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11239 juillet 2015 – Puisque nous avons eu toujours à l’égard de la chose l’attitude que nous avons eue, de l’ignorance à un vague mépris, nous ferons bien plus aisément amende honorable en reconnaissant l’intérêt éminemment constructif qui nous est apparu du Parlement Européen (PE) ... “Constructif”, notamment parce qu’y résonnent les imprécations de la “nécessité de détruire” (delenda est...), alors qu’il n’y a nulle contradiction bien au contraire dans une époque caractérisée absolument, totalitairement, par l’inversion accompagnant l’œuvre générale de déconstruction (déstructuration-dissolution-entropisation, selon la formule dd&e). Le PE n’a aucun pouvoir politique sinon celui de répondre aux consignes du Système (alias “la Secte”, pour ce domaine institutionnel européen du Système) ; mais il n’est pas ici, dans notre propos, question d’un pouvoir politique qui n’existe plus nulle part dans le monde du sapiens courant, moderniste-scientifique et postmoderniste, mais du système de la communication qui est le principal relais des influences disponibles, des impulsions, des pressions sur le pouvoir-Système et notamment en tant qu’antiSystème, et en vérité le dernier domaine où le sapiens peut avoir quelque poids.
Or, voici que le PE a fait, hier, œuvre de communication, – irions-nous jusqu’à dire, en joyeux païens-néos, “œuvre sainte ? Et pourquoi non, s’il vous plaît ? Car en vérité, le spectacle y fut lamentable et détestable, furieux et furieusement chaotique, absolument réjouissant et vertueux ; le désordre dans le bon ordre des choses qui sont cachées et qui importent, qui nous montre la réalité formidable du puissant désordre-Système européen, lorsque la chose fait parfois incursion dans l’“hyperdésordre” ... Par bonheur supplémentaire, – pour la sémantique de la communication et nullement par irrespect pour le malheur des Grecs, – il s’agit de la Grèce et l’agencement des mots permet une suite vertigineuses de formations plus ou moins acronymiques et néologiques ; du fameux et désormais classique Grexit, l’on put passer à l’appréciation par certains d’une “grévolte” au PE, où s’agitèrent ceux qui, pour une après-midi, étaient devenus des “gréputés”... Bref, il y eut du pain sur la planche, et il importe d’abord de bien saisir le problème pour en présenter de façon utile et pédagogique les divers facteurs.
Prenons ceci : le PE fut, hier, un formidable révélateur, un montreur de génie (comme les “montreur d’ours”) de la médiocrité abracadabrantesques des employés-Système. La chose est bien décrite par Jacques Sapir, qui s’y trouvait puisqu’il nous assure que le café y est «TRES, TRES mauvais» (chose confirmé par le premier goûteur venu).
Cet économiste, très suivi sur son RusEurop, particulièrement pour la crise grecque, a évidemment et couramment un langage mesuré, attentif dans le choix des mots, réticent à la mise en cause personnelle ; depuis quelque temps, tout en gardant ce “style” pour la matière de sa science, il a ajouté une dimension polémique mais de bon ton, toujours assez mesuré, mais en ne rechignant pas une seconde au “mot qui tue”, à un rapide portrait expéditif qui ramène à leur vraie taille hors-SUV tous ces employés-Système de “la Secte”. C’est très bien parce qu’il faut aussi bien, et même encore plus, éclairer l’extraordinaire médiocrité de leurs incompétences, sottises par inconscience, bassesses et conformismes, arrogance par trouille-Système ; là-dessus, qu’on souligne que l’un ou l’autre évolue en permanence européenne avec un verre dans un pif semblable au gyrophare d’une ambulance dans tous ses émois ne peut que réchauffer le cœur et donner un bel élan à la plume.
Tout cela nous valut donc ces passages de “Sapir au PE” (ce titre vaudrait aussi bien que «Tsipras au Parlement européen»), qui complètent excellemment l’analyse objective de la crise grecque en nous montrant que c’est une crise européenne et, plus simplement et au-delà, une “crise du sapiens” emporté dans sa folie dont la grandeur flamboyante se mesure à la médiocrité sans mesure qu’il (le sapiens-Système) parvient à déployer... (Ci-après, quelques extraits choisis dans le sens qui nous importe, et le texte complet, avec l’essentiel des éléments économiques et politiques, doit être consulté sur RusEurop, le 8 juillet 2015.)
