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6264• On peut dire avec certitude : 2023 fut l’année de l’entrée en agonie, en “phase finale” dit la ‘science’ médicale, de ce qu’on peut nommer indifféremment “l’empire américaniste” ou “le complexe du pouvoir américaniste-occidentaliste sur le monde”. • Donc, selon Mercouris, « ce qu’on peut désigner pour l’instant comme l’année la plus importante du XXIème siècle ». • Pour tout le monde sauf les fous Biden-neocon, qui pour s’en réjouir qui pour le déplorer, 2024 est l’année où nous entrons en terra incognita, ou encore « in Uncharted Waters ». • Il serait d’acceptable logique de mettre en parallèle ce 2023 et l’année 410 qui vit l’investissement de Rome par les Wisigoths d’Alaric, événement qu’on a coutume symboliquement d’en faire la chute de l’empire romain (il ne s’agit pas de la seule invasion de Rome, mais le symbole est là). • En comparant les deux évènements, on remarque l’extraordinaire vitesse de la connaissance de l’événement-2023 et l’extraordinaire inconscience, paresse du jugement atrophié, caractérisant notre attitude-2023. • On s’interroge : où se trouve donc le progrès ?
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1er janvier 2024 (16H50) – Rien à faire : l’homme est prisonnier des symboles qui lui révèlent d’une façon spectaculaire, consciente ou inconsciente, des vérité-de-situation qu’ils ressentaient ou pas. Le passage, le Jour de l’An d’une nouvelle année est l’un de ces symboles que retiendra l’Histoire en reconnaissant toute la puissance de la métahistoire. Ainsi de 2023 à 2024, – voici notre “Happy New Year” lancée au monde-nouveau !
Ou, comme le dit notre ami Alexander Mercouris qui fut et reste l’un de nos meilleurs compagnons de route du commentaire libre-dissident, qui saisit parfaitement combien cette année 2023 a élargi et agrandi les perspectives catastrophiques dont la trame fut mise en place en 2022 :
« L’une des années les plus importantes du XXIème siècle, peut-être même ce qu’on peut désigner pour l’instant comme l’année la plus importante du XXIème siècle, l’année où l’on peut commencer à voir clairement à la fois les signes d’une détérioration globale des positions, je ne dirais pas des États-Unis parce que les États-Unis sont une nation, mais plutôt d’un complexe global de pouvoir qui existe non seulement dans ce pays mais au travers de cet ensemble que l’on désigne désormais comme l’Occident-collectif [nous disons bloc-BAO]... L’année où l’on commence à voir que leur puissance globale est en train de sérieusement s’éroder, se dissoudre, se désintégrer...
» Ils se sont brusquement trouvés stupéfaits de voir leur grande opération militaire en Ukraine confrontée à un échec, ils ont été complètement choqués de voir les Russes les dépasser irrésistiblement dans le domaine de la production de systèmes d’armes et faire face aux sanctions considérables qu’ils avaient immédiatement lancées contre eux...
» C’est aussi l’année où nous avons vu de plus en plus de nations rejoindre le système des BRICS pour construire une nouvelle architecture commerciale et financière... »
Est-il nécessaire d’aller plus loin ? Cela se déroule sous nos yeux, littéralement jour après jour, et même à ce point d’une monstruosité de perception où les habitants de cet Occident-collectif ne voient même pas ce qui leur arrive et que tout le monde clame autour d’eux, parce qu’ils ne sont plus capables que de regarder sans voir ce qui les aveugle.
Exemple-type ? Bien entendu, comme c’est le cas en France qui est connu dans l’histoire comme la ‘Grande Nation’ et le grand pays de l’intelligence, où il est des affaires bien plus urgentes et conséquentes que les fariboles dont Mercouris a commencé à énumérer la liste. L’arrière-petit-fils du prestigieux général de Castelnau l’a justement noté le 29 décembre de l’année passée, 2023 :
« La presse-système française aux mains de l’oligarchie, se fait désormais une spécialité de lancer de plus en plus fréquemment des lynchages médiatiques géants. L’aspect diversion pour détourner l’attention des véritables problèmes qui accablent notre pays, est une évidence. Il vaut mieux en effet clouer Gérard Depardieu au pilori, plutôt que d’informer sur l’effondrement politique, économique et sécuritaire de notre pays, sur la catastrophe qui attend l’Europe, sur la défaite de l’OTAN qui se profile et sur le massacre des enfants que poursuit résolument l’État d’Israël à Gaza. Et sur la guerre mondiale qui se profile. »
Peut-être aurions-nous un réflexe différent de ce que nous expose Régis de Castelnau, d’y voir une « diversion pour détourner l’attention des véritables problèmes qui accablent notre pays ». On pourrait tout aussi bien croire, et peut-être mieux de notre point de vue, à une véritable franchise d’irresponsabilité et à une sorte de handicap cognitif qui les rapprochent de Joe Biden ; croire qu’après tout, mais oui, l’“affaire Gérard Depardieu” est au fond du fond du fond d’une importance, disons symbolique, ou civilisationnelle, supérieure à celle des tueries ukrainiennes, des massacres de Gaza, de l’immense basculement qui fait de 2023 une borne acceptable pour dater la “chute de l’Empire”, la fin du simulacre, la dissolution du carton-pâte.
