Notes sur l’Au-Delà de l’Horizon

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Notes sur l’Au-Delà de l’Horizon

• Dans cette analyse pavée de fortes ambitions, dont celle de nous conduire au seuil de l’au-delà de l’horizon, nous exposons l’intégration de la crise Hamas-Israël résumée par le nom de Gaza dans l’ensemble écrasant de la GrandeCrise. • Nous exposons comment une nouvelle période s’est ouverte en 2014-2016 qui nous a conduit à une folle balade dans un univers constitué de simulacres aussi nombreux et divers que l’arc-en-ciel des LGTBQ+. • Trois crises qui ne font qu’une, –les USA depuis Trump, COVID, l’Ukraine, – qui ont évolué dans un univers magique et enchanteur pour les grands esprits modernistes qui nous envoutent, jusqu’à ce qu’elle (ces trois crises devenues une) se casse les dents sur Gaza, qui n’était pas une chose inventée mais bien une crise aussi vieille que cette période de l’après-guerre que nous enterrons en grandes pompes et sans regret. • Aujourd’hui, nous sommes donc arrivés au pied du Grand Mystère, de l’Énigme Insondable. • C’est désormais, en passant par les USA-2024 qui vont nous faire swinguer, au-delà de l’horizon que notre destin nous attend.

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15 novembre 2023 à (15H50) – La question que nous examinons aujourd’hui s’appuie sur une interprétation prolongée du concept de ‘GrandeCrise’, ou GCES, à partir du texte datant déjà du printemps 2020 de notre ‘Glossaire.dde’. Bien entendu, nous travaillons sur des hypothèses que nous suggèrent plus nos interprétations des faits, – et surtout nos interprétations des crises, – que les faits et les crises eux-mêmes, pour ceux qui sont capables d’identifier, de comprendre et d’expliquer objectivement ces choses (faits et crises). Bien entendu, la crise de Gaza (certains disent “la guerre de Gaza”, ce qui ne nous séduit guère) et l’interprétation crisique que nous en donnons sont l’événement qui suscite cette révision./

D’abord, et pour disposer d’un cadre crisologique bien précis, nous proposons d’instituer l’interprétation que nous nous trouvons dans une période capitale, à la fois terminale et crisique, et extrêmement rapide (ce qui n’est pas un synonyme de “courte”) de notre époque (ce dernier terme pris dans un sens extensif avec nombre de périodes). Nous nous citons nous-mêmes à partir de notes et de papiers non publiés, sur lesquels nous avons esquissé cette hypothèse.

« Notre période est dite “terminale” parce qu’elle achève une époque nommée “modernité”.

» Elle est dite “crisique” parce que composée essentiellement, et même exclusivement de crises en succession sinon en imbrication, en superposition et en addition, et toutes non résolubles en tant que telles.

» Elle est dite “extrêmement rapide” à cause du développement exponentiel de toutes les formes de communication, sans aucun contrôle possible, cette impossibilité pouvant même et de plus en plus souvent paradoxalement résulter de l’accumulation démente de moyens de contrôle.

» La durée de cette période n’est pas nécessairement courte, par exemple à cause de sa rapidité, mais cette dynamique impose une perception extrêmement forte de l’accélération de l’histoire qui fait envisager l’hypothèse que, métapolitiquement et métahistoriquement, le temps se raccourcit, qu’il devient plus court. »

Il importe, pour garder un caractère réaliste à cette hypothèse et permettre de travailler de façon concrète, de définir cette période par des évènements qui seront nécessairement des évènements-crisiques, ou “crises”. Nous avons beaucoup évolué et changé dans nos hypothèses chronologiques depuis le 11-septembre qui reste la date-phare déterminant dans notre esprit à la fois :
1). la possibilité évènementielle de l’ouverture d’une période crisique terminale, et
2). l’entrée effective dans cette période.

