Il y a 4 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
348725 mai 2018 – La question des capacités en véhicules stratégiques hypersoniques dans le domaine desquels la Chine et la Russie possèdentune incontestable avance de près d’une décennie sur les USA est en train de “se faire une place” assez petiote dans le débat stratégique, mais si péniblement, sans aucun éclat, sans aucun effet de mobilisation... C’est une situation assez étonnante que la lenteur du système de la communication américaniste dans ce débat qui implique, non pas un “rétablissement de la parité stratégique” avec les USA comme le disent poliment Russes et Chinois, mais un renversement radical de la supériorité stratégique dans les domaines conventionnel et nucléaire, en faveur de la Russie et de la Chine. Si ce n’était que ce seul constat, cela suffirait pour constituer rien de moins que du jamais-vu du point de vue de l’histoire de la stratégie à l’ère nucléaire.
_________________________
Malgré ce point évidemment essentiel, la machine de communication aux USA est très lente à prendre en compte cette situation. Certains, – surtout, surtout chez les antiSystème, les autres étant trop bêtes pour qu’on leur accorde la moindre attention, – toujours prompts à accorder aux USA une supériorité automatique de puissance et d’habileté qui mettraient en évidence l’inutilité de leur combat, y verront une tactique ou le signe d’une riposte cachée là où il n’y a, à notre avis qu’une preuve de plus de l’effondrement des capacités intellectuelles et d’action du renseignement des USA... (Les deux dernières annnées ont été occupées à 120% pour la CIA, le FBI, la NSA et consorts par la recherche de la démonstration du Russiagate et de la culpabiité de Trump.) Si largement ancré dans la certitude du simulacre de l’absolue supériorité US, le système de la communication US a une peine considérable, une sorte d’impuissance biologique à l’image des mâles privés de leur virilité en fin de cycle et à l'ère du féminisme, à accepter le fait d’un renversement de supériorité stratégique de cette importance quasi tectonique. Ils ne bandent plus lorsqu’il s’agit de la vérité du monde, ni de la moindre vérité-de-situation. Le parallèle sexuel du point de vue courant de notre époque nous offre ce qu’il faut de dégradant pour mesurer la pourriture totale où ils s’enfoncent.
Nous détaillons ci-après les nombreux éléments qui sont apparus ces dernières semaines dans ce débat, qui permettent d’en mesurer l’importance en même temps que l’extraordinaire atonie de la “riposte” des USA qui s’avèrent jusqu’ici incapables de mobiliser leur système de la communication pour sonner l’alarme, et leur système technologique et militaire pour accélérer leurs propres programmes hypersoniques. (On ne parle même pas de la recherche d’une capacité de défense contre de tels systèmes, devant lesquels les quelques voix officielles qui se sont exprimées avouent leur impuissance, alors que les Russes développent, en même temps que leurs systèmes hypersoniques offensifs qu’ils nomment système de “défense offensive”, – les moyens de défense contre de tels systèmes à partir de la série “S” [S-600 ? S-700 ?] lorsqu’ils apparaîtront chez de potentiels adversaires [les USA].)
Dans un deuxième texte en dix jours sur la question, sur Strategic-Culture.org, Federico Pieraccini explique comment la Chine et la Russie ont acquis l’avantage dont ces pays disposent dans le domaine de l’hypersonique (« How Russia and China Gained a Strategic Advantage in Hypersonic Technology »). Surtout, c’est lui qui donne l’explication la plus claire et la plus déraillée de la façon dont les USA, qui disposaient depuis 1945 et surtout depuis 1989 jusque quelque part autour de 2008-2010 d’une supériorité militaire et stratégique écrasante, ont laissé ce capital se dilapider à une vitese stupéfiante au profit des Chinois et des Russes.
« Le développement des armes hypersoniques fait partie de la doctrine militaire que la Chine et la Russie développent depuis un certain temps, selon diverses motivations. D'une part, c'est un moyen de parvenir à la parité stratégique avec les États-Unis sans avoir à atteindre les capacités budgétaires pharaoniques du Pentagone. [...]
» Pendant plusieurs décennies, la machine de guerre américaine a vu ses adversaires de grandes capacités disparaître littéralement, d'abord après la Seconde Guerre mondiale, puis à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique. Cela a conduit, dans les années 1990, à passer à des adversaires plus petits et moins sophistiqués (Yougoslavie, Syrie, Irak, Afghanistan, terrorisme international). En conséquence, moins de fonds ont été consacrés à la recherche en technologie de pointe pour de nouveaux systèmes d’armes devenus inutiles dans ces circonstances changeantes.
