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50948 août 2019 – Les fusillades d’El Paso et de Dayton aux USA (plus de 30 morts en additionnant les deux attaques) ont été aussitôt perçues comme un nouvel épisode de la polémique “légalité contre interdiction” de disposer d’armes à feux, de la vente libre de ces armes à feu, de la validité du Deuxième Amendement de la Constitution, etc. Ainsi en a-t-il été le cas essentiellement en Europe, essentiellement à Paris, pour ce qui est de la perception et du sempiternel débat qui s’ensuit. Ce n’est pas dire, dans l’éventuelle ironie qu’on distinguerait dans cette introduction, que ce débat n’a pas d’importance, c’est dire plutôt que dans la vérité-de-situation aux USA il est dépassé.
Les deux attaques de El Paso et de Dayton ont déclenché un débat où s’opposent in fine deux conceptions fondamentales, le véritable enjeu du débat même s’il n’est pas dit comme nous le faisons, – et ce véritable enjeu n’étant rien moins que la guerre civile aux USA ; ce pourquoi nous nous permettons de laisser de côté les jolies et exaltantes questions de morale et de civilisation (voir ci-dessus) qui enchantent nos salons parisiens dès qu’il est question des USA, pour avancer ce qui nous paraît l’essentiel du fond du débat :
• D’un côté qui est celui de la gauche progressiste-sociétale, il faut interdire ou saisir les armes pour neutraliser en les désarmant les partisans de Trump, ou disons plus largement, les conservateurs et populistes (souvent les “Deplorables”, avec un segment d’intellectuels libertariens et paléoconservateurs) qui risqueraient de réagir avec violence si les conditions imposées par la gauche progressiste-sociétal au niveau de la communications (qu’elle domine) et de la terrorisation sociétale (qu’elle maîtrise) les y poussaient ;
• De l’autre côté, celui des “trumpistes & conservateurs-populistes, il y a la volonté de conserver des armes en prévision de ce qui est de plus en plus considéré comme la probabilité d’un affrontement de guerre civile avec la gauche progressiste-sociétale.
• Tout cela, qu’un humoriste résumait en se référant au Deuxième Amendement, pour s’exclamer que “le Deuxième Amendement n’autorise pas seulement la disposition d’armes à feu, il autorise tout simplement la guerre civile !”
(SelonWikipédia :« Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique reconnait la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice [“bien organisée”] pour contribuer “à la sécurité d'un État libre”, et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de porter des armes. »)
C’est là l’arrière-plan indiscutable et significatif de ces deux fusillades, d’autant plus remarquables que celle d’El Paso a été commise par ce qui est identifié comme un suprémaciste blanc et très largement commentée dans le sens qu’on imagine, couverte d’opprobres diverses et de dégoûts épouvantables, etc., tandis que celle de Dayton, commise par ce qui a de bien fortes chances d’être identifié comme un “Antifa” (“antifasciste” du côté progressiste-sociétal), a fort peu intéressé le système de la communication et ses nombreux commentateurs dont l’humanisme est extrêmement connu et reconnu. (Dans tous les cas, tant qu’il est possible qu’il s’agisse d’un “Antifa” il est recommandé de faire opprobre très douce, sinon inaudible.)