Le 11-septembre est indubitablement l’aïeule, la “mère de toutes les crises” de notre effondrement crisique, – de l’effondrement crisique de notre Système (GCES) devenu effectivement et opérationnellement un événement de notre métahistoire.  Depuis, les évènements ont été divers, incontrôlables, terriblement inconséquents, mais d’un contenu et/ou d’une forme qui n’étai(en)t pas inconnu(s), y compris la grande crise des ‘subprimes’ de 2008 qui est aujourd’hui, faussement, présentée comme un tournant crisique fondamental. Puis, – et c’est là bien entendu que commence la séquence de notre période, – les évènements sont devenus inédits et incompréhensibles, inattendus et imprévisibles, absurdes et grotesques... Nos réflexions à haute voix :

« Les évènements principaux de notre séquence actuelle (en-cours) sont des évènements que nous qualifierons de “crisiques” plus encore que de “crises”. Cette nuance est justifiée par leur durée et leur durabilité [leur longueur déjà accomplie et leur perspective de durée], leur complexité, leur dynamique irrésistible qui les mettent hors de portée des machinations humaines pour les faire cesser ou simplement pour les ‘domestiquer’. Ce sont, selon une expression que nous serions tentés d’utiliser comme telle selon les nécessités dialectiques, comme un indicateur d’une spécificité évènementielle, des “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” (hors de l’humain et, en capacités, en puissance et en essence, au-dessus des capacités humaines). »

Nous datons l’entrée dans cette séquence des “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” à 2014-2016. Bien entendu, la séquence n’est pas terminée puisque nous ne sommes pas encore au terme de notre histoire, mais elle connaît avec la crise de Gaza un tournant essentiel et un quatrième de ces “évènements crisiques extrahumains et suprahumains”, – qui produit par définition une dynamique susceptible de modifier l’essence de la séquence. Ce constat constitue la justification de ce texte, son sujet central, sa raison d’être.

Ces “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” se présentent de différentes manières, soit de façon progressive, événement succinct qu’on juge sans véritable intérêt si l’on s’y intéresse ; soit événement soudain mais qu’on croit identifier et qui semble s’apaiser selon les normes ; soit événement brutal et que nul n’attendait tel qu’ils apparaissent, – tout cela avant de prendre leur véritable forme, inédite, mystérieuse et inconnue.

Nous passons en revue les trois évènements crisiques en insistant délibérément sur ce qui  nous paraît important pour notre démarche.

L’évènement crisique ukrainien

Nous le mettons en premier alors que son épisode d’intensité incompréhensible (celui qui nous intéresse) ne vient que longtemps après, exactement le 22 février 2022. Mais il apparaît que les liens sont trop forts, trop explicites, entre l’origine et le cœur du phénomène pour procéder autrement.

Après de nombreuses péripéties depuis l’éclatement de l’(URSS de 1991, nous passons au mois de février 2014. Un coup d’État (dit ‘regime change’ ou ‘color revolution’ c’est selon) est organisé essentiellement par l’appareil de sécurité nationale US et aboutit à un régime hybride, instable, de plus en plus extrémiste, avec une forte composante d’extrême-droite de tendance nazie (‘ukronarie’). A partir de là commence une guerre civile larvée et sporadique tandis que des efforts de négociation impliquant l’Occident (Européens) et la Russie aboutissent à une apparence de stabilisation, avec les accords Minsk-I et Minsk-II. La coopération de l’Ukraine avec l ‘OTAN est très forte et structurelle. Zelenski est élu président en 2019 sur un programme de réconciliation avec la Russie qui disparaît rapidement.

Le 24 février 2024, estimant que l’Ukraine décisivement renforcée par l’OTAN prépare une offensive sur le Donbass prorusse et va donc installer un dispositif militaire menaçant sur sa frontière en même temlps qu’un régime d’oppression pour ces Ukrainiens-Russes, la Russie décide une attaque préventive dite ‘Opération Militaire Spéciale’. C’est à ce moment que débute la crise qui nous importe, même s’il faut en connaître les prémisses.

