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8 juin 2002 — GW lance une grande réforme du gouvernement avec la formation d'un ministère-mammouth de la sécurité, le Departement of Homeland Security (DHS), qui doit contrôler 170.000 fonctionnaires. Le DHS a pour tâche de maîtriser tous les aspects de la lutte pour le contrôle de la sécurité du territoire, de la coordonner, de la diriger, etc. Le DHS doit reprendre sous son autorité un nombre important de tâches et de fonctionnaires actuellement contrôlés par d'autres départements et d'autres agences. Bien entendu, la formation du DHS est la conséquence de l'attaque du 11 septembre et de la lutte contre le terrorisme.
« The super department is an acknowledgement by Mr Bush that growing revelations of intelligence bungles, missed opportunities and a resistance by agencies to share their intelligence required a major White House initiative. It is a dramatic reversal of his earlier opposition to an anti-terrorism super department. It proposes combining 22 federal agencies under one umbrella with a $US37.5 billion budget and 170,000 employees - which would make it the biggest US government department after the Pentagon.
(...)
» The proposal is meant to answer growing criticism that there is no single department able to analyse all potential terrorist threats or to respond to an attack. The new department would absorb major agencies including the Coast Guard, the Secret Service, Customs and agencies overseeing immigration and airport security. »
Cet énorme projet est présenté comme une mesure pour permettre à GW a reprendre en main l'initiative après avoir été mis sur la défensive depuis près d'un mois sur la question des avertissements donnés à l'administration avant l'attaque du 11 septembre. Il doit servir comme un moyen de plus pour tenter de relancer la mobilisation dans la guerre contre le terrorisme. En elle-même, cette ''guerre'' est difficile à déterminer, à identifier, voire, tout simplement, à distinguer dans la réalité. Il faut constamment en réactiver au moins l'image par des actes rhétoriques, médiatiques, etc., qui confirment évidemment son caractère virtualiste.
• Les premiers signes sont apparus des difficultés à venir, pour les débats devant le Congrès sur la formation du DHS. Cette énorme structure bureaucratique va susciter toutes sortes de réactions, de débats, etc, qui seront autant de freins dans sa mise en place
• Une autre réaction, tout aussi logique, est celle de dénoncer avec le DHS formation d'un super-ministère de la police et de la surveillance, et donc un pas de plus vers un ''État-policier''.
• L'aspect peut-être le plus intéressant se trouve dans les précisions données sur les constituants de cet super-ministère. Le DHS recevra certaines prérogatives d'intervention dans des grandes agences, notamment la CIA et le FBI, mais la direction de ces agences restera autonome.
« But how effective the Cabinet office will be is debatable, because it would not control the CIA, the foreign spy agency which had no idea September 11 was being plotted, or the Federal Bureau of Investigation, the domestic law-enforcement body that failed to follow up some of its agents' warnings of potential al-Qaeda hijackings. It will review intelligence briefings from the CIA and the FBI, but will have no access to their raw data.
» The announcement came just hours after damning evidence from FBI whistleblower Coleen Rowley, a Minneapolis agent who accused the agency of being risk-averse and overly bureaucratic, and of having missed hints that that may have prevented the September 11 attacks. »
Il est difficile d'avoir une idée précise sur ce que sera le DHS mais on peut d'ores et déjà donner précisément une idée de la conséquence principale qu'on peut attendre de la mise en place de cette nouvelle structure. Les détails donnés immédiatement ci-dessus (accès aux briefings de la CIA et du FBI mais aucun contrôle sur les données de base de ces agences, c'est-à-dire un droit de regard sans aucune autorité ni contrôle) ne laissent aucun doute. Le DHS est une recette pour un désastre. Il va ajouter de la confusion dans l'appareil de sécurité nationale, une nouvelle concurrence, un nouveau frein bureaucratique, un nouveau filtre d'interprétation entre le renseignement à la source et la façon dont il est présenté à l'autorité civile ; ses interventions dans les autres agences restées autonomes vont accélérer le repli sur elles de ces agences, susciter leur hostilité, sans que le DHS n'ait aucun moyen de leur imposer des orientations coordonnées. On interdit devant l'action de la mécanique américaniste, systématiquement tournée vers l'accroissement de sa propre paralysie bureaucratique.
Bien qu'on puisse comprendre les craintes d'une évolution vers un ''État-policier'', il nous apparaîtrait plutôt que l'inefficacité grandissante de tous ces organes de sécurité, ainsi que leur concurrence sans contrôle du pouvoir civil, sont les meilleurs freins, la meilleure garantie contre une telle dévolution. Par contre, c'est une orientation assurée vers un désordre bureaucratique encore plus grand, et l'assurance renouvelée que l'administration GW ne conçoit aucun de ses actes qui ne soit d'abord à consommation politicienne, ici pour tenter de redresser une évolution de défiance grandissante du public dans le bain de révélations sur l'inefficacité du pouvoir avant l'attaque du 11 septembre.
Au niveau du public, déjà en pleine évolution vers une attitude de défiance critique de la bureaucratie de sécurité nationale, l'arrivée du DHS, même si elle suscite temporairement une certaine satisfaction, va ensuite rapidement ajouter à cette défiance.