Notes sur le sommet du New Normal

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 1959

Notes sur le sommet du New Normal

13 juillet 2018 – Selon notre connaissance des choses officieuses ou semi-officielles, c’est la seconde fois qu’un président US “menace”, au nom de son pays, de quitter l’OTAN, – ou tout comme, sans bien entendu que la chose soit actée officieusement... La première fois, c’était au sommet de Rome de novembre 1991, en séance restreinte. Le débat portait là encore sur les contributions des autres alliés, mais également sur la place prépondérante occupée par les USA dans les commandements militaires (ce qui allait déboucher sur la pseudo-crise, ou simulacre de crise, en 1995-1997, avec la France tentant sans succès, pour prix de son rapprochement de l’Organisation intégrée, d’obtenir le commandement de la zone Sud de l’OTAN, dont le quartier-général de Naples est dans les mains d’un amiral de l’U.S. Navy).

Soudain, au milieu des discussions et récriminations qui se déroulaient dans le climat extraordinaire de la victoire en Irak et de l’effondrement de l’URSS et du communisme, le président Bush-père prit la parole et déclara qu’il voulait que les alliés disent chacun à tour de rôle leur sentiment sur le maintien des forces US en Europe, que si le tour de table était négatif eh bien les USA se retireraient (cela sans préciser s’ils quitteraient formellement l’Alliance). Le résultat fut unanime : “Restez, restez...”

A cette époque, les USA se trouvaient dans une grave crise d’identité dont nous avons souvent parlécitant principalement William Pfaff. Comme on l’a encore lu récemment, nous lions directement cette crise de 1989-1996 aux USA (qui devait coûter son deuxième mandat à Bush-père) à celle qui déchire actuellement les USA et dont l’élection de Trump est le signe le plus évident. En bref, la seconde n’est qu’une phase de plus, en bien plus grave, de la même crise déjà illustrée par la séquence 1989-1996.

... Tout cela pour observer qu’avant-hier, effectivement, Trump a agité la menace d’une décision des USA de quitter l’OTAN, qui vaut bien celle de Bush-père de novembre 1991. On admettra que la tonalité était différente, le sérieux de la chose aussi, plus tactique et bouffon chez Trump, plus solennel et exaspéré chez Bush-père... Quoi qu’il en soit, cela fut puisque tout le monde le dément (en 1991 comme aujourd’hui, de ce côté on reste ferme dans la tradition).

Veni, Vidi, vachement-Vici

L’introduction d’une dépêche de Reuters rendant compte des deux jours de sommet de l’OTAN à Bruxelles a parfaitement résumé la séquence, qui est du pur The-Donald  tactique (« He came. He raged. He claimed victory. He left. ») :

« Il est venu. Il a éructé de fureur. Il a affirmé sa victoire totale. Il est parti.

» Le président Donald Trump a imposé son style de gouvernement chaotique au sommet de l'OTAN à Bruxelles mercredi et jeudi, agaçant et embrouillant les alliés avec des accusations et des menaces avant de déclarer qu’il avait réussi à convaincre ses homologues de payer davantage pour leur défense mutuelle.

» C'était une performance classique pour la star de la télé-réalité, dont le mantra “America first” s'est traduit par un style parfois intimidant sur la scène mondiale, en particulier avec des pays traditionnellement considérés comme des amis américains. »

The new normal”, les gars

Les récits des séances de ces deux jours, malgré l’argument de la confidentialité à laquelle le président français Macron semble être l’un des rares à croire, nous rapportent diverses circonstances peu ordinaires (« The new normal », observe un diplomate, comme on le verra). Il faudra s’y faire et s’en habituer à cause des sautes d’humeur et du brio tactique de l’homme de la téléréalité qu’est le président Trump. 

