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Bel exercice d’autocritique du secrétaire US au trésor Timothy Geithner, mercredi à Washington, à l’Economic Club de Washington (voir Reuters du 22 avril 2009). Geithner reconnaît que les USA portent “une part substantielle” de responsabilité dans la crise. A côté de cela, Geithner appelle au regroupement des amis pour venir à bout de la crise (et à l'aide des USA?).

«Geithner stressed that, while the United States is prepared to incur big budget deficits now to spur economic activity, it is vital to set out a path for getting spending under control over the medium term. “That is very important to do, because the American people and investors (around the world) need to understand that we will have the will and the commitment as a country to go back to point that we are living within our means,” Geithner said. “To get to that point we have to get a recovery in place,” he added.

»The International Monetary Fund, which with the World Bank will hold semiannual meetings in Washington this week, said on Wednesday the global economy was in severe recession, likely to shrink 1.3 percent this year in its deepest swoon since the end of World War Two.

»Geithner said global economic chiefs must cooperate to try to restore growth, because the current downturn is much more than a typical business-cycle recession. “Instead, it is an abrupt correction of financial excesses that has overwhelmed economies' and markets' self-correcting mechanisms, and so can only be ended by extraordinary policy responses,” he said. “We bear a substantial share of the responsibility for what has happened,” Geithner added.»

Cela pourrait commencer à ressembler à une “politique de communication” de l’administration Obama, ou bien à une évolution sémantique – la reconnaissance de certains défauts américanistes, dont on comprend que l’essentiel est à mettre au débit, au moins de l’administration précédente, éventuellement des autres qui précédèrent. Il y a eu certaines remarques d’Obama au G20, sur “une part” des USA dans les responsabilités de la crise (lui, pas une “responsabilité substantielle”). Obama a aussi parlé, à Strasbourg le 4 avril, de l’“arrogance” US, qu’il a tenté d’équilibrer par l’antiaméricanisme régnant en Europe.

D’une façon générale, le ton de Geithner a été plutôt modeste, très consensuel, demandant une solidarité générale et internationale. Il a eu des mots chaleureux pour la Chine, avec son “rôle stabilisant très important dans l’économie mondiale aujourd’hui”. Il n’y a pas eu trace du ton nouvellement optimiste et encourageant des dirigeants US, dans les trois dernières semaines après le G20. Pour autant, Geithner ne cherche pas vraiment à comprendre pourquoi les USA portent cette “part substantielle” de responsabilité, comment cela a été rendu possible, si des choses ont été changées ou sont en cours de changement pour éviter que l’événement ne recommence.

Il n’empêche, il faut observer que cet aveu de la responsabilité US ou, disons d’une façon plus générale, la reconnaissance d’une faiblesse US et de l’existence d’un caractère faillible de ce grand pays qu'on croyait si à l'abri à cet égard, commence à entrer dans le discours officiel également US. Il s’agit d’un point important dans un pays dont la dialectique officielle a toujours été de considérer les USA à part des autres, donc par définition hors de toute possibilité de figurer dans un état de responsabilité ou de faiblesse par rapport aux autres. (Eventuellement, on reconnaissait des “erreurs”, des politiques moins bonnes ou plus mauvaises que d’autres, mais il s’agissait toujours d’un jugement interne, d’un groupe US par rapport à un autre, d’une orientation US par rapport à une autre, etc.)

Cette nouveauté intéressante dans le discours US représente à notre sens le poids de la crise et, effectivement, l’évidence de la responsabilité des USA, plutôt qu’une attitude politique ou tactique, ou une attitude de parti. (Une nouvelle administration républicaine aurait sans doute été conduite à une même évolution dialectique.) La puissance de la crise est telle et l’implication du système de l’américanisme est si complète qu’il devient impossible de repousser l’évidence. Cette évolution psychologique va évidemment prendre sa place dans le grand courant d’affaiblissement très rapide du leadership US. Il y a là une mécanique fascinante à l’œuvre.


Mis en ligne le 22 avril 2009 à

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