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649419 septembre 2020 – L’on sait que l’un des aspects les plus remarquables et les plus insupportables c’est selon, de l’ensemble capitalisme-globalisation, c’est la mercantilisation (ou marchandisation) du monde. Cette évolution, même si elle démarre à la fin du XVIIIème siècle, est une constante de la modernité puis de la tentative (pour certains) de ‘normalisation’ de la modernité en postmodernité. La critique de ce processus (ce qui le rend insupportable à certains) a bien été résumé notamment par Michel Crozier dans son Stendhal et l’Amérique, décrivant la rupture de Stendhal avec l’idée de l’Amérique en 1825, et la façon dont l’idée de l’américanisation, qui contient absolument l’idée de ‘mercantilisation’ constituait la vision fondamentale du tournant du XVIIIème siècle :
« Les sophismes des industrialistes, qui viennent demander à être admirés et félicités pour leurs millions, et “cet animal de Dunoyer” qui leur donne raison en utilisant l’Amérique, ont amusé et indigné Stendhal et lui ont aussi révélé un très riche gisement de grotesque ; il a cru que son pamphlet (c’est “la comédie de l’époque”, dit-il au même moment), en ridiculisant l’idéologie industrialiste et les industriels, allait trouver, comme ‘Racine et Shakespeare’, comme les textes de Courrier (qui vient d’être assassiné), un large consensus. Grave erreur : il s’oppose au credo fondamental de l’époque. Saint-Simon a eu le coup de génie de voir que l’industrie considérée d’un point de vue historial était l’achèvement des Lumières, ou si l’on veut un langage plus moderne, le point où la pensée métaphysique se réifie et s’abolit dans la pensée de la technique qui occupe et ferme tout l’horizon. Les Lumières, c’est désormais l’industrie, a indiqué brillamment H. Gouhier. »
Il faut bien entendu ajouter à cette vision générale de la modernité-Lumière opérationnalisée par l’industrie-‘mercantilisation’, le facteur fondamental, matrice historique construite contre l’Histoire de l’américanisme. L’un des plus grands esprits à s’être intéressé à l’Amérique (les USA) avait, dès ses premiers pas sur la Terre Promise, identifié le facteur individuel, et même individualiste, qui renvoie à la ‘mercantilisation’ : l’intérêt. Il s’agit de Tocqueville, lors de son premier voyage en Amérique, alors que son De la démocratie en Amérique n’était pas encore envisagé dans son esprit. Un extrait d’un texte que nous avons publié le 9 juin 2015 nous paraît bienvenu, et d’une incontestable actualité bien qu’il s’agisse du Tocqueville de 1831, et d’autant plus d’actualité pour ces jours agités et incroyables (‘impensables’ ?) qu’il y est question (titre de l’article) d’un « Justement pensé : l’‘impensable’ effondrement des USA ».
« Il faut bien entendu rappeler que cet idée du ciment de l’Amérique reposant sur le ‘succès’, qui peut être aussi nommé ‘intérêt’, est parfaitement identifiée par Tocqueville dès ses premiers jours passés aux USA, lors de son voyage de 1831 qui servit de documentation à son ‘De la démocratie en Amérique’ ; ainsi écrit-il dans ses ‘Souvenirs’, à la date du 1er juin 1831 : “Quand on réfléchit à la nature de cette société-ci, on voit jusqu’à un certain point l’explication de ce qui précède: la société américaine est composée de mille éléments divers nouvellement rassemblés. Les hommes qui vivent sous ses lois sont encore anglais, français, allemands, hollandais. Ils n’ont ni religion, ni mœurs, ni idées communes; jusqu’à présent on ne peut dire qu’il y ait un caractère américain à moins que ce soit celui de n’en point avoir. Il n’existe point ici de souvenirs communs, d’attachements nationaux. Quel peut donc être le seul lien qui unisse les différentes parties de ce vaste corps? L’intérêt.” Le patriotisme des Américains, qui sert si souvent d’arguments aux intellectuels européens et de convenance à toutes les activités de communication US (jusqu’à la présence obligée d’un drapeau US dans tous les films US) est, justement, une construction de communication qui concerne un ‘idéal’ fabriqué (type-American Dream) sans le moindre rapport avec la vérité de la situation américaniste ; s’il tient la situation en temps normal par une narrative de strict encadrement, cet idéal faussaire a pour effet d’alimenter, dans les périodes de crise intérieure, lorsque le soi-disant ‘succès’ américaniste s’efface, une rancœur et un défaitisme extraordinaires devant ce qui n’apparaît alors que comme le montage d’une imposture, et donc une double trahison (l’idéal lui-même trahi, et la construction faussaire de cet idéal apparue en pleine lumière comme une autre trahison). »
Effectivement, ce mot de Gouhier (« Les Lumières, c’est désormais l’industrie », – de même nature finalement et en vérité que « l’intérêt » de Tocqueville) se transcrit aisément pour notre temps de la post-Guerre Froide, pour ceux qui croient à la modernité tout en se référant à ce qu’ils croient être le terreau intellectuel de leur inspiration : “Les Lumières, c’est désormais la mercantilisation”. On trouve dans ce simple constat tout ce qui fait que la “mercantilisation” est aussi bien jugée remarquable dans le sens nécessairement laudatif de l’individualisme moderniste, qu’insupportable dans le sens métahistorique renvoyant à la Tradition primordiale.
