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1084Important événement politique, – pour nous, cela va de soi, événement bien plus que le SOTU (discours dit State Of The Union) du président Obama, devenu perroquet du Système, qui parlera devant le Congrès demain. Il s’agit de la rencontre télévisée entre l’un des inspirateurs de la gauche progressiste et activiste “hors-système”, Ralph Nader, et du “marginal” devenu vedette nationale, inspirateur indirect et involontaire de Tea Party, le député du Texas Ron Paul, de l’extrême droite libertarienne. Il s’agit sans aucun doute de plus qu’une “amorce d’alliance”, mais des fondations d’une véritable alliance.
RAW Story, notamment, le 22 janvier 2011, nous en rend compte.
«In this corner, a libertarian, tea party hero who ran several campaigns as a candidate for US president on the Republican ticket. And in that corner, a progressive icon of the left who also ran several campaigns for the US presidency but on the Green Party ticket.
»One might think the two men, seemingly ideologically opposed to one another, would rather argue than help one another. However, on Wednesday's broadcast of Freedom Watch on the Fox Business channel, Judge Napolitano sat down for an amiable interview with Rep. Ron Paul (R-TX) and Ralph Nader to discuss a progressive-libertarian alliance in the 112th session of respective chambers in Congress.
»Nader, who has recently called this coalition “the most exciting new political dynamic” in the US today, explained that it works well because both groups stand against corporatists who believe government should be run in the interests of corporations. “I believe in coalitions,” Rep. Paul echoed. “They talk about we need more bipartisanship, and I say we have too much bipartisanship because the bipartisanship we have here in Washington endorses corporatism.”
»Paul added that he agreed with Nader on a host of issues, such as cutting the US military's budget, ending undeclared US wars overseas, restoring civil liberties and civil rights by dumping from the Patriot Act, and withdrawing from the NAFTA and World Trade Organization agreements. “I think we should come together and work together, and I think we can,” he said, noting that the coalition had previously worked on deficit financing solutions.
»Rep. Paul and Sen. Bernie Sanders (I-VT), the most conservative and most liberal members of their respective chambers, joined forces last session to fight for an audit of the Federal Reserve, a private institution that handles the America's monetary policy, which Nader explained is under no legal control of Congress.»
@PAYANT Effectivement, nous avions parlé de l’enthousiasme de Ralph Nader pour les perspectives de rapprochement de l’extrême gauche progressiste et de l’extrême droite libertarienne aux USA. Il ne s’agit pas d’un vœu pieux. “Officialisant” sur la scène politique US des rapprochements de circonstance qui tendent à s’institutionnaliser (Paul-Sanders comme il est dit dans le texte, ou Paul-Frank, dans le cas d’une union de Ron Paul avec le député démocrate de gauche sur diverses questions budgétaires, dont la réduction du budget du Pentagone), la rencontre Paul-Nader constitue un événement d’une importance potentielle considérable. Pour l’instant (voir la suite du texte de RAW Story), Paul et Nader parlent surtout d’une attaque contre la Federal Reserve, pour laquelle Ron Paul occupe un poste stratégique d’une importance exceptionnelle. Mais il est manifeste que, dans les conditions actuelles aux USA, cette “coalition” est nécessairement conduite à s’élargir vers d’autres cibles, dont la politique extérieure belliciste des USA n’est pas la moindre.
