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219529 août 2014 – Il y a les débats houleux, une poussée soudaine de fièvre, jusqu’à une réunion du Conseil de Sécurité, lancés par les affirmations du président-“roi du chocolat” un petit peu aux abois tout de même, d’une “invasion” russe. “Invasion”, d’abord, le terme est étrange, puisqu’on parle de mille, ou deux à trois mille combattants, ce qui n’a rien d’une “invasion” même si l’on accepte cette version extrême type-Kiev. (On s'en doute, connaissant les circonstances habituelles de ce cirque, les Russes ont déclenché un barrages contre-offensif furieux, défonçant la complète fabrication de la chose, – voir notamment Russia Today, le 29 août 2014.)
Ray McGovern, dans Antiwar.com parlait le 23 août 2014 de l’“invasion” en cours, celle du convoi alimentaire russe (l’“invasion” précédente de celle en cours selon Kiev-guignol, ou bien la précédente de la précédente on ne sait, vu le rythme des annonces dans ce sens). Selon son expérience, il exprimait le simple bon sens qu’une “invasion” russe, c’est vraiment tout autre chose que les multiples bribes de montage que nous balance Kiev-guignol...
«...The West accused those trucks of “invading” Ukraine on Friday, but it was a record short invasion; after delivering their loads of humanitarian supplies, many of the trucks promptly returned to Russia.
»I happen to know what a Russian invasion looks like, and this isn’t it. Forty-six years ago, I was ten miles from the border of Czechoslovakia when Russian tanks stormed in to crush the “Prague Spring” experiment in democracy. The attack was brutal. Once back in Munich, West Germany, where my duties included substantive liaison with Radio Free Europe, I experienced some of the saddest moments of my life listening to radio station after radio station on the Czech side of the border playing Smetana’s patriotic “Ma vlast” (My Homeland) before going silent for more than two decades...»
On en restera là pour la réelle substance de l’“invasion”-du-jour, non sans noter au reste que les chiffres avancées (1 000 combattants “russes”, ou 2 000 ou 3 000) peuvent très bien figurer des infiltrations concernant des initiatives spécifiques, mélangeant des groupes plus ou moins paramilitaires, plus ou moins soutenus par des services ruses. Une guerre dite “civile” de la sorte qui est en cours est pleine de tels mouvements (par exemple, la présence de volontaires français commence à apparaître en nombre substantiel et organisé, comme le montre, vidéo à l’appui, le “Saker-français”, le 29 août 2014), – et cela vaut, bien sûr, pour les deux côtés... Enfin, et puisque nous sommes dans une tragi-grotesquerie où des événements terribles côtoient des circonstances grandguignolesques, les Russes pourraient très bien prétendre à une invasion ukrainienne depuis que plus de 400 soldats ont passé la frontière pour se rendre aux garde-frontières russes début août, suivis depuis par divers contingents qui doivent conduire à un contingent général dépassant le millier...
Ce qui, par contre, relève de la certitude désormais, après plusieurs jours d’informations croisées et finalement vérifiées, c’est un changement de structure de combat des milices du Donbass devenues forces armées de la République Nationale du Donetsk (RND), enchaînant sur un changement opérationnel. Il s’agit de l’évolution d’une structure de guerre mi-guérilla mi-conventionnelle faite avec des petits groupes mobiles assurant une grande souplesse défensive mais peu de capacités offensive de conquérir et de tenir du terrain, réorganisée en unités conventionnelles capables effectivement d’offensives d’occupation. Cela s’est traduit aussitôt par diverses offensives couronnées de succès, facilitées par ailleurs, sinon sollicitées par l’état terrifiant de l’armée ukrainienne, désorganisée, laissée à elle-même sans soutien logistique de Kiev, avec un moral extrêmement bas et, selon la tradition ukrainienne, un commandement corrompu et incompétent.
Ce soudain changement de dimension structurelle et stratégique des forces du Donbass est un événement fondamental parce qu’il secoue directement la structure politique de la direction-guignol de Kiev, ou de la “junte” comme disent les anti-Kiev en élargissant la structure au-delà du seul pouvoir nominal (Porochenko). C’est-à-dire que c’est la structure même de l’Ukraine telle qu’elle avait été installée par l’UE et les USA, pour leurs bénéfices espéraient-ils, qui tremble sur ses bases. Un tweet du radical Oleg Lyachko, un des plus durs au sein de la junte, montre effectivement cette situation (Itar-Tass, le 28 août 2014).