Il est à noter la chose importante que, dans de telles conditions, la réaction de Trump a été très mal perçue du côté de nombre de ses soutiens, ou de ceux qui le soutiennent objectivement par hostilité aux progressistes-sociétaux. Ainsi, l’auteur incognito Washington Watcher IIprésenté comme un personnage très introduit dans les arcanes washingtoniennes, écrit-il sur l’excellent site de référence des conservateurs indépendants UNZ.com, le 7 août 2019 :
« Le président Donald Trump a réagi de la pire façon possible aux fusillades d'El Paso et de Dayton. Il a appelé au contrôle des armes à feu, à la peine de mort pour les“crimes haineux” et à plus de censure sur les réseaux sociaux. C'est un plan que [la sénatrice démocrate de la gauche progressiste-sociétale] Kamala Harris envierait et qui, s'il était mis en œuvre, laisserait le gouvernement fédéral faire taire les électeurs de Trump sur les médias sociaux et saisir leurs armes à feu. Trump a également envisagé que son plan devrait être jumelé à une “réforme de l'immigration”, – un terme qu'il n’a pas défini mais qui, ordinairement, signifie “amnistie pour les illégaux”. Au lieu de défendre ses partisans ou de se concentrer sur le tireur d’Antifa de Dayton, il a complètement endossé la narrative de la presseSystème. Il n'a reçu aucun crédit pour cela de la part des démocrates et les journalistes continuent de blâmer le président pour le massacre d'El Paso (et certains même pour Dayton). La réponse désastreuse du président a été l'un des points les plus bas de sa présidence et pourrait lui coûter sa réélection. »
Peut-être Trump, qui n’en est assurément pas à une variation près dans son itinéraire politique, s’est-il avisé de la contre-productivité de ses réactions auprès de ses électeurs, pour un gain dérisoire chez ses adversaires (comment s’imaginer une seconde que le parti des progressistes-sociétaux abandonnerait une seconde la haine cosmique qu’il entretient contre lui ?). Cela n’est nullement assuré, ce président-bouffe n’ayant jamais brillé ni par la logique de ses actes dans différents domaines, ni par la logique de l’expérience, ni par la logique de l’autocritique...
Quoi qu’il en soit : dans les deux jours qui ont suivi les attaques et sa réaction décrite comme si catastrophique notamment pour les mesures éventuelles qu’il annonçait contre les réseaux sociaux dits-“haineux” (qualificatif pour désigner les conservateurs dans la novlangue progressiste-sociétale), Trump a signé un texte qui semble constituer une tentative très sérieuse de réduction des activités de censure des grandes sociétés High Tech de l’internet (les GAFA), activités de censure spécifiquement identifiées comme orientées contre les mêmes réseaux conservateurs (dits-“haineux”, etc.)...
Ainsi est décrite l’action de Trump, sous le jour favorable du commentaire de Michael Snyder :
« ll semble que le président Trump s'apprête à tenter de frapper durement les grandes entreprises des médias sociaux, type-GAFA. Selon‘Politico’, l'administration de Trump est en train de rédiger un décret exécutif qui “s'attaquera à la prétendue partialité anti-conservatrice de la Silicon Valley”. C’est tout à fait dans l'intérêt du Président Trump de le faire. Les médias sociaux ont joué un rôle-clef pour l'aider à gagner en 2016, mais depuis, nous avons assisté à une vague de censure sans précédent sur les principales plateformes de médias sociaux, et la majeure partie de cette censure a été dirigée contre les voix conservatrices. Si le président Trump ne fait rien, il est difficile de voir comment il va gagner en 2020, et c'est bien sûr précisément ce que veulent les dirigeants de gauche des grandes entreprises de médias sociaux.
» En fin de compte, il faudrait une loi du Congrès pour faire tout ce qui doit être fait, mais le président Trump doit être félicité pour essayer de faire ce qu'il peut par lui-même. Apparemment, Politico a pu s'entretenir avec trois sources distinctes qui sont familières avec la rédaction de ce nouveau décret exécutif, et après avoir parlé à chacune d'elles, Politico est arrivé à la conclusion que l'administration Trump est très sérieuse quant à “l’exercice du pouvoir du gouvernement fédéral contre Silicon Valley”. »
(Il est à noter, complémentairement, que le groupe républicain au Congrès a décidé hier de prendre des mesures de rétorsion contre Twitter, en supprimant toute publicité sur ce réseau, à la suite d’une décision de blocage du compte de campagne Twitter du sénateur McConnell, président de la majorité républicaine au Sénat. Cela donne une indication plutôt positive de la façon dont le Congrès pourrait soutenir Trump dans son attaque contre les GAFA & Cie.)