L’événement crisique interne-USA

Un seul nom résume tout : Donald Trump. On connaît son parcours, d’une candidature sans aucune ambition sinon un outil pour la promotion de ses émissions télévisées, puis montée dans les sondages, succès considérable, personnalité-TV hors pair, – à adorer ou à haïr, – diabolisation et sanctification (fasciste-nazi tourmenteur du peuple, populiste sauveur du peuple), puis élection et présidence ; élections de 2020 dans une extraordinaire atmosphère de tripatouillage, et élection volée selon les complotistes qui n’ont pas besoin de démontrer l’existence d’un complot pour avoir raison. Élimination de Trump, puisque battu ? Que nenni... Le cirque continue et l’on va jusqu’à sortir une crapule en état de démence sénile de la naphtaline pour conjurer le diable aux cheveux oranges... Les USA continuent à se rouler dans un encombrement obscène de crises comme l’on fait dans des sables mouvants d’excréments... Jusqu’à aujourd’hui et une situation crisique sans aucune possibilité de trouver dans l’histoire une folie similaire, – même Néron calomnié par l’Histoire, même la Jument faite Consul, etc.

L’événement crisique-COVID

La crise COVID-19 est également archi-connue dans ses multiples et incroyables péripéties nous conduisant à des soupçons de fin du monde par élimination, d’établissement d’une dictature mondiale, de mise en place d’une surveillance globale, etc. Le soupçon de la réinstallation du dispositif est constante et inscrite au calendrier des ultra-libéraux de Davos selon leurs adversaires, ce qui conduit à une durabilité coriace de la crise.

« Aucune de ces trois crises ne répond à un modèle standard. Elles ne culminent pas en un paroxysme pour ensuite s’éteindre ; elles atteignent un paroxysme (un premier paroxysme) et ne le quittent plus, se manifestant paroxystiquement dans des domaines totalement différents, de paroxysme en paroxysme. Selon le modèle ancien, la crise ukrainienne aurait dû s’arrêter aux accords de Minsk effectivement respectés et ainsi rentrer dans le rang en attendant une trahison, une révolution de couleur, un changement de paradigme comme l’on dit... Trump n’aurait jamais dû exister, il n’aurait jamais dû être élu, il n’aurait jamais dû poursuivre la politique après sa défaite de 2020, il n’aurait jamais dû être la seule voie concevable aujourd’hui pour les orésiudentielles-2024 – et pourtant, rien de tout cela, il est toujours là. La crise-COVID n’aurait jamais dû avoir lieu comme les pandémies de la grippe asiatique et de Hong Kong, en 1956 et 1969 eurent lieu avec des millions de morts sur toute la planète sans aucune crise, sans qu’on s’en aperçoive (deux articles du ‘Monde’ sur la pandémie, durant les 30 mois de la grippe de Hong-Kong en 1968-1969)... Pour toutes ces raisons, on peut parler d’“évènements extrahumains”, classification qui nous donne comme explication satisfaisante une non-explication correspondant à l’inconnaissance. »

Quels facteurs ces trois “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” installent-ils dans la situation générale du monde sans aucune restriction de zone géographique ni aucune restriction de domaine d’activité et de de production, ni aucune restriction de choix idéologique, ni aucune restriction de comportement psychologique ?

• Tous sont remarquables justement par ce qu’ils sont devenus, sans précédent, sans logique opérationnelle, sans “avertissement préalable” dans la période précédant celle où nous vivons et où ils ont lieu. Ce sont des évènements et des phénomènes sans aucun précédent dans les périodes qui ont précédé. Puisque COVID-19 n’aurait jamais dû exister, puisque Trump n’aurait jamais dû voir sa candidature séduire plus de 10% de fêlés, puisque n’importe quel président ukrainien aurait dû empocher Minsk en disant “chouette, je vais pouvoir me reposer”, ce sont donc des évènements tombés du ciel que des idiots évadés de l’asile, – notamment la tribu des zombies dits ‘neocons’, – se sont empressés de ramasser en jurant y voir des objets précieux.

• Tous sont remarquables également par  ce qu’ils imposent immédiatement comme caractères inédits dans la situation générale. Ces “caractères inédits” ne correspondent pas, – un peu ou énormément, – à ce qu’ils sont, – puisqu’en l’absence de l’incarnation d’eux-mêmes ils ne sont rien. Ils suivent une logique correspondant au globalisme (l’addition de plusieurs phénomènes ou évènements ne donnent pas un effet correspondant à ces seuls facteurs mais créent et installent une nouvelle nature, une nouvelle essence [voir la différence entre ‘mondialisation’ et la ‘globalisation’]) parce qu’ils ne voient rien d’autre de disponible, – et d’ailleurs ils s’en fichent. Ils entendent imposer cette idée sans queue ni tête de refus d’incarnation qui les définit si bien, à tous les nommés-humains auxquels ils entendent couper la queue et la tête pour que personne ne puisse plus rien savoir du lieu d’où il vient, du lieu où il va, de qui il est et de pourquoi tout cela flotte dans les esprits.