» Cette décision stratégique a conduit le complexe militaro-industriel américain à ralentir la recherche avancée et à se concentrer davantage sur les ventes à grande échelle de nouvelles versions d’avions, de chars, de sous-marins et de navires de modèles déjà éprouvés. Avec des coûts exorbitantset des programmes pouvant durer sinon dépasser deux décennies, cela a conduit à des systèmes déjà dépassés au moment où ils ont commencé à être produits. Tous ces problèmes ont eu peu de visibilité jusqu'en 2014, lorsque, [avec la crise ukrainienne] la situation de concurrence stratégique directe avec une puissance de niveau équivalent [la Russie] a réapparu, plus forte qu’elle n’a jamais été, et avec cela la nécessité [théorique] pour les États-Unis de mesurer sa capacité de puissance en fonction d’une concurrence éventuellement supérieure... »
Pendant ce temps, la Russie, par des voix diverses dont celle de Poutine qui est terriblement prolixe à cet égard (un signe, mais de quoi ?), continue à nous annoncer les progrès et les prochaines entrées en service (de plus en plus rapprochées) des divers systèmes hypersoniques contre lesquels les USA sont affreusement impuissants... Outre le missile Kinzal d’ores et déjà en service air-sol sur les avions MiG-31 (une dizaine en service, portée de 2 000 kilomètres, vitesse de Mach 10), deux nouveaux projets ont vu leur développement précisé ces derniers jours.
1). Le missile planant hypersonique (HGV) Avangard, tiré d’un ICBM et évoluant de manière indépendante, capable d’atteindre des vitesses de Mach 20 avec charges conventionnelles et nucléaires, très manœuvrable pour éviter toute contre-mesure, pouvant sélectionner des objectifs très divers. Les dernières indications, de sources US (voir ZeroHedge.com, le 17 mai 2018), annoncent ce missile opérationnel pour 2020 alors qu’il y a deux ans encore, les services de renseignement l’annonçaient pour 2025 :
« Earlier this week, CNBC validated Putin’s claim of a hypersonic weapon the U.S. is currently unable to defend against, which the report indicates the weapon will be ready for war by 2020, according to sources with vast knowledge of American intelligence reports. The sources told CNBC that Moscow successfully tested the hypersonic glide vehicle in 2016, which was configured to carry nuclear warheads. Sources said a third test was completed in October 2017 and resulted in a mishap seconds before obliterating its target. The hypersonic glide vehicle, dubbed “Avangard” (also called ‘Objekt 4202′, Yu-71 and Yu-74), is fastened onto an intercontinental ballistic missile using scramjet engine technology. Once launched, the Avangard reaches speeds of Mach 20 with the capacity to carry both nuclear and conventional payloads. »
2). Des précisons ont été apportées quelques jours plus tard sur un autre nouveau système russe, le Poseidon, une sorte de “torpille” évoluant à 1 000 mètre de profondeur, à des vitesses de 110-130 km/h et pouvant porter des charges nucléaires. Les capacités du Poseidon prévoient que cet engin peut frapper à proximité de bases terrestres navales et déclencher des tsunamis détruisant ces infrastructures. Des sous-marins sont parallèlement développés pour le tir du Poseidon, l’ensemble devant atteindre le stade opérationnel vers 2025-2027. Des informations à cet égard ont été diffusées le 20 mai 2018, par Tass.
« “It will be possible to mount various nuclear charges on the ‘torpedo’ of the Poseidon multipurpose seaborne system, with the thermonuclear single warhead similar to the Avangard charge to have the maximum capacity of up to 2 megatonnes in TNT equivalent,” a source in the Russian defense sector told TASS on Thursday. With the drone’s nuclear munition, the underwater craft “is primarily designed to destroy reinforced naval bases of a potential enemy,” the source explained. “Thanks to its nuclear power plant, the Poseidon will approach the target for an intercontinental range at a depth of over 1 km and at a speed of 60-70 knots (110-130 km/h),” another source revealed to TASS.
» Meanwhile, TASS explains to its readers, “it has no official confirmation of this information,” however, being a government-owned corporation in Russia, it is likely this knowledge is coming from insiders to combat an informational war with the West. Another unnamed source supposedly tied in with the Russian defense sector said, “the Poseidon drone will join the Russian Navy under the existing armament program for 2018-2027 and will be carried by a newly specialized submarine currently under construction at the Sevmash Shipyard.” »
3). Parallèlement, et comme simple rappel utile pour l'entrain des commentateurs-stratèges, un sous-marin SSBN classe Youri Dolgorouky a effectué un tir groupé de quatre SLBM à capacité intercontinental du nouveau type Bulava.
