Notes avec ou sans Bolton

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Notes avec ou sans Bolton

8 septembre 2019 – Où en est-on avec Bolton ? De nombreuses sources US, y compris dans la presseSystème, parlent depuis des semaines de désaccords entre Trump et Bolton qui, dit-on désormais, ne se seraient « “jamais appréciés personnellement”, entre lesquels il n’y aurait jamais eu l’espèce d’“entente instinctive” que le président estime importante ». On a précisé ces derniers jours que Bolton n’appréciait guère les négociations de paix entre les USA et les talibans, jusqu’à cette révélation sensationnelle par tweets et Trump associés qu’un entretien secret était prévu ce dimanche à Camp David, entre Trump, le président afghan et un dirigeant taliban, mais pour préciser aussitôt, – dans le même tweet, que cet entretien était décommandé. La raison (officielle) de l’annulation de la chose serait la faible représentativité du dirigeant taliban, mais une autre interprétation est que l’opposition des milieux conservateurs conduits par Bolton en serait la véritable raison.

Bolton est une véritable peste belliciste, bien dans la lignée de cette sorte de personnages qui, tout au long de l’histoire des USA, ont plaidé et agi pour nombre de massacres, des présidents Jackson et Teddy Roosevelt à des militaires tel que le Général Curtiss LeMay. John Wight, qui trace cet historique, juge que la probable disgrâce de Bolton et son éventuel départ seraient une grande cause de soulagement pour le reste du monde. Pour autant, on observera qu’on n’en sait guère plus sur son sort exact.

Brièvement dit et dit autrement, on jugera que c’est surtout la confusion et une sorte d’incertitude fluide bien dans la manière de Trump qui, aujourd’hui, caractérisent la position et l’influence de John Bolton au cœur de l’équipe de sécurité nationale du président. Outre l’Afghanistan, la crise iranienne a renforcé cette impression. C’est Pompeo qu’on a vu surtout à l’œuvre ces deux-trois dernières semaines, et fort peu Bolton dont c’est pourtant pourrait-on dire, “la crise favorite”, tant sa vindicte et sa fureur anti-iraniennes sont évidentes...

Ayant dit cela, qui n’est pas faux, on est obligé par une actualité “sauvage” d’ajouter un bémol, qui est justement une manifestation de Bolton toute récente (le 7 septembre) dans l’affaire du pétrolier iranien, un des fleurons américanistes de cette crise et de Bolton lui-même : son affirmation qu’il tient, lui Bolton, la preuve indubitable que le pétrolier est tout proche des côtes syriennes, signant ainsi la culpabilité indubitable de l’Iran par le “mensonge”. Dans cette affaire tordue et grotesque, où les USA tiennent dans leur tourbillon de mensonges et de narrative le rôle des capi du crime organisé, la “preuve indubitable” est comme d’habitude une photo satellite où n’importe qui peut voir ce qui lui importe, et où une chatte se tromperait complètement dans le décompte de ses petits. Bolton affectionne cette sorte d’interventions et cette sorte de “preuve indubitable”.

... Au reste, cela importe-t-il vraiment de savoir si Bolton est là ou n’est pas là, dans sa position d’influence et de soi-disant acteur central ? Le titre de l’article de Wight, – « La mise à l’écart de John Bolton par Trump permet au reste du monde de respirer plus librement », – ce titre sur le “soulagement du monde” du fait d’une éventuelle élimination de Bolton est-il justifié ? Poser la question, certes, c’est y répondre...

“Sauvagerie” de la “politique” US

Ci-dessous, nous terminerons cette analyse par un texte détaillé de WSWS.orgsur les derniers développements de la crise iranienne, du côté américaniste où l’on s’agite beaucoup depuis des semaines et des années, sinon des décennies. Comme d’habitude avec WSWS.org, ce texte est détaillé, bien documenté avec de bonnes citations de l’hypocrisie de la presseSystème, et il met ainsi en évidence, on s’en doute, la fourberie, la vindicte, en un mot la “sauvagerie” de la politique américaniste. (“Sauvagerie” est un terme très adéquat, implicite dans l’analyse de WSWS.org : « Trump lui-même oscille sauvagement entre les offres de négociations et les menaces de guerre totale. »)