• Ces “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” n’ont donc aucun intérêt en eux-mêmes et d’ailleurs ils ne sont pas là pour ça. Là-dessus, l’inconnaissance fait son travail, démontrant toute son extraordinaire nécessité, ébarbant l’inutile et l’accessoire pour mieux faire éclater l’essentiel. Reste alors le fait prodigieux de l’événement venu d’hors de nos vanités, de nos certitudes d’aliénés, de zélotes zombifiés d’une raison mille et mille fois subvertie par les œuvres du Malin. Vous n’y comprenez rien et vous ignorez où nous allons ? Nous non plus, bien entendu... Tout cela terminé par la question qui vous cloue et nous permet de continuer sans trop de préoccupation : et alors ?

« Ce fut une période magique !...»

Nous avons déjà écrit combien la crise de Gaza constituait un bouleversement colossal dans la séquence entamée en 2014-2016, bien que ce bouleversement fasse absolument partie de cette séquence. Nous résumions le fait brut, qui est d’abord et essentiellement de l’ordre de la communication et de la perception (passage au second plan presque effacé de l ‘Ukraine “au profit” de Gaza) qui fondent aujourd’hui 95% de la puissance, dans un récent article du 29 octobre 2023, selon ces extraits... C’est long, mais pas inintéressant à relire :

« La disparition de l’Ukraine de la scène de la réalité du monde est un événement extraordinaire, une sorte de “Pearl-Harbor de la perception” dont on est loin d’avoir pesé toutes les conséquences. [...]

» En gros, il s’agirait de dire que c’est l’échec d’un “coup d’État sur la réalité du monde”. [...]

» Il n’empêche qu’aujourd’hui qu’il nous a été donné un peu de champ, – presque un mois, – j’en arrive à considérer cette campagne d’une ampleur et d’une originalité extrême de cette façon : il s’agissait bel et bien de la réalité du monde, qu’il importait de saisir et d’installer dans le simulacre préparé à cet effet. La question de la Russie n’était que secondaire pour les hauts esprits des Enfers chargés de cette délicate mission. La Russie était considérée, à la fois comme l’appât et le leurre, – et pour certains comme le gain, bien entendu. [...]

» L’Ukraine était le truc idéal, comme l’avait indiqué le grand géopolimagicien Zbiginski (non pardon, Brzezinski). Placé au centre d’un peu tout (Europe, OTAN, notre-civilisation à nous), entre Gog et Magog, c’était un lieu souvent cité et tout aussi souvent inconnu de tous, ignoré, sans véritable intérêt, sauf ses ukronazis et ses dames réputées de grande beauté. Je veux dire par là, avec tous ces détails, qu’il n’y avait rien de préconstruits en fait d’affectivisme, aucun sentiment prévalant, aucune larme prête à couler, tandis que l’OTAN s’approchait joyeusement de la Russie, comme l’on danse la tarentule. Cela fait que, lorsque les Russes, à bout de souffle parce que pressés sur leurs frontières, furent conduits à réagir comme on les vit faire en attaquant préventivement à l’attaque qui les menaçait, il fut d’une facilité déconcertante de les peindre en agresseurs honteux et brutes fort épaisses.

» Le reste suivit “comme un torrent”, amoncellement d’exploits, déroute russe, ridicule de cette prétendue identité russe, absence complète de culture après l’annulation des habituels imposteurs, – les Tolstoï, Dostoïevski, Tchaïkovski et autres, – maladie mortelle sur maladie mortelle de son chef-président réduit à un rôle de momie empaillée, les chars ukrainiens qui grondent partout, emportent tout, ici trois mètres et demi, ici neuf centimètres, là recul stratégique de quinze kilomètres, la grande bataille finale de Bakhmout couronnée par la contre-offensive magique saluée par plusieurs sommets de l’OTAN et un gazoducs réduit en bulles de Baltique ici et là...

» Ce fut une période magique !...»

