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2992Peut-on faire un parallèle entre la France et les USA ? C’est mon occupation favorite, d’autant que la situation évolue assez notablement. Aujourd’hui, je veux dire en ce jour et à cette heure où nous parlons et conversons, que leurs occupations sembleraient différentes :
• en France, on décompte les vaccins, leur transport, leur distribution au goutte-à-goutte et sur la pointe des pieds, avant que Macron n’intervienne souverainement et que, sans trop bouger tout de même, l’on accélère puisqu’il y a urgence et pandémie ;
• aux USA, on décompte les votes, en Géorgie et aussi, peut-être, dans quelques heures, au Congrès des Etats-Unis, et là personne n’est satisfait hors de ses certitudes et je ne vois pas qui pourrait prétendre intervenir “souverainement” pendant que le maire de New York fait swinguer sa dame.
Pourtant, je crois que ce qui semble si différent (décompte des vaccins et décompte des votes) est en réalité très proche jusqu’à la similitude. Jusqu’à il y a quelques années, ou quelques décennies, je me souviens qu’on pouvait risquer d’envisager d’opposer, entre France et USA, deux ‘modèles’ disons de modes de vie et de conception du monde, pour ne pas parler de deux ‘modèles’ de (la même) civilisation. Mais aujourd’hui, c’est le même étrange désordre formidable qui fait du sur-place le levant le genoux comme on marche sans avancer, et tout cela comme si rien ne bougeait ; le En-Marche de la France de surface nous va si bien, à eux et à nous...
La même paralysie, la même impuissance, la même fureur haineuse ou haine furieuse, jusqu’à ce point où l’élégant Turley peut envisager de parler d’« une nation de drogués aux affrontement sans fin ». Il parle des États-Unis mais il pourrait aussi bien parler de la France. Pierre Perret, qui existe encore bien que proche d’être centenaire si mes calculs sont inexacts, rit et chante sarcastiquement, et nous confie, à nous tous téléspectateurs, évoquant ainsi sa Sérénissime Grandeur Jupitérienne : « Depuis la première connerie, depuis les masques, ça n’a pas arrêté... Une hémorragie de ... de ... [conneries ?]... de contradictions, ça devient burlesque... »
En Géorgie, hier soir, ce matin, apparaissaient les premiers signes d’une amorce de blocage qui pourrait ou aurait pu relancer une nouvelle bagarre, comptage, recomptage, accusations et ainsi de suite, avec des résultats type 49,8-50,02 et des accusations partout. La Géorgie, avec Atlanta en son cœur, est le pays de Scarlett O’Hara, bannie désormais des écrans comme une n’ayant-pas-existé, le pays de Ray Charles chantant, avant les passeports BLM pour le wokenisme, ‘Georgia On my Mind’. Prenez ce matin, le démocrate Warnock contre l(a) républicain(e) Loeffler, et ce que j’aime dans cet extrait c’est le « what appeared to be a victory speech » si prudent du journaliste :
« [Ce] mercredi matin, la course était trop disputée pour qu’on en annonce le résultat, mais M. Warnock a prononcé ce qui semblait être un discours de victoire, déclarant qu'il avait “prouvé qu’avec de l'espoir, du travail et des gens à nos côtés, tout est possible”.
» Loeffler a déclaré à ses partisans qu'il y avait encore “un chemin vers la victoire”, ajoutant : “Nous allons gagner cette élection”. »
... Tout ça, comme ça et pour ça, en passant. Là-dessus, j’avoue avoir bien du mal à suivre les analyses stratégiques, quelle politique nouvelle va être suivie (par Joe Biden, notamment, ce qui est exaltant et extraterrestre à la fois), et tous les ‘si’, “que va-t-il se passer si” ; par exemple “si les Chinois attaquent Taiwan”, si la France débarquait en Algérie, comme en 1830 à Sidi-Ferruch, etc. J’ai même de la peine à m’intéresser à la pauvre Syrie, à l’intraitable Iran un an après « l’assassinat métahistorique », et à leur projections savantes sur la nouvelle superpuissance chinoise qui manipulerait les USA-Biden comme marionnette en solde ; à la Russie avec les finesses de Poutine et les nouveaux hypermissiles, et le Saker-US (de plus en plus russe) qui s’en fiche : « Biden ou Trump, aucune différence réelle pour la Russie. C’est pourquoi la plupart des Russes ne s’en soucient pas non plus.. » Tout cela me paraît tellement... irréel ? Oui, “irréel” c’est le mot, depuis Covid19, USA2020 et le wokenisme, – “irréel”, voilà la chose, – ou bien moi ayant déguerpi de leur simulacre ?
