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269211 février 2021 – La procédure devant le Sénat des États-Unis constitué en tribunal du cas de la seconde destitution d’un homme-POTUS qui n’est plus institué, selon l’acte d’accusation basé sur une narrative, laquelle est basée sur quelques affirmations du type-“l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme”, évoluant dans son environnement favori du chaos postmoderne de la narrative, – eh bien, cette procédure sombre effectivement dans cet environnement chaotique comme dans un marais de boues putrides et puantes. Ce n’est pas le Titanic parce que ces gens, parodie d’une grandeur-simulacre, n’ont aucun sens de la tragédie ; mais l’Histoire, si elle survit, jugera que ce fut le Titanic d’un simulacre incroyable et horrible.
Le cas de la seconde destitution de Trump est une espèce rare de la tragédie-bouffe, comme l’exceptionnalisme de l’américanisme-wokeniste y invite : une tragédie shakespearienne-bouffe. Nous assistons donc à la destitution de cette sorte de solennité romaine des institutions des États-Unis d’Amérique, – et le Sénat (le Congrès) certes en premier, à égalité avec la Cour Suprême ; et cette destitution valant, à mon avis, comme acte gravissime devant l’Histoire de la délégitimation brutale de l’accusateur.
(De même, je pense que la Cour, la SCOTUS, s’est délégitimée en se défilant dans un cas, refusé pour défaut de ‘standing’ [vice de forme ?], alors qu’il était d’une importance au moins symbolique considérable, sinon tragique, – Texas versus Géorgie, Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin.)
Ainsi soit-il : Don’t Cry For You, America, tu l’as bien cherché...
J’aurais pu laisser cette narrative à la rubrique ‘RepSit-USA2021’ mais je pense que l’aventure est suffisamment importante, et surtout dans sa dimension de symbole d’une civilisation toute entière, pour valoir un cadre qui dépasse la seule Grande République pour affecter cette infâme entité que nous avions nommé ‘bloc-BAO’. C’est toute la solennité, la prétention et l’arrogance-hybris de la contre-civilisation occidentale qui sombre dans la dérision. Glou-glou-glou.
Nous allons nous appuyer sur le commentaire d’une plume dont je me suis déjà fait l’écho, celle de Jonathan Turley, éminent constitutionnaliste qui assiste et commente, impuissant et tout de dérision contenue, ce dérisoire naufrage. Souvent, bien souvent, les symboles fondamentaux de la marche métahistorique de l’Histoire, sont signalés par la dérisoire sottise des acteurs de la chose.
D’abord, Turley nous rapporte les détails dans un premier texte, introduit par ce titre cinglant : « “Fair Is Foul and Foul Is Fair”: The Trump Trial Turns Into Shakespearean Tragedy ». (La traduction de la citation « Fair Is Foul and Foul Is Fair » est très largement discutée, comme nombre de formules du langage shakespearien, qui va au plus profond d’une langue anglaise éblouissante d’images et de formules tragiques ; je propose ceci, qui en vaut d’autres, et qui fait bonne référence à l’inversion qui, skakespeariennement-parlant, précédait ainsi son essence postmoderne : « L’immonde est beau, et le beau est immonde » ; mais, en se référant au texte de Turley qui joue sur les sens, une formulation différente est requise...[« Le juste est mauvais, et le mauvais est juste »])
D’abord, un échange de tweets ouvre le bal. De cette tragédie-bouffe jouée au Sénat, le sénateur républicain Tom Cruz tweete en observant qu’elle rappelait Shakespeare, en ceci qu’elle « “...est pleine de bruit et de fureur, et ne signifiant rien”. Andrea Mitchell, présentatrice de MSNBC, a raté complètement le script en tweetant triomphalement que Cruz avait tort et se moquant de sa soi-disant inculture : “@SenTedCruz dit que l’ #ImpeachmentTrial est comme Shakespeare, plein de bruit et de fureur, et ne signifiant rien. Non, c’est Faulkner”. La chroniqueuse du Washington Post, Jennifer Rubin, a soutenu Mitchell. À notre époque de rage, il semble que “Le juste est mauvais, et le mauvais est juste”... et Shakespeare est Faulkner et Faulkner est Shakespeare ». En effet, ont tweeté plusieurs guerriers des réseaux sociaux, le titre du livre de Faulkner ‘The Sound and the Fury’ est directement emprunté, comme l’indique Faulkner lui-même bien entendu, a la phrase si fameuse du monologue d’Hamlet (on peut l’entendre même sans comprendre la langue, tant est grande la force des mots, et rythmé puissamment le style de la phrase, – pure tragédie en vérité) :
« Life’s but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing. »
Mitchell a reconnu son erreur et, sportivement, a conclu l’échange par un « Touché ! », en français dans le tweet et destiné à Cruz.
