Notes sur Flynn et l’“État profond” du désordre

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Notes sur Flynn et l’“État profond” du désordre

17 février 2017 – Nous commençons l’observation et le commentaire de cette brûlante actualité par quelques remarques de l’ordre de la sémantique. Ces remarques concernent indirectement mais fortement la démission du Général Flynn, conseiller pour la sécurité nationale de Trump, et de l’énorme brouhaha médiatique et de communication qui s’est installé depuis, à ce propos. La thèse la plus communément présentée est que Flynn a été victime d’une offensive coordonnée de l’État profond (Deep State), étant entendu que Flynn n’est que le premier d’une liste précise de personnes à éliminer, également selon un plan précis mis au point, – toujours du fait de l’État profond, – dont la dernière cible est évidemment le président Trump lui-même.

Nous nous arrêtons d’abord au concept d’“État profond” qui est utilisé ici, non pas tant pour le définir même si sa définition est utile à rappeler dans ce cas, mais pour avertir de l’effet que ce concept, particulièrement spectaculaire, chargé d’une connotation de puissance cachée et implacable, à la limite presqu’inarrêtable, exerce sur la pensée elle-même. Cet aspect psychologique nous paraît d’une importance capitale, à cause de l’action de transfert et d’amplification justement de la psychologie : il y a réellement des expressions qui exercent une attraction, voire une fascination irrésistibles ; elles deviennent véritablement des drogues (des prisons) pour la pensée, et souvent bien entendu des drogues (des prisons) délicieuses parce que la pensée peut se laisser emporter par son occupation et sa faiblesse favorite de laisser libre court à l’imagination dramatique et spectaculaire de l’affectivisme, en embrigadant la raison dans l’aventure.

États-profond ou États-parallèles ?

Nous avons déjà, à plusieurs reprises, averti contre l’usage de cette expression, employée pour la première fois pour la Turquie dans les années 1990, et qui a été largement popularisée par les récents et excellents ouvrages de Peter Dale Scott. Depuis un ou deux ans, l’expression est une sorte de “mot de passe”, un concept devenu symbole et une description expresse de ce qu’on juge être, – à notre avis un peu vite, beaucoup trop vite, – une situation politique structurée très marquante, sinon très grave mais très schématisée, dont personne n’est capable de montrer la justesse supposée mais que la plupart des utilisateurs prennent pour argent comptant et structure indestructible.

Nous avions examiné (Journal-dde.crisis de PhG) cette question sémantique et symbolique à une autre occasion, en novembre 2015, à l’occasion de la destruction d’un Su-24 russe par la Turquie. Déjà, nous observions que s’il fallait employer une expression prétendant décrire “une situation politique structurée très marquante, sinon très grave” selon l’idée qu'on en avauit et qu'on a dans ce cas, l’expression (au pluriel, impérativement) “États parallèles” convenait mieux que celle d’“État profond” (avec la réserve supplémentaire que le concept ainsi décrit pouvait également avoir une connotation positive, s’il était observée objectivement)...

« Il a été beaucoup question de l’“État profond” sur ce site ; d’abord pour le définir d’une façon extrêmement précise, on dirait “profonde” justement, selon Peter Dale Scott [voir les textes de Maxime Chaix, du 27 juin 2015 et du 7 août 2016]. Mais toutes ces définitions ont à mon sens la faiblesse d’introduire systématiquement une note péjorative d’une organisation fondamentale dont les desseins sont nécessairement maléfiques, – les “noirs desseins”, comme on dit... On a introduit sur ce site une objection fondamentale (le 10 août 2015), selon l’analyse qu’un “État profond”, dans une situation générale plus saine que celle que nous connaissons, peut désigner également et désigne nécessairement la structure fondamentale, hors des aléas de la politique intérieure, d’un État constitué pour défendre la pérennité des institutions de la nation à la tête de laquelle il est placé. Mais l’expression “État profond” telle qu’on l’utilise aujourd’hui désigne le cas particulier de la dégénérescence de la situation qu’on observe avec l’éclatement des centres de pouvoir et l’effondrement de la souveraineté, et par conséquent la notions d’“Etat parallèle”, ou plutôt d’“États parallèles” nécessairement au pluriel [...] semble beaucoup mieux appropriée.

