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1689Ainsi, il s’avère que les Iraniens ont montré au monde entier le RQ-170 dans un état superbe, preuve de la qualité de la machine, bien garée dans un hangar, à l’abri d’une reconnaissance électronique d’un autre RQ-170 volant dans les cieux iraniens (la CIA en a un certain nombre). Le DVD désormais fameux peut être trouvé, pour remonter à la source, sur PressTV.com le 8 décembre 2011 : «Iran has released video footage of the most advanced US reconnaissance drone which was downed by the Iranian Army in the eastern part of the Islamic Republic earlier this week.»
Le film a aussitôt déclenché un torrent de commentaires, d’évaluations et d’hypothèses. Le soupçon s’y mêle au scepticisme, le catastrophisme aux suggestions des immenses changements que cet événement pourrait provoquer dans les conceptions du bloc BAO, et bien entendu aux USA en particulier.
L’un des axes originaux (?) du commentaire a été : il s’agit d’un “faux” RQ-170. Dans ce cas, chapeau bas aux Iraniens d’arriver à fabriquer aussi vite un “faux” de cette si belle allure, ou bien, autre hypothèse, il serait ainsi démontré qu’ils ont eux-mêmes leurs propres simili-RQ-170, vrai ou faux, qui sait…
C’est notamment Danger Room, le 8 décembre 2011, qui développe cette thèse. Il y a divers arguments qui sont développés, notamment la fourberie notoire des Iraniens (au contraire du comportement loyal du bloc BAO), toujours prêts à tromper le bloc BAO.
«Caveats apply. When it comes to news out of Iran — particularly relating to military feats — the history of official blarney and balderdash makes a healthy dose of skepticism a necessary ingredient.»
AOL.Defense.com du 8 décembre 2011 va dans le même sens. Le site, lui, a ses experts, et ils parlent même peinture pour démontrer la fourberie iranienne.
«Our expert is, well, very experienced. Here's what he said in an email after I sent a link to the Iranian footage. "Looks like a fake," he wrote. "Does not look like the condition of an aircraft that lost control. Also wrong color, and they are not showing the landing gear or bottom of the aircraft... and the welds on the wing joints are hardly stealthy..." In order to avoid setting off radar, welds on stealthy aircraft must be very close to the surface of the structure and extremely smooth.»
A côté de cela, ou au contraire de cela plutôt, pour nombre d’autres commentateurs, il s’agit bien du vrai RQ-170. Interrogé par CNN, Bill Sweetman, de Aviation Week & Space Technology, a affirmé qu’il lui semblait bien qu’il s’agissait du vrai RQ-170. Le même CNN, faisait paraître un bref message de son reporteur Chris Lawrence, le 9 décembre 2011 pour nous en Europe, où il donnait un premier résultat de son enquête, – nécessairement lapidaire puisqu’il s’agit de Tweeter, – sur cette nouvelle polémique dans la polémique : «US official tells @clawrencecnn “no reason to believe the drone in the Iranian video is fake”.»
Chacun son expert et son “officiel”, par conséquent, et l’on apprend parallèlement que la CIA étudie de près la vidéo iranienne. Pour comble de vilenie, la vidéo montre que les Iraniens ont drapé le bas de l’appareil (le train d’atterrissage) d’un étrange drapeau américain nécessairement démesurément allongé sur sa longueur. On perd donc des détails précieux.
Précisons tout de même que le prestigieux expert Loren B. Thompson qui avait d’abord annoncé que les Iraniens, avec cette “prise”, n’avaient en mains qu’un amas de débris sans intérêt, ne met pas en doute l’authenticité de la chose montrée par la vidéo iranienne (dans Forbes, le 8 décembre 2011).
«However, Iranian television today broadcast the first pictures of what it claims to be the downed drone, and the aircraft seems to be almost entirely intact. In fact, one of the military officials in the film can be seen sliding a delicate part in and out of its slot on the airframe, indicating virtually no damage. At first blush, it appears the Iranians really are in possession of the drone, and will be able to closely examine it for insights into how the U.S. intelligence community has been spying on their nation.
»If so, this is a significant blow to America’s intelligence community, one that will undoubtedly lead to prolonged investigation into why such a sensitive intelligence-gathering system literally fell into Iran’s hands…» (Suivent un certain nombre d’arguments pour nous démontrer que ce “coup terrible” porté aux secrets US ne l’est pas tant que cela, pour des raisons aussi nombreuses que les arguments.)
A côté de cette polémique dans la polémique, une autre polémique dans la polémique a surgi, qui concerne la réaction de l’administration Obama. En un mot : l’administration Obama a envisagé de lancer un raid de forces spéciales “avec l’aide d’agents US infiltrés dans les forces iraniennes” (ce qui est un aveu inédit), ou bien une attaque aérienne pour détruire le RQ-170 capturé, et elle a finalement abandonné l’idée estimant que cette action serait considérée comme “un acte de guerre” avec de possibles et incalculables conséquences. Le Wall Street Journal avait rapporté la chose le 4 décembre. Le New York Times confirme, le 7 décembre 2011 : «Two officials said that the United States briefly considered going in to retrieve the downed drone, or to destroy it, as first reported Wednesday by The Wall Street Journal, but the operation was deemed too risky», – cela, avant de donner d’autres précisions.