«Pour Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne c’était donc “une erreur de quitter la table des négociations”. Rappelons que le Ministre grec des finances, M. Varoufakis, n’a nullement quitté de son plein grès la table des négociations mais en a été expulsé par M. Dijsselbloem, le Président de l’Eurogroupe. M. Juncker ajoute: “Si nous ne les avions pas suspendues, nous serions parvenus à un accord”. Ah, certes, si Monsieur de Lapalisse n’était point mort, il serait encore en vie…Et si Dijsselbloem n’avait pas expulsé Varoufakis peut-être que la négociation aurait continué…Juncker ajoute ensuite : “…je me suis toujours dressé contre les coupes budgétaires dans les niveaux de pension qui affecteraient les plus pauvres”. La lecture des comptes rendus des réunions, quand ils ont été rédigés, n’indique pas exactement cela. Il faudrait peut-être moins boire pour conserver une mémoire claire et précise...
»Le représentant du PPE (Parti Populaire Européen), M. Manfred Weber, n’a pas, lui non plus, mégoté sur les mensonges. Que l’on en juge : “Vous engagez la provocation, nous engageons le compromis. Vous cherchez l’échec, nous sommes à la recherche de la réussite. Vous n’aimez pas l’Europe, nous aimons l’Europe”. Trois mensonges en trois phrases, c’est un exploit. [...] ...Quant à l’Europe, si M. Weber l’aime, c’est à la manière d’un dominant dans un couple Sadomasochiste. Il ne conçoit l’amour qu’au fouet, à la schlague. [...]
»
»Cependant, il y a eu mieux (ou pire). Guy Verhofstadt, député belge du groupe libéral, l’homme qui exerce en même temps 11 autres mandats (excusez du peu, il arrive au 4ème rang des cumulards)... [...] Quant à Rebecca Harms, députée verte allemande du groupe Les Verts/Alliance libre européenne, elle s’est adressée à Alexis Tsipras en disant qu’elle attendait des idées concrètes pour mettre en place des réformes. En d’autres termes elle a refusé de prendre en compte tout ce que le gouvernement grec a proposé depuis le mois de février dernier comme réformes. Cela donne une bonne idée de sa connaissance du dossier…Elle a ensuite ajouté que “la démocratie et Poutine ne vont pas ensemble”. Outre que c’est assez discutable, on ne voit pas trop ce que cela faisait dans ce débat. Ou plutôt si, on le comprend. En associant le nom de Tsipras à celui de Poutine, considéré comme le Diable en personne par certains, on comprend qu’elle entend discréditer le Premier-ministre grec, pourtant conforté par un référendum qu’il a gagné à plus de 61% des suffrages. C’est la même méthode utilisée par BéHachEl, ainsi que MM. Quatremer et Leparmentier, dont il paraît qu’ils sont journalistes, et qui n’ont eu de cesse de faire circuler de fausses informations, comme celle d’une alliance entre Syriza et le parti d’extrême-droite Aube Dorée. On voit que ces méthodes manipulatoires ont cours dans et hors l’hémicycle du Parlement Européen. Bref, Madame Harms a donné dans le registre de la môme vert et même vert-de-gris.»
Outre la jubilation bienvenue que procurent ces diverses appréciations absolument fondées de Sapir, on devra observer que les faits ridicules et indignes ainsi observées et rapportées dans le langage qu’il faut constituent le signe indubitable de la panique colossale qui s’étend au sein de “la Secte”, du désordre qui y règne, de l’inconscience qui y prévaut. S’il faut compter sur le rectitude du président-poire et sur la fermeté de conviction de la Kaiser-Merkel pour nous redresser tout ça, il s’avère que les écuries d’Augias ne sont pas proches de sentir la rose.
Ainsi, quoi qu’il en soit des réalités comptables du débat et des capacités législatives du PE, qui sont des faits complètement accessoires dans la sorte de régime où nous vivons, où règnent la corruption psychologique et le déterminisme-narrativiste, le résultat de cette séance où l’on entendait le Premier ministre Tsipras et où l’on “débattit” de la “crise grecque” fut révélatrice d’une humeur et d’un état d’esprit dévastateurs, toujours plus dévastateurs... «Les résultats du référendum grec du 5 juillet ont suscité une montée d'euroscepticisme parmi les parlementaires européens», notait sobrement Sputkik-français le 8 juillet 2015, et la substance de cette humeur et de cet état d’esprit fut assez bien résumée par Nigel Farage, du parti UKIP britannique, s’adressant à Tsipras directement : «Cela serait de la folie de continuer cette politique. Vous êtes très courageux, Monsieur, mais vous ne pouvez pas avoir le beurre et l'argent du beurre... [...] Ces gens-là [les créanciers] ne vous donneront plus rien... [...] Si vous avez [encore ce même] courage, vous devez sortir la Grèce de la zone euro la tête haute. Reprenez votre démocratie, reprenez le contrôle sur votre pays...»