Il nous semble qu’il faut le lire, moins pour les informations qu’il nous apporte et qui sont intéressantes mais en général connues, que pour sa façon peut-être involontaire de décrire in vivo une sorte d’archétype de la “politique” de sécurité des États-Unis. On y retrouve la plupart des facteurs constitutifs de cette “politique” qui accepterait aisément la qualification de “non-politique”, – tout à fait avantageuse, cette “politique”/“non-politique”, parce qu’elle évite à coups de bombes et de $millions c’est selon les nuances et les délicatesses épuisantes de la diplomatie.. Bref, voici quelques-uns de ces facteurs :

• L’alignement constant des politiques américaniste et israélienne. On sait qu’il s’agit là d’une remarque critique fondamentale de la plupart des commentateurs dissidents, fondée sur l’idée d’une soumission complète des USA aux axes fondamentaux de la politique israélienne. Nous prendrions la chose d’une façon différente, selon notre habitude d’écarter les hypothèses de la maîtrise humaine des événements (ici, la manipulation des USA par Israël), au profit d’un automatisme général d’obéissance de ces deux acteurs au diktat de ce que nous nommons depuis des années “politiqueSystème, – cette chose ayant été identifiée pour notre compte autour de 2009-2010, lorsqu’il apparut que la politique d’Obama ne différerait pas de la politique de GW Bush, sinon par des artifices cosmétiques qui permettraient de ripoliner l’image vertueuse d’Obama auprès de ses divers fans et groupies libéraux-progressistes. Ainsi Trump lui-même se place-t-il à cet égard, avec un peu plus de brusquerie et de “sauvagerie”, dans les traces de ses prédécesseurs, soigneusement peintes d'une très vive couleur par la politiqueSystème.

• L’unilatéralisme constant de la “politique” US, absolument sans le moindre souci de coopération ni de respect de certaines règles internationales. Les “alliés” européens des USA, notamment, subissent régulièrement les effets de ce comportement avec d’autant plus de brutalité qu’il s’agit de Trump, qui ne s’embarrasse d’aucune précaution à cet égard. (Macron a pu s’en apercevoir à l’occasion des contrastes et contradictions observés entre le G7 et les suites du G7, notamment et justement pour ce qui concerne l’Iran.)

• Le comportement totalement semblable à celui du crime organisé, – les capi deCosa Nostra, – avec utilisation du chantage, de la corruption directe et affichée, de l’absence complète de scrupule dans les actes les plus grossiers. Ce comportement découle évidemment du précédent et s’affiche avec “sauvagerie” du fait toujours de l’état d’esprit de l’équipe Trump, des psychologies aussi bien de Trump que des pieds-nickelés du type Bolton-Pompeo. 

• L’ensemble de cette “politique” est animée, du fait de Trump lui-même et de sa formation fondamentale de businessman américaniste nous la jouant sur l’air de The Art of the Deal, avec l’utilisation massive de “mensonges” constants et dans tous les sens. Cela est fait avec une telle maestria, un tel affichage et un tel sans-gêne, que le mot “mensonge” mérite effectivement des guillemets parce que l’on est conduit à constater que ce que nous jugeons d’habitude comme un mensonge n’en est plus un. Il s’agit de simples automatismes sémantiques figurant comme des éléments d’une mécanique générale n’engageant strictement aucune responsabilité ni référence par rapport à ces choses nommées “réalité”, “vérité”, “parole donnée”, “respect” de toutes sortes de conventions imaginées comme étant communes à tous, etc. A cet égard et dans la production de son action dans quelque sens que ce soit (disons pro-Système ou antiSystème pour faire court), Trump est véritablement un “sauvage” qui, du fait de son éducation, de sa pratique et de son caractère, a poussé à son sommet The Art of the Savagery.

L’oeuvre zombificatrice de la politiqueSystème

On observera une fois de plus, car c’est bien l’élément central du propos, que toute cette fantastique agitation, essentiellement faite de communication bien entendu et comme il se doit, donne un résultat proche du néant et un effet général, aussi bien central que collatéral, du plus complet désordre possible. A cet égard, la politiqueSystème vaut, aussi bien pour Israël que pour les USA, comme une complète néantisation du concept de politique. Ce n’est pas une surprise pour la politiqueSystème et réduit d’autant les acteurs à leur rôle d’“outils utiles” de cette politique ; les acteurs, c’est-à-dire Israël et les USA dans ce cas, le nihilisme total et brutal de la politique israélienne de Netanyahou étant le meilleur argument pour expliquer son influence sur les USA, bien plus que les diverses entreprises humaines dont on habille cette situation.