Là, on parle d’une population des élites bien égale à elle-même, d’une pathétique légèreté complètement faussaire de jugement, d’une âme factice et toute faite de toc, de sentiments badigeonnés aux dernières couleurs de la mode et aussi criards que privés de substance. Si l’on veut pousser le symbolisme à son apex et tenir 2023 comme correspondant au 410 après J.C. si fameux, alors l’on se trouve en position de comparer le comportement de la populace privilégiée des élitesSystème avec celle d’alors, – et de l’un des plus fameux parmi celle-ci, l’un des Saints les plus considérables de la religion suprême, et cela donne ceci :
« L’éternité de Rome, forte de ses 1 163 ans d’existence, semblait jusque-là aller de soi. “Roma Aeterna est une idée que l’on trouve déjà chez Virgile [70 av. J.-C. – 19 av. J.-C.] : le monde est appelé à s’unifier sous la domination d’un empire vu comme un état parfait de l’humanité et Rome restait à l’époque, aussi bien aux yeux des païens que des chrétiens, la cellule germinale de l’empire”, explique le philosophe Rémi Brague.
» D’un coup, l’éternité de Rome cesse ce jour-là d’être une évidence. En ce 24 août 410, les Wisigoths d’Alaric déferlent dans les rues de l’Urbs, la ville par excellence depuis plus de mille ans, la cité fondatrice de l’empire. Le pillage dure trois jours. De proche en proche, la nouvelle se répand dans tout ce qui est encore l’immensité du monde romain. “Une rumeur terrifiante nous parvient d’Occident. [...] Elle est donc prise, la ville qui a pris l’univers. Horreur ! l’univers s’écroule”, se lamente saint Jérôme, alors installé en Terre Sainte pour traduire la Bible en latin.
» En Afrique du Nord, Augustin est tout aussi bouleversé par les récits des réfugiés évoquant “massacres, ruines, meurtres et barbaries”. “Nous avons gémi, nous avons pleuré sans pouvoir nous consoler”, écrit le philosophe et théologien. Il garde néanmoins la tête froide : “Vous vous étonnez que le monde périsse ; comme si vous vous scandalisiez que le monde vieillisse ! Le monde est comme l’homme ; il naît, il grandit, il meurt.” » (‘Saint-Augustin, de la cité des hommes à la Cité de Dieu’, 20 août 2020.)
Ainsi revenons-nous, par une autre voie qui tourne l’évidence à notre profit, à ce constat que nous faisons si souvent. A côté de l’aveuglement de ces élites (les nôtres, les actuelles, les pesantes inutilités) complètement anesthésiées par leur arrogance et leur vide spirituel, justement anesthésiée jusqu’à une sorte de mort de la perception par la puissance de la communication dont elles choisissent les éléments les plus pourrisseurs, il y a au contraire l’apport considérable de cette communication si puissante pour les perceptions les plus aiguisées. Cela fait qu’en ce domaine, nous nous trouvons bien au-delà d’un Augustin en matière de matériel disponible pour alimenter la pensée et mesurer le pas de géant de la métahistoire.
Nous avons si souvent évoqué ce caractère extraordinaire caractérisant l’événement qui se voit, se ressent de multiples façons et de façons extraordinairement puissantes, en même temps qu’il se fait. C’était à l’occasion de la principale répétition, du premier acte de notre chute-de-l’Empire à nous, le 11-septembre :
« D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d’une force et d’une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s’accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L’histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire. On sait également que ceux qui ont décidé et réalisé cette attaque l’ont fait parce qu’ils savaient qu’existe cet énorme phénomène d’observation des choses en train de se faire, et de nous-mêmes en train d’observer. Le monde est comme une addition de poupées russes, une duplication de la réalité en plusieurs réalités emboîtées les unes sur les autres. » (*)
La force démontré par Mercouris du symbole qu’a constitué ce Jour de l’An 2024, – incomparablement supérieure à celle de 2023, prouvant l’évolution souterraine de la situation, – montre que la puissance de la communication a imprégné les champs collectifs de nos psychologie, nous pénétrant jusqu’au fond de nous-mêmes de la “fin de l’Emlpire”. De ce point de vue, nous sommes infiniment plus fragiles qu’Augustin, sans parler, – ne rions pas, – de l’esprit et de l’âme certes.
Tout est en place puisqu’au moment où nous écrivons cela, l’Amérique dans sa toute-puissance, – sa structure constitutionnelle et son équilibre institutionnel, – tremble sur ses bases, secouée par la folie de ses propres élites-populacières et corrompues. Depardieu par-ci, hystérie wokeniste par-là.
(*) Philippe Grasset (himself), Chroniques de l’ébranlement, éditions Mols, Bruxelles 2003.