Il semble bien qu’à une reprise dans tous les cas, le secrétaire général de l’OTAN ait été obligé de transformer la session plénière en session restreinte (les représentants de non-membres étant invités à quitter la salle, comme ce fut le cas pour des représentants ukrainiens et géorgiens, et pour le président de la Commission Européenne Juncker), cela en raison de la pseudo-gravité des propos échangés. Ainsi y aurait-il eu, à une occasion, la possibilité évoquée par Trump que les USA quittassent l’Alliance ; cela fut ensuite démenti catégoriquement par Macron devant la presse qu’il tient en si haute estime, et noyé dans une tirade d’autosatisfaction de Trump lui-même, autosatisfaction qui ne laissait guère de place pour un tel soupçon d’avoir voulu quitter une alliance de si belle facture et en si grande forme.

Le champ de la bataille

Selon le rapport de Reuters, lors de la soirée amicale du mercredi soir, tout le monde avait pu constater que l’Ogre était d’excellente humeur... « Mais le lendemain matin, le personnage du méchant était de retour, provoquant la première réunion de crise officielle de l'OTAN depuis 2008... [...]

» Un diplomate a confié que quelque chose semblait avoir irrité Trump, une suggestion d'un autre dirigeant ou peut-être un reportage dans les médias qu’il n'avait pas apprécié. Lorsqu'il a pris la parole dans la salle du Conseil de l'Atlantique Nord, en amphithéâtre, pour une session avec des représentants de non-membres de l'OTAN, de la Géorgie et de l’Ukraine, Trump a prononcé une tirade de 10 minutes qui, selon plusieurs diplomates, fut dite sur un ton furieux.

» Il a lancé des attaques très claires contre l'Allemagne et averti que si les pays de l'OTAN n'atteignaient pas leur objectif d'augmenter leurs dépenses de défense à 2% de leur PIB national d'ici janvier 2019, les États-Unis feraient cavalier seul. » («... the United States would go it alone. »)

Cette phrase dans le genre western résonna bien comme une menace de quitter l’OTAN, incitant dans tous les cas le secrétaire général à transformer la session générale en session restreinte réservée aux seuls dirigeants des pays-membres. C’est ainsi que les Ukrainiens, les Géorgiens et le président de la CE Juncker durent quitter la salle. Puis la bataille se poursuivit entre chiffonniers accrédités... Macron affirma qu’il était impossible de remplir de tels objectifs (2% immédiatement), d’autant que son budget de 2019 était déjà voté et qu’il s’en tiendrait à l’objectif de 2% en 2024. Même argumentation chez Merkel, dans une atmosphère que Trump lui-même qualifia de « très dure pendant un certain temps »

Le diplomate déjà signalé plus haut confia officieusement que « Ce n'était pas facile pour Merkel et les Allemands d'être traités comme des bandits », avant de conclure philosophiquement qu’il s’agissait bel et bien de « la nouvelle normalité » de l’Alliance. Trump, qui apparut devant la presse triomphant et victorieux, affirma que tout le monde avait accepté de faire passer instantanément ses dépenses à 2% du PIB, et bientôt à 4%. 

Ces informations furent démenties de divers côtés, ce qui montre que tout le monde n’avait pas entendu la même chose et que tout le monde était pourtant d’accord. Effectivement on trouve le même argument, la même observation, l’accord essentiel des esprits et des mémoires, chez un Trump, chez un Macron, chez un Tartempion, pour juger qu’en vérité l’OTAN sort de cette crise plus forte, plus en beauté et plus unie qu’elle n’a jamais été... Cela n’est pas de la langue de bois, certes pas, c’est du bois dont on fait les flûtes pour nous charmer, nous entraîner, nous cligner de l’œil style adagio cantabile...

Enfin, l’OTAN réarme

En effet, comment s’en sort l’OTAN ? On pourrait aussi bien dire “A l’Ouest, rien de nouveau”, sinon la mise en évidence du monstrueux et ridicule artefact qu’est devenue cette organisation, assez bien résumé par le titre de ce texte de WSWS.orgle 13 juillet : « L’OTAN, en guerre contre elle-même, réarme pour la guerre contre le monde » (“NATO, at war with itself, rearms for war with the world”). Hormis cela, plus la description du merveilleux acronyme qu’on concocté les planificateurs de l’Alliance pour décrire la principale décision de réarmement, les “quatre 30”, ou “30-30-30-30” (30 bataillons, 30 navires de guerre, 30 escadrons d’avions de combat ‘cinétiques’ [oups], prêts à intervenir en 30 jours et moins), – hormis cela, le texte d’analyse prospective du site trotskiste en est réduit à dérouler sur la plus grande longueur possible, pour combler les vides de l’argument tiré d’une réalité insaisissable, l’habituel mantra trotskiste mettant tous les membres dans le même sac et appelant à l’unité internationale de lutte les travailleurs de tous les pays.