On ne mesure pas la profondeur de la détestation, de l’acrimonie, de la colère sinon de la haine que l’“Europe”, – que ce soit “la Secte”, le PE dans sa structure-Système, les verres de Juncker et tout le traintrain, – en train d’accumuler et de constamment se renforcer à son encontre, chaque jour, chaque heure. C’est un phénomène bien peu mesurable mais d’une extrême importance, qui poursuit une dégradation en courbe géométrique continue depuis au moins 2005-2008 (référendum sur la constitution et viol de ces référendums par le traité de Lisbonne). Même les sondeurs appointés n’y comprendraient rien, non plus que les commentateurs-Système certes.
Nous parlons d’une concentration formidable de tension pesant sur les psychologies, au travers de cette fureur et de cette haine, que chaque événement suscité ou applaudi par “la Secte“, que chaque discours, chaque démarche, ne font finalement qu'aggraver même si ce n’est pas nécessairement fondé, même si c’est parfois injuste. Parlant de cette tension et de cette pression, nous ne parlons certainement pas d’une menace d’insurrection, de troubles, de ce qu’on veut de cette sorte, etc., mais de cette force constante qui affaiblit les psychologies déjà épuisées, qui déconcerte, qui pousse vers la panique et, au-delà, susciterait des enchaînements imprévus et soudain éventuellement inarrêtables. (Là, tout serait possible, jusqu’à des émeutes type-18 Brumaire au PE, mais en mode de communication puisque le pouvoir est au bout de la communication.) L’“Europe”, “leur-Europe” est en danger de devenir insupportable, – et ce serait jusqu’à penser, et c’est tout dire : “Et alors ? Qu’importe ?”
Dans ce concert de ce que RT-français qualifie de “déchaînement d’eurospecticisme” (le 8 juillet 2015), il faut notamment mettre en évidence, pour introduire le cœur de notre commentaire (le “delenda est...”) ce dernier paragraphe, consacré à l’intervention d’un député polonais... (Vous voyez bien que les Polonais sont tout de même utiles à quelque chose, qu’à part de menacer la tremblante Russie de leurs foudres en récrivant son histoire, ils font “du bon boulot” comme disait Fabius des extrémistes islamistes anti-Assad.) «Quant au parlementaire polonais du groupe des non-inscrits, Janusz Korwin-Mikke, il a exprimé un verdict radical: “L’Union européenne doit être détruite!” Cette position qui aurait paru extrême il y a quelques années, semble aujourd’hui gagner une partie importante des parlementaires européens quels que soit leur groupe.»
Cette idée du “delenda est...” devient de plus en plus présente dans le filigrane des pensées. Elle constitue l’indice certain de leur radicalisation extrême, et, par conséquent, de l’évocation de toutes les possibilités d’appel à toutes les réforme extrêmes possibles, — cette chose qui fait horreur à “la Secte”. Le Grexit potentiel devient bien-plus-que-le-Grexit. Des députés jusqu’alors considérés avec dédain et hauteur, et comme marginalisés par leur soi-disant “extrémisme”, entrent dans le débat avec leurs mêmes idées qui paraissent désormais beaucoup moins extrêmes à l’ombre du “delenda est...”. Ainsi du député italien Marco Zanni du “mouvement des 5 étoiles” de Pépé Grillo (interview par RT-français, le 8 juillet 2015).
RT : «Quelle est l’ampleur du soutien dont bénéficie le gouvernement grec de gauche au sein du Parlement européen et que devrait-il se passer maintenant à votre avis ?»
Marco Zanni : «Mon opinion est très simple. Je pense qui si nous voulons restaurer la croissance, nous devons repenser la monnaie unique. Je pense que la seule possibilité pour la Grèce de retrouver de la croissance est un Grexit. Si vous regardez les propositions faites par la troïka et par Alexis Tsipras, vous verrez que toutes ces propositions exigent plus d’austérité, notamment l’ajustement budgétaire, plus de coupes budgétaires et plus d’impôts.»
RT : «Malheureusement, la crise grecque se répercutera sur votre pays, l’Italie ?»
Marco Zanni : «Oui, nous avons des problèmes similaires, mais je pense que la seule solution à cette crise grecque est la refonte de la monnaie unique. Ce n’est seulement le problème de la Grèce, mais comme Tsipras l’a dit lors de son discours devant le Parlement européen, c’est un problème européen. Nous devons trouver une solution européenne et dire que nous ne voulons pas de la monnaie unique. Nous devons reconsidérer l’euro, cela ne signifie pas que nous sommes contre l’UE.»