Oui, c’est cela, c’est là qu’est désormais la matrice du monde, dans le wokenisme, et prenez garde car à côté de son aspect bouffe jusqu’au trou noir du ridicule, on trouve le frère jumeau (les trous noirs vont souvent par paire), l’autre trou noir de la bêtise. Voyons cela, et essayez de distinguer combien ce phénomène-là est important, d’une importance qui surpasse toutes leurs analyses stratégiques...
Lorsque le député du Missouri Emmanuel Cleaver, 5ème District de Kansas City, Lexington & Independance, un pasteur démocrate et néanmoins Africain-Américain, ouvrit la séance de la Chambre des Représentants du nième Congrès des États-Unis, par la rituelle prière (celle du dimanche) de cette institution de si haute spiritualité, et terminant par ces mots « Amen [jusqu’ici, tout va bien], a-woman », – là il se trouve qu’il y eut des ‘zglub’ et des ‘oups’.
Il y eut alors une tempête de grande force dans les esprits, peut-être Force 5 et “du côté de la Force”, et il y en eut pour le prendre au sérieux, je veux dire prendre le ridicule au sérieux, et particulièrement en France où les esprits équilibrés voient avec une sorte de terreur parfois saupoudrée de dérision monter la marée de la bêtise ourlée de l’énorme clapot écumant du ridicule. Ceux-là n’ont rien à se reprocher puisque le ridicule partout se prend au sérieux, et moi-même, je m’y suis pris et j’ai pensé qu’ils investissaient également ce domaine de l’Au-Delà, puisqu’après tout Dieu pourrait être transgenre et multicolore ; et ressentant effectivement ce mélange de terreur et de dérision...
Mais voilà : Alleluia ! (Quel genre, au fait ? ‘Alleliuette’ ?)
En effet, le pasteur, digne représentant de la Nation, s’est repris et a fortement fustigé ceux qui l’avaient moqué pour avoir décliné le mot sacré ; car il ne l’avait pas vraiment décliné tout en l’ayant un peu décliné tout de même, mais il avait voulu seulement, – et c’est déjà beaucoup, et c’est déjà considérable, – saluer les femmes siégeant en Congrès et fustiger Donald J. Trump qui, entretemps, l’avait fustigé, lui Cleaver, pour avoir décliné le mot ‘amen’. Bien entendu, ‘The Guardian’ a pieusement ouvert ses colonnes au pasteur pour informer le monde et ses lecteurs d’une si formidable crise civilisationnelle où un pasteur remet les choses au point sur le ridicule de son intervention, en démontrant que ce qu’il a dit reste dit et que le ridicule n’est ridicule qu’aux yeux des ridicules, d’ailleurs absolument fachos et racistes au-delà de toutes les couleurs :
« Un député démocrate du Congrès a déclaré qu'il avait été surpris par les réactions négatives après sa prière inaugurant le premier jour du nouveau Congrès en disant “amen & a-woman”. Il a déclaré que les critiques conservateurs, dont Donald Trump Jr, avaient montré “leur souillure par l’égoïsme, leur perversion par les préjugés et leur invective par l’idéologie”.
» Pasteur de l’Eglise Méthodiste Unifié et ancien maire de Kansas City, Missouri, Cleaver entame son neuvième mandat. Il a déclaré au Kansas City Star que sa référence “A-woman”, dimanche 3 janvier, visait à saluer le nombre record de femmes servant dans le nouveau Congrès.
» Il y a 144 femmes qui siègent à la Chambre et au Sénat. Le record précédent était de 129.
» Mais les mots de Cleaver ont suscité un torrent de critiques de la part des conservateurs qui l’ont accusé de mal comprendre le sens du mot ‘amen’ – un mot hébreu qui signifie ‘ainsi soit-il’. »
Ainsi le pasteur semble avoir effleuré le sens du ridicule qu’il avait pris en sens unique, mais pas vraiment complètement puisqu’il reste qu’il a donné une version ‘womanized’ du mot en question, et qu’il s’y tient, et que ce sont les autres qui sont des Satan, des pervers, des idéologues infectés de croyances infâmes. C’est vrai à la relecture, et à la relecture de la relecture de cette envolée où il parle « au nom du Dieu monothéiste, de Brahma, et de Dieu désigné sous de nombreux noms différents, par de nombreuses fois différentes » ; le pasteur multiculturel et diversifié à maintes reprises ne retire pas vraiment un mot de sa déclinaison autour d’‘amen’ et c’est à nous, surmontant si nous le pouvons notre bêtise et notre ridicule, c’est à nous de nous aligner.
