial du texte de Eloise Barry (qui a tout de même le bon esprit et l’exemplaire vertu de noter que les déclarations de Bolsanaro sur la fraude des élections de 2020 concerne des « fausses allégations » ... Ouf), – est celui-ci : « Le Sommet des Amériques avait pour but de contrer l'influence de la Chine. Au lieu de cela, il a montré la faiblesse des États-Unis » ; nous l’expédions en un peu plus bref, en en prenant toute la responsabilité, tout en reconnaissant à cette presseSystème une certaine capacité, qui lui est lâchement imposée par les événements, à désigner et à décrire le gouffre de l’abîme où elle-même est en train de dégringoler en digne accompagnatrice de l’‘empire’...
_________________________
Le rassemblement des dirigeants de l'hémisphère occidental à Los Angeles cette semaine a donné au président Joe Biden une occasion rare et essentielle de réparer les relations détériorées et de contrer l'influence croissante de la Chine en Amérique latine et dans les Caraïbes. Au lieu de cela, selon les analystes, le Sommet des Amériques n'a atteint ni l'un ni l'autre.
Beaucoup de choses ont changé dans les Amériques au cours des trois décennies qui se sont écoulées depuis que les États-Unis ont accueilli ce sommet triennal. En 1994, Bill Clinton, alors président des États-Unis, avait rencontré tous les dirigeants de l'hémisphère occidental sauf un, donnant le ton d'une ère de coopération et d'accords commerciaux en plein essor. À l'époque, les dirigeants réclamaient à cor et à cri une place à la table des négociations avec Washington.
Voici un aperçu de la façon dont la conférence de cette année a tourné pour Biden :
L'événement, – qui, selon M. Biden, devait présenter des « idées audacieuses et des actions ambitieuses » – a été gâché par des refus et des tensions diplomatiques avant même qu'il ne commence. Après le refus de Biden d'inviter les dirigeants autocratiques du Nicaragua, du Venezuela et de Cuba, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador avait déclaré qu'il boycotterait le sommet.
Si les dirigeants de la région ont reconnu que ces pays avaient un bilan peu reluisant en matière de droits de l'homme, ils ont également critiqué leur exclusion du rassemblement. « Lorsque les États-Unis tentent d'exclure certains pays, cela ne sert finalement qu'à renforcer les actions de leurs [dirigeants] chez eux », a déclaré Gabriel Boric, président de gauche du Chili, à son arrivée à Los Angeles. Les dirigeants du Honduras, du Guatemala, du Salvador et de la Bolivie ont également refusé de se présenter.
La toute première rencontre très attendue entre M. Biden et le président brésilien Jair Bolsonaro a également failli ne pas avoir lieu, des rapports indiquant que M. Bolsonaro prévoyait également de ne pas participer au sommet.
Pour ces raisons, Biden craignait que « personne ne vienne à la fête », explique Thomas Traumann, consultant politique et responsable de la communication sous l'ancien président brésilien Dilma Rousseff. Washington avait à son tour dépêché un conseiller pour convaincre le leader d'extrême droite d'y assister. M. Bolsonaro avait ensuite insisté sur le fait que M. Biden avait accepté de ne pas soulever les points de désaccord qui opposent depuis longtemps les deux hommes, notamment la déforestation croissante de l'Amazonie, ce que le conseiller de M. Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a démenti devant les journalistes américains.
Deux jours seulement avant la rencontre de jeudi, M. Bolsonaro, un allié politique de Donald Trump, a une fois de plus répandu de fausses allégations sur la légitimité de la victoire de M. Biden aux élections de 2020. M. Biden n’a pas reconnu publiquement ces commentaires, car il était « désespéré » de sauver le sommet à la suite du refus du Mexique, explique M. Traumann.
« La nécessité de faire venir Bolsonaro a fait paraître les États-Unis faibles », déclare Christopher Sabatini, chargé de recherche principal sur l'Amérique latine au groupe de réflexion Chatham House, basé à Londres. Mais à une époque où l'influence des États-Unis en Amérique latine s’affaiblit, M. Sabatini estime que M. Biden n'avait pas beaucoup d’options. « On dit que la guerre fait de drôles de compagnons de lit, – eh bien, le déclin de l'influence américaine a fait de Biden et de Bolsonaro des compagnons de lit très inconfortables ».