«The situation in eastern Ukraine is very complicated, leader of Ukraine’s Radical Party, parliamentarian Oleg Lyashko said on Thursday. “President [Petro] Poroshenko is indulging in wishful thinking. Several units have been encircled in the Donetsk and Luhansk regions. They cannot break out of the blockade if no measures are being taken,” Lyashko wrote on Facebook. Lyashko said a serious threat was posed to the south of Rostov Region where militias opened the second front. “I can say the defense minister and the chief of General Staff do not adequately react to the situation. No aviation support was provided either to defenders in Mariupol or to volunteers encircled in Ilovaisk,” Lyashko said. He called on the Ukrainian president to appoint a new defense minister and a new chief of General Staff. “The economy should be rebuilt for the war needs. The army does not have enough heavy hardware, artillery, aviation, communications and transport,” Lyashko added.»
Par conséquent, quoi que l’on pense de l’“invasion” russe, et même si l’on accepte l’extrême de la croyance-Système en tout ce que gémit le “roi du chocolat” pour appeler le bloc BAO à l’aide, c’est-à-dire si l’on est le secrétaire général de l’OTAN, un fonctionnaire du département d’État ou un journaliste-Système, il est assuré que ce qui est présenté comme un “fait indubitable” (l’“invasion”) n’est certainement pas suffisant pour expliquer le basculement complet de la situation stratégique. Cela signifie que, guerre de l’information-guignol mise à part, la vérité de la situation montre que la guerre du Donbass, à cause de ses prolongements soudain, devient un facteur politique de première dimension dépassant d’ailleurs le Donbass, qui menace les amis de Kiev et pourrait déboucher sur une situation inconnue dans ses composants, marquée par un désordre difficilement contrôlable, fût-ce par la porte-parole du département d’État Jen Psaki. (On peut voir sur les sites habituels, Itar-Tass, Russia Today, les Saker US et français, etc., les indications sur la situation, – et rien absolument rien, à fuir comme la peste sinon pour mesurer l’évolution de leur pensée et de leur trouille, – élément intéressant tout de même,– rien de ce que “pense” dit et écrit la presse-Système à cet égard n'a pour l'instant le moindre intérêt d'information directe. La crise ukrainienne se confirme comme la marche funèbre de la presse-Système dans son rôle de pilier de la démocratie, ou so-disant “4ème pouvoir”.)
En d’autres mots, cette “vérité de la situation”-là (la situation sur le terrain) a fait une incursion en fanfare pour déranger dramatiquement l’agencement qui règne en général dans cette crise, de la présence d’au moins deux mondes (et sans doute plus), sans aucune communication entre eux, présentant des “réalités” sans aucun rapport entre elles. L'état général des choses et des événements est à ce point où il faut que tous, d’une façon ou l’autre, tiennent compte, au moins en partie, de la vérité de la situation. Cela ne garantit absolument pas une sorte de remise en ordre, au contraire cela accélère le désordre en dispensant des zestes de “vérité de la situation” dans ces mondes qui ne communiquent pas entre eux...
En un rapide a parte, nous citerons un paragraphe de notre texte F&C du 27 août 2014, expliquant que l’affaire ukrainienne est le banc d’essai général d’une puissante rupture dans le domaine de la communication, faisant plonger la perception du monde dans un complet désordre, organisation des ruptures totales de perception qui conduisent à l’existence de “mondes parallèles”. (Il est entendu que, dans cette description disons “objective”, nous sommes absolument du côté antiSystème, désignant par conséquent et identifiant sans hésitation le parti déstructurant et dissolvant, – dans ce cas le bloc BAO dans son unanimité moutonnière et paniquée...)
«Nous proposons l’hypothèse que cette nécessité d’une “référence”, – puisqu’il y a bien nécessité, selon nous, – est apparue en pleine lumière, c’est-à-dire comme impérative, essentiellement avec la crise ukrainienne, après une préparation substantielle avec la crise syrienne. Avec l’événement ukrainien, le système de la communication a pris d’une part une extension d’influence, d’autre part une diversité contradictoire et antagoniste sans aucun précédents concevables. Ce faisant, il a conduit à son terme l’exercice d’un changement de nature de la situation du monde. Littéralement, il a fractionné la perception du monde et il a conduit la situation du monde à un chaos indescriptible et incompréhensible en tant que tel. Le compte-rendu intelligible de la réalité de la crise, entre les différentes fractions, et principalement entre le Système du bloc BAO et assimilés d’une part, les forces antiSystème d’autre part, est devenu totalement impossible dans les conditions d’évolution normale. Toutes les catégories de propagande, virtualisme, production de narrative, etc., ont été pulvérisées et remplacées par l’existence chaotique de plusieurs “mondes”, et principalement d’au moins deux mondes sans aucune communication possible. (De ce point de vue, on dira que la crise syrienne a été un “banc d’essai” de ce maximalisme de communication aboutissant à la rupture totale et non dissimulée des réalités caractérisant la situation ukrainienne.)»