Enfin, soyons sérieux si cela est vraiment nécessaire... Ce que Trump a mis en évidence, outre son habileté tactique et son extraordinaire indifférence pour la réalité et la vérité, c’est justement le ridicule de cette monstruosité (l’OTAN) qui abrite de tels débats ; et ainsi le président US déploie-t-il à nouveau sa stratégie d’antiSystème complètement “à l’insu de son plein gré”. Il est venu pour déclencher une bagarre de chiffonniers entre alliés, suivie de la publication d’un texte de communiqué qui avait été écrit et signé à l’avance, avant que le sommet ne commence, qui sonne comme une déclaration de guerre à la Russie. 

Cela se fait alors qu’on atteint au terme d’une Coupe du Monde qui a été l’occasion de fêter l’amitié et l’hospitalité de la Russie aux yeux du monde, alors que Macron venait de Moscou à Bruxelles avant d’y retourner dimanche (demi-finale et finale) et de rencontrer Poutine “en marge” de la grande fête du football. Le lendemain, c’est Trump qui voit Poutine, et ainsi chacun fait-il assaut d’amitié avec le président russe, pour trouver quelque appui extérieur hors de vue des chiffonniers.

Quoi qu’il en soit et quelles qu’en soient les conséquences,le communiqué présigné nous rassure en annonçant que l’OTAN, dans l’unité préservée et retrouvée, prépare la guerre contre la Russie.

Le président cogne ses alliés en priorité

Il y a pourtant des gens qui tiennent le compte des choses et distinguent, dans cette singulière et colossale bouillie pour les chats qui rend l’Alliance “plus forte qu’elle n’a jamais été” (Trump + Macron), quelques événements d’un certain intérêt. Le colonel Pat Lang, de Sic Semper Tyrannis, interprète donc ce qu’il juge être la position de Trump durant ce déplacement dans les lointaines contrées européennes. (Pour lui, pour Lang, Trump sort incontestable vainqueur de ce sommet.)

Il résume dans son langage coloré, en six points, à la fois les résultats du sommet de l’OTAN du point de vue de Trump (deux premiers points), la position de Trump très dure vis-à-vis de Theresa May, et les perspectives de la rencontre avec Poutine qui, toujours selon Trump interprété par Lang, donnera de nombreux accords dont notamment ceux qui devraient régler les relations et les positions respectives de la Russie et des USA en Syrie. En un mot, Poutine est de loin l’interlocuteur le plus sympathique, le plus convenable et le plus respectable d’un Trump ayant présigné un document qui prépare la guerre contre la Russie.

Voici les deux premiers points concernant l’OTAN et l’Europe (dans le texte original de Lang, le “Non” des Français est effectivement, c’est-à-dire ironiquement, en français) :

« 1.) [Trump] a d’abord cogné sur les Européens, oh si sensibles, puis il a prétendu qu'ils allaient consacrer 4% de leur PIB à la défense. En réponse, les Français ont dit, “non, nous allons dépenser seulement 2%”. Eh bien, c’est ce qu’il voulait entendre. Il s’en fout s’ils pensent qu’il est un rustre inculte. Il a obtenu ce qu'il voulait.