Pour tenter de hausser le propos, nous rappellerons ici, extrait (conclusion) de notre Glossaire.dde sur ce sujet, à quoi correspond, selon nous, du point de vue que nous voudrions métahistorique, cette notion de politiqueSystème. Il s’agit nécessairement d’une notion, et aussi d’un concept, qui se trouve dans le domaine extrahumain et qui, dans le temps-courant de notre “étrange époque”, influence massivement sinon exclusivement toutes les entreprises humaines du domaine, grâce évidemment à la surpuissance du système de la communication que nous qualifierions dans ce cas du néologisme aisément compréhensible et justifié de “zombificatrice” (influence zombificatrice du système de la communication, – pour ce cas) :

« La politique-Système ne peut être comprise par conséquent que par rapport au Système dans la mesure extrêmement stricte et précise où l’on envisage celui-ci comme la création du “déchaînement de la Matière”, pour sa propre opérationnalité. On se trouve alors devant un projet, cette politiqueSystème, dont le but se confond avec ce “déchaînement”, et qui se traduit par la recherche d’une entropisation totalitaire du monde, c’est-à-dire la destruction de toutes les structures de façon à permettre l’accélération de la dissolution jusqu’à l’état d’entropisation, jusqu’à attaquer ses propres structures puisqu’elles sont les seules à subsister intactes. En toute logique, la politiqueSystème qui est aujourd’hui en pleine opérationnalisation explosive du passage vers l’autodestruction doit illustrer, peut-être précéder plus que suivre, le destin métahistorique fondamental du Système lui-même, c’est-à-dire avec cette opérationnalisation atteignant l’extrême de sa superpuissance et, en même temps, se transmutant dans une dynamique d’autodestruction. Les signes événementiels de ce destin dans le cadre où nous évoluons sont désormais évidents sinon décisifs, comme on l’a vu plus haut avec la crise USA-2016 qui doit se poursuivre sous diverses formes exotiques, notamment avec des effets psychologiques extraordinaires (voir le diagnostic “leurs têtes vont exploser” emprunté à Charles Krauthammer). »

... Mais revenons sur terre, si jamais nous l’avons quittée... Il s’agit donc d’une description de l’état de la “politique” iranienne des USA, de Washington D.C./“D.C.-la-folle”, disons après les prolongements divers de ces deux ou trois dernières semaines. (Il faut toujours avoir à l’esprit que les USA poursuivent cette politique d’agression et de regime change contre l’Iran depuis 1979, et, dans un souffle renouvelé depuis 9/11, selon une vision quasiment mystique de leur Mission définie en 2005 [voir le discours-Dostoïevski de GW Bush de janvier 2005], avec des menaces d’attaque reconduites et réactualisées de période en période. On appréciera les résultats.)

Bref, et pour répondre à la question posée plus haut (“...ce titre sur le “soulagement du monde” du fait d’une éventuelle élimination de Bolton est-il justifié ? Poser la question, certes, c’est y répondre...”) : “Avec ou sans Bolton”, qu’importe puisque “plus ça change plus c’est la même chose”...

Le texte ci-dessous a paru sur le site WSWS.org ce 7 septembre (sous le titre : « Washington intensifie sa campagne de “pression maximum” contre l’Iran »). Si on le lit avec l’état d’esprit recommandé, on sent effectivement cette sensation de vide et de rien, – non pas du “hors-sol”,  comme l’on dit si élégamment sur les plateaux des talk-showssimplement parce qu’il n’y a plus de sol depuis longtemps. Nous évoluons dans une sorte de gaz incertain, parcouru de “bruits et de fureurs”, et qui signifie bien quelque chose : l’épuisement total des forces dominantes, essentiellement des USA, sans que rien ne puisse les remplacer dans l’état actuel parce que leur pouvoir négatif (nuisance, désordre, néant-rien) reste prépondérant... Il apparaît de plus en plus probable que ce que nous attendons viendra de l’intérieur des USA, et ce sera la cause ou la conséquence de “l’événement providentiel”.

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“Pression maximum” contre l’Iran

« Cela fait maintenant un peu plus d’un an que Washington a réimposé des sanctions économiques contre l’Iran qui équivalent à un état de guerre. Les mesures punitives avaient été précédemment levées avec la signature de l’accord nucléaire iranien, officiellement connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA), qui a été négocié entre Téhéran et les grandes puissances en 2015.

» En abrogeant l’engagement américain à cet accord, en violation flagrante du droit international, l’administration Trump s’est lancée dans une stratégie d’agression américaine et de changement de régime en Iran. Cela s’est traduit par l’escalade constante d’une campagne de “pression maximale” qui vise à affamer le peuple iranien et à le soumettre. En même temps, les États-Unis consolident leurs forces militaires dans le golfe Persique en vue d’une intervention armée.

