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56531er septembre 2023 (19H40) – Reportez-vous au 29 juillet, jour de l’arrivée d’une délégation du gouvernement des États-Unis à Pretoria, en Afrique du Sud. La délégation est menée par la fameuse, la dure, l’impitoyable Victoria Nuland dont Zelenski est un peu Son Prince Charmant. Or, la délégation et sa cheffe, qui pensaient à l’Ukraine, se retrouvent en Afrique du Sud, n’y comprenant rien précisément à propos du coup d’État du 26 juillet au Niger dont tout le monde parle. Manifestement, notent les témoins, le USG (‘United States Government’) n’était pas préparé à la possibilité d’un événement de cette sorte, peut-être même ignorait-il ce que c’est que ce truc-là, – le Niger !? On verra plus loin pourquoi c’est très-très grave.
Une source anonyme et néanmoins sud-africaine s’est alors, dans l’entretemps veux-je dire, confiée au site ‘TheGrayZone’ qui n’est pas très bien vu (donc à voir). Elle a rapporté l’ambiance et les perspectives de cette délégation arrivant à Pretoria. Elle a fait des confidences à la journaliste de ‘TheGrayZone’ Anya Parampil, le 31 août. Elle (la source) les connaît très bien, depuis longtemps, et elle ne les avait jamais vus, Nuland en tête avec toute sa troupe, aussi désemparés. Je vous laisse lire quelques paragraphes, ceux qui sont consacrés à l’arrivée elle-même à Pretoria et aux discussions qui suivent, et nous décrivant d’une façon réaliste les réactions de la Nuland, décrite comme “desperate”. On traduit par “désespérée”, mais je suggère aussi “désemparée” qui m’a l’air de mieux convenir car un et une neocon, cela ne conçoit pas une narrative sans un ‘happy end’ festif au son des bombes qui éclatent partout en signe d’espoir sans fin, – ce qui écarte l’option ‘désespoir’.
« Selon un fonctionnaire sud-africain chevronné qui a assisté à des réunions avec la diplomate américaine à Pretoria, Nuland et son équipe n'étaient manifestement pas préparées à faire face aux récents développements sur le continent africain, en particulier le coup d'État militaire qui a renversé le gouvernement pro-occidental du Niger quelques heures avant qu'elle n'entame sa tournée de plusieurs étapes dans la région. “En plus de 20 ans de travail avec les Américains, je ne les ai jamais vus aussi désespérés, désemparés”, a déclaré le fonctionnaire à ‘TheGrayZone’, sous couvert d'anonymat.
» Pretoria connaissait bien la réputation belliqueuse de Mme Nuland, mais lorsqu'elle est arrivée à Pretoria, le fonctionnaire l'a décrite comme "totalement prise au dépourvu" par les vents de changement qui engloutissent la région. Le putsch de juillet, qui a vu une junte militaire populaire prendre le pouvoir au Niger, a suivi les coups d'État militaires au Mali et au Burkina Faso, inspirés de la même manière par un sentiment anticolonialiste de masse.
» Bien que Washington ait jusqu'à présent refusé de qualifier de coup d'État l'évolution de la situation dans la capitale nigérienne de Niamey, la source sud-africaine a confirmé que Nuland avait demandé l'aide de l'Afrique du Sud pour répondre aux conflits régionaux, y compris au Niger, où elle a souligné que Washington détenait non seulement d'importants investissements financiers, mais maintenait également 1 000 de ses propres soldats. Pour Nuland, la prise de conscience qu'elle négociait en position de faiblesse a probablement été un réveil brutal. »
Mes sources à moi, également anonymes, m’ont chuchoté une explication. Cela s’est passé comme ça : le 26 juillet a lieu le coup d’État au Niger. Affolement au département d’État ! Un coup d’État au Nigger, c’est impensable ! Le ‘N-word’, on ne joue pas avec ! Il a fallu un certain temps et moult traductions pour que l’on accepte péniblement, en grommelant de désespoir (pour le coup, c’est le cas), qu’il s’agissait du Niger avec un seul g, et non pas du ‘Nigger’, qui signifie ‘nègre’ et qui est un mot, aux USA, à l’intérieur de ces élites-Woke et s’il est prononcé, qui vous envoie direct à la chaise électronique.
Nuland était désespérée : “Comment est-il possible que des personnes de couleur [on l’en avait informée entretemps] acceptent de vivre dans un pays nommé du ‘N-word’ !”. Finalement, la chose ayant été éclaircie et le Woke rassuré, le pseudo-désespoir de Nuland apparut pour ce qu’il était, se muant en désarroi de se voir dans une occurrence si insupportable, – et elle se retrouva, c’est vrai, en “position de faiblesse” pour négocier la capitulation sans conditions ni négociations des autres. (Lesquels ? Comment ? A quel propos ? Silence révélateur... Nuland ne sait plus exactement. Nuland est un simulacre.)
Mais ce n’est pas tout. Quasiment un mois plus tard, jour pour jour, une autre dame de Washington D.C. fait un esclandre à propos de, – tenez-vous bien, – à propos de BRICS, ou plutôt “des BRICS” comme ils disent, une autre sorte d’animal inconnu à D.C. Cette fois-ci, c’est un coup de Marjorie Taylor Greene, dite MTG, une républicaine honnie de Nuland, beaucoup plus jeune qu’elle et d’un physique plus engageant, certains diraient sexy si ce n’était les foudres-woke, – ceci expliquant peut-être cela, dans tous les cas en partie. MTG est une “jeune louve” des députés républicains de la Chambre, sacrée meneuse-mangeuse d’hommes, voix prépondérante du ‘Freedom Caucus’ regroupant une gosse vingtaine de jeunes députés républicains, trumpistes, populistes, anti-neocon, – et voici alors Nuland, à nouveau en mode désespoir-désarroi.