» 2). Il n'est nullement satisfait des déséquilibres commerciaux entre les États-Unis et l'Europe. Ayant vu la façon dont ils se sont couchés et ont capitulé sur la question des dépenses de défense de l'OTAN, il est plus convaincu que jamais qu’ils vont céder sur les questions commerciales. Il a toujours suivi cette méthodologie et cela a largement réussi. Cela semble fonctionner à nouveau. Kay Bailey Hutchison va bientôt quitter son poste d'ambassadrice à l'OTAN. Elle n’est pas assez dure pour lui... »

“Il s’en fout”, Trump

Toujours et encore, l’Ogre-Trump bouleverse tous les usages, les us et coutumes et ainsi de suite. La capacité du personnage à complètement ignorer les concepts de réalité et de vérité, y compris lorsqu’il interprète les déclarations des autres, cette capacité est phénoménale. L’hypomaniaque-narcissique est au mieux de sa forme lorsqu’il affirme que les “alliés”, enfin remis en rang, dépenseront immédiatement, puis dans quelques temps, respectivement 2% et 4% de leur PIB pour la défense. Rien de tout cela n’est réel ni vrai mais, comme dit Lang, “il s’en fout”.

Tous les autres sont obligés de suivre en applaudissant Trump et en affirmant qu’il n’a jamais dit que les USA quitteraient l’Alliance, tout en affirmant qu’ils ne feront évidemment pas ce que Trump a dit qu’ils feraient. Mais, comme dit Lang, “il s’en fout”.

Il est apparu ce que Lang a bien vu avec son deuxième point, que Trump n’était à ce sommet qu’en bon “protectionniste heureux”, avec comme but de modifier à son avantage le déséquilibre commercial entre l’Europe et les USA, et particulièrement l’Allemagne en Europe. Pour cette raison, l’Allemagne fut sa cible principale, et l’on eut ce dialogue extraordinaire entre lui et le secrétaire général, tel que rapporte WSWS.org :

« Trump avait déjà attaqué le gazoduc Nordstream-2 de la Russie vers l'Allemagne via la mer Baltique, insistant pour que l'Europe achète plutôt le gaz naturel (plus cher) en provenance d'Amérique. L'année dernière, il a même menacé d'imposer des sanctions aux entreprises allemandes et autrichiennes impliquées dans le projet Nordstream. [Jeudi], Trump a mis en garde : “L'Allemagne est totalement contrôlée par la Russie, car elle recevra 60 à 70% de son énergie de la Russie et un nouveau pipeline”.

» Trump intervint avec rudesse lorsque le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg fit un court plaidoyer en faveur de l'unité de l’OTAN : “Je pense que deux guerres mondiales et la guerre froide nous ont appris que nous sommes plus forts ensemble que séparés. ... Nous comprenons que lorsque nous sommes solidaires, nous traitons avec la Russie, nous sommes plus forts.” Trump interrompit brutalement Stoltenberg pour dire : “Non, vous êtes en train de rendre la Russie plus riche. Vous ne traitez pas avec la Russie. Vous rendez la Russie plus riche.”

» Insensible à la référence de Stoltenberg aux deux guerres mondiales,[...] Trump a clairement indiqué que ses demandes n'étaient pas négociables : « Vous avez un pays comme la Pologne qui n'acceptera pas le gaz [russe]. Vous jetez un coup d'oeil à certains pays – ils ne l'accepteront pas, parce qu'ils ne veulent pas être prisonnier de la Russie. Mais en ce qui me concerne, j’estime que l’Allemagne est prisonnière de la Russie, car elle tire une grande partie de son énergie de la Russie.” »

“Jouer avec le feu”

Il est vrai que Trump se conduit en “rustre inculte”, insensible aux vérités et aux réalités du moment, donnant simplement comme on interprète une pièce sa création-simulacre de la rencontre telle qu’il la voulait, sans s’occuper des faits eux-mêmes, bien au-delà du mensonge. Il est vrai qu’il se conduit, comme l’observe Finian Cunningham, en « “capo di tutti capi”, arrivant à Bruxelles dans l’état d’esprit que beaucoup craignaient, pressant les autres membres de l’OTAN avec un mélange de chantage et d’extorsion de fonds ».

Mais le paradoxe dans ce cas est que le menteur, le bonimenteur, le “rustre inculte”, ne fait qu’affirmer ce qui est, sur le long terme et dans les arrangements de l’OTAN, une vérité-de-situation incontestable qui met à nu tout un pan de l’hypocrisie totale de cette alliance. Il est vrai que les USA, avec leur budget gargantuesque du Pentagone, paient bien plus que les autres, parce que les autres acceptent, dans leur totale soumission, que les USA aient tous les leviers de commande, leur imposent leur matériels militaires payables en dollars comme le reste, conduisent en leurs noms sans honneur la politique de sécurité dite-transatlantique qui soumet l’Europe aux intérêts des USA.