RT : «Mais c’était un principe fondamental de l’UE au départ, n’est-ce pas ?»
Marco Zanni : «Le point fondamental est que le solution doit être européenne mais cela ne signifie pas que nous devions garder l’euro à tout prix.»
RT : «En cas de Grexit, l’Italie, le Portugal ou l’Espagne – qui connaissent actuellement des difficultés économiques – seront-ils les prochains ?»
Marco Zanni : «Un Grexit serait un grand défi pour la zone euro. Je pense qu’un Grexit peut démontrer la fragilité de l’ensemble de la zone euro. Mais je ne pense pas qu’en cas de Grexit, l’Italie serait le suivant, même si à mon avis le démantèlement de la zone euro sera très, très rapide. Un Grexit serait la première illustration de la fragilité de la zone euro et pourrait donner l’occasion aux institutions européennes de dire : “Ok, peut-être que l’euro n’est pas une bonne chose pour l’UE, pour la zone euro, pour les citoyens européens et nous devons reconsidérer l’UE mais sans l’euro, la monnaie unique”. Je ne pense pas qu’après un potentiel Grexit, nous aurons des pas uniques par des États-membres seuls [mais plutôt une démarche collective] ...»
Cette idée du delenda est... (delenda est euro..., delenda est Europa...), bien qu’elle soit une interprétation d’une humeur et d’un état d’esprit, ne doit certainement pas être prise à la légère. L’humeur et l’état d’esprit répondent à une vérité profonde qu’on a tenté d’annoncer en parlant des pressions exercées sur les psychologies, – y compris et d’abord sur les psychologies des employés-Système (“la Secte”). De ce point de vue, pour nous, la crise grecque n’est définitivement plus la “crise grecque” mais un morceau, un élément d’autres crises successives (“crise européenne”, “crise financière”, etc.) montant jusqu’au cœur de toutes les crises, – la Grande Crise d’effondrement du Système.
De même, le Parlement européen, le PE ; organe-croupion, organe parfaitement inutile, manipulé de tous les côtés, nul en fait de représentativité, considéré sans la moindre sympathie ni la moindre aménité par les parlementaires eux-mêmes ; et qui, soudain, se révèle comme le théâtre parfait de la tragédie qui se déroule à l’échelle cosmique, et dont la dimension n’est plus très lointaine de l’antique tragédie, – la tragédie grecque, certes. Dans ce cas également, la “crise grecque” a joué son rôle dans l’évolution de la perception qu’on peut en avoir, avec le référendum tenant dans le cadre du PE le rôle de la référence démocratique dont chacun veut avoir l’exclusivité pour appuyer ses arguments, qui en la dénigrant dans ce cas, qui en la magnifiant. Ainsi le PE devient-il, “en passant” et comme par une porte dérobée, le théâtre de la question centrale de la souveraineté que les exécutifs nationaux des pays-membres prennent bien précaution depuis des années et des décennies d’éviter ; lui, le PE, l’organe par excellence de la supranationalité dans l’idée des “européistes” les plus convaincus et les idéologisés...
Le phénomène qui est en cours concerne à notre sens, répétons-le sans cesse, essentiellement la psychologie. Il s’agit effectivement, au-delà des questions techniques, financières, économiques et institutionnelles, de la question ontologique de l’existence de l’Europe. Par conséquent, la taille du phénomène Grexit en tant qu’évènement qui se fera ou ne se fera pas n’a même pas une importance relative, il n’a pas importance du tout ; la Grèce, au contraire, est d’ores et déjà chargée d’une valeur symbolique exceptionnelle, et à cet égard il n’est évidemment pas indifférent qu’il s’agisse de la Grèce qui est symbole de tant de choses du point de vue des origines, du sens et de la grandeur de notre civilisation... Pour certains, le rapprochement va de soi, et la Grèce victime de “la Secte” dans leur esprit ne tardera plus si ce n’est déjà fait à représenter l’image de l’agression fondamentale dont est victime notre civilisation dans toute sa dimension essentielle, – celle de son ontologie, de son essence et de son sens même. Qu’importe que tout cela puisse être contesté au plan des faits alors que les faits ne sont plus que des représentations manipulées totalement et totalitairement par le Système, sans aucune tentative même de s’en dissimuler (déterminisme-narrativiste). Le symbole a bien plus d'existence et de signification, et il constitue une force redoutable capable de faire trembler le Système en exerçant sa pression sur les psychologies, et alors la minuscule Grèce a le poids d’une civilisation qui se trouve aujourd’hui au cœur de sa tragédie.