... Et cet homme de la Foi en est à son neuvième mandat de député, et en plus il est ou a été maire, je ne sais plus et, Frankly my dear, je n’en ait rien à battre. C’est pour cela que je parle de nos petits ‘Rien’ plus ou moins communs, notamment l’Amérique et son plus vieil allié qu’est la France, ces ‘Rien’ qui font le ‘Rien’ commun qu’est notre époque, qui fonde notre époque, qui recouvre notre époque.. Nous nous aimons tellement que nous nous copions-collons les uns les autres notre bêtise et notre ridicule, emportés par pasteurs wokenistes et indigénistes parigots en éclaireurs de notre futur.
C’est dire si l’enquête suit son cours pour retrouver le concepteur de la bêtise et le réalisateur du ridicule ; et, profitant de l’occasion, je suis bien heureux de vous faire passer quelques explications sur le mot ‘amen’ et sur ses consonances dans la langue anglaise, de la part d’un spécialiste de l’hébreu interrogé par la Catholic News Agency. Je laisse ça en note (*) et en anglais dans le texte original, – par crainte d’erreur de genre et d’insulte au ridicule, et par pure fatigue du début de l’an ; ainsi serons-nous instruits des origines dialectiques, symboliques et théologique de notre ‘Rien’ commun, tel que dévoilé par le pasteur Cleaver, l’un des représentants du peuple de la Grande République.
(*) ... Or donc, pour ceux que la chose intrigue, coincée entre bêtise et ridicule, quelques mots d’un organe de presse des Catholiques US, qui ont pris la susdite chose très au sérieux. Ils n’ont pas l’air vraiment contents et jugeraient bien que le Pasteur pourrait aussi bien aller herboriser plutôt que prétendre être homme d’église.
« The word “amen” is not a gendered word and the term “a-women” is entirely made up, a professor of theology who specializes in Hebrew told CNA, after a prayer in the United States Congress used the fake word.
» Cleaver, an ordained Methodist pastor who served for 37 years as the senior pastor of St. James United Methodist Church in Kansas City, Missouri, ended his prayer asking for peace in the legislative chamber, “in the name of the monotheistic God, Brahma, and God known by many names by many different faiths. Amen and a-women.”
» “Brahma” is the Hindu creator deity. There are members of the legislature who belong to Christian, Jewish, Hindu, Buddhist, and Unitarian Universalist faiths.
» While the word “amen” ends in “men,” like “repairmen” or “handymen,” it is not in reference to a gender, Dr. John Bergsma of the Franciscan University of Steubenville said to CNA on Monday. Bergsma has taught four undergraduate courses on Hebrew, as well as a summer intensive on the language.
» “‘Amen’ is a Hebrew word whose root meaning is ‘truth,’” Bergsma explained to CNA. “Already in ancient times, the Israelites used the term ‘amen’ in solemn ceremonies to express consent to the truth of what was said, meaning, ‘it is true’ or ‘so be it,’ depending on context.”
» In Hebrew, said Bergsma, the word for man is ‘adam’ or ‘ish,’ and is unrelated to the word “amen.”
» “In fact, the Hebrew pronunciation is ‘ah-MAIN,’ rhyming with ‘train,’ and doesn’t sound like ‘men,’” he said. “It is a verbal form, not a noun.”
» The use of “amen” in Christian liturgical and prayerful context, said Bergsma, “expresses complete consent and faith in what is being said or done, as when we approach the Eucharist and say ‘amen’ to the minister’s statement, ‘The Body of Christ’.”
» “At the end of prayer, ‘amen” expresses our solemn consent to what has been said in prayer, affirming that we have been truthful and expressing faith in God’s truthfulness and trustworthiness,” he said.
» As for Cleaver’s use of “a-women” in Sunday’s prayer?
» “‘A-women’ is wordplay for comical or political effect in English,” said Bergsma. “Strictly speaking, it is a nonsensical mashup of syllables from different languages.” »
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