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1103L’insistance de l’amiral Mullen, président du Joint Chief of Staff, à présenter la crise systémique générale comme la première préoccupation de sécurité nationale des USA, avec les conséquences impliquées pour les militaires, est remarquable. Elle s’accorde certes au rapport annuel des services de renseignement présenté par l'amiral Blair, mais, dans le cas précis de Mullen, avec diverses déclarations qui ont précédé, elle en précédait effectivement l’esprit, – ou bien, elle en anticipait la diffusion publique, en marquant l’accord de Mullen avec l’analyse du renseignement US dont il connaissait déjà les grandes orientations. Cette analyse n’apparaît nullement sollicitée ni imposée, elle apparaît au contraire substantielle à la perception des militaires à la direction des forces armées.
L’illustration de cette appréciation a encore été donnée le 18 février, lors d’une visite de Mullen sur la base Minot, à Grand Forks, dans le Dakota du Nord. (Mullen visitait le commandement des forces stratégiques et nucléaires de l’USAF, objet d’un travail de réorganisation depuis les incidents qui sont survenus en 2007, en découvrant des faiblesses inquiétantes de la sécurité.)
«The chairman of the Joint Chiefs of Staff says the global financial crisis has generated more instability around the world, creating challenging times for the military.
»“Six months ago, very few people would have predicted the crisis we’re in now,” Adm. Mike Mullen, said during a visit Wednesday to the Minot Air Force Base. He said he expects military budgets to be flat. The crisis has created instability, “some of where we anticipate and some where we won’t,” the president’s top military adviser said.»
Ces prises de position et ce qu’elles supposent de l’état d’esprit des chefs militaires constituent un élément très important dans la situation de la direction américaniste. Mullen, avec Gates et d’autres chefs (l'amiral Fallon, lorsqu’il était à la tête de Central Command), ont été conduits à jouer un rôle politique non négligeable durant ces dernières années, notamment en freinant les tentatives d’appliquer des options maximalistes de la part de certains dirigeants de l’administration Bush, dont Cheney. Ils en ont acquis une certaine responsabilité de facto, – cela s’est manifesté dans d’autres domaines, de la part de Mullen. D’un côté, cela paraissait un empiétement du pouvoir militaire sur les prérogatives d’un pouvoir civil affaibli et irresponsable, et pouvait nourrir des hypothèses d’un rôle autonome, voire contestataire de ce pouvoir civil par les militaires; d’un autre côté, cela apparaît aujourd’hui comme un complément apporté par le pouvoir militaire à un pouvoir civil (Obama) régénéré et re-légitimé, et responsable dans ce cas, avec une politique moins aventuriste, et cela nourrit plutôt l’hypothèse d’un pouvoir militaire renforçant un pouvoir civil dont il partage les options générales, – qui sont par ailleurs évidentes, qui sont d’accepter la réalité et les conséquences de la violence multi-dimensionnelle de la crise.
Bis repetitat: la crise règle tout… Dans ce cas, elle conduit les militaires à adopter une position de grande responsabilité, y compris dans l’acceptation de restrictions dans les dépenses militaires. Il s’agit certainement d’une situation exceptionnelle, qui correspond bien entendu au caractère exceptionnel de la situation générale, et de la situation des USA touchés de plein fouet par la crise.
Mis en ligne le 20 février 2009 à 12H54
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