Depuis la fin de la Guerre Froide, effectivement, cette mercantilisation qui allait jusqu’alors bon train sans une opposition acceptable et significative, – une opposition qui ne soit perçu autrement que passéiste et réactionnaire, – a acquis un rythme et une rapidité phénoménales, s’élargissant considérablement vers tous les fondements (ce qu’il en reste) de la société et de l’être, affectant tous les domaines imaginables comme une pathologie qui serait évidemment une pandémie, par exemple avec la privatisation de tous les domaines de la souveraineté, de pans entiers des forces armées et du renseignement, voire des opérations subversives comme par exemple les “révolutions de couleur” ; allant jusqu’à profondément bouleverser la culture, les mœurs et les sexes devenus ‘genres’, la psychologie, certains parleraient même de l’ontologie de l’espèce ou quelque chose du genre, en citant le ‘transhumanisme’ avec des mines d’initié et des chuchotement de complotiste, sous le regard d’une ironie désespérée du Dostoïevski de Marghescu...
En même temps et très naturellement, la mercantilisation est devenue l’objet d’un débat furieux, et qui est complètement de son temps, absolument décisif, qui ne peut plus être en aucune façon expédié sous une étiquette de la sorte de la diabolisation (“passéiste”, “réactionnaire”, “facho-vichyste”) qui cloue le bec au nom de la tolérance et de la liberté. Parallèlement, en se transformant considérablement comme on l’a dit, d’une manière qui ne connaît plus de bornes, dans des domaines extrêmement divers qui dépassent ontologiquement les matières habituelles du commerce, de l’industrie, de l’économie et des finances, la formule a muté et envahi toutes les activités de la postmodernité. Le processus de la mercantilisation est ainsi devenu à la fois une politique (américaniste et du bloc-BAO), une pseudo-universalité (globalisation), une idéologie (suprémacisme anglo-saxon), une tactique militaire (subversion, G4G, guerre hybride), un ‘idéal de puissance’ (néo-impérialisme, essentiellement américaniste, mais soutenu par le bloc-BAO), un art nouveau dit-A.C. (Art Contemporain), une néo-religion et une super-spiritualité.
Parallèlement encore, il apparaît que les adversaires de ce processus, ceux qui le jugent insupportables, beaucoup plus nombreux et très diversifiés désormais, ont de plus en plus d’arguments et de moyens d’action, et surtout la capacité de retourner contre lui-même la puissance du processus de mercantilisation Cela en est au point où, le Système qui implique la mercantilisation étant entré dans son entièreté dans une crise terminale, la mercantilisation se trouve dans une posture défensive presque désespérée. Chaque crise issue de la crise du Système le touche directement, comme l’a fait et continue à le faire d’une manière incroyablement originale et efficace la crise du Covid19, prenant à revers tous les dispositifs et technologies des certitudes de la Raison, et même les ridiculisant jusqu’à une sorte d’éclat de rire général devant le sommet enfin atteint de la tragédie-bouffe.