Pendant ce temps (suite), les commentateurs supplétifs du système de la communication officielle US tentent désespérément de combler cette énorme voie d’eau de l’hypersonique que les sino-russes ont planté dans le flanc de leur puissance irrésistible. Ces réactions vont d’une argumentation étrangement spécieuse au pessimisme le plus complet. Dans le premier cas, on appréciera les réactions d’experts US expliquant que les systèmes hypersoniques US (n’existant pas encore) ne peuvent être distancés par les systèmes russes et chinois (existant déjà) parce que leurs missions sont différentes dans la mesure où les premiers portent des charges conventionnelles avec des objectifs précis, et les seconds des charges nucléaire avec des objectifs moins précis. Cette interprétation extrêmement étrange sinon complètement bouffonne n’a évidemment jamais été celle, ni des Chinois ni des Russes, qui insistent dans tous les cas sur la double capacité des systèmes hypersoniques et sur leurs capacités à engager des objectifs précis, – tels les porte-avions de l’US Navy.
« Les récents commentaires de responsables américains de la défense ont attisé les craintes que le pays ne perde la course aux armements hypersoniques face à la Russie et à la Chine. Mais ces appréhensions sont sans fondement, soulignent plusieurs experts cités par la chaîne CNBC. Les États-Unis ne devraient pas être comparés à ces pays parce qu'ils ont un objectif différent dans la mise au point des armes hypersoniques, a indiqué la chaîne.
» “Les États-Unis se proposent d'utiliser les missiles hypersoniques comme vecteurs d'armes conventionnelles, tandis que les deux autres pays se concentrent sur les charges nucléaires”, a fait remarquer CNBC. “On affirme souvent qu'il existe une course aux armements dans les technologies hypersoniques et que les États-Unis sont distancés”, a noté James Acton, co-directeur du programme de politique nucléaire à la fondation Carnegie. Dans ce contexte, il a rappelé que Washington menait “une course différente de celle de la Russie et de la Chine” parce que Moscou et Pékin se concentrent sur le développement de missiles vecteurs d'ogives nucléaires, tandis que les États-Unis s'intéressent plutôt aux ogives non nucléaires, a-t-il expliqué.
» “L'accent mis par les États-Unis sur les armes hypersoniques concerne le transport d'armes conventionnelles, tandis que la Russie et la Chine emploieront avec une plus grande probabilité des charges nucléaires”, a affirmé de son côté George Nacouzi, ingénieur en chef chez RAND Corp. Ces pays ont des objectifs différents, leur fait écho l'analyste de la défense à Singapour, Zoe Stanley-Lockman, qui a travaillé à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (IESUE). Elle a affirmé par ailleurs que les missiles hypersoniques non nucléaires devaient atteindre les petites cibles avec plus de précision, alors que les missiles nucléaires n'avaient pas besoin d'être aussi précis. »
Le second aspect concerne des réactions, anonymes ou pas, que recueillent divers organes de communication, sur l’impossibilité des USA d’établir quelque défense que ce soit contre les nouveaux systèmes russes. Il s’agit essentiellement de réactions à l’arrivée en service, plus rapideque n’avaient prévu les services de renseignement US quand ils s’intéressaient à la question, notamment du système HGV dit-Avangard, dont on a vu qu’il est annoncé pour 2020, soit très largement cinq ans d’avance sur les prévisions US... D’où l’humeur très morose des commentateurs :
« “Ces types de véhicules profitent des lacunes dans notre système de défense antimissile”, a déclaré à la CNBC Thomas Karako, directeur du projet de défense antimissile au Centre d'études stratégiques et internationales. L'analyste a noté qu'il n'y avait pas de temps pour “modifier notre posture actuelle de défense antimissile”, ajoutant qu'il était “regrettable que nous ayons laissé la Russie arriver aussi loin”. »
On a déjà recueilli d’autres réactions de chefs militaires ou de hauts fonctionnaires du Pentagone depuis l’annonce des nouveaux systèmes hypersoniques par Poutine le 1ermars. Tous constatent la chose, l’infériorité US, l’incapacité des USA de riposter et de bloquer l’intervention de ces systèmes. Ils font simplement un constat, ils le regrettent, et jusqu’ici rien d’autre sinon le rappel que les USA ont leurs propres programmes en cours de dévelppement mais largement en retard...