Turley suggère-t-il que l’on puisse dire cela du procès en destitution du POTUS-qui-n’était-plus-institué ? Il semble que oui. En effet, parallèlement à cet échange service-volée, l’on apprend qu’en séance même, Shakespeare fut appelé à l’aide. Le “rapporteur” de l’acte d’accusation de la Chambre (« House manager »), le député démocrate David Cicciline, qui lit le texte, signale à un moment que le sénateur républicain Mike Lee, qui se trouvait au Sénat, a eu au téléphone le président Trump (alors ‘institué’) dans l’après-midi du 6 janvier, au moment de l’épique ‘attaque’ du Capitole.
• L’argument de l’acte d’accusation de la Chambre lu mercredi au Sénat est que Trump savait ce qui se passait au Capitole (au Sénat) et qu’il demandait au sénateur Lee de retarder la séance portant sur les “objections” de certains républicains sur des résultats du vote dans certains États pour permettre à l’insurrection de se développer.
• Entendant cela, Lee, bien entendu présent, s’est levé et a bruyamment protesté : il n’avait pas dit cela mais, au contraire, et d’ailleurs selon la citation d’un texte du site Deseret.com (on a ses ‘sources’) repris dans l’acte d’accusation, « il avait eu l’impression que Trump ne savait rien [à cet instant] du chaos qui régnait au Sénat »
• Plus encore, quelques minutes après ce coup de téléphone, et sans doute informé, Trump tweetait à l’intention des manifestants (les insurrectionnistes), le 6 janvier à 14H30 : « S’il vous plaît, soutenez la police du Capitole dans sa mission de faire-respecter la loi. Ils sont vraiment du côté de notre pays. Restez pacifiques ! »
• Le chef de la majorité démocrate à la Chambre est intervenu après l’intervention de Lee et a annoncé qu’on retirerait ce passage, et que c’était « Beaucoup de bruit pour rien » (le « Much Ado About Nothing » de Shakespeare).
“Beaucoup de bruit pour rien” ? Turley bondit avec calme et élégance pour constater que c’est tout le contraire, puisque ce témoignage tend au contraire à montrer que Trump ne soutenait absolument pas le mouvement dit d’‘insurrection’, que c’était même le contraire. (Que de contrariétés...) Détaillant divers autres aspects chronologiques de l’acte d’accusation, Turley note à propos des détails apportés autour de l’intervention : « Si tout cela est vrai, l’argument chronologique de [l’acte d’accusation de] la Chambre perd sa cohérence, sinon s’effondre complètement. »
Turley conclut son article sur cette séance du premier jour du “procès” en destitution :
« Au lieu [de convoquer des auditions de témoins], les responsables de la Chambre ont fait référence aux rapports des médias sur ce que les témoins ont dit, y compris des “sources de haut niveau” non identifiées. Pour ce premier jour du procès, on a répété que Trump était enchanté par les scènes d'émeutes, tandis que des responsables comme Cicilline ont omis de déclarer dans ces articles que Trump n’était peut-être pas pleinement conscient de la situation jusqu’à peu de temps avant son tweet de 14h30 disant aux gens de rester pacifiques et d’obéir à la police.