Ce qu’on décrit de la vérité de la situation en Ukraine, qui est une direction qui pourrait se révéler être aux abois à cause des défaites du Donbass et de sa prodigieuse incompétence pour conduire cette guerre “anti-terroriste” qui devait se réduire à une boucherie type épuration ethnique bien organisée, tout cela explique donc la réaction du bloc BAO. C’est une réaction type “destruction du vol MH17”. Aggravation générale, tocsin, civilisation en danger, – réunion du conseils de sécurité avec une Power vouant la Russie aux gémonies, déclarations diverses et décisives entre dirigeants du bloc, fureur du secrétaire général de l’OTAN, préparations d’un nouveau train de sanctions, entretien téléphonique Obama-Merkel (la Merkel, avec ses attitudes selon la logique du yoyo a de plus en plus de mal à nous convaincre qu’elle a une dimension d’homme d’État), etc. Cet appel à l’aide du “roi du chocolat” a été l’occasion pour lancer une offensive de mobilisation générale.
Bien, jouons les naïfs ou les incompréhensibles (pour certains) en ne faisant pas de notre position sur la réalité de cette “invasion” un point central de notre raisonnement. Jouons au “tout se passe comme si...”. En effet, puisque c’est le parti du bloc BAO/ Kiev-guignol qui est en difficultés graves, c’est au bloc BAO de prendre l’initiative pour tenter d’éviter le naufrage de Kiev-guignol. Par conséquent, “tout se passe comme si” l’“invasion” russe était réelle, simplement pour justifier une mobilisation générale au niveau de la communication (ONU, appel aux sanction et tout le toutim) et tenter d’interrompre une phase cruciale, extrêmement dangereuse pour le Système qui entend faire son miel de cette crise ukrainienne, en maintenant Kiev-guignol en place, en écrasant la révolte du Donbass, en impliquant les Russes alors que la situation leur serait stratégiquement très défavorable, – trois faits, deux réels et l’un hautement spéculatif, qui sont de toutes les façons complètement compromis par la situation stratégique nouvelle. (De même, avec MH17, “tout s’était passé comme si” les Russes avaient abattu le vol, justifiant “une mobilisation générale au niveau de la communication”, avec suffisamment d’à-propos pour interrompre net des manœuvres diverses qui auraient pu mener à un arrangement selon l’“axe” Paris-Berlin-Moscou resurgissant épisodiquement, et qui pouvait ouvrir la voie à un règlement de l’affaire ukrainienne dans un sens non conforme aux intérêts du Système.)
Maintenant, on conviendra que le bloc BAO est dans une position beaucoup moins favorable, pour la relance de la tension, que dans le cas du MH17 il y a un mois et demi. La cause en est que la vérité de la situation compte aujourd’hui beaucoup plus qu’à la mi-juillet où le flou régnait encore en maître sur cette situation. Cette fois, il y a des situations claires qui apparaissent, qui justifient que l’on parle effectivement de “vérité(s) de situation” comme d’un facteur fondamental :
• La guerre du Donbass n’est plus un élément tactique accessoire, taillable et corvéable à merci pour les besoins de la communication. Elle est devenue un facteur stratégique fondamental qui pèse de tout son poids dans l’évaluation de la situation. Désormais, le “roi du chocolat” peut être fondé de dire : l’OTAN doit venir à mon secours, sinon je saute... Et là, c’est une autre paire de manche, 1) parce que l’OTAN n’est pas en mesure d’intervenir directement et efficacement, d’une façon irrésistible ; 2) parce qu’une intervention directe de l’OTAN, – en acceptant tout de même l’hypothèse, – ne serait absolument pas assurée d’être un facteur décisif : les milices du Donbass, devenus une vraie armée, sont un sacré morceau contre lequel les sublimes armées occidentales, ou ce qu’il en reste, pourraient subir un échec catastrophique ; et 3) parce qu’une telle perspective nous conduirait vers les abysses d’une guerre générale en Europe, avec l’horreur de l’option nucléaire.