Nous voulons ici “actualiser” et dynamiser ce débat fondamental qui, sous le terme de “mercantilisation”, concerne évidemment notre civilisation dans son entièreté (et pour nous, le Système né du “déchaînement de la Matière” dont les débuts remontent justement, – ce n’est en rien une coïncidence, – à la jointure des XVIIIème et XIXème siècles). Cette entrée dans l’actualité n’est nullement une réduction de l’enjeu du débat, selon une idée qui nous est chère qui dit que la métahistoire se fait sous nos yeux, directement dans les événements de l’actualité (cela, à la manière de ce que constate Finkielkraut comme on l’a vu récemment).
C’est qu’en effet, plusieurs événements et nouvelles en cours pris comme exemplaires montrent et démontrent la crise de la mercantilisation, et la façon dont cette mercantilisation, poussée dans ses extrêmes, se retourne contre ceux qui ont cru tenir en elle l’accomplissement quasi-magique des Lumières. Ce que nous voyons avec ces événements, c’est que la mercantilisation, avec toutes ses ramifications, notamment subversives, est en train de devenir folle et de s’agresser elle-même d’une manière significative.
Nous ne quittons pas, bien entendu, notre fameuse équation de la crise suicidaire du Système “surpuissance = autodestruction”. Au contraire, elle est plus frétillante que jamais.
Le premier cas concerne la fameuse plate-forme Facebook, un des plus puissants parmi les ‘maîtres du monde’ des GAFAM. Son rôle de censeur au service du Système est aujourd’hui bien connu, et constitue un cas éclairant d’idéologisation et de politisation, au service du système, au cœur de la mercantilisation ; rôle absolument fondamental, la censure étant à cet égard la meilleure garantie de la liberté et de la tolérance inhérente à la modernité, donc à la mercantilisation. Pourtant, voilà qu’il y a une décade, Facebook a sévèrement sanctionné la société CLS-Strategies qui, sous la couverture de faire du lobbying à Washington, s’attache en réalité à réaliser des opérations de subversion dans des pays et pour des groupes qui intéressent comme proies courantes la machine impérialiste américaniste, et dans le même sens qu’elle, c’est-à-dire dans le sens de la mercantilisation au service du Système en quête de l’Entropie Ultime.
Que fait donc Facebook en attaquant CLS-Strategies, en censurant les censeurs-Système ? Voyez donc les chiffres impliqués par l’activité de CLS-Strategies, ce n’est pas une mince affaire, et les personnes concernées et ainsi attaquées sont de fidèles et empressés serviteurs du Système.
« ...Mais derrière le discours classique de société de communication du site, CLS Strategies fait du lobbying auprès des législateurs au nom des politiciens et des entreprises étrangères, et mène des opérations de désinformation sur mesure.
» La semaine dernière encore [à la fin du mois d’août 2020], la société exploitait 55 comptes Facebook, 42 pages et 36 comptes Instagram au Venezuela, au Mexique et en Bolivie. Ensemble, ces pages comptaient plus de 500 000 adeptes-followers et cherchaient à manipuler la politique dans ces pays, ce qui a coûté $3,6 millions aux clients de CLS. Facebook a annoncé vendredi [4 septembre 2020] la fermeture des pages et des comptes.
» En Bolivie, CLS a créé de fausses pages pour soutenir la présidente intérimaire du pays, Jeanine Anez. Les pages diffusent des FakeNews sur l’ex-président Evo Morales, chassé du pouvoir l’année dernière par l’armée et qui s’est réfugié au Mexique. De faux “vérificateurs de FakeNews” ont dénoncé des histoires préjudiciables concernant Anez, tandis que le personnel de CLS a créé de faux profils, – ou, dans certains cas, a simplement utilisé leurs profils réels, – pour diffuser ses propres rapports.
» Au Venezuela, la firme a créé des profils et des pages pour attaquer le président Nicolas Maduro, qui a fait face à des tentatives de coup d'État répétées depuis que le chef de l’opposition Juan Guaido s’est déclaré président par intérim en janvier de l’année dernière. Guaido est reconnu par les États-Unis et une cinquantaine d’autres pays comme le leader légitime du Venezuela, mais CLS a également donné un coup de pouce aux figures de l'opposition Henrique Capriles et Maria Corina Machado.