« Et puis tout s’effondre ! »

Bien, entendu, cette interruption brutale et cruelle d’une période si heureuse pour l’esprit occidental et hyper-moral, hyper-conforme, formidablement semblable à la caricature de lui-même qu’il entretenait comme une masturbation moralinesque sans fin, à la fois plaisir sensuel et apaisement de l’âme achetée en solde, – « Et puis, soudaine malédiction, tout s’effondre ! »

On se répète, certes, mais il n’est rien de meilleur que la répétition pour faire pénétrer dans l’esprit, même le plus fin et le plus subtil, quelque énorme vérité qui, à première vue, apparaît bien trop simple pour exciper de son importance. Pourtant, nous y sommes.

« Le fragile et subtil équilibre du simulacre qui nourrissait notre rêve superbe s’évapore... Ce maudit conflit palestinien, cette explosion sans fin de notre deuxième moitié du siècle d’avant connaît un nouveau soubresaut !

» Situation complètement nouvelle, car dans ce cas plus question d’imposer un simulacre dans un espace vierge et indifférent. Sur le conflit palestinien, sur Hamas, sur Israël, les gens ont leurs idées, leurs points de vue, ils savent ce dont l’on parle et eux-mêmes ils parlent haut. On manifeste, on proclame, nulle part il n’est possible de nier l’existence de l’autre. Il est impossible pour les uns comme pour les autres d’imposer à l’autre une réalité dont il ne veut pas.

» Et c’était comme si tout disparaissait, la nouvelle réalité si bien ajustée au simulacre disparue en l’espace d’un instant, retour sur cette terre maudite où tout est incertain, où les Russes prétendent avoir leur place, où Zelenski s’enfonce lentement et à une vitesse “de dingue” dans des souvenirs incertains dont il n’aurait jamais dû sortir. »

Aussitôt enchaîne le deuxième événement qu’introduit la crise de Gaza. Les trois crises précédentes avaient donc ceci de remarquable qu’elles étaient complètement inédites, disons si vous voulez comme ayant un caractère inédit comme façon d’être. Vous n’aviez jamais vu, dans l’époque moderniste bornée par l’apparition de l’arme nucléaire, cette sorte de crise :

• Un événement fortuit ou fabriqué qu’importe, conduisant à une situation où, soudain, la Russie affrontait le monde occidental, symboliquement puissance nucléaire centrale contre puissance nucléaire centrale comme elle fait en Ukraine depuis février 2022.

• Une “pandémie” mondiale morphant en une crise où seraient posés des questions sur les libertés fondamentales, la situation des démocratie et les simulacres sans fin institués à cet égard, la mise en cause des libertés des citoyens.

• Un processus électoral puis politique aux USA où l’establishment le plus puissant du monde se verrait confronté, complètement sur la défensive, conduit à des maladresses sans nombre, sans personnel de quelque valeur pour soutenir son action, à un individu ne sortant pas de ses rangs, affirmant son hostilité, et disposant pourtant d’un accès massif aux moyens de communication (à cause des lois du profit avec un Trump attirant des audiences énormes, favorables ou non, avec effets sur les annonceurs).

Ce caractère inédit donnait un champ libre exceptionnel aux montages et aux simulacres, et par conséquent un discrédit important sur cette séquence crisique. Il n’existait aucune référence qui, dans le passé, donnât à l’une ou l’autre situation une certaine légitimité capable de rallier des partis différents, et donc d’éviter des simulacres de diabolisation. Les traitements faits aux Russes, aux anti-vaccins et à Trump (voir ses tribulations judiciaires) sont éloquents à cet égard. Il s’était établi une sorte de “structure crisique énigmatique”, que quelques-uns désignaient comme essentielle et que le Système avec toute sa puissance d’influence et de diffamation conchiait, lynchait, dénonçait, abâtardissait, abaissait, écrasait...

« Ce fut une période magique !...»

 « Sauvés au bord du précipice de la folie »

En effet, Gaza est un effondrement de cet immense simulacre construit avec les trois “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” qui, jusqu’alors, n’avaient nullement été catalogués comme tels. Avec Gaza, en effet, nous quittons les terres vierges ouvertes à tous les simulacres, puisque sans passé sérieux, sans influence historique et métahistorique, et dont on pouvait par conséquent faire ce que bon l’on semblait. Gaza, le Hamas, Israël, c’est la question palestinienne, vieille de trois-quarts de siècle, grosse de tant de souffrances, de révoltes, de répressions.