Je vous donne à penser sur quelques détails que RT.com, toujours aussi déplorable et de mauvaise réputation, s’est empressé de nous communiquer tout le mal que cette affaire pourrait causer à Joe Biden et toute sa troupe... Car l’on notera que la fureur de MTG, qui fait déjà campagne pour 2024, est tournée contre Biden et les siens, et nullement contre les BRICS.
« S'adressant à ses électeurs en Géorgie, la députée républicaine [Marjorie Taylor Greene] a fustigé l'administration du président américain Joe Biden, qui, selon elle, ferme les yeux sur la montée en puissance des BRICS.
» L'ardente républicaine a affirmé qu'alors que Washington “fait... n'importe quoi”, – notamment en apportant toutes sortes de soutien à l'Ukraine, qui est engagée dans un conflit avec la Russie... “Il y a d'autres pays dans le monde, des pays puissants, qui s'organisent ensemble parce qu'ils en ont assez des Etats-Unis”.
» En ce sens, les pays des BRICS concluent des accords commerciaux sérieux “dans lesquels ils disent : nous achèterons chez vous, vous achèterez chez nous, nous ne nous soucions pas des sanctions américaines et nous nous vendrons les uns aux autres, nous achèterons et vendrons dans notre propre devise, et non en dollar américain”, a-t-elle déclaré.
» “C'est l'une des choses les plus dévastatrices qui puissent nous arriver à tous”, a affirmé Taylor Greene. À mesure que les BRICS deviennent plus puissants, le dollar américain s'affaiblit, a-t-elle ajouté. “Et vous savez ce qui nous arrivera à tous ? Nous allons être brisés”, a prédit la députée... »
Ainsi, il semblerait que MTG ait compris bien plus rapidement que Nuland ce qui est en train de se passer. Loin d’en appeler à l’unité du pays face au danger qui le menace, elle s’emploie à dénoncer les responsabilités de ceux qui ont laissé faire ça, et fait en sorte que cela soit justement un danger. Son allusion à l’Ukraine qualifiée d’une sorte de “n’importe quoi”, par exemple, croyez-vous que cela puisse rassurer la pauvre Nuland décidément bien délaissée et qui va ainsi de désarroi en désarroi ?
N’est-ce pas singulier, cette situation ? D’un côté, la plus guerrière, la plus furieusement destructrice, l’écume du massacre de l’hégémon aux lèvres, mise en situation de défense, en position de faiblesse, qui perd de plus en plus de sa superbe, qui peine à trouver des arguments pour une cause pourtant jugée si valeureuse, pendant si longtemps ; de l’autre, une pétroleuse de première, bagarreuse, accrocheuse, sans cesse à l’offensive pour marteler la nécessité du retrait, du repli, de l’abandon des ambitions de l’hégémon. La première se fait de plus en plus prendre pour la trahison de l’Amérique, la seconde pour sa sauvegarde. Vous voyez combien les priorités et les évidences se retournent, se transmuent dans leurs contraires ; combien ce qui représente la force et la puissance sans vergogne ne cesse de se charger de ridicule et d’ambitions injustes et sans vertus, et de reculer sous les coups de ceux qui dénoncent les coups assénés au reste du monde.
Pour le commentateur, c’est un jeu bien délicat, dont on ne peut se tirer avec de simples pirouettes et des descriptions moqueuses. Il est vrai qu’une Taylor Greene reste une jeune républicaine, ardente et partisane d’une Amérique rénovée et débarrassée de ses liens hégémoniques ; d’une certaine façon, je devrais me garder d’elle, d’un point de vue politique, et en même temps je suis complètement à ses côtés, elle qui voudrait que le Congrès votât l’abandon de toute aide militaire à l’Ukraine.
Notes de PhG-Bis : « Vous noterez et vous notez d’ores et déjà que PhG parle moins, si pas du tout, de la Nuland dans ce contexte de l’incertitude et de la mobilité des alliances. Avec elle et pour lui, il semble que l’affaire soit réglée, que cette personne soit décidément d’une sorte et d’une essence qu’on dirait diabolique. Ce sont des personnages de simulacre. Il est impensable de manœuvrer avec elle, de songer ici ou là à faire cause commune ; elle a voué sa cause à l’absolu du démon, – trop proche du Mal, participant de lui et s’y assimilant comme dit Plotin, – et ainsi le cas est-il clos. Semper Phi.»
Taylor-Greene présente donc une autre situation [que celle de Nuland]. Il faut savoir décider quand l’on est complètement du même camp, quand on l’est un peu moins, quand il faut s’abstenir parce que nos intérêts divergent trop. Tout cela montre à quelles considérables difficultés nous nous heurtons dans les choix qu’il faut faire. Je sais même des occurrences où, malgré l’hostilité irréconciliable qui marque mon jugement de Victoria Nuland, je souhaiterais qu’en telle ou telle occasion et sans que j’en assume la moindre responsabilité, elle-même réussisse à cette occasion-là parce que sa réussite conduirait à l’aggravation de la situation américaniste et finalement à sa chute finale (celle de Nuland).
Les dieux jouent une partie d’une inconcevable complexité où rien n’est laissé au hasard. Nous ne pouvons que suivre comme nous le pouvons, espérant nous adapter à temps aux choses qui demandent une telle adaptation ; ne craignant pas d’adopter des positions contraires un instant après l’autre, secoués d’un bord sur l’autre, comme une coquille de noix dans la tempête ; assez humbles en ce qui concerne la conception, assez attentifs pour ce qui est de l’exécution, animés d’une joie pure et profonde, sans haine ni crainte, d’observer cet effondrement.