» L’idée est de suggérer en effet que les réseaux Gülen/CIA ont ou avaient constitué, par leur pénétration des organisations, bureaucrates et autres, un “Etat parallèle” à l’État officiellement en situation [en Turquie]. L’expression peut être généralisée et appliquée à diverses autres situation, rendant compte ainsi de la situation générale, de la dégénérescence accélérée des structures principielle, de la dissolution de l’autorité souveraine et ainsi de suite. Lorsqu’on parle, comme on l’a fait jusqu’ici notamment sur ce site, de “centres de pouvoir” quasi-autonomes et passant de positions d’alliances à positions de concurrence, particulièrement aux USA, l’expression “États parallèles” devient beaucoup plus appropriée ; bien entendu, il s’agirait d’“États” dégénérés, reposant sur des forces non principielles, privés effectivement de leurs références principielles (souveraineté, légitimité).

» Comme souvent dans le langage avec certains mots et expressions, l’expression “États parallèles” a non seulement l’avantage de décrire mieux la vérité-de-situation, mais elle est créatrice d’une compréhension meilleure de cette situation ; elle éclaire brusquement cette situation dont on veut rendre compte et réduit sa complexité obscure à une perception extrêmement claire. Les USA sont un très bon exemple pour le temps de chaos présent, car il n’y a plus d’État à proprement parler avec la dissolution de la souveraineté, et donc plus d’“État profond” unique par conséquent ; les USA représentent d’autant mieux cette situation qu’ils n’ont jamais eu un État à référence principielle comme direction d’une nation pour la raison évidente qu’ils ne sont pas, historiquement, une nation. Ainsi y a-t-il des “États parallèle”, qui se recoupent, qui se décomposent/se recomposent selon les circonstances, dont aucun n’a la prééminence, dont l’addition et la confrontation produisent un chaos selon l’observation de la situation présente, qui peut avoir aussi bien des aspects positifs. (Il y a un “État-POTUS” [Maison-Blanche], un “Etat-Congrès”, un État-Pentagone”, un “État-Wall Street”, un “État-CIA”, un “État-Corporate-Power”, un “État-DNC” et un “État-RNC” pour désigner la machine de corruption des deux ailes du “Parti-unique”, etc. On pourrait même aller jusqu’à observer, et je ne vais pas m’en priver vu l’efficacité de cette force, qu’il existe désormais un “État-antiSystème”... Au reste, on se souviendra qu’en d’autres temps et même récemment, on parlait/on parle d’“État-UDR” et d’“État-PS” en France et, par imitation, d’“État-CVP” [ancien parti social-chrétien flamand] en Belgique.) »

Quelques observations de vétérans de l’IC

Ces dispositions précisées, comment peut-on envisager aujourd’hui de donner une appréciation sur la chute du Général Flynn, qui représente, par rapport aux normes de la vie politique aux USA et dans les circonstances de tension, d’agressions diffamatoires et de manigances extrêmes où s’est produite la chose, un événement sensationnel, sans précédent ni équivalent (SPSE) tant dans la chronologie, dans le calendrier, que dans la brutalité de la méthode et l’absence de dissimulation presque comme si l'on était assuré de l’impunité ? Peut-on simplement en rester à l’explication (?) un peu trop impérative, extrêmement vague et même contradictoire de l’“État profond” ? Après ce que nous avons cité ci-dessus, on comprendra que notre réponse a de fortes chances d’être négative.

Depuis quelques jours, nous avons donc suivi les divers prolongements de cet événement effectivement remarquables par les conditions circonstancielles, et événement situé au cœur de la crise gigantesque que connaissent les USA.  Parmi les très nombreux avis, commentaires, conversations, etc., qui ont circulé dans la presse-antiSystème, nous avons choisi de retenir trois textes du Daily Caller sur une réunion-séminaire qui s’est tenu les dimanche 12 et lundi 13 février, soit la veille et le jour même de la démission de Flynn, dans le cadre de l’Investigative Group de la Daily Caller News Foundation (DCNF).

L’intérêt de cette réunion est qu’elle rassemblait de nombreux anciens officiers de l’IC (Intelligence Community), de la DIA, de la CIA, du NSC, etc., en général plutôt des partisans de Flynn, certains ayant servi avec lui durant sa carrière opérationnelle. La réunion s’étant tenue comme on l’a dit pendant deux jours cruciaux (les 12 et 13), certaines remarques sont faites alors que la démission de Flynn est connue, d’autres alors qu’elle ne l’est pas mais, dans ce cas, tous les intervenants dans ces conversations envisageant une issue dramatique, comme son départ effectivement, et la thèse de la manœuvre et de la manigance pour détruire Flynn ne faisant aucun doute pour personne. On y trouve aussi la dernière interview informelle de Flynn, qui participa à la première journée du DCNF, avant sa démission.