Ce sont ces précisions qui intéressent particulièrement DEBKAFiles.com le 8 décembre 2011. Le site israélien rapporte les informations du NYT et, surtout, en expose, selon lui, les conclusions tirées par les Israéliens qui auraient “suivi intensément” les délibérations américaines en la matière. DEBKAFiles.com estime que cette décision de l’administration Obama a renforcé le parti des durs en Israël et convaincu les dirigeants israéliens qu’il ne fallait pas compter sur les USA pour attaquer l’Iran.
«The Obama administration's internal discussion on how to handle the loss of the high-value reconnaissance drone was followed tensely in Jerusalem. The decision it took against mounting a mission to recover or destroy the top-secret Sentinel was perceived in Israel as symptomatic of a wider decision to call off the covert war America has been conducting for some months against Iran's drive for a nuclear bomb – at least until the damage caused by RQ-170 incident is fully assessed. A senior Israeli security official had this to say: “Everything that’s happened around the RQ-170 shows that when it comes to Iran and its nuclear program, the Obama administration and Israel have different objectives. On this issue, each country needs to go its own way.”»
Mais le plus intéreessant dans l’article de DEBKAFiles, ce sont les affirmations portant sur le contenun opérationnel du RQ-170, à savoir une compilation d’un éventuel plan d’attaque au travers des objectifs qui sont recensés dans les informations dont dispose le drone.
«Senior Israeli diplomatic and security officials who followed the discussion in Washington concluded that, by failing to act, the administration has left Iran not only with the secrets of the Sentinel's stealth coating, its sensors and cameras, but also with the data stored in its computer cells on targets marked out by the US and/or Israeli for attack.
»DEBKAfile’s military sources say that this knowledge compels the US and Israel to revise their plans of attack for aborting the Iranian nuclear program...»
...D’où, selon la même analyse, la véritable “catastrophe” de cette aventure (outre la nécessité de revoir les plans d’attaque), qui révèle une énorme faiblesse du système, qui serait le non-fonctionnement du processus automatique de destruction en cas de perte de contrôle. Dans ce cas de la présence de ces informations, il s’agit de la nécessité d’une révision complète de ces systèmes à bord des drones US ; “dans ce cas”, dira-t-on avec un certain scepticisme, si le cas est confirmé ; mais l’hypothèse elle-même reste une incertitude et la bureaucratie du renseignement du bloc BAO peut-elle se baser sur une incertitude, fût-elle extraordinairement minime ? Le monde du système du technologisme au degré d’affirmation et de surpuissance où se trouve ce système, ne peut se satisfaire que de la perfection dans de tels domaine. Il s’agit alors, disons, de l’obsession de la perfection, qui est, on le comprend une quête sans fin où l’obsession l’emporte toujours sur la perfection...
Contre la thèse de DEBKAFiles, il y a ceux, comme indiqué dans Danger Room, qui minimisent cet aspect des informations transportées par le RQ-170, en précisant que l’“encryptage” des informations qu’il porte est absolument inviolable pour les Iraniens. Voire... A cet argument, on opposera le même argument de “l’obsession de la perfection [...] où l’obsession l’emporte toujours sur la perfection...” Il faut être parfaitement sûr (que les Iraniens ne peuvent décrypter) ou bien, alors, rien n’est sûr.
Le cher Loren B., dans l’article déjà mentionné, “rigole bien” à la pensée des spécialistes innombrables de la bureaucratie du renseignement qui “rigolent bien” à la lecture de toutes ces conjectures et hypothèses du système de la communication (experts “indépendants”, journalistes, propagandistes, etc.), – dont les siennes, au fait, – tant tous ces braves gens ne connaissent pas grand’chose des immenses secrets de cette même bureaucratie. Donc, il n’y aurait, finalement, rien à craindre...
«U.S. intelligence operatives must be laughing at a lot of the media coverage they have seen this week concerning Iran’s supposed downing of a top-secret U.S. reconnaissance drone. The government has disclosed few details about the RQ-170 Sentinel unmanned aerial vehicle, such as how many it owns or what kinds of missions the system can perform. Since reporters don’t hold any of the relevant security clearances, their coverage is necessarily conjectural.»
…Eh bien, nous ne partageons pas la joie saine de Loren B., toujours en vertu de cette fameuse équation que nous avons proposée entre “perfection” et “obsession”. Le système du technologisme, dans sa surpuissance majestueuse, ne peut effectivement, comme on l’a dit, ne prendre aucun risque de laisser quelque place que ce soit à l’hypothèse, au hasard, à la probabilité, même extrêmement limitée, même infiniment minime. Le système du technologisme embrasse le monde et, par conséquent, ne se satisfait que de la perfection dans son domaine qu’il doit maîtriser absolument ; cette recherche de la perfection est nécessairement une quête sans fin car il n’existe aucune référence absolue qui garantisse de la perfection ; ainsi la recherche de la perfection devient-elle obsession, c’est-à-dire une pathologie de la psychologie, qui implique désarroi, anxiété et ainsi de suite, qui se développent à mesure inverse de la progression dans la réduction du doute qu’implique cette recherche de la perfection que nécessite le système du technologisme… Au plus on croit s’approcher de la perfection dans la recherche de la perfection qu’implique la certitude de l’accomplissement parfait de la surpuissance du système du technologisme, au plus cette recherche nourrit la crainte du doute qu’on ne pourra pas complètement supprimer, jusqu’au doute ultime, le plus infime, ce grain de sable final qui, au bout du compte, vous fera douter de cette perfection elle-même, exactement lorsque votre raison vous dira que vous l’avez atteinte... Dieu doutant de Dieu, en quelque sorte.
Décidément, le brouillard iranien ne nous facilite pas les choses.
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