Netanyahou-Barak versus Iran et USA : réalignement et fondement

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Il y a d’autres points intéressants à signaler dans ce réalignement du cas israélien prenant en compte l’espèce de division de facto de la direction du pays entre son gouvernement “légal” réduit à Netanyahou-Barak, et le groupe officieux formé autour de l’ancien chef du Mossad Meir Dagan. (Concernant cette “division” de facto de la “direction israélienne” que les USA eux-mêmes utilisent, voir notre Bloc-Notes du 5 décembre 2011.)

Ce phénomène, qui a complètement à voir avec la crise majeure et terminale des concepts de légitimité et d’autorité que suscite la crise terminale du Système, conduit à de considérables changements dans la guerre de communication en cours. Le plus important est sans aucun doute le tournant radical de rhétorique de communication des neocons aux USA, pour justifier l’hostilité, voire l’attaque contre l’Iran. La rhétorique de l’“Holocauste-II” (l’Iran acquiert la bombe pour aussitôt “rayer Israël de la carte”) est balayée au profit des simples considérations d’hégémonie dans la région. Ce tournant est mis en évidence par le site PoliticalCorrection.org du groupe Media Matters Action, le 3 décembre 2011.

«Suddenly the struggle to stop Iran is not about saving Israel from nuclear annihilation. After a decade of scare-mongering about the second coming of Nazi Germany, the Iran hawks are admitting that they have other reasons for wanting to take out Iran, and saving Israeli lives may not be one of them. Suddenly the neoconservatives have discovered the concept of truth-telling, although, no doubt, the shift will be ephemeral.

»The shift in the rationale for war was kicked off this week when Danielle Pletka, head of the American Enterprise Institute's (AEI) foreign policy shop and one of the most prominent neoconservatives in Washington, explained what the current obsession with Iran's nuclear program is all about.

»“The biggest problem for the United States is not Iran getting a nuclear weapon and testing it, it's Iran getting a nuclear weapon and not using it. Because the second that they have one and they don't do anything bad, all of the naysayers are going to come back and say, ‘See, we told you Iran is a responsible power. We told you Iran wasn't getting nuclear weapons in order to use them immediately.’ ... And they will eventually define Iran with nuclear weapons as not a problem.”

»Hold on. The “biggest problem” with Iran getting a nuclear weapon is not that Iranians will use it but that they won't use it and that they might behave like a “responsible power”? But what about the hysteria about a second Holocaust? What about Prime Minister Netanyahu's assertion that this is 1938 and Hitler is on the march? What about all of these pronouncements that Iran must be prevented from developing a nuclear weapons because the apocalyptic mullahs would happily commit national suicide in order to destroy Israel? And what about AIPAC and its satellites, which produce one sanctions bill after another (all dutifully passed by Congress) because of the “existential threat” that Iran poses to Israel? Did Pletka lose her talking points?

»Apparently not.

»Pletka's “never mind” about the imminent danger of an Iranian bomb seems to be the new line from the bastion of neoconservativism. Earlier this week, one of Pletka's colleagues at AEI said pretty much the same thing. Writing in the Weekly Standard, Thomas Donnelly explained that we've got the Iran problem all wrong and that we need to “understand the nature of the conflict.” He continued: “We're fixated on the Iranian nuclear program while the Tehran regime has its eyes on the real prize: the balance of power in the Persian Gulf and the greater Middle East.”»

Un autre aspect de cette nouvelle orientation est, d’une façon paradoxale par rapport à ce qui précède (où les neocons se situent comme acteurs de l’américanisme et donc partie prenante de la politique US), la dénonciation forcenée de l’attitude des USA vis-à-vis d’Israël et, justement, l’hypothèse de la prise en considération du “groupe Dagan” et des contacts entre la direction US et le “groupe Dagan”, tout cela déjà explicité dans notre texte référencé plus haut. C’est à nouveau DEBKAFiles qui revient sur ce fait, le 6 décembre 2011, dans un texte général consacré aux risques pressants, selon le site, de conflagration générale au Moyen-Orient.

Le passage ci-dessous met en évidence un aspect peu mentionné, qui est une critique d’Hillary Clinton contre ce qui est désigné comme “une confiscation du pouvoir israélien” par des extrémistes religieux de droite. On observera que cette attaque suit une critique fondamentale du même type, d’un autre ancien chef du Mossad, Efraïm Halevy, qu’on peut compter comme partie du “groupe Dagan”, affirmant que le plus grave danger menaçant aujourd’hui Israël est la montée de l’extrémisme religieux imposant des conditions draconiennes de discrimination entre les citoyens israéliens juifs eux-mêmes. (Voir Ouverture libre, le 4 novembre 2011.)

Voici l’extrait de l’article de DEBKAFiles, qui emploie des termes d’une force très grande pour qualifier l’intervention de la secrétaire d’Etat, l’accusant de mettre en cause la légitimité du gouvernement israélien, – critique typique contre le “groupe Dagan” : «In the last two weeks, the Netanyahu government has been subjected to acerbic criticism on the part of one Obama administration official after another. They have presented Israel as having fallen into the hands of right-wing extremists who are engaged in a mad race to suppress the judiciary and diminish the civil rights of women and children – not to mention Palestinians.

»Secretary of State of Hillary Clinton went to unimaginable lengths when she likened Israel to Iran because fringe ultraorthodox group's in a couple of suburbs in Jerusalem and Bnei Brak were fighting for gender segregation on public transport against the government and the courts. She was clearly aiming to undermine the Netanyahu government's democratic credentials – and therefore his moral legitimacy – for going to war to halt Iran's attainment of a nuclear weapon.»

Ces divers constats, déclarations, commentaires, etc., montrent que dans cette affaire à la fois israélo-américaniste, israélo-iranienne et même israélo-israélienne, on joue maintenant à visages découverts. Les artifices de communication tendent de plus en plus à être abandonnés, notamment cet énorme et grossier montage de l’accusation d’une volonté d’anéantissement d’Israël (Holocauste-II) par l’Iran.

Au reste, ce n’est pas un simple réalignement des uns et des autres en fonction de la pression d’une crise spécifique, même si c’est aussi cela évidemment. Il s’agit surtout d’un aspect d’un phénomène général que produit la crise générale d’effondrement du Système entrée dans sa phase active et dévastatrice. De plus en plus, les pressions de cette crise, si forte, si décisive, si abyssale en un sens, dispersent les montages accomplis lorsque était en pleine activité ce que nous nommions le virtualisme, – ces montages de fausses réalités auxquels les responsables des montages croyaient eux-mêmes. Le virtualisme est en train de disparaître sous les pressions de la crise centrale d’effondrement, sans même que les acteurs eux-mêmes, les manipulateurs du virtualisme, s’aperçoivent du phénomène. Eux-mêmes sont pressés, emportés, balayés par la crise générale, et ils réagissent comme l’on fait en cas d’urgence, en revenant à leurs préoccupations réelles, –à leur vérité en un sens, d’une façon paradoxale… Ainsi en était-il également des déclarations de Panetta, analysées dans le même texte du 5 décembre 2011, où le secrétaire US à la défense ne se préoccupait plus de l’apparat virtualiste US vis-à-vis d’Israël pour affirmer brutalement les priorités US, et surtout de son cher Pentagone, l’un et l’autre (les USA et le Pentagone) balayés par leurs propres crises. Nous entrons à toute vapeur dans le temps où toutes les vérités sont bonnes à dire parce que l’urgence d’une crise sans précédent dans l’Histoire accule à des positions de survie des composants et des acteurs du Système.


Mis en ligne le 6 décembre 2010à 06H39