Tout cela nous rappelle nécessairement l’évidence de la puissance omniprésente du système de la communication et de son ambivalence extrême (son aspect Janus) qui fait de lui, aussi bien et peut-être encore mieux un “traître” antiSystème qu’un outil au service du Système qu’il est censé être à l’origine. Le rôle qu’a joué et que continue à jouer la communication dans la “crise grecque” pour l’acheminer vers le statut encore implicite de “tragédie” est considérable, avec les moyens les plus variables, y compris les plus inattendus, les plus originaux, les plus paradoxalement invertis et suspects aux yeux de certains.
Le personnage du ministre-rock’n’roll Varoufakis, Tea-Shirt & motos en action, et éventuellement avec un enregistreur discret pour conserver et peut-être faire usage de tout ce qui s’est dit pendant les séances homériques de l’Eurogroupe, jusqu’à son départ-surprise effectivement accompagné de soupçons divers, ne fut pas le moindre des moteurs de cette “montée en communication” de la “crise grecque” qui, aujourd’hui, assure le mieux de l’importance d’un “événement” et de ses effets par conséquent. L’extrême ambiguïté du “système de la communication” fut bien dans cette opposition entre le “jeunisme”-Rock’n’Roll du ministre et les “vieilles barbes” cravatées de “la Secte”, comme si l’on opposait une vague nouvelle, une vague de plus (disons de la post-postmodernité) contre les mandarins en place avec leurs structures, – ce qui est exactement la technique déstructurante du Système ... Mais, dans ce cas, Varoufakis était de facto dans le camp antiSystème. (Quoi qu’il en soit, répétons-le avec force, de la réalité de sa position, –puisque, encore une fois ne nous importe en rien cette chose qu’on nomme “réalité”, objet de toutes les manipulations, et que nous nous référons, nous, à ce que nous nommons une “vérité de situation”. La “vérité de situation” de Varoufakis, quoiqu’on en ait dit, fut celle qu’on a décrite, complètement antiSystème dans son écho de communication.)
Ce cas-Varoufakis est exemplaire de la “crise grecque” dans l’acquisition de sa dimension réelle dans le champ de la communication, grâce à la communication. La situation de contre-emploi qui le caractérise est au moins aussi remarquable, d’un point de vue symbolique et par rapport aux normes et idéologies diverses du système, que, par exemple, l’alliance entre le Système et ses “valeurs” avec les néo-nazis en Ukraine. Le moins qu’on puisse dire est que la communication constitue un facteur d’extrême déstabilisation dans la répartition et les attributs du Système dans les évènements en marche
Ainsi, selon notre perception et notre approche hypothétique, parce que c’est la Grèce et parce que c’est la communication qui triomphe, sommes-nous aisément passés du stade de la communication courante à une communication qui recèle, qui dissimule (à peine) une dimension tragique et permet alors de retrouver la problématique du “delenda est...”. L’idée de la “tragédie” est dans ce cas aisément produite par la définition qu’en offre le Wikipédia : «Des personnages de rang noble sont impuissants face aux forces supérieures (des dieux le plus souvent) qui les manipulent. L’enchaînement des événements et le dénouement nécessairement dramatique relèvent d’une fatalité implacable, qui peut sembler injuste, inique et bien au-delà de l’endurance humaine. [...] Pour Aristote, la tragédie a une vocation didactique, c’est-à-dire qu’elle vise à enseigner une vérité morale ou métaphysique au public. On appelle cela la catharsis, grâce à laquelle l’âme du spectateur serait purifiée de ses passions excessives...»
Transcrite dans le champ du théâtre de la communication qui s’agite sous nos yeux, alors que toutes les autres forces “classiques” de notre civilisation du technologisme et de l’“idéal de puissance” s’entrechoquent de plus en plus brutalement dans une sorte de ballet d’impuissance (“impuissance de la puissance”), effectivement la psychologie s’arme pour se tourner vers l’idée du “delenda est...”. Cette idée, il s'agit de la marque exclusive de la lutte antiSystème et qu’on retrouve de plus en plus fréquemment à tous les échelons des crises, et dans toutes les crises qui prolifèrent et se fixent dans un état paroxystique (tragique) constant (l’état de l’électroencéphalogramme plat de la crise, paradoxe pur puisque la crise est nécessairement paroxystique).
Cette puissance évocatrice, cette pression constante sur les psychologies règlent les perceptions. De plus en plus, l’esprit accepte, dans sa sphère inconsciente mais déjà supra-humaine, que la seule issue, la seule issue possible et la seule issue concevable, rencontre l’équation surpuissance-autodestruction du Système et se résume dans la formule fameuse du “delenda est...”.
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