Notes sur le bullshit-Venezuela

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Notes sur le bullshit-Venezuela

4 mai 2019 – Le Venezuela et sa crise sont une comédie et un catalogue des erreurs que produisent les USA dans cette sorte d’entreprise. L’ensemble est révélateur de l’état très alarmant de l’empire et de l’extraordinaire constance de Washington D.C. /“D.C.-la folle” dans la multiplication de ses propres déboires causés par elle-Même. Nous voyons dans quel contexte se développent ces erreurs, avant d’en venir à elles...

Outre d’être ce que l’on décrit quotidiennement, cette caricature d’État-bouffe en cours est en cours d’effondrement et parce qu’il est cela, les USA accumulent d’extraordinaires erreurs et causent d’énormes dégâts à leur propre parti vis-à-vis du Venezuela. Cela, d’autant plus extraordinaire et important pour le cours des événements que ce pays (le Venezuela) est dans leur “arrière-cour”, limitrophe d’eux-mêmes et leur “chasse gardée” depuis Monroe, et qu’il échappe pourtant totalement au contrôle de l’ersatz d’“empire” qu’ils sont, à la dérive. L’intégrité de l’Empire est totalement mise en cause dans la plus complète irresponsabilité, dans l’aveuglement et la bêtise au front de taureau (Pompeo) ou de taurillon-moustachu (Bolton).

Du Venezuela au Système et retour

Malgré les graves et savantes analyses des antiSystème qui ne vivent que dans l’adoration de la puissance du Système qui les met plus bas que tout et leur adoration d’en-dessous les poussant à réaffirmer sans cesse l’invincibilité de la puissance dudit Système, nous parlons, nous, des USA, c’est-à-dire de la principale courroie de transmission du Système, comme étant “en cours d’effondrement”. Cela rencontre absolument notre analyse, sans la moindre réserve, de l’effondrement en cours du Système.

(Nous fixons la toute-puissance achevée du Système à l’époque où il n’était pas encore question du Système sans le langage-courant, dans les années 1950-1990, lorsque finalement personne ne mesurait vraiment l’ampleur et l’empire achevés de cette puissance. Depuis, le Système est en cours d’effondrement selon l’équation surpuissance-autodestruction et son horreur, sa tyrannie, apparaissent au grand jour dès lors qu’il se montre vulnérable à la contestation.) 

Les conséquences de cet effondrement en cours sont excellemment défini par Orlov et nous tendrions évidemment à les faire nôtres : « Comment savoir si la séquence d’autodestruction a été déclenchée ? Il y a deux signes révélateurs. La première est qu’il existe une reconnaissance et une acceptation communes du fait qu’il faut faire quelque chose pour éviter l’effondrement. La perestroïka de Gorbatchev et le “Make America Great Again” de Trump sont deux signes de désespoir. La seconde est que chaque tentative de prévenir ou de retarder l’effondrement nous en rapproche, chaque perturbation augmente le désordre et la portée de l’action productive se réduit à presque rien. »

“Ô miroir, dis-moi…”

La deuxième cause exposée par Orlov définit assez bien l’aventure du Venezuela, qui institue une sorte de spasmes du type auxquels l’Empire nous a habitués ces dernières années pour pouvoir continuer à se dire, se contemplant dans le miroir : “Ô miroir, dis-moi que je suis toujours le plus puissant et le plus invincible sur cette planète qui est mon bien et ma chose à la fois”. Pour nous, cette prière passionnée est de l’ordre de l’inconscient chez tous ces faibles psychologies des dirigeants, mangées par des inconscients nourris aux vitamines et aux stéroïdes des slogans de l’hybris manufacturé Made In USA.