Lui, “il s’en fout”. Il pousse les autres dans l’ultime retranchement de leur hypocrisie, refusant de jouer le jeu que jouèrent tous ses prédécesseurs, les POTUS d’avant lui, en feignent de croire qu’il s’agit d’une véritable alliance, entre partenaires égaux. Il dit donc aux esclaves consentants : puisque vous prétendez être des “partenaires égaux”, faites en sorte d’égaliser vos dépenses aux nôtres, et vos exportations aux nôtres.

Un Pat Lang trouve cela parfaitement justifié, et l’on sent qu’il est sur le point d’applaudir Trump parce qu’il en a assez des “esclaves consentants” qui jouent aux “partenaires égaux” tout en refusant de payer l’addition. Tous oublient que c’est cet arrangement qui a fait tenir l’OTAN dès l’origine, d’ailleurs sans la moindre garantie de sécurité comme l’observait évidemment de Gaulle. (“Croyez-vous que les USA seraient prêts à risquer l’anéantissement de Chicago pour avoir fait payé aux agresseurs l’anéantissement de Berlin ?”) Les “esclaves consentants” n’ont pas les moyens de jouer leur rôle de “partenaires égaux”, d’autant moins qu’ils s’affrontent entre eux (à l’intérieur de l’UE comme à l’intérieur de l’OTAN), qu’ils sont tous dans de graves crises intérieures, qu’ils ont perdu la confiance de leurs mandants (leurs populations) qu’ils traitent justement en “esclaves consentants”.

Mais Trump, c’est bien connu, “il s’en fout”. Il presse ses “esclaves consentants” comme le ferait un chef mafieux de ses obligés, puisque, véritable businessman américaniste, c’est bien ce qu’il est. Il les presse et les divise, attisant leurs rivalités autant que leurs oppositions internes (populisme, nationalisme, etc.). Puisqu’“il s’en fout” et que la situation est ce qu’elle est, WSWS.org se réfère à Stratfororgane du DeepState s’il en est, pour montrer qu’en faisant ce qu’il fait, Trump “joue avec le feu”.

« Mais c'est un jeu dangereux. Stratfor, dans une analyse du sommet de l'OTAN, rappelle que l'Europe est un “continent déchiré par les rivalités”. [...] “...C’est une chose pour le président américain de reconnaître et d'opérer dans les limites d'une réalité inconfortable sans perdre de vue son impératif central qui est de maintenir un équilibre des forces en Europe toujours essentiel pour la capacité des États-Unis à gérer la concurrence croissante avec la Russie et la Chine et toutes les pressions périphériques qui peuvent émerger. C’en est une autre d’attiser avec zèle les incendies nationalistes sur le continent et d'encourager le démantèlement d'un bloc imparfait par des agressions commerciales et des menaces sécuritaires transnationales. Cela, c’est jouer avec le feu.” 

» Mais “jouer avec le feu”, c’est exactement la stratégie de Trump dans la politique nationale et internationale. Exprimant les instincts d'un spéculateur immobilier semi-criminel, Trump a l'intention de mettre à jour le bluff de tout le monde – les alliés comme les ennemis. »

“Jeu dangereux” ? “Jouer avec le feu” ? Sans nul doute, mais “il s’en fout”... Nous aussi, d’une certaine façon, sinon pour nous en réjouir. Trump évolue à l’intérieur du Système, c’est dans ce cadre qu’il “joue un jeu dangereux” puisqu’il est toujours dangereux de “jouer avec le feu”.Qui s’en plaindra, selon la ligne qu’à notre avis il faut suivre ? Agissant comme il le fait, le capo di tutti capi met en grave danger le Système, et donc se confirme comme le plus fabuleux de tous les antiSystème de circonstance. Quant aux “esclaves consentants”, ce n’est pas nous qui verserions une larme sur la position de plus en plus déstabilisée que leur impose leur protecteur.