En appendice et pour notre édification, on notera que l’US Navy continue obstinément à conserver sa posture ultra-défensive pour ses bijoux de famille (huit porte-avions sur dix repliés sur les bases continentales, – voir ce 22 mai 2018 après le constat du 3 mai 2018). Est-ce donc réellement dans l’espoir que les Russes n’oseront rien contre ces bijoux repliés dans l’écrin du continent-USA par crainte de l’enchaînement nucléaire... Mais quoi, enfin ? A quoi sert l’US Navy, reine des mers et nécessairement déployée globalement, si elle se replie sur Norfolk et San Diego et alentour ? Comment peut-on concevoir une menace militaire réelle contre l’Iran s’il n’y a pas un seul porte-avions (à part le lointain USS Harry S. Truman en Méditerranée orientale) dans l’Océan Indien, face aux côtes iraniennes et au détroit d’Ormuz ?
On peut se demander si la “grande réforme” du déploiement et de l’emploi des porte-avions de l’US Navy que propose le secrétaire à la défense Mattis, contre la volonté de l’US Navy, n’est pas inspirée par cette situation de menace contre les porte-avions. En gros, Mattis voudrait que les porte-avions n’aient plus d’affectation structurelles, mais qu’ils puissant être très rapidement transférés d’un point à un autre selon les crises, et cela continuellement, avec des stations beaucoup plus courtes (mais plus nombreuses) dans leurs ports d’attache. L’US Navy résiste à cela parce qu’elle voit là son rôle de gardienne stratégique des voies de communication complètement mis en cause. La démarche de Mattis n’est-elle pas conduite par la crainte d’offrir des cibles trop prévisibles aux systèmes hypersoniques russo-chinois ? Et que vaut l’argument de l’US Navy si elle tend à immobiliser de plus en plus ses porte-avions sous la “couverture” de l’ensemble continental-USA ? C’est un débat perdant-perdant, chacun des interlocuteurs ne plaidant pas sur le fait même mais par rapport à une crainte paralysante de la vulnérabilité des porte-avions...
Le grand porte-avions d’attaque du 100 000 tonnes est l’engin idéal pour donner aux Russo-chinois l’occasion de mettre les USA dans un dilemme stratégique catastrophique, capable de déclencher à Washington D.C. un processus de désordre catastrophique devant la possibilité de voir un de ces “bijoux de famille” détruit sans qu’ils puisent riposter sinon par l’échange nucléaire stratégique signifiant l’anéantissement réciproque. Il suffit de rappeler le scénario évident développé dans un texte précédent :
« En un sens, les engins hypersonique donnent aux USA vis-à-vis d’eux-mêmes la place inconfortable que les Européens occupaient lorsque de Gaulle décida de construire la force nucléaire indépendante française. Le raisonnement de De Gaulle pour développer sa force nucléaire de dissuasion était :“Croyez-vous que les USA risqueraient, par un échange stratégique nucléaire de riposte, New York, Chicago et même l’intégrité entière de leur nation (même s’ils détruisent l’URSS) pour la destruction de Hambourg ou de Paris par l’URSS ?” ... La question devient aujourd’hui : “Croyez-vous que les USA risqueraient l’anéantissement d’eux-mêmes par une riposte nucléaire stratégique qui reviendrait à un échange d’anéantissement entre les USA et la Russie si les Russes détruisaient avec quelques engins hypersoniques le porte-avions USS Harry S. Truman ?” Le général Hyden, chef du Strategic Command, pose effectivement indirectement ce problème et cette question lorsqu’il dit : “Nous n'avons aucune défense contre l’emploi d'une telle arme contre nous, aussi notre riposte ne pourrait être que l’emploi de notre force de dissuasion, c’est-à-dire la triade de nos capacités stratégiques nucléaires au plus haut niveau.” »
(Les amiraux, et la puissance militaire US de projection de forces d’une certaine façon, sont prisonniers de leur fantastique campagne du Pacifique, où ils terminèrent la guerre avec cent porte-avions qu’on aligna dans la baie de Tokyo pour saluer la cérémonie de la reddition japonaise sans condition à bord du USS Missouri [horreur, un cuirassé] le 3 septembre 1945. [Horreur-bis ! C’est cette vedette de la communication et fumier avéré de MacArthur, de l’US Army et commandant conjoint du théâtre avec l’amiral Nimitz, qui reçut la capitulation des plénipotentiaires japonais, et non Nimitz lui-même.] Depuis, le porte-avions est le symbole incontournable de la mesure stratégique de l’US Navy comme instrument essentiel et structurel de la projection de forces correspondant à la vision constitutionnelle initiale des USA impliquant la domination mondiale des USA. [Il s’agit au départ de la protection du commerce mondial : l’existence d’une marine de guerre, au contraire de l’armée de terre, est inscrite dans la Constitution des USA.]. Il faut protéger les “bijoux de famille”, quitte à confiner à l’absurdité d’ôter à l’US Navy toute capacité stratégique réelle, ou bien placer les USA dans une position stratégique absolument catastrophique. Un signe de plus de l’effondrement...)