Cela signifie qu’avant le 7 octobre, les deux camps existent déjà, et depuis si  longtemps, bien avant Trump et Kiev-2014, et le COVID. Il y a donc un reclassement immédiat et aucun espace disponible pour une diabolisation sans conditions : tout le monde est armé, aussi bien d’arguments que de Kalachnikov, et chacun avec son martyre. En même temps, le lien que nous avons établi entre ‘Ukrisis’ et Gaza fait que Gaza s’insère parfaitement dans le courant de ces “évènements crisiques extrahumains et suprahumains” dont nous faisons l’hypothèse qu’ils sont constitutifs de cette “période terminale” définie au début de cette analyse, – “terminale” vers l’accomplissement de la GrandeCrise. Par conséquent, Gaza fait entrer la période terminale dans l’actualité métahistorique immédiate, et c’est là un événement tout à fait considérable, une sorte de “coup de pouce divin”... Ce qui nous conduisait à écrire le 29 octobre :

« Ukrisis’, disais-je : le simulacre devait tout transformer et retransformer comme pâte à modeler ! Rien n’était pré-formé dans les opinions, sauf l’antirussisme. Tout était vierge pour que le monde se transformât en transformant son centre inspirateur rebelle, cette grossière prétention du Russe. Qui se souvient encore de cette odyssée que même un divin Achille secondé par un rusé Ulysse n’aurait pu porter ? Échec extraordinaire en moins d’un mois. ‘The Great Recette’ n’a pas marché, la mayonnaise n’a pas pris.

 » Alors il faut s’interroger : quelle main divine a conduit cette crise où on la voit aujourd’hui, repoussant le simulacre qui devait tout emporter pour nous ramener dans la vérité-de-situation que nous avions définitivement bannie ? J’ai peut-être, dans ces lignes, dans cette page, semblé faire de la caricature, de la parodie, de la dérision et de la farce, – bref, du bouffe comme j’aime bien à dire, – mais ce n’est qu’à demi. Il y eut effectivement une gigantesque tentative de simulacre et nous faillîmes tous y donner, même les plus récalcitrants, tant la poigne du Diable était forte, – et puis la chose a cédé, et c’est un grand événement. La réalité nous est restée, nous fûmes sauvés au bord du précipice de la folie ; même si c’est pour affronter celui de l’effondrement d’une civilisation de peu de dignité, je ne cache pas ma préférence...

» Comme un torrent”, disais-je, rappel d’évènements passés où nous étions déjà confrontés à l’incompréhensible, et toujours emportés, de plus en plus, d’année en année... Et toujours la conclusion est la même obsédante observation dans ce moment immense de basculement d’une civilisation, d’un monde, d’un cosmos, dans cette tempête intense qui se refuse aux pensées les plus hautes pour pouvoir se “croire”, jusqu’au bout... »

« L’heure de la bataille finale »

Certes, là-dessus, un essai de prospective n’est pas malvenu. Il concerne bien entendu la prochaine crise enchaînant sur les autres qui continuent, et là directement sur Gaza qui est fait pour durer. Il ne nous vient à l’esprit, à un gros mois de l’année 2024 rien d’autre et rien de moins que la possibilité d’une énorme crise dont sont grosses les élections présidentielles US.

Pourtant, nous allons choisir le chemin de la mesure et de la sagesse pour cette prospective, tout en ne cachant pas qu’il nous étonnerait grandement que les choses soient aussi simples qu’elles ne le paraissent sur cette voie, par exemple lorsqu’on lit Alexander Douguine dans son essai sur « La guerre israélo-palestinienne dans le contexte de la grande géopolitique » (remplacez donc “grande géopolitique” par GrandeCrise), dont nous avons la version en traduction depuis le 14 novembre.