D’une façon générale et à l’occasion des tueries d’El Paso et de Dayton, on observe la multiplication d’analyses, de mises en garde, et même de conseils tactiques en prévision d’une “guerre civile”. La plupart de ces attitudes sont observées à droite (conservateurs), dans la mesure où la droite a la sensation assez justifiée d’être surclassée dans les champs de la communication (PresseSystème, Hollywood, GAFA, industrie de l’entertainment, etc.) et du juridique, avec une forte majorité de juges de tendance progressiste-sociétale, – c’est-à-dire, pour la droite conservatrice, sans puissance suffisante dans ces domaines fondamentaux pour parvenir à une position politique dominante.
On pourrait citer nombre d’exemples de ce type d’analyses, jusqu’à ce John McAfee, expert de cybersécurité âgé de 73 ans qui vous explique « comment vous armer jusqu’à vos putains de dents avec des armes israéliennes, qui sont les meilleures putains d’armes du monde ». Certaines analyses d’autre part sont presque humoristique bien que des révélations d’une réelle valeur politique s’y glissent parfois, et surtout l’on y retrouve aussi bien cette constante certitude de la proximité d’un conflit.
Ainsi, cette interview d’un politologue un peu voyant-mage et futurologue, Charles Nenner, créateur de la théorie des ‘cycles de guerre de 60 ans’, avec un zeste guénonien mais en séquence ultra-rapprochée ; Nenner qui vous explique la proximité d’un conflit, qui ajoute que Poutine l’a consulté, que personne ne s’en est soucié aux USA, qu’enfin “à l’Est” ils sont plus ouverts à l’ésotérisme et moins prisonniers du rationalisme que l’on ne croit, – donc en avance sur la perception intuitive et extra-sensorielle des événements catastrophiques...
Finalement, l’anecdote à l’aéroport US où Nenner a failli être mis à mort pour avoir dit ‘toilettes pour hommes’ au lieu de la formule omnigenders désormais seule permise donne beaucoup de crédit à ces déclarations décousues faites à Greg Hunter sur USAWatchdog.com, tout cela fixant l’atmosphère exactement de tragédie-bouffe régnant aux USA :
« Charles Nenner, expert reconnu en géopolitique et en cycle financier, pense que la probabilité d'une guerre et de troubles civils s'annonce dans un cycle intense qui ne s'était pas vu depuis des décennies. “Il y a des années, explique Nenner, lorsque nous avions parlé de mes cycles de guerre, j’avais dit que je m'inquiétais davantage de la guerre sociale interne aux États-Unis que des guerres externes. Je pense qu'il y a plus de possibilités pour cela aux États-Unis qu'en Europe. Ils disent que c'est la faute de Trump. Je dis que c'est l'inverse. Si les démocrates se contrôlaient un peu plus et que les gens ne se laissaient pas autant entraîner par leur colère... Les médias seront toujours dans l'autre camp, donc ils n’aideront jamais à la dissipation du conflit. Je pense que c'est la faute des démocrates, et non des républicains, si tous ces assassinats ont eu lieu... Il y a donc un cycle de troubles sociaux aux États-Unis, qui dure 60 ans. Donc, si vous prenez comme référence ce qui s'est passé dans les années 1960, il serait sur le point d’exploser et je pense qu'il va exploser, et il va y avoir un problème majeur... Je ne sais pas à quel point la situation va s'aggraver, mais d'après la logique des cycles, elle devrait être pire que dans les années 1960. Chaque cycle est toujours pire... La Seconde Guerre mondiale a été pire que la Première, vous voyez, chaque cycle est pire que le précédent... Je ne me sens plus du tout à l’aise aujourd’hui aux États-Unis parce que les gens sont tellement agressifs à tout propos. Je suis allé à l'aéroport l’autre jour, j’ai demandé où étaient les toilettes pour hommes et ils ont failli me tuer. Ils ont dit qu'il n'y avait pas de toilettes pour hommes. Cela s’appelle désormais une “salle pour des personnes”. J’ai dit que j'étais désolé, qu’il n’était pas nécessaire d’être si agressif.”