On fait ici notre observation principale : le système de la communication est totalement déconnecté du système de la puissance militaire brute des USA, et c’est le système de la communication qui mène le jeu par l’influence et les pressions qu’il exerce sur les dirigeants. C’est lui qui inspire presque totalement l’actuelle politique US qui constitue une sorte de déchaînement d’une puissance irrésistible menaçant tous les points de résistance ; mais diantre, de quelle puissance s’agit-il s’il s’agit d’une “puissance” qui non seulement n’est plus ce qu’elle était, mais qui plus encore est largement dépassée jusque dans ses capacités stratégiques les plus centrales par la qualité, la mobilité et les performances de la puissance militaire essentiellement russe, mais aussi chinoise ?
Cette absence de contact entre la réalité de la puissance US et ce qu’en dit le système de la communication est un phénomène qui ne nous étonnera certes pas une seconde ; force nous est de constater, au plus les choses avancent, qu’il est d’une puissance formidable, qu’il forme un abysse entre les convictions et les jugements des uns (qui ordonnent la politique) et la vérité-de-situation massive de ce dont il parle.
« On compare cette période à une nouvelle Guerre froide, mais on a tort parce que la situation est beaucoup plus grave, dit le 17 avril 2018 sur RT le volubile Vladimir Fédorovoski, Russe ayant acquis la nationalité française et vivant à Paris en gardant toute sa “russitude”. Pendant la Guerre froide, il y avait la propagande [les mensonges]et puis la vraie diplomatie, la politique réelle [où l’on se parlait vrai]. Aujourd’hui, il n’y a plus que la propagande [pour les Occidentaux]. Ils croient à leurs propres mensonges et c’est extrêmement grave... [...] Mentir et croire à ses propres mensonges, c’est très dangereux. »
Il nous paraît tout à fait possible sinon probable que, –
1) les dirigeants politiques US ne soient pas informés des progrès tusse en matière hypersonique par leurs propres services (c’est-à-dire leurs propres services confirmant sans ambiguïté les propos du Poutine du 1ermars) ; cette hypothèse n’implique nullement une manœuvre ou un travail de mésinformation mais plus simplement la crainte qu’auraient ces services de se voir reprocher leur incompétence durant les dix-quinze dernières années de n’avoir rien vu venir, et de perdre ainsi leurs privilèges, tandis que le Pentagone se verrait reprocher de n’avoir pas développer un effort équivalent dans le domaine de l’hypersonique malgré les budgets colossaux dont il dispose ;
2) ... et ceci, ce deuxième point, plutôt une hypothèse alternative que complémentaire : il s’agirait de la possibilité que ces dirigeants politiques soient informés, disons d’une façon parcellaire ou générale, sans trop de détails, mais qu’ils refusent de prendre en compte cette vérité-de-situation tant ils sont persuadés eux-mêmes de l’irrésistibilité de la puissance américaniste d’essence divine, conviction quasiment religieuse comme on l’a souvent suggérée, et encore avant-hier, et d’ailleurs avec une psychologie à mesure [inculpabilité et indéfectibilité].
D’une façon générale et pour enfin conclure, nous pensons que, dominant le tout, l’explication centrale d l’extraordinaire reversement de situation tient effectivement à la psychologie de l’américanisme. Il s’agit non seulement du suprémacisme inhérent à cette psychologie, mais également du mépris absolu dans lequel cette psychologie tient le Russe et le Chinois, tous deux considérés comme de races inférieures, totalement incapables d’atteindre au génie suprahumain de l’anglosaxonisme et de l’américanisme. Les uns et les autres (Russes et Chinois) auront beau produire tout ce qu’ils veulent en fait de capacités technologiques et militaires de supériorités, les sholars-stratèges auront beau continuer à citer Sun-Tzu, Koutouzov et Igor Sikorsky, le jugement général de sous-homme pioché aux meilleures sources demeurera comme figé dans une psychologie relevant de l’hybris du simulacre hollywoodien
Forum — Charger les commentaires