• La situation de la directions-guignol à Kiev est vraiment, désormais, dans une position extrêmement délicate. Toute la stabilité du montage UE/USA est menacée, et il faudra bien plus d’une Nuland avec ses sacs de hamburgers à deux balles pour redresser ce Titanic-là, parce que l’iceberg qu’il est en train de heurter est d’une sacrée texture.
... Tout de même, et pour introduire notre partie de commentaire et de conclusion qui va porter sur le fait de l’extraordinaire désorganisation du bloc BAO, – pour rassurer ceux qui avouent leurs craintes de voir leurs teribles maîtres-plans et manigances réussir, – un point accessoire mais significatif, et peut-être pas si accessoire au bout du compter, on verra, certes. Le département d’Etat, a priori, dans le chef de la charmante Jen Psiki, a accepté comme argent comptant les photos de l’OTAN, faite d’ailleurs par une société civile officiellement sans rapport structurel avec l’OTAN ni aucun service de sécurité du bloc BAO, selon une technique désormais acceptée ; ces photos-satellites comme “preuves” de l’“invasion” (les guillemets volent bas...) : «The US as always sided with Poroshenko's statements and NATO-offered evidence, with US Department of State spokesperson Jen Psaki saying that Washington has “no reason to doubt their [NATO's]
Du côté d’Obama, par contre, on fait dans la nuance extrêmement prudente en considérant l'“invasion” avec la plus extrême réserve, selon Jason Ditz, de Antiwar.com, le 29 août 2014 : «President Obama was very careful to distance himself from Ukraine’s latest allegations of a Russian invasion, saying that there was “not really a shift” in Russia’s policy toward Ukraine, despite this morning’s claims of thousands of Russian troops in the east.»
Mais Ditz poursuit aussitôt, dans le sens de ce qui nous paraît évident... Ce doute extrême sur la véracité des clameurs de Kiev-guignol, qui a déjà démontré son théâtre grossièrement faussaire à cet égard, n’empêche absolument pas le POTUS en place, entre deux parties de golf, de pencher vers la solution habituelle des sanctions renforcées. Il s’agit d’une punition sans trop de risques (sauf les contre-sanctions qui affecteront l’Europe) pour un crime dont il est hautement probable qu’il n’a pas été commis, – et ainsi l’homme de communication nihiliste qu’est Obama se trouve-t-il satisfait : «Still, Obama is not one to let a crisis go unexploited, even a likely imaginary one, and he is promising to impose yet more sanctions against the Russians, insisting Russia brought the moves on themselves by opposing Ukraine’s crackdown on eastern secessionists. The “invasion,” which US media outlets were reporting as absolute fact, was never explicitly mentioned by President Obama, but was clearly the pretext for the latest round of sanctions.»
L’enseignement de ces divergences de réactions washingtoniennes, loin d’être coordonnées, ne témoignent que d’une chose, toujours la même chose sans cesse renouvelée : le désordre. D’une façon générale, le bloc BAO montre une inorganisation totale, et cède constamment au réflexe imposé par le Système de la montée aux extrêmes. Ce titre de EUObserver, du 29 août 2014, en nous arrêtant au seul titre et sous-titre du texte, sans nous attarder à son contenu qui développe un raisonnement dont la fausseté et l’inversion sont ainsi parfaitement exposées par avance : «Russian “invasion” of Ukraine alienates EU friends – Germany, France, and Italy have indicated they are willing to impose extra sanctions on Russia due to its overt “invasion” of Ukraine...»
... Que dire d’une “invasion” décrite comme “ouverte” mais dont par ailleurs on n’est sûr de rien, et d’abord de son existence, et qui pourtant conduit des “amis de la Russie” (sic) à punir le coupable, la susdite Russie ? Rien, sinon que l’épisode est décrit par un fou plein de bruit et de fureur, et qui ne nous signifie rien, – sinon sa folie... En réalité, cette folie témoigne simplement de la faiblesse de caractère de tous les dirigeants de ces pays, de leur impuissance à oser porter un jugement qui aille contre le raisonnement de la folie, lequel raisonnement, expressément voulu par le Système, est développé par les irrésistibles mécanismes de la bureaucratie. (Quant à la Russie, on finirait par croire que sa culpabilité se trouve dans ce fait que, selon le gouvernement qu’elle a, les principes qui la gouvernent, les conceptions qu’elle défend, il ne serait effectivement pas impossible ni illogique qu’elle vînt en aide à ses compatriotes du Donbass. C’est cette possibilité-là de la souveraineté et de la légitimité, qui constitue une culpabilité aux yeux du bloc BAO qui ne sait ce qu’est un principe de souveraineté et de légitimité, et nullement dans l’acte d’une hypothétique “invasion”, guillemets au vent...)