Ci-dessus, on trouve des extraits de ces textes qui sont de Richard Pollock (deux) et de Rachel Stoltzfoos. Un sentiment qui n’est pas noté ici mais qui est suggéré par d’autres sources, concernant les vétérans du renseignement proches de Flynn, est une tendance à chercher à organiser des groupes d’opposition aux groupes qui ont obtenu la tête de Flynn ; d’autre part, et toujours selon les mêmes réseaux, il n’est absolument pas dit que Flynn ne continue pas à intervenir, cette fois d’une façon informelle sinon clandestine mais avec l’accord de Trump, pour faciliter ce type de rassemblement et les conditions d’un affrontement avec les groupes qui l’ont attaqué. Cela rejoint d’autres rumeurs selon lesquelles Flynn intervient activement dans des enquêtes parallèles sur la CIA et sur certaines activités illégales de l’Agence. Il s’agit sans aucun doute d’une guerre interne au sein de l’IC, – donc au sein du Deep State et non pas simplement, sinon sommairement une action du Deep State contre Flynn/Trump...

Extraits des textes sur la réunion du DCNF

« Flynn called the leaks of classified information against government officials “unprecedented,” and predicted those would be the focus of future congressional investigations. “Members of Congress are very concerned because these are leaks from classified systems. The House and Senate are looking into those things, as they should,” he told TheDCNF.

» The issue of government leaks is an issue for House Permanent Select Committee on Intelligence Chairman Devin Nunes. On Monday, Nunes told Bloomberg News that he views leaks about Flynn’s private conversation as part of a pattern. “There does appear to be a well-orchestrated effort to attack Flynn and others in the administration,” said Nunes, who is a California Republican. “From the leaking of phone calls between the president and foreign leaders to what appears to be high-level [Foreign Intelligence Surveillance Court] information, to the leaking of American citizens being denied security clearances, it looks like a pattern.” [...]

» President Barack Obama fired him as DIA director in 2014 after Flynn delivered testimony before Congress that was at odds with Obama’s contention that radical Islamic terrorism, including ISIS, was not a major threat. Since then, Obama administration officials have openly held low regard for him. Since Trump and Flynn entered the White House, anonymous sources have given select reporters information about telephone intercepts conducted by the National Security Agency (NSA). [...]

» Michael Flynn’s resignation was an intelligence community hit job of the kind typically reserved for enemies of the state, former intelligence officials told The Daily Caller News Foundation.

“I’ve never seen anything like this before,” retired Col. James Waurishuk told TheDCNF’s Richard Pollock, referring to Flynn’s ouster from the Trump administration. Waurishuk is a veteran military intelligence official who served on the National Security Council. “We’ve never seen to the extent that those in the intelligence community are using intelligence apparatus and tools to be used politically against an administration official.” [...]

» Another narrative picking up steam, however, is that news of the call was the last straw in a campaign to get Flynn out of the administration. Republicans, in particular, have clamored for an investigation into the leak of the classified information. Such leaks are atypical, although they continue to happen as the Trump administration gets underway.

» Multiple former intelligence officials told Pollock the whole thing looks like a massive underground campaign inside an intelligence community ticked off at Trump and partial to former President Obama to undermine the new administration.

» Retired Marine Col. Bill Cowan, who interacted with intelligence officers in combat zones, said Trump’s CIA director Mike Pompeo has to clean house, or else these kinds of attacks will continue for the next four years. “The director, Pompeo, if he doesn’t get a hold of the agency and its personnel, he can expect four years of this,” he told Pollock. “Clandestine, undercover disinformation, misinformation, psychological information to undermine this administration and this president.” [...]

» Charles Goslin, a 27-year veteran in CIA operations also believes that many insubordinate intelligence staff are working within the National Security Council within the White House. “With the NSC, I think that’s where the leaks are coming from on calls to foreign leaders. That’s where they undermined Flynn to the point where he got hammered,” Goslin told TheDCNF in an interview. Goslin noted, “When Trump came in, even though they were able to staff key NSC positions, for the most part it’s still staffed by previous administration holdovers and bureaucratic appointees.” “I don’t think they have any loyalty to the current administration,” the former CIA operations officer said, adding, “the NSC is going to be a hard one to fix.”

» All of the former intelligence officials say the rage against Flynn dated back to when the decorated general headed up the DIA.  There he garnered a reputation to balk at the “politicization of military intelligence” in order to conform with President Obama’s world views.

