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692Nul ne doute que Mousavi, le candidat à l'élection présidentielle iranienne, a un passé chargé comme dignitaire du régime iranien. La chose est documentée. Plus intéressante est la précision, donnée par un ancien amiral de l’U.S. Navy et un ancien officier de la CIA qui fut en charge des affaires de terrorisme au Moyen-Orient, sur le rôle précis de Mousavi dans l’attentat de Beyrouth de 1983, contre un camp de Marines US, qui fit 352 morts et conduisit au retrait immédiat des forces US du Liban. L’amiral Lyons donne des précisions sur le rôle de supervision de Mousavi, comme Premier ministre iranien de l'époque, dans l’attentat de Beyrouth. L’ancien officier de la CIA Robert Baer, lui, apporte des précisions qui donnent à Mousavi un rôle encore plus précis dans cette affaire.
C’est notamment le site de CQ Politics, le 22 juin 2009, qui donne ces précisions, sous le titre quelque peu embarrassant de «Mousavi, Celebrated in Iranian Protests, Was the Butcher of Beirut.»
• L’amiral James “Ace” Lyons, alors adjoint au chef des opérations navales de l'U.S. Navy, qui fut impliqué dans ces opérations, donnent diverses précisions.
«Mousavi, prime minister for most of the 1980s, personally selected his point man for the Beirut terror campaign, Ali Akbar Mohtashemi-pur, and dispatched him to Damascus as Iran's ambassador… […] The ambassador in turn hosted several meetings of the cell that would carry out the Beirut attacks, which were overheard by the National Security Agency. “We had a tap on the Iranian ambassador to Lebanon,” retired Navy Admiral James ‘Ace’ Lyons related by telephone Monday. In 1983 Lyons was deputy chief of Naval Operations, and deeply involved in the events in Lebanon.
»“The Iranian ambassador received instructions from the foreign minister to have various groups target U.S. personnel in Lebanon, but in particular to carry out a ‘spectacular action’ against the Marines,” said Lyons. “He was prime minister,” Lyons said of Mousavi, “so he didn't get down to the details at the lowest levels. But he was in a principal position and had to be aware of what was going on.»
• Robert Baer qui, à cause de sa position dans la CIA, supervisa directement ces événements, fait de Mousavi un acteur beaucoup plus impliqué dans cette affaire que n’en fait Lyons.
«[Baer…] places Mousavi even closer to the Beirut bombings. “He dealt directly with Imad Mughniyah,” who ran the Beirut terrorist campaign and was “the man largely held responsible for both attacks," Baer wrote in TIME over the weekend. “When Mousavi was Prime Minister, he oversaw an office that ran operatives abroad, from Lebanon to Kuwait to Iraq,” Baer continued.
»“This was the heyday of [Ayatollah] Khomeini's theocratic vision, when Iran thought it really could export its revolution across the Middle East, providing money and arms to anyone who claimed he could upend the old order.” Baer added: “Mousavi was not only swept up into this delusion but also actively pursued it.”»
Assez curieusement, Lyons ajoute qu’il aurait pu ordonner une attaque qui aurait permis, selon lui, d’annihiler les terroristes (avant ou après l’attaque? Pas de précision). C’est l’intervention du secrétaire à la défense Caspar Weinberger qui empêcha cette action, là aussi sans que Lyons élabore sur cette attitude («I was going to take them apart but the secretary of defense, Caspar Weinberger, sabotaged it») Weinberger avait-il deviné que Mousavi serait finalement le porteur des valeurs libérales occidentales dans l’Iran soulevé contre le pouvoir iranien? Qui sait? (On sait par ailleurs que c’était le temps béni où le Pentagone freinait des quatre fers pour tout engagement opérationnel risqué, hors des zones classiques de confrontation potentielle avec les communistes (Europe, Corée du Sud, Japon), où il n’y avait que des déploiements opérationnels maintenant l’équilibre avec l’URSS. Le retrait précipité, en forme de déroute, du contingent US de Beyrouth après l'attentat contre les Marines montre le sentiment d'alors du Pentagone sur cette forme d'engagement.)
Enfin, observons que l’essentiel n’est pas d’alimenter un jugement ou l’autre sur Mousavi, son passé et ses œuvres, mais d’observer plutôt la constante approximation des narratives occidentales qui servent pourtant d’arguments principaux pour nos grands élans de cœur et nos jugements péremptoires de grande politique. Bien entendu, le fait important ici est que ces informations soient diffusées aux USA, par deux sources reconnues et honorables de la communauté de sécurité nationale, et jettent un peu plus de confusion encore sur toute l’affaire iranienne telle qu’elle ait perçue, telle qu’elle évolue, telle qu’elle apparaît dans la réalité. Bref, l’Iran est compliqué à sa façon et notre vision de ce pays, comme d’autres, répond beaucoup plus à nos propres interprétations qu’à cette réalité. Il se confirme bien que nos positions dans cette crise, nous parlons de nos positions humanitaires, ont surtout pour but de nous rassurer sur nous-mêmes et nos propres vertus; là-dedans, Masouvi nouvelle version fait un peu désordre.
Mis en ligne le 24 juin 2009 à 17H31
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