» En outre, un rapport de l’université de Stanford a révélé qu'un certain nombre d'employés de CLS avaient déjà travaillé sur des campagnes politiques pour l’opposition vénézuélienne. Le rapport n’a pas révélé l’étendue de la prétendue campagne d’influence au Mexique. »
Comme on l’a vu précédemment, la Bolivie, anciennement de Morales liquidé par un coup d’État d’ailleurs assez soft, est dans la liste de la clientèle de CLS-Strategies, particulièrement la présidente ad interim Jeanine Anez, qui s’est auto-proclamée avec l’aide de l’armée bolivienne et en suivant les conseils, sans doute de la CIA ou de l’affreux Elliott Abrams. On pensait donc la Bolivie verrouillée sous toutes les coutures, retombée dans l’escarcelle de l’oncle Sam, alias Mike Pompeo.
Il n’en est rien... On découvre qu’une élection présidentielle a lieu en Bolivie le mois prochain (normal, puisque la Bolivie est [re]devenue une démocratie) et que la présidente Anez est en très mauvaise posture, en si mauvaise posture qu’elle abandonne la compétition. Elle déclare même, comme dans une bonne vieille démocratie française où l’on appelle à l’union pour “faire barrage” à une Le Pen, qu’elle se retire pour que les autres concurrents “fassent barrage” à Luis Arce, candidat du parti de Morales, en tête largement dans les sondages avec 40% des voix. Qui nous a donc arrangé cette élimination de Morales pour le bien de la démocratie Made In CIA, sans veiller à ce que la véritable candidate démocrate l’emporte démocratiquement ?
« “Aujourd'hui, j’abandonne ma candidature pour la liberté et la démocratie. L’enjeu de cette élection n'est pas mince. La démocratie est vraiment en jeu en Bolivie", a déclaré [Jeanine Arez], avertissant qu’un vote avec la division actuelle pourrait permettre l’élection du candidat du MAS, le parti de Morales. [...]
» Un récent sondage en Bolivie indique que le candidat Luis Arce, – un ancien ministre de l'économie fermement dans le camp des pro-Morales, – pourrait obtenir plus de 40 % des voix lors des élections du 18 octobre. L'ancien président Carlos Mesa arrive en deuxième position avec 26,2 % des voix, ce qui pourrait donner la victoire à Arce au premier tour. Pour éviter un second tour en vertu de la loi électorale du pays, un candidat doit obtenir au moins 40 % des voix et conserver une avance de 10 points sur le second. Anez, quant à elle, est loin derrière avec un peu plus de 10 % des voix...
» Une élection contestée l’année dernière a abouti à un coup d'État qui a conduit à l’éviction de Morales, qui a fui au Mexique pour demander l’asile. L’armée bolivienne a imposé la démission de Morales et s'est rangée du côté de l'opposition, qui a également reçu le soutien des USA et de l'Organisation des États américains (OEA), un bloc régional latino-américain basé à Washington DC et fortement financé par le gouvernement américain.
» Largement composée de partisans d'Anez et de Mesa, l'opposition a insisté sur le fait que l’élection d’octobre 2019 était frauduleuse, encouragée par un rapport de l'OEA qui prétendait trouver de “graves irrégularités”. Cependant, de nombreuses études menées depuis, dont une par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), ont révélé que les allégations de fraude ne pouvaient être étayées. »
... Certes, on insistera sur ce dernier détail, qui réhabilite l’élection de 2019 au profit de Morales. On mesure le degré de déliquescence de l’entité mercantilisatrice lorsqu’on apprend que ce rapport est effectivement venu (en février) d’une des sources académiques les plus prestigieuses aux USA, le Massachusetts Institute of Technology. Depuis quand le MIT contredit-il le département d’État et toutes les autres bonnes sources de la bureaucratie de sécurité nationale sur une matière aussi sensible ? Et cela, alors que le pays concerné est dans la mécanique d’une très-prochaine élection présidentielle destinée à acter la liquidation sans retour du diabolique Morales et de ses soutiens.
On a déjà noté, sans trop insister sur la chose, la très récente (affirmation ? révélation ?) concernant un laboratoire appartenant à l’une des co-fondatrices de BLM, Alicia Garza : « The Black Futures Lab, une société appartenant à la fondatrice de ‘Black Lives Matter’, est sponsorisée par la ‘Chinese Progressive Association’ (CPA), une organisation qui travaille avec le gouvernement communiste chinois pour faire avancer son programme d’influence aux USA. »
La chose a depuis fortement inspiré différents matériels venus de la droite républicaine, notamment en soutien de Trump, pour en détailler tous les aspects. On peut lire un article sur cette affaire sur le site RedStates.com, tandis que The Heritage Foundation, une organisation de la droite dure et interventionniste US, détaille l’histoire et les buts de l’association chinoise CPA. (*) Il est incontestable que la Chine, avec son puissant Parti Communiste Chinois (PCC), est de la partie.