En effet, l’attaque contre le Venezuela, outre les excellentes raisons qui sont régulièrement avancées (prise en main du pétrole, attaque contre le socialisme, etc.), s’impose aussi et d’abord selon nous comme une tentative d’affirmation de l’incontestabilité de la puissance hégémonique des USA, et cette puissance hégémonique encore plus, bien plus, dans la “sphère Monroe” de son arrière-cour. La bouffonnerie des erreurs et des maladresses ce cessant de renforcer l’adversaire, encore plus que l’échec qui a marqué les 3-4 premiers mois de cette aventure, depuis janvier 2019,  justifie aisément l’argument de cette “deuxième cause” de l’effondrement exposée par Orlov : « chaque tentative de prévenir ou de retarder l’effondrement nous en rapproche, chaque perturbation augmente le désordre et la portée de l’action productive se réduit à presque rien. »

L’action offensive contre le Venezuela, présentée comme irrésistible et triomphante, n’a pour effet exclusif qu’un affaiblissement supplémentaire du statut, du sérieux, de la considération dont disposent les USA. C’est l’acte d’un imbécile, d’un somnambule, d’un drogué, d’un maniaco-dépressif en phase maniaque, d’un ivrogne cuit et recuit faisant la leçon des vertus civiques au caniveau où il a roulé… Ainsi sont-ce aujourd’hui les remarques et les expressions qui sont d’usage dans le grave domaine des relations internationales pour qualifier le comportement des USA.

La gueule de l’emploi

Comme nous avons introduit cette analyse par l’affirmation de l’accumulation des “extraordinaires erreurs” des USA et de leurs effets, promettant de nous y attacher parce qu’ainsi on en jugera mieux de l’action des USA, choisissons l’analyse d’une première erreur (arbitrairement choisie, mais sans importance puisque sans qualification de gravité ou chronologique), – le choix de Guaido comme marionnette de l’entreprise.

Ce choix est sans aucun doute très largement pire que le choix catastrophique fameux que les USA firent, pour un plan assez similaire dans l’esprit de regime change, d’un Ahmed Chalabi comme conseiller principal de l’attaque de l’Irak en 2003, première source de renseignement des divers services US à commencer par Cheney et sa clique-cravatée, peut-être successeur de Saddam dans les intentions de l’immanquable triomphe américain. Guaido est complètement un nouveau-venu sur la scène médiatique et de la communication, un jeune ambitieux sans autre envergure que la circonstance, qui croit avoir trouvé avec la CIA la poule aux œufs d’or. Guaido pourrait être un de ces innombrables morpions ukrainiens que véhiculent les services de subversion US et leurs serviettes bourrées de dollars

Il n’a pas de réseaux politiques, aucun appui populaire, il manque totalement de charisme tant il se force à tenter de jouer le leader charismatique. Le choix de Guaido montre bien que l’intelligence politique et psychologique des organismes disons du DeepState est complètement réduite à néant par le désordre interne et la corruption érigés en “essence” supra-étatique du système de l’américanisme, accumulant les décisions et les actes qui aggravent la situation américaniste (aux USA, dans la substance et la structure même de l’Empire).

Était-il difficile de comprendre tout ce que nous avançons à propos de Guaido ? Nous répondrons par le “délit de faciès”, si vigoureusement dénoncé par nos vigiles et gardes du corps de la vertu et de la bienpensance, admis cette fois comme apport intuitif. Guaido a la gueule, non pas de l’emploi, mais du Rien qu’il est : arrogant à propos de rien, parlant comme un perroquet, puant la corruption de petite main et des petits matins, démagogue à la petite semaine, sans la moindre once de sincérité pour la seule raison qu’il ignore, ni le sens ni l’existence de ce mot pour lui étrange et barbare. On comprend que Macron & sa bande n’aient pas hésité une seconde à le reconnaître président “par intérim” et par e-mail du Venezuela : on se reconnaît quand on est issus des mêmes caniveaux.

Le choix des Russes

Une deuxième erreur des américanistes est désormais d’une tournure classique : leur sidérante incompréhension du comportement des Russes(et des Chinois, souvent en “second rideau”). L’analyse US est toujours fausse : autant ils ont encombré la crise de 2014 de nombreuses et exotiques FakeNews et affirmé jusqu’à créer pour eux-mêmes l’énorme simulacre de  l’invasion russe de l’Ukraine (36 en 9 mois) qui n’a jamais eu lieu ; autant ils ont créé de toutes pièces un Russiagate de fameuse mémoire, simulacre qui fit danser à “D.C.-la-folle” toute la presseSystème et bienpensante pendant trois ans pour déboucher sur du néant. Par contre, toujours dans le registre des FakeProspectives, les brillants services US n’ont rien vu venir des Russes, ni en Crimée, ni en Syrie, ni au Venezuela.