» En réalité, la plupart d'entre nous n'ont pas la moindre idée de ce que Trump savait ou de la façon dont il réagissait à ces moments critiques. De telles preuves sont essentielles pour l’affaire dont le Sénat est saisi. Trump n'a pas été mis en accusation pour négligence. Il a été mis en accusation pour avoir incité à une véritable insurrection ou rébellion contre les États-Unis. Pourtant, la Chambre semble non seulement désintéressée mais aussi délibérément aveugle à l’existence de témoins qui pourraient fournir ces preuves. Si Trump retardait activement le déploiement des troupes de la Garde nationale ou célébrait l'émeute, cela aurait une incidence directe sur l’affaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les responsables de la Chambre ne cessent de faire référence à des reportages dont les scènes lui ont semblé agréables. Pourtant, il aurait pu confirmer ces rapports en appelant ces témoins plutôt que s’appuyer sur des sources anonymes dans les reportages des médias.
» L’intervention de Lee n’a pas été préjudiciable [à l’accusation] parce qu’elle a forcé les responsables de la Chambre à retirer les propos de Cicilline. Elle a été dommageable parce qu’elle met en évidence ce qui n'est pas dans le dossier de la Chambre. Cela fait “beaucoup de bruit” contre la crédibilité de l’acte de la Chambre. Les sénateurs pourraient conclure que la décision de s’appuyer sur les rapports des médias plutôt que sur des témoins laisse l’affaire non instruite et spéculative sur l’état d’esprit ou l’objectif de Trump. Nous connaissons le dossier public contre Trump, mais nous ne savons pas si un procès pouvait être intenté contre lui. Ou, pour paraphraser Shakespeare, “nous savons ce qu’est [l’affaire], mais ne savons pas ce que pouvait être [l’affaire]” avec des preuves directes. »
Bref, ils ont tout salopé : le processus et sa forme, l’argument, l’institution, la légitimité, l’événement, la vérité-de-situation, – parce que, finalement, comme dirait le chef de la majorité démocrate à la Chambre, “Notre saloperie, c’est beaucoup de bruit pour rien”. Effectivement, ils en sont là, à un point où il font apparaître un personnage de la vulgarité et de la petitesse de Trump, comme un Saint & Martyr de la tyrannie d’une démocratie engluée dans sa caricature d’elle-même, allant pêcher ses arguments d’une procédure de cette sorte dans les écrits divers de sites incertains et néanmoins citoyens.
On sait alors ce qu’il faut penser de l’‘insurrection’ du 6 janvier : même cela, ils ne savent plus faire, perdus dans leur bouffonnerie ; car un Pearl Harbor, et même un 11-septembre (précédents évoqués), cela se mérite. La grandeur d’une nation se mesure à la force de l’attaque que ses adversaires portent contre elle. Eux qui ne sont même pas une nation, ils ont eu le 6 janvier, une mascarade, une bouffonnerie, un montage d’eux-mêmes contre eux-mêmes pour abattre un bouffon déjà en pleine dégringolade, – et ils osent citer Shakespeare. Je crois que Turley, en son for intérieur, doit étouffer d’une rage-sainte et fort bien contenue ; il sait, lui, ce qu’il reste de la foi en l’Amérique dans ce Congrès-croupion.
A propos de ‘Macbeth’, Kierkegaard affirme dans son ‘Traité du désespoir’ (cité ici) : « Son moi, tout égoïsme, culmine en ambition. Le voici roi et, cependant, en désespérant de son péché et de la réalité du repentir, c'est-à-dire de la grâce, il vient de perdre son moi ; incapable même pour lui-même de le soutenir, il est exactement aussi loin d’en pouvoir jouir dans l’ambition que de saisir la grâce ».
L’Amérique, Macbeth postmoderne, fut donc une tragédie shakespearienne-bouffe, et avec elle toute notre contre-civilisation parce que ce jugement sur l’absence de grâce et la perte de la foi vaut pour tous nos dirigeants, toutes nos élites, tous ces acteurs et bâtisseurs de simulacre et de ses narrative. Ils ont tellement cochonné le tragique du destin qu’ils en ont fait une tragédie-bouffe. Même Shakespeare, que j’entends souffler d’exaspération et hausser des épaules dans sa tombe, n’a pas échappé à leur vilénie.
On attend désormais qu’ils dé-statufient le Grand Will, car vraiment, ils ne le méritent pas. Les Woken’s boys & girls, & Trans, armés de leur culture, s’en chargeront.