Les deux hommes sont deux candidats habituels des présidentielles, candidats mineurs et marginaux, considérés comme des nuisances accessoires par les deux ailes du “parti unique”. (Tout de même, les accusations n’ont pas manqué, en 2000, contre Nader, selon lesquelles sa candidature avait enlevé les quelques centaines de milliers de voix nécessaires à Al Gore pour l’emporter contre GW Bush, en évitant la contestation qui suivit l’élection et permit à Bush d’être “élu”.) Aujourd’hui, de ce point de vue, les choses pourraient bien être différentes. C’est-à-dire que l’on peut s’interroger sur le fait de savoir si Paul et Nader ne parleront pas un jour, si ce n’est déjà fait, des élections de 2012 et, par exemple, d’un “ticket” Paul-Nader, – exemple parmi d’autres possibilités autour de ce regroupement. “Les choses pourraient bien être différentes”… En effet, Ron Paul, s’il envisage une candidature présidentielle en 2012, n’est plus du tout un candidat marginal. Si la combinaison évolue dans un contexte favorable, c’est-à-dire si la synthèse peut être faite et si Paul peut recevoir un appoint important de la gauche hors-système et d’une partie de la gauche du partie démocrate, on peut commencer à passer de la vaine spéculation à l’hypothèse sérieuse… (Nous envisageons l’hypothèse de Ron Paul candidat à la présidence parce qu’elle nous paraît évidente, et d’ailleurs Nader lui-même y souscrit. Ron Paul a aujourd’hui une envergure nationale, qui lui garantit presque automatiquement un soutien d’au moins 10%-15% des voix sans même faire campagne, avant même qu’on parle de sa candidature. )
Quoi qu’il en soit, cette rencontre a surtout l’avantage de nous offrir une image sérieuse d’une résistance possible et cohérente au Système, dégagée de tous les préjugés et complexes de la vie politique organisée par le même Système depuis deux siècles, notamment autour de la bipolarisation idéologique droite-gauche, pour empêcher la formation, – non d’une opposition, mais bien d’une résistance contre lui-même. Les deux hommes vont à l’essentiel, qui est effectivement la situation du Système écrasant la civilisation, avec ses diverses organisations comme le corporate power et le Pentagone. Nader ne s’attarde pas au fait de savoir pourquoi et comment Ron Paul est un adversaire de la narrative officielle de la Guerre de Sécession, et plutôt partisan des Sudistes ; ni Paul, au fait que Nader, pour ses positions écologistes et anti-business, est classé en général comme socialiste et gauchiste.
De ce point de vue, on ne peut que constater l’avancement de l’état d’esprit des mouvements politiques activistes aux USA, par rapport à ce qui existe en Europe. Il suffit d’observer les querelles en France, autour du Front National et du “populisme” qui sont évidemment des forces antiSystème, et l’incapacité pour les autres forces antiSystème de les reconnaître en tant que telles. Aux USA, après une période de stagnation due à l’incapacité de tout mouvement d’opérer une résurrection du mouvement anti-guerre (contre la guerre en Irak) dans le cadre de la mobilisation anti-terroriste, s’opèrent aujourd’hui des rassemblements qui sont les seuls possibles pour effectivement instaurer une résistance contre le Système. On pourrait même avancer qu’un rassemblement anti-guerre, s’il avait eu lieu, aurait amené beaucoup de quiproquos et de contradictions, notamment quand on voit l’évolution de nombre de démocrates qui, avec Obama, se prononcèrent contre la guerre en Irak ou s’en firent les critiques. Au contraire, le rapprochement Paul-Nader, comme les premiers contacts établis par Paul avec des parlementaires de gauche, débouchent sur des critiques antiSystème fondamentales qui ont l’avantage de la netteté.
On devrait rapidement savoir ce qu’il en est de l’avenir de Ron Paul, et de l’alliance avec les progressistes qui s’ébauche avec lui, en fonction d’une facteur précis : le financement d’une éventuelle campagne présidentielle. Un lecteur de Antiwar.com, commentant le 21 janvier 2011 la dernière intervention au Congrès de Ron Paul, notait : «2012 will be our last opportunity to put this man into office. Don't waste it people. I know citizens united was a terrible decision, but for once lets hoist the establishment by their own petard. There's got to be some big money out there that's sick and tired of the establishment. Flood Ron Paul with money. 10 Billion if that's what it will take to get the message hammered in through our thick skulls. We need to make it clear that America is dangling on the edge of the precipice and we need to do things that make sense; and that needs to begin yesterday…» On verra très rapidement si, effectivement, une mobilisation populaire se fait pour offrir un soutien financier sérieux à une candidature Ron Paul. Le système antiSystème aurait alors prouvé son efficacité…
Mis en ligne le 24 janvier 2011 à 06H09