De tous les côtés qu’on se tourne, on rencontre les mêmes caractères, c’est-à-dire les mêmes absences de caractère. Le cas Rasmussen, tel qu’il nous l’a été suggéré, est particulièrement remarquable. Ce bon politicien d’un petit pays ayant abdiqué toute souveraineté, c’est-à-dire cet homme politique médiocre qui n’a pas la seule idée que puisse exister un homme d’État, ne représente, dans ses clameurs diverses, que lui-même. Il est décrit comme “un homme seul”, qui prend souvent conseil de sa porte-parole (on imaginerait plutôt l’inverse), une Roumaine qui garde la rancune tenace et antirusse de la domination soviétique sur son pays, et lui-même, Rasmussen, qui dirige la rédaction de communiqués incendiaires sans autre consultation. Qu’est-ce qui le guide ? L’alignement comme le reste, certes, la piètre ambition pour un esprit si bas de figurer un rôle dans ce qu’il croit être une posture historique, et surtout le fait, nous dit-on, qu’«il y croit» (à l’infamie et à l’ambition hégémonique de la Russie). Un tel bilan laisse sans voix.
Il n’y a aucune raison de croire que le reste n’est pas, avec des nuances et des positions variables, dans le même esprit. Par conséquent, nous aurons un durcissement continuel de la politique dans les paroles (c’est ce qu’ils ont de plus banalement facile), des sanctions de plus en plus fortes selon les vœux des bureaucrates, des renforcements divers pour soutenir Kiev-guignol auquel ils seront liés jusqu’au bout, – c’est-à-dire, otages par faiblesse de caractère, par mollesse de jugement, par incompréhension du monde... Illustration à nouveau (voir le 24 mai 2014) de la situation décrite par Immanuel Wallerstein, selon laquelle les manipulés sont de plus en plus, jusqu'à l'être complètement, les manipulateurs de leurs manipulateurs...
(Répétons la chose, pour l’avoir bien dans notre caboche : «Most analysts of the current strife tend to assume that the strings are still being pulled by Establishment elites... [...] This seems to me a fantastic misreading of the realities of our current situation, which is one of extended chaos as a result of the structural crisis of our modern world-system. I do not think that the elites are any longer succeeding in manipulating their low-level followers... [...] I think however that step one is to cease attributing what is happening to the evil machinations of some Establishment elites. They are no longer in control...»)
... Par bonheur, sapiens ne jouant plus qu’un rôle accessoire, celui de figurant tout juste dans la pièce de la crise d’effondrement du Système, l'action de tous ces figurants de la crise ukrainienne n’est qu’un simple apport collatéral pour participer à l’aggravation de la situation qui répond à des impératifs plus hauts. Dans ce cas de l’Ukraine, il en sera fait ainsi : l’envolée et la fortune militaire du Donbass répondent à une légitimité évidente des revendications de cette région, après le traitement qu’elle a subi ; les revers des forces ukrainiennes répondent, elles, à l’illégitimité du pouvoir, se traduisant dans la plus complète désorganisation, et le plus grand désintérêt de ce pouvoir pour ces forces une fois qu’elles sont engagées dans la boucherie.
Les événements vont leur train, certes, et ils ont fait la situation d’aujourd’hui incomparablement plus dangereuse qu’elle n’était un mois et demi plus tôt, lors de l’épisode du MH17. Les exclamations du bloc BAO n’empêcheront pas les forces du Donbass, si c’est leur destin et si c’est de leurs capacités, de poursuivre leur avancée et de déstabiliser toujours plus et toujours plus profond le pouvoir à Kiev-guignol. Quelles que soient sa volonté d’accommodement et d’arrangement, Poutine ne pourra éviter de constater que ces événements le placent dans une position où il ne pourra plus éviter un engagement, que ce soit, au minimum, une reconnaissance d’un Donbass qui établirait son territoire et pourrait ainsi proclamer son indépendance. Au-delà de cette sorte d’hypothèse, on trouve tous les ingrédients pour une aggravation de la situation générale autour de l’Ukraine, mais qui pourrait d’abord toucher, – c’est le vrai grand espoir qui doit subsister, – la cohésion des pays du bloc BAO lorsque les tensions et les conséquences de restriction de la crise auront atteint une mesure insupportable.
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