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4733• Un auteur et commentateur, Constantin von Hoffmeister, cite le livre de Friedrich Georg Jünger, frère cadet de Ernst et philosophe critique de la modernité. • ‘L'échec de la technologie : la perfection sans but’, résonne aujourd’hui dans tous les actes crisiques que nous dénombrons, y compris dans la crise de Gaza où l’armée israélienne déploie ce qu’un observateur avait nommé le “fanatisme technologique” à propos du Général LeMay . • Le Saint-Patron de ‘Tsahal’ transformé en Israel Defense Force est en effet l’inspirateur des massacres en cours.
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‘Nakba’ est un mot qui commence à se répandre dans l’emploi de l’hébreu, dans le cadre de l’espèce de ‘guerre’-liquidation en cours autour et en-dedans de la crise de Gaza. Il s’agit de conceptions tournant autour des idées d’anéantissement, d’expulsion, etc., dont les références sont de type biblique. Pour l’heure, ces références-là nous importent peu : si elles existent et sont effectivement des facteurs très puissants des psychologies et des comportements, elles sont réduites à un néant de poussière s’il n’y a pas le concept général et ‘titanesque’ de la technologie, et au-delà la pathologie que nous avons déjà proposé de prendre en compte au travers des mannes du général Curtiss E. LeMay, de “fanatisme psychologique” :
« Il s’agit d’une conception mécaniste et nullement idéologique et raciale (quelles que soient par ailleurs les intentions et les imprécations des tenants de cette conception, et les accusations de leurs adversaires). Elle a directement à voir avec les moyens employés : l’arme aérienne et le bombardement. On peut même dire que c’est le moyen mécanique employé (l’arme aérienne et le bombardement) qui dicte la conception. Le but de la chose se trouve enfermé dans le moyen de la faire et, bientôt, complètement justifié par ce moyen. C’est pourquoi on peut justement proposer l’expression de “conception mécaniste”.
» D’où vient cette conception? Si elle devait avoir un nom générique, nous lui donnerions celui-ci, que nous empruntons à l’historien Michael Sherry : le “fanatisme technologique”. Signe des temps et de notre modernité, le “fanatisme technologique” a la particularité redoutable, pour un “fanatisme”, d’être enrobé dans une gangue opaque et quasiment impénétrable de rationalité bureaucratique. »
Nous faisons appel à l’auteur et commentateur Constantin von Hoffmeister pour nous parler de « Friedrich Georg Jünger [frère cadet de Ernst] et l'attrait titanesque de la technologie ». Il ne fait pour nous aucun doute que cet “attrait titanesque” qui vaut comme attrait des humains pour la race mythologique des Titans, – « dotée d’une immense puissance et d’une immense ambition, qualités reflétées dans les aspirations technologiques de l’humanité » – est la définition commune évidente du “fanatisme technologique” ramené ainsi à son niveau de pathologie catastrophique caractérisant la modernité et le développement de la technique qui la caractérise.
Il est entendu et nécessairement évident pour nous que le concept de “technologie” est dans ce cas le plus vaste possible, concernant aussi bien les mécaniques (les armements), les communications, et les divers dérivés venus jusqu’à nous et promis à construire des gigantesques conceptions utopiques et monstrueuses. Constantin von Hoffmeister insiste sur l’extraordinaire actualité du travail de Jünger dans son livre ‘L'échec de la technologie : la perfection sans but’, par rapport aux concepts qui nous accablent d’’Intelligence Artificielle’ (IA) et de ‘Réalité Virtuelle’ (RV).
Notre point de vue est que, justement, l’IA et la RV sont très fortement présents dans la pathologie qui conduit le “fanatisme technologique” et, pour l’immédiat, les vastes et terrifiants projets de ‘Nakba’ de Netanyahou, de son équipe brillante et bouillonnante, de l’IDF (‘Israel Defense Force’ ou FDI, ex-‘Tsahal’) et ainsi de suite. L’IA et la RV servent en effet à représenter, déguisé en conflit existentiel se référant au Bien lancé dans un tournoi héroïque contre le Mal, un déchaînement extraordinaire ayant pour ambition de fabriquer une situation de simulacre à ambition globale dont la prétention trouve sa seule justification dans le fait d’être : puisque je suis, que l’on m’utilise donc jusqu’à plus soif !