L’histoire de Black Lives Matter (BLM) est fascinante et absolument surréaliste par rapport à la narrative au standard PC (Politically-Correct, qui se dit également Politiquement-Correct). On a déjà pu le deviner en donnant quelques précisions sur Black Lives Matter Global Network Foundation [BLM-GNF], qui est le conglomérat international gérant les fonds de BLM, et en détaillant le soutien du Corporate Power dont bénéficie l’organisation. D’une certaine façon, BLM peut aussi bien affirmer qu’il ne fait rien de fondamentalement anti-américain en acceptant le financement chinois, lorsqu’on détaille les diverses organisations en action à Washington, notamment de lobbying, financées par des pays étrangers. Mais avec BLM, l’affaire est autrement sérieuse, lorsqu’on voit l’activisme politique de l’organisation, son succès public et son insertion triomphante dans le standard-PC, la façon dont finalement elle tient les démocrates par tout ce qu’on imagine et réclame d’eux une politique radicale dont Biden est encore loin.
D’autre part, il est vrai que l’évolution de ces dernières années, des relations entre la Chine et les USA les a grandement modifiées, notamment sous la pression de la politique trumpiste dite “de pression maximale”. Les choses ont encore empiré avec la crise du Covid19, dont la version-trumpiste est qu’elle a été volontairement déclenchée par la Chine.
Avec sa puissance économique, la Chine suivait (à sa façon, certes) jusqu’au début des années 2010 le jeu de la globalisation. Cette voie est aujourd’hui de plus en plus contrariée par la tension politique et stratégique, et la montée de la puissance stratégique chinoise qui s’est exacerebée pour prendre une allure guerrière face aux pressions américanistes. Le jeu de la Chine, équilibrant celui de Washington, est de plus en plus celui du nationalisme économique appuyé sur une posture stratégique militaire impressionnante.
Les liens de BLM avec la Chine produisent alors une situation très paradoxale :
• Du point de vue de la politique intérieure, la thèse d’un Biden prisonnier des BLM, donc prisonnier de la Chine comme l’en accusent Trump & Cie, a de solides fondations.
• Du point de vue qui nous intéresse précisément de la mercantilisation, il y a un paradoxe sinon une contradiction. BLM est soutenu par le Corporate Power, par Soros, etc., au nom de la globalisation et du globalisme, qui est dans ce cas le jeu de la mercantilisation. Mais en se trouvant proche des Chinois, les BLM se trouvent du côté de la première puissance économique du monde qui repousse de plus en plus le globalisme, d’autant que celui-ci prétend se faire également et de de plus en plus culturel, alors que la Chine ne cesse de renforcer sa propre culture nationale et d’en faire un outil de sa puissance.
• On sait que la Chine est très fortement implantée à Hollywood, où elle contrôle divers processus et centres de décision. (La même chose vaut avec la Californie, d’ailleurs, cet État marqué par la gauche radicale et proche de la sécession.) Nous écrivions le 9 août 2020 :
« Aujourd’hui, la situation a évolué dans le sens d’une mainmise de la Chine beaucoup plus accentuée, et plus que jamais avec cette convergence d’hostilité à Trump partagée par la Chine et Hollywood. En effet, PEN America aborde d’une façon détaillée l’aspect politique de l’opérationnalité de propagande de cette entente, malgré tout placée sur le terrain du profit auquel l’industrie hollywoodienne ne saurait pas résister. »
Nous n’évoquions pas, dans ce texte, la convergence Chine-BLM, dans un contexte de la formidable influence par conformisme des campagnes antiracistes, BLM et ‘diversité’ à Hollywood. Les Chinois savent ce que c’est qu’une ‘révolution culturelle’. Ils sont aujourd’hui persuadés que les troubles internes aux USA, et tout ce qui passe par BLM, sont un formidable ferment de guerre civile en forme de ‘révolution culturelle’, et un Hollywood infecté par la gauche radicale et le courant ‘racisant’ porté par la contestation-BLM, et produisant des films dans ce sens, constitue un puissant additif pour cette explosion culturelle. Il n’est pas assuré, dans les conditions d’antagonisme qui se sont installés entre la Chine et le gouvernement central des USA, que cela déplairait aux Chinois.