… Au Venezuela justement. Les premières “incursions” russes sérieuses (c’est-à-dire stratégiques), avec un Tu-160 en visite amicale à Caracas, accompagné de bruits de la location d’un site au Venezuela pour une base aérienne et navale russe à proximité des USA, – riposte asymétrique aux projets US de déploiement en Europe de missiles à moyenne portée et têtes nucléaires après la sortie des USA du traité FNI. Ces supposés projets russes impliquaient l’avantage pour le Venezuela de disposer d’une défense indirecte mais solide face à une éventuelle agression russe dont on parlait déjà abondamment… Cela était résumé dans notre texte du 11 décembre 2018 :

« La visite (techniquement pour des “manoeuvres conjointes”) des Russes suit un voyage du président Maduros à Moscou il y a quelques semaines. La Russie a effectué des vols similaires au Venezuela en 2008 et en 2013, mais les conditions internationales sont aujourd’hui radicalement différentes. Alors que les Russes parlent avec leur habituelle prudence d’une “visite d’amitié conformes aux normes internationales,” les Vénézuéliens sont autrement explicites, y voyant une affirmation des Russes d’aider le Venezuela à maintenir sa sécurité contre toute tentative d’agression, et essentiellement bien entendu les agressions directes ou indirectes des USA. Au-delà et plus essentiellement, il n’est nullement impossible que cette visite amorce des négociations pour le stationnement épisodique sinon permanent d’un détachement de forces stratégiques russes dans le pays, et ce serait une force offensive directement équipée pour une attaque contre les USA. »

L’administration Trump, Bolton en tête, a été complètement prise de cours par cet avant-propos russe à la crise vénézuélienne actuelle, et les supposés-projets russes ont certainement pesé dans la décision de lancer un coup contre Maduro, pour éliminer tout risque de base russe dans la région. C’est le contraire qu’ils ont obtenu : leur(s) “coup(s)” foireux a (ont) débouché s’il(s) n’a (ont) même été accompagné(s), voire précédé(s), du déploiement de détachements spécialisés russes au Venezuela. Ce sont bien les Russes qui ont fait cesser les attaques contre le système d’alimentation en électricité du Venezuela, et qui ont mis à niveau la défense anti-aérienne dotée de S-300, conduisant à la décision US d’avant-hier d’interdire tout survol ou vol à proximité du Venezuela d’avions pour ne pas risquer de destruction.

Dans toutes ces agitations, les Chinois, qui ont d’énormes intérêts économiques dans la région (les Russes ont des intérêts stratégiques mais aussi économiques), sont derrière les Russes. Le résultat de la crise vénézuélienne est donc pour l’instant, du point de vue stratégique, une discrète mise en place d’un important dispositif stratégique russe, ou russo-chinois, au Venezuela. C’est-à-dire que les plans évoqués d’une base stratégique russe dans le pays, pourraient se transmuter en une présence stratégique extrêmement significative, si les USA ne parviennent pas à éliminer Maduro et à mettre Guaido, – ou une autre marionnette si Guaido est éliminé par la CIA comme certains le suggèrent, – à la tête d’un nouveau régime.

Peuvent-ils espérer encore y parvenir ? 

On connaît la situation au Venezuela après ce qui s’avère être la troisième tentative de coup d’État suscités par les USA. Le site The MoonofAlabama (MoA) est à cet égard le meilleur producteur d’informations pour suivre cette évolution, notamment en fournissant les meilleures données possibles quant à l’évaluation de la qualité et de la pertinence des sources citées, quels que soient leurs partis et leurs orientations : MoA sait dénicher ce qui est proche de la vérité-de-situation, même chez ses adversaires…. 

Le Sakerfrancophone a pris temporairement l’heureuse initiative de traduire au jour le jour pour la période les derniers articles de MoA. On lira notamment le texte du 2-3 mai 2019, MoA traduit par le  Sakerfrancophone, avec ce passage qui, pour résumer certains aspects essentiels de la situation, cite une autre source, Associated Press avec notamment le journaliste Matt Lee célèbre pour ses questions très impertinentes face au porte-parole du département d’État :

« Matt Lee et Ben Fox de l’Associated Press ont un point de vue