Alastair Crooke donne ainsi la description d’une situation de ‘Nakba’ utilisant tous les moyens du “poing de fer” pour obtenir une tragédie à grand spectacle, un simulacre obtenu à l’aide d’effroyables pressions imposées à toutes les réalités, à commencer bien entendu par les réalités humaines avec les massacres qui s’ensuivent. La question est bien entendu de savoir combien de temps les esprits résisteront à la folie de ce “fanatisme technologique” qui, à la différence du simulacre ukrainien, – désormais qualifié de montage réalisé par la “magical thinking” de la presseSystème de l’Occident-dépressif, – est parfaitement perçu pour ce qu’il est, mais selon des interprétations diamétralement opposées et nécessairement antagonistes.
« Les FDI sont entrées dans la ville de Gaza, progressant de quelques kilomètres au cours du mois, mais ne présentant à ce jour aucune preuve sérieuse d’avoir rencontré les forces du Hamas, ni d’avoir éliminé un nombre appréciable d’entre elles. Pourquoi ?
» Tout simplement parce que les Israéliens mènent une guerre conventionnelle (un ‘poing’ blindé qui avance avec un soutien aérien massif). Mais la contradiction avec ce modèle est flagrante : le soi-disant ‘ennemi’ sur le terrain n’est autre que des civils, qui meurent en nombre effroyable, tandis que les forces du Hamas restent intactes, dans les profondeurs de la terre. C’est là aussi que se trouve l’infrastructure du Hamas.
» Les contradictions inhérentes à cette approche sont enracinées dans l’évolution des FDI au fil des décennies pour devenir une force de police quasi-coloniale, habituée à maintenir l’occupation par le double vecteur d’une force massive et d’une protection absolue de la force. Ce n’est un secret pour personne que les FDI craignent de s’engager dans des combats au corps à corps avec les unités du Hamas dans le complexe des tunnels (pour lesquels leurs combattants ne sont pas adaptés). Au lieu de cela, nous avons un spectacle de véhicules blindés paradant à la surface, associé à des affirmations des FDI largement infondées sur les dommages infligés au Hamas.
» La contradiction la plus évidente est l’affirmation du cabinet israélien selon laquelle les pressions militaires quasi inexistantes exercées sur le Hamas créent les conditions nécessaires à la libération des otages, alors que les pressions réelles – les frappes aériennes incessantes – qui dévastent la population civile et ses infrastructures (hôpitaux, écoles, boulangeries et camps de réfugiés), facilitent une deuxième Nakba, plus que toute libération d’otages.
» Peut-être que le Hamas libérera davantage d’otages (en fonction de ses objectifs stratégiques). Si c’est le cas, cela sera probablement interprété – à tort – comme un sentiment de douleur de la part du Hamas. On peut donc en conclure que les bombardements en tapis “fonctionnent”. Comme le souligne Zvi Bar’el dans le quotidien libéral israélien ‘Haaretz’ :
» “Selon la conception d’Israël, la crise humanitaire fait partie d’un arsenal à sa disposition, qui peut être utilisé comme monnaie d’échange dans les négociations sur la libération des otages. Son rôle est de graver dans la conscience des Palestiniens le châtiment apocalyptique qui attend quiconque osera désormais défier Israël.
» “Il s’agit là d’une continuation du concept stratégique profondément enraciné selon lequel la souffrance humanitaire pourrait apporter des gains en termes de sécurité…
» “Plus important encore, la crise humanitaire à Gaza donne désormais à Israël un levier diplomatique qui lui permet notamment d’obtenir des concessions… Par-dessus tout, elle entraîne un désamorçage de la précipitation américaine à parvenir à une solution à deux États” »
Le texte de Constantin von Hoffmeister sur « Friedrich Georg Jünger et l'attrait titanesque de la technologie » présente un livre vieux de près de trois-quarts de siècle et pourtant étonnamment actuel tant le problème du technologisme dans tous ses aspects et évidemment ses aspects crisiques d’abord, a envahi tous les aspects de notre civilisation. Il est normal et logique qu’il affecte alors les “subcrises” qui participent au développement et à la maturation de la GrandeCrise, tant cette crise constitue une sorte d’accomplissement total de l’avertissement de Jünger (« L'échec de la technologie : la perfection sans but ») : la perfection est atteinte, et elle déploie suffisamment de force pour éclairer d’une lueur sinistre l’atroce vérité de notre absence de but. La folle crise de Gaza et les extraordinaires incantations bibliques qui l’accompagnent montrent bien que nous ne savons plus qu’une chose, – nous noyer dans notre passé fabriqué pour satisfaire nos lubies présentes, sans n’y plus rien comprendre.