Dans la folie et dans la décadence accélérée, sinon l’effondrement, la mercantilisation reste bien l’emblème de l’essence des USA et de la modernité, et donc du Système. On voit dans ces quelques exemples les extraordinaires prolongements contre-productifs que ce processus en complète désintégration peut susciter, sans doute avec des erreurs aux conséquences colossales, des fausses manœuvres, lorsque les instruments de la subversion par la communication connaissent les mêmes revers que le technologisme en connaît par exemple au niveau des armements aux USA. Le domaine culturel, avec ses énormes vulnérabilités, joue un rôle considérable dans cette débâcle, et la convergence Chine-Black Lives Matter apparaît potentiellement impressionnante.
Placés comme ils le sont, les Chinois pourraient bien rendre aux USA, avec la révolte des Africains-Américains, la monnaie de leur pièce de leur interventions constantes dans tous les troubles intérieurs en Chine (Ouïghours, Tibet, Covid19 à Wuhan, etc.).
« La haine des radicaux africains-américains vis-à-vis des républicains et de la structure fédérale et la haine des démocrates à l’encontre de Trump et des conservateur convergent de plus en plus vers l’hostilité des Chinois vis-à-vis de l’administration. Il y a une convergence politique et culturelle entre ces deux groupes, dont les intérêts par ailleurs ne sont nullement antagonistes, bien au contraire »,
note un stratège républicain, conformément à la stratégie présidentielle qui est de faire de Biden un otage des Chinois. Peut-être cette proximité a divers aspects de pure tactique, mais elle existe bel et bien dans l’atmosphère surchauffée et surréaliste de la crise de l’américanisme. Il s’agit là d’un aspect essentiel et décisif de la crise de la mercantilisation que nous observons aujourd’hui.
Machine de guerre économique mais également politique, culturelle et psychologique, sinon spirituelle, de la modernité, la mercantilisation se transforme en une redoutable machine d’autodestruction dans les circonstances actuelles de l’effondrement. Dans ce contexte et au cœur de ce tourbillon crisique, on voit bien comment l’effondrement en cours des USA entraînera des bouleversements considérables dans le monde entier, globalisé ou non, globalisation explosive ou contre-globalisation de l’effondrement.
Tout est fortement lié, tandis que les véritables desseins apparaissent, lorsque les masques tombent à l’heure des masques Covid19. La Chine, notamment, poussée en dix ans dans une position d’hyper-nationalisme par l’hostilité et l’arrogance des USA et du Système, nous paraît prête à user de toutes les armes des guerres culturelles et de l’information pour participer à cette entreprise. Les Chinois participeraient de ce fait à la liquidation de la globalisation, et notre perception est qu’ils n’ont plus pour elle l’attention et la prévenance qu’ils eurent entre 1980-1990 et 2005-2010, sinon pour en tirer les avantages qu’ils peuvent, à-la-Trump. Ils jugent que ‘leur’ formule de capitalisme, sorte de communisme-capitaliste sous fort contrôle étatique, vaut largement une messe à la mémoire de la globalisation liquidée dans les formes.
Pour notre propos, tout cela signifie que la mercantilisation qui constituait l’arme de soumission massive du reste du monde au diktat moderniste des USA-Système, est en train de voler en éclats par toutes ses coutures et d’infliger de sérieux revers sinon une complète déroute à la puissance qui l’enfanta originellement.
“Tout a un prix”, dit-on, – y compris les civilisations et les hégémonies ? Requiem In Pace, la facture est réglée.
(*) L’historique de la fondation de la CPA remonte à 1972. Le récit d’Heritage Foundation en fait une manœuvre de subversion, avec l’implantation d’une organisation d’influence idéologique. Mais pas un mot sur la date : 1972, c’est un an après la visite de Nixon en Chine, alors que Washington commençait à jouer Pékin contre Moscou, en même temps que le maoïsme ultra reculait, à la fin de la révolution culturelle. C’est dans ce contexte qu’il faut envisager l’installation de la CPA.