» Flynn refused to downplay the threat posed by the Islamic State and other radical Islamic groups throughout his two-year reign at the DIA. He was fired after offering congressional testimony that was at odds with the Obama administration’s posture on the Islamic threat. [...]

» Waurishuk, who interacted with Flynn as deputy director of the Special Operations Command and in other security matters, said Flynn was a “straight shooter” who always demanded accurate threat assessments and never bent to the Obama pressures of political correctness.  Waurishuk worked in military intelligence in the Obama administration. He told TheDCNF Obama officials “know Flynn and they hate Flynn because he would call them out.  So, this was their opportunity to wage what is a personal vendetta in some respects.”»

Une bataille commencée bien avant Trump...

Il ressort nettement de ces différents échanges plus ou moins informels, venus d’anciens officiers du renseignement de diverses agences, mais ayant tous un certaine proximité avec Flynn, qui dans les conceptions et la positon vis-à-vis des autorités civile, qui dans des services opérationnels, qu’on est conduit à une conviction assez claire et nette. Flynn a été abattu par un regroupement de certains officiers de renseignement (CIA, NSA), et également et peut-être surtout d’officiers du NSC, tous acquis à Obama et encore en poste malgré l’arrivée de Trump. Plus encore, on acquiert la conviction que l’attaque contre Flynn ne se place pas seulement dans le cadre de l’administration Trump, mais bien au-delà, dans le cadre des activités de Flynn lorsqu’il dirigeait la DIA (2012-2014), avant d’être chassé vers sa retraite prématurée pour des raisons stratégiques évidentes. C’est un conflit qui dépasse largement le seul cadre du phénomène Trump et embrasse les rivalités exacerbées par l’administration Obama et son épouvantable gestion par politisation des organisations de renseignement. S’il y a “trahison”, ou au moins “forfaiture”, elle est bien plus du fait d’Obama et de ses hommes que de Trump & Cie ; Obama, qui se révèle de plus en plus comme un président non seulement catastrophique, mais suspect d’une attitude contraire aux règles de sécurité nationale (“trahison”).

Cela conduit à renforcer notre conviction qu’affirmer que le Deep State (ou establishment, ou Système bien entendu) a éliminé Flynn, avant de s’attaquer à Bannon, Miller & les autres, et Trump en finale, constitue une erreur d’identification de l’affrontement en cours. (Ce qui n'implique nullement que ces attaques n'auront pas lieu : c'est ici l'identification de la forme de l'attaque qui est en cause ; et c'est essentiel parce que cela signifie que même si Trump était éliminé, le désordre continuerait, et même s'accentuerait...) Il s’agit d’un déchirement colossal, avec affrontement à mesure et à ciel ouvert, au sein de la direction du système de l’américanisme et entre ses divers organes (ex-“États parallèles”, quand tout marchait comme sur des roulettes). La fraction-Obama marche bien parce qu’elle s’appuie sur une presseSystème qui s’est rangée de son côté et qu’elle est soutenue par des intérêts puissants et qui sont, eux, fort bien organisés (le cas-Soros).

Il y a toujours eu des affrontements de cette sorte au sein du deep State, ou du système, mais jamais avec cette brutalité et jamais aussi affirmé au su et au vu de tous : ainsi, le point à souligner (de gras comme nous l’avons fait) est que cet affrontement se fait “à ciel ouvert”, exposant ainsi aux yeux de tous les divisions internes ; et c’est bien la brutalité de l’affrontement, la haine qui oppose les fractions, les psychologies affaiblies qui abaissent l’esprit jusqu’à l’affectivisme hystérique, l’étouffement de la réalité sous les narrative échevelées, qui font perdre tout sens de la mesure et de la logique, c’est-à-dire tout sens de la solidarité que réclame le Système en exposant ces divisions au grand jour. Ainsi débouche-t-on sur la crise du Système, absolument interne, qui s’opérationnalise par une déstructuration interne de lui-même (autodestruction).