» L’objectif déclaré de la campagne “pression maximale” est de ramener à zéro les exportations pétrolières de l’Iran, qui représentent la part la plus importante des recettes du pays. Selon la plupart des estimations, les pressions américaines ont réduit les exportations de pétrole brut iranien d'environ 80 pour cent.

» Trump s’est réjoui des effets des sanctions lors d’une conférence de presse de la Maison-Blanche mercredi. “Ils ont un gros problème”, a-t-il dit. “Ils se font tuer, financièrement. Leur inflation est à un niveau auquel peu de gens ont déjà vu l’inflation.”

» Les mesures prises par les États-Unis constituent un acte criminel de punition collective contre les 83 millions d’Iraniens. En plus de réduire les revenus d’exportation du pays, le régime de sanctions américain a également exclu l’Iran du système financier mondial dominé par les États-Unis. Cela entrave gravement la capacité du pays à importer des produits de première nécessité, notamment des denrées alimentaires et des médicaments qui sont techniquement exemptés du blocus américain.

» En conséquence, des enfants dans les services de cancérologie se voient refuser les médicaments nécessaires pour combattre la maladie et meurent en nombre croissant. Les médicaments importés qui sont disponibles sont rares et leur prix a grimpé en flèche. Les sanctions financières ont perturbé les chaînes d’approvisionnement de l’importante industrie pharmaceutique iranienne, réduisant encore la disponibilité des médicaments et condamnant beaucoup d’autres à une mort précoce. Parmi les travailleurs iraniens, ceux qui ne sont pas carrément tués par les sanctions sont de plus en plus plongés dans la pauvreté et la faim. Les coûts de la nourriture, du logement et des autres produits de première nécessité montent en flèche.

» Cependant, rien ne prouve que les sanctions aient déstabilisé le gouvernement iranien. Sa principale base, la classe dirigeante capitaliste iranienne, continue de récolter des profits. Toutefois, les masses de travailleurs font face à des conditions de plus en plus désespérées.

» Washington monte progressivement un siège militaire contre l’Iran. À la fin du mois dernier, elle a lancé sa prétendue initiative conjointe en matière de sécurité maritime dans le golfe Persique. Elle avait pour mission de surveiller les pétroliers et les navires marchands autour du détroit d’Ormuz. C’est par là que passe un tiers du pétrole maritime mondial. Les seuls pays qui participent aux opérations du Pentagone — et avec des déploiements minimes — sont le Royaume-Uni, l’Australie et Bahreïn.

» L’annonce de l’opération navale américaine a suivi de quelques jours une admission publique de Donald Trump. Ce dernier a avoué qu’il avait été à dix minutes de lancer des missiles sur des cibles iraniennes. Les attaques étaient censées être des représailles contre l’Iran qui avait abattu un drone-espion américain survolant son territoire. Trump a annulé l’assaut non pas, comme il l’a prétendu, par souci pour la vie des Iraniens. Au contraire, ses généraux l’avaient prévenu qu’une telle attaque provoquerait des représailles qui pourraient tuer un grand nombre de soldats américains et couler des navires de guerre américains dans le golfe Persique.

» Depuis lors, Washington n’a cessé de chercher un moyen d’intensifier ses efforts en vue d’un changement de régime en Iran. Mercredi, l’Administration Trump a dévoilé une nouvelle série de sanctions radicales visant à paralyser les exportations de pétrole de l’Iran. Affirmant que le réseau maritime utilisé pour échapper aux sanctions unilatérales de Washington est géré par la force iranienne des Gardes de la révolution islamique – la Force Quds, l’Administration a menacé de cibler toute “personne non américaine qui fournit sciemment des biens, services ou soutiens importants” aux expéditions de pétrole iranien par des sanctions punitives. “Le fait de ne pas en tenir compte […] emporte de graves conséquences”, a déclaré un responsable de l’Administration au Washington Post.

» Alors même que l’administration annonçait une prime de 15 millions de dollars pour toute personne fournissant des informations servant à perturber le réseau maritime, il a été révélé que l’envoyé spécial de l’Administration en Iran, Brian Hook, avait personnellement contacté le capitaine de l’Adrian Darya, le pétrolier iranien saisi le 4 juillet dernier par les Royal Marines britanniques au large de Gibraltar et détenu pendant presque six semaines avant sa libération.