Les sondages montrent que l'ancien président brésilien de gauche Lula da Silva, qui avait été emprisonné pour corruption mais a ensuite vu sa condamnation annulée, est en passe de battre Bolsonaro lors de la prochaine élection présidentielle d'octobre. (Certains, dont Lula, ont qualifié le scandale de corruption de chasse aux sorcières politique). Même si Lula sera « désireux de collaborer sur l'Amazonie et la déforestation », dit Traumann, il sera « de plus en plus rétif à l'influence des Etats-Unis ».
Selon les analystes, la controverse sur la liste des invités du sommet reflète un problème beaucoup plus vaste, – le manque général d'engagement des États-Unis envers l'Amérique latine qui a commencé sous l'ancien président Donald Trump. « Les États-Unis n'ont pas fait leur travail diplomatique de base », déclare M. Sabatini. Les investissements américains ont ralenti dans la région, qui a été durement touchée par la pandémie. La Chine, en revanche, « comble le vide », affirme M. Sabatini.
Le commerce entre la Chine et les Caraïbes et l'Amérique latine est passé de 18 milliards de dollars en 2002 à près de 449 milliards de dollars en 2021, ce qui en fait le premier partenaire commercial du Brésil, du Chili, du Pérou et de l'Uruguay. La Chine a augmenté ses ventes d'armes et a engagé 21 pays de la région dans son initiative “Belt and Road”, un principe clé de la politique étrangère de Pékin qui utilise des programmes d'infrastructure et d'investissement pour promouvoir l'intégration économique et renforcer son influence diplomatique.
« Il s'agit d'une forme très pragmatique de diplomatie qui permet à la Chine de rallier des gouvernements plus amicaux dans leur colonne pour obtenir des voix dans les institutions multilatérales », explique M. Sabatini. Cette forme de soft power « aide la Chine à remodeler le système international un peu plus en sa faveur ». Cette influence se manifeste par le fait que de plus en plus de pays d'Amérique latine rompent leurs liens avec l'île autonome de Taïwan en faveur de Pékin, – le Nicaragua et la République dominicaine ont changé de position après avoir reçu des incitations financières de la Chine.
Bien que Biden considère la Chine comme son plus grand “concurrent stratégique” sur la scène géopolitique, la majeure partie de son mandat présidentiel a été dominée par la guerre en Ukraine et le retrait des États-Unis d'Afghanistan. La plus grande proposition politique de son administration en Amérique latine, – un programme d'aide de 4 milliards de dollars pour l'Amérique centrale, destiné à s'attaquer aux causes profondes de la migration vers la frontière entre les États-Unis et le Mexique, – s’est heurtée à un mur au Congrès.
Le dernier jour du sommet, vendredi, une « déclaration de Los Angeles » clôturait le sommet. Ce pacte engagera les nations d'Amérique latine à accueillir un grand nombre de migrants et de réfugiés en échange d'une aide accrue. Selon les responsables américains qui se sont exprimés avant sa signature, l'accord prévoit une approche commune de la protection des frontières et de la migration, de nouvelles voies légales pour les travailleurs étrangers et un soutien financier aux pays d'accueil. Les États-Unis élargiront également les programmes de travail afin d'offrir davantage de permis de travail à ceux qui viennent d'Amérique centrale.
« Chacun de nos pays a été touché par une migration sans précédent, et je crois qu'il est de notre responsabilité commune de relever ce défi », a déclaré M. Biden jeudi.
Mais les principes de l'accord, – qui est sans doute la plus grande réussite du sommet, – sont fondés sur des politiques que l'Équateur et la Colombie appliquent déjà. Ces deux pays, dirigés par des gouvernements de tendance conservatrice, ont accueilli la plus grande partie des 6 millions de Vénézuéliens qui ont fui leur foyer ces dernières années dans le cadre d'une crise politique et socio-économique.
« En un an et demi de mandat, Biden et [la vice-présidente] Kamala Harris n'ont pas fait grand-chose en matière d'immigration », explique M. Traumann. « Cet accord est le genre de chose vraiment faite uniquement pour les séances de photos ».