Douguine suppose Trump vainqueur et installé, ce qui nous paraît à la fois possible (Trump a le vent en poupe en ce moment pour se débarrasser des multiples assauts juridiques lancés contre lui) et improbable (son élection, et plus encore son installation, devraient provoquer tant de remous que vous pouvez d’ores et déjà sortir la rubrique “guerre civile” de votre arsenal dialectique). Bref, incertitude, ce qui est un gage de plus de GrandeCrise comme cadre de développement de Gaza ; c’est de toutes les façons l’orientation que trouve Douguine à la fin de cet extrait (« Ce qui signifie que l'heure de la bataille finale a probablement sonné »), saluant en cela la potentialité eschatologique générale qui marque désormais tous ces évènements si fortement liés entre eux, en un immense tourbillon crisique, une polycrise finale...

« Quel rôle joue la position de Donald Trump dans cette confrontation croissante entre l'Occident et l'Islam ? Biden est un globaliste convaincu, un russophobe enragé et un partisan extrême de l'unipolarité. Cela explique son soutien sans faille au régime néo-nazi de Kiev et sa justification totale d'Israël - y compris un génocide pur et simple. La position de Trump est plus différenciée. C'est un nationaliste classique : pour lui, le plus important, ce sont les intérêts de l'Amérique en tant qu'État, et non des projets éphémères de domination mondiale. En ce qui concerne la Russie, Trump est indifférent, il est plus préoccupé par le commerce et la concurrence économique avec la Chine. Mais en même temps, il est sous l'influence totale du lobby sioniste en Amérique même. Ainsi, dans la guerre imminente de l'Occident contre l'Islam, il ne faut pas s'attendre à un affaiblissement de sa part, ou de la part des Républicains en général. Dans ce contexte, si l'arrivée de Trump peut affaiblir le soutien à l'Ukraine (qui est très important pour la Russie), il poursuivra une politique assez dure à l'égard des musulmans et surtout des Palestiniens - peut-être même plus dure que Biden. Nous devons donc être réalistes et nous attendre à une guerre difficile, sérieuse et prolongée.

» Il est important de comprendre qu'il ne s'agit pas d'un conflit religieux. Il s'agit d'une guerre du Dajjal athée et matérialiste contre toutes les religions traditionnelles. Ce qui signifie que l'heure de la bataille finale a probablement sonné. »

Au-delà de l’horizon

En développant cette analyse générale, nous avons retrouvé les caractères généraux de la situation que nous avions identifié dans le texte repris du début 2014, republié le 13 novembre 2023. Cette fois, par contre, il n’y a plus de possibilité d’échappatoire dans une resucée d’une pseudo-crise ukrainienne encore à faire. Toutes les capacités de diversion crisique (diversion de déflexion dans des crises latérales et prétendant à l’autonomie), rôle de balayeur et ramasseur d’ordures en général laissé aux neocon, tout cela c’est du pipi de chat. Aujourd’hui, les neocon sont épuisés, même s’il leur reste éventuellement une Chine à se mettre sous la dent, ce qu’ils n’oseront faire puisque la Russie, sortie transformée en première puissance militaire du monde, empêche toute initiative de cette sorte.

Il ne nous reste plus qu’à tendre notre regard jusqu’au-delà de l’horizon, là où notre regard se perd et où nous perdons notre regard. C’est là que le destin nous attend.

 « Si vous avez un peu de mesure et de raison, si vous ne sombrez pas dans les vapeurs de l’évocation frelatée du complot universel de ces hommes de l’ombre qui vous manipulent comme s’ils étaient des géants aux capacités immenses dans cette époque de nains proliférant, si vous n’êtes pas pris de cette passion de la rationalité à tout prix comme l’on est pris d’alcool ou d’addiction pour les puissances artificielles, si vous êtes raisonnables dans le sens de ne pas prétendre tout embrasser du monde avec la seule raison humaine, alors vous êtes conduits à envisager des voies suprahumaines pour tenter d’appréhender une compréhension de ces temps étranges. Si vous êtes raisonnables et si vous n’avez pas l’esprit fermé par l’aveugle vanité de soi, alors vous devez vous appuyer bien autant sur la foi dans l’intuition haute que sur la mesure bien tempérée de la perception de l’agitation du monde pour continuer à observer ces temps où les géants sont les événements du monde, et les nains ceux qui prétendent encore les maîtriser. » [Cela, écrit le 7 juin 2017.)