» Hook a envoyé un courriel au capitaine, un ressortissant indien, s'identifiant comme “le représentant des États-Unis pour l'Iran” et offrant un pot-de-vin de plusieurs millions de dollars s'il se rendait dans un port où le navire pourrait être saisi par les forces américaines sous prétexte d'appliquer les sanctions extraterritoriales imposées par Washington.

»  “Avec cet argent, vous pouvez avoir la vie que vous voulez et être à l’aise dans la vieillesse”, a écrit Hook dans un courriel à Kumar. “Si vous choisissez de ne pas suivre cette voie facile, la vie sera beaucoup plus dure pour vous.” Le capitaine n’a pas choisi “la voie facile” et a été pris pour cible par le département du Trésor américain avec des sanctions individuelles.

» “Après avoir échoué dans la piraterie, les États-Unis ont recours au chantage pur et simple: livrez-nous le pétrole iranien et vous recevrez plusieurs millions de dollars ou vous allez susciter des sanctions contre vous-même”, a tweeté mercredi le ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.

» Ces méthodes ont toute la dignité d’un homme de main de la mafia. C’est une classe dirigeante criminelle qui les emploie. La classe dirigeante américaine s’engage dans des guerres d’agression interminables depuis trois décennies. Elle tente désespérément d’inverser par des moyens militaires le déclin de l’hégémonie mondiale de l’impérialisme américain.

» L’imprudence de la politique américaine à l’égard de l’Iran ne peut s’expliquer que par la profonde crise que traverse le capitalisme américain, tant à l’échelle nationale que mondiale. Trump lui-même oscille sauvagement entre les offres de négociations et les menaces de guerre totale.

» Au sommet du G7 le mois dernier, il a semblé accepter la proposition du président français Emmanuel Macron d’accorder une ligne de crédit de 15 milliards de dollars à l’Iran. Cela était censé convaincre l’Iran de continuer à respecter les termes du JCPOA. » L’Iran devait échanger une sévère réduction de son programme nucléaire contre une levée des sanctions qui ont été réimposées par Washington. L’invitation de Macron au ministre iranien des affaires étrangères, Zarif, à des pourparlers au sein du G7 était considérée comme une préparation aux négociations directes entre les États-Unis et l’Iran.

» Mercredi, toutefois, Washington a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de permettre à la France de conclure l’accord. De surcroît, Trump a dit aux journalistes qu’il n’avait pas besoin de Macron pour parler à l’Iran. Les responsables de l’Administration qui se sont adressés aux médias ont rejeté le “programme français”, exposant les conflits aigus entre l’Europe et l’Amérique sur la question iranienne.

» La menace que l’escalade des tensions provoquée par la campagne “pression maximale” de l’impérialisme américain n’éclate en une guerre totale a été soulignée par un long article publié mercredi dans le New York Times sur la collaboration prolongée entre Washington et Israël concernant l’Iran.

» Citant des responsables américains et israéliens, l'article indique clairement que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, envisage activement le lancement d'une frappe militaire unilatérale contre les installations nucléaires iraniennes, une action qui recevrait le feu vert de la Maison Blanche de Trump. Face à une crise politique croissante et à la menace de poursuites pénales, Netanyahou a ordonné ces dernières semaines des frappes militaires israéliennes contre des cibles qui seraient liées à l'Iran en Syrie, en Irak et au Liban.

» L’article soulignait également le caractère bipartite de la longue campagne américaine pour un changement de régime en Iran. L’article affirme que Trump a hérité d’une arme déjà chargée: des plans militaires pour une frappe en Iran qui avaient été méticuleusement affinés pendant les années Obama. L’article du Times cite comment, sous l’Administration d’Obama, le Pentagone a construit une réplique grandeur nature de l’installation nucléaire iranienne de Fordow dans un désert du sud-ouest des États-Unis, la détruisant avec une bombe de 30.000 livres conçue par l’aviation américaine.

» Malgré les différences tactiques qui existent entre les Démocrates et l’Administration Trump, on peut dire qu’il n’existe aucune fraction au sein de l’establishment américain au pouvoir qui s’oppose aux préparatifs incessants pour une troisième guerre mondiale.

» Il existe une profonde hostilité populaire à la guerre — et une profonde méfiance à l’égard des mensonges du gouvernement et des médias corporatifs utilisés pour la promouvoir — qui ne trouve aucune expression dans le système politique existant. La résurgence de la lutte de classe, tant aux États-Unis qu’à l’échelle internationale, fournit cependant les bases de l’émergence d’un mouvement de masse contre la guerre fondé sur la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière dans la lutte pour le socialisme. »

Bill Van Auken, WSWS.org