Ce qui est en jeu n’est pas une politique ou l’autre

La crise n’est donc plus politique, ni pour telle ou telle politique, elle est psychologique et constitue un affrontement de puissances concurrentes pour la prise en main du pouvoir ; et cette prise de pouvoir n’est pas recherchée pour verrouiller une politique à la place d’une autre, mais pour affirmer une supériorité psychologique, et satisfaire un hybris de belle dimension (certains en sont bien pourvus), de la sorte qui rend fou. Pour cette raison, les variations qui affecte les diverses “politiques” de Trump, qui sont aujourd’hui dans le chaos le plus complet puisqu’elles (les variations) se font de jour en jour et d’un tweet à l’autre, ne changent rien à l’hostilité que lui oppose l’autre fraction. Trump a beau affirmer éventuellement une politique plus dure que celle d’Obama, notamment contre les Russes par exemple (il s’est plaint dans un de ses tweet qu’Obama n’avait pas été “assez dur” avec les Russes), – cela n’a aucun effet : il reste l’imposteur à abattre et, d’une façon vertigineusement absurde, il reste “l’homme des Russes“. Un cloisonnement étanche existe entre ce que l’on croit être des ralliements grotesques à force de démonstration et d’exclamations de surenchère de Trump à la politiqueSystème, et ce que l’on dit être la trahison également grotesque, en fonction de ce qu’on croit qui a été fait, de la politiqueSystème par Trump.

Au reste, Trump lui-même qu’on pourrait croire complètement rallié au Système, – alors qu'il se trouve en son coeur puisqu'il est président, – Trump reste plus que jamais le Trump qui est i-na-ccep-table, tant par la presseSystème que par la fraction activiste type-Obama ; inacceptable, simplement à cause de ce qu’il a été, de ce qu’il est et de ce qu’il sera toujours... Il l’a montré hier, qu’“il est inacceptable”, lors d’une conférence de presse dite “surréaliste” (selon le jugement de ZeroHedge.com lui-même) où il a affirmé qu’il avait déjà rempli nombre de ses promesses, qu’il tenait plus que jamais la ligne de sa campagne, et surtout en mettant en cause la presseSystème d’une façon absolument extraordinaire devant un parterre de journalistes ébahis.

Sont-ils justifiés d’être ébahis, ces journalistes ? Que nous importe dès lors qu’ils le sont, puisque cela signifie que la cavalcade anti-Trump se poursuit et redouble, même si Trump a par ailleurs été “plus dur qu’Obama” en tweets antirusses. Quelle que soit la politique qu’il annonce, – alors que la politique des USA est réduite aux annonces, puisqu’on poursuit et accentue l’extraordinaire paralysie instituée sous Obama depuis 2012-2013 tout en menaçant tout le monde des pires choses par la circulation globalisée de quelques brigades de l’US Army en croisière permanente le long de la frontière russe, – quelle que soit cette politique annoncée, ou tweetée si l’on préfère, Trump, installé au coeur du Système, est plus que jamais antiSystème par le désordre extraordinaire qu’il crée, involontairement, encore une fois et tout simplement en étant ce qu’il est, c’est-à-dire i-na-ccep-table... (Et notre conviction est que ce désordre installé par Trump est désormais inarrêtable, qu'il a transcendé son créateur par le climat psychologique qu'il a installé.)

Au reste et pour terminer sur l'anecdotique, ce désordre paraît bien illustré par ce qui semble être le refus de l’amiral Hayward, proche de Mattis et ancien des forces spéciales reconverti dans les luxueuses officines de la direction de Lockheed-Martin pour les Émirats Arabes Unis, de prendre la succession de Flynn à la tête du NSC. Il était difficile, pourraient penser certains, de trouver meilleur représentant du Système, à la fois ancien chef militaire activiste et désormais cadre dirigeant de Lockheed-Martin, qui produit la merveille technologique qu’est le JSF, pour occuper le poste le plus influent en matière de sécurité nationale auprès du président, à la tête du National Security Council. Rien à faire, semble-t-il, ce qui paraît bien étrange si l’on accepte l’idée du réalignement de Trump sur les consignes du Système, et du contrôle de Trump par le Système : « [A]ccording to both the FT and CBS, Trump's pick for National Security Advisor, Robert Harward - Lockheed Martin's CEO for the UAE - has turned down the President's offer, citing “obvious dysfunctionality” in the administration. »

Une “dysfonctionnalité” indique un mauvais fonctionnement de la chose ainsi qualifiée : et voilà que des personnalités sûres du Système refusent de venir prendre les commandes pour remettre un ordre-Système dans les postes clefs du Système. Il y a de quoi faire réfléchir avant de poser un diagnostic sûr et assuré de la situation à Washington D.C. Comme dit Alastair Crooke, n’est-ce pas : « Well, peut-être est-il préférable de s’asseoir et d’observer, et de ne plus tenter de déchiffrer les runes. »