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Dans son ouvrage fondateur, L'échec de la technologie : la perfection sans but, Friedrich Georg Jünger (1898-1977), frère cadet d'Ernst Jünger et célèbre écrivain et philosophe allemand, a observé la nature titanesque de la technologie et comment la parenté de l'humanité avec les Titans se reflète dans notre quête de l'énorme, du gigantesque et du colossal. Cette observation, écrite en 1946, résonne avec une clarté surprenante dans notre époque actuelle, dominée par les progrès de l’intelligence artificielle (IA) et de la réalité virtuelle (VR), et représentée de manière vivante dans des artefacts culturels comme les films Terminator.
Le point de vue de Jünger met en lumière l’essence de l’ambition et de la créativité humaines, profondément ancrées dans nos efforts technologiques. Ce moule technologique titanesque n’est pas simplement une référence à l’échelle et à l’ampleur de nos créations, mais aussi au désir humain fondamental de transcender les limites, d’atteindre le divin et de conquérir le monde naturel. La race des Titans, dans la mythologie grecque, représente des êtres dotés d’une immense puissance et d’une immense ambition, qualités reflétées dans les aspirations technologiques de l’humanité.
Dans le domaine de l’IA, ce moule titanesque se manifeste dans notre quête de création d’une intelligence qui rivalise ou dépasse la cognition humaine. L’IA, dans sa complexité en constante évolution, incarne la notion de colossal de Jünger. Cela ne représente pas seulement l’immensité de la matière accumulée, mais aussi l’énormité des données accumulées et de la puissance de calcul. La création de l’IA est la preuve de notre désir à la Frankenstein de créer des entités capables de penser, d’apprendre et, peut-être un jour, de ressentir.
Le paysage de la réalité virtuelle constitue un autre terrain fertile pour réfléchir aux idées de Jünger. La technologie VR crée des mondes vastes et immersifs, défiant les limites physiques et spatiales. Cette technologie permet aux humains de faire l’expérience du gigantesque et du colossal dans un domaine numérique, repoussant les limites de ce qui est perçu comme réel et possible. Les œuvres imposantes en VR impressionnent non pas par leur masse physique mais par l’immensité de leurs expériences immersives.
De plus, les films Terminator offrent une représentation vivante du concept de Jünger. Ces films, avec leur portrait de l’IA comme à la fois sauveur et destructeur, montrent la relation dualiste de l’humanité avec ses créations titanesques. Skynet, un système d’IA qui prend conscience et se retourne contre l’humanité, est une incarnation directe de l’analyse de Jünger sur la nature titanesque de la technologie et son potentiel à submerger, voire à s’opposer à ses créateurs humains.
La réflexion de Jünger sur l’aspect « perfection sans but » de la technologie sonne d’une manière alarmante dans ces contextes. Alors que nous développons l’IA et la VR, nous devons nous demander : à quoi servent ces créations titanesques ? Sommes-nous, comme les Titans du mythe, aveuglés par notre ambition et notre pouvoir, négligeant le but et les dimensions éthiques de nos progrès technologiques ?
La nature titanesque de nos technologies, bien qu’impressionnante par son ampleur et ses capacités, doit être contrebalancée par la sagesse et la prévoyance. Nous devons veiller à ce que ces créations colossales servent le bien-être global de l’humanité, plutôt que de nous conduire vers un avenir dystopique où la technologie, dépourvue de but et de direction éthique, règne en maître.
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