» Sur le plan externe, le cycle de guerre de Nenner comporte également beaucoup de risques. Nenner explique : “Une erreur et ça pourrait enflammer toute la situation. Maintenant, nous avons ce truc avec la Russie. Ça peut venir de n'importe où. C’est vraiment une période très dangereuse.”
» Nenner a attiré l'attention de certains dirigeants mondiaux parce qu'il prévoit un cycle de guerre à venir. Il raconte : “Je vais vous dire un secret que je n'ai partagé avec personne. Vous savez que j'ai été approché par une délégation russe en 2012 et j'ai été invité en Russie parce que Mr. Poutine a eu connaissance de mes ‘cycles de guerre’ et il était très intéressé. J’y ai donc été et je viens de vous donner un indice sur ce qui se passe dans les coulisses... Si vous regardez mon site web, vous me voyez sur Moscou Canal 1, avec Poutine.”
» Finalement, Nenner ne divulguera pas ce qu'il a dit à Poutine au sujet de son travail sur le ‘cycle de la guerre’, mais il ajoute qu'il a “travaillé aussi avec le gouvernement chinois, et les gens à l’Est sont enclins à l’ésotérisme et pas aussi rationnels que l'Ouest aime le croire... Je trouve intéressant de voir que j'étais à la télévision avec Poutine et qu'aucun Américain ne m'a jamais approché pour me demander ce qui se passe là-bas. Voilà, on peut dire que le monde entier est en plein désarroi.”»
Autre gourou fameux, Doug Casey, de Casey Research, parlant le 5 août à la chaîne KitkoNews :
« “Je pense, comme je le pense depuis longtemps, que nous nous dirigeons vers un désastre aux proportions véritablement historiques”, a déclaré Casey à Kitco News en marge du Silver & Gold Summit à San Francisco. Casey a ajouté que ce niveau d'animosité peut être comparé à une “guerre civile”. »
L’idée de la “guerre”, ou “guerre civile” est désormais entrée dans tous les esprits américaniste, à cause d’une psychologie collective (américaniste) absolument exacerbée. D’une certaine façon, c’est une mode, c’est presque un truisme relevant paradoxalement d’un Politiquement-Correct (PC) qui affecterait moins la pensée que la perception, et plus la psychologie que l’esprit. En un sens, tout le monde doit percevoir la perspective d’une “guerre civile”, même si les facteurs objectifs d’un tel conflit ne sont pas réunis naturellement, et tout le monde éprouve des réflexes et oriente sa perception comme si ces conditions étaient réunies ; et tout cela finit par effectivement construire une sorte de simulacre temporaire, comme une sorte de sas, où la perception de tous “les facteurs objectifs d’un tel conflit” finit par prendre le dessus, et le simulacre devenant alors une vérité-de-situation qui contient effectivement la perspective quasiment inéluctable du conflit de la guerre civile.
(Ainsi et comme on l’a vu, la question de la vente libre ou non des armes à feu devient-elle une question d’armements de ceux qui vont affronter la guerre civile, ou bien la déclencher, ou bien se défendre contre elle, etc.)
La situation est en effet si complexe, de narrativeen simulacres à une époque où la réalité est pulvérisée, qu’il faut effectivement passer par des sas qui sont des artifices de cette situation, disons des simulacres pour ce cas, pour s’acheminer vers ce que nous nommons une vérité-de-situation. Nous passons par des constructions artificielles de la psychologie pour déboucher sur la vérité de l’inéluctabilité du conflit.
Cette voie vers la guerre civile est bien ce qui nous paraît conduire à la vérité-de-situation essentielle. Les USA ont besoin d’enfin aboutir à ce paroxysme qui les libérera de l’épuisante attente de la catastrophe nécessaire, attente fiévreuse dans laquelle ils se trouvent actuelklement. Les USA sont tout entier construits sur la fameuse formule du plus fameux d’entre tous (Lincoln, of course), étant entendu que la tragédie-bouffe qu’est ce pays ne peut prétendre en aucune façon “éternellement survivre”, selon une formule d’ailleurs bien malheureuse, comme si l’éternité pouvait être définie par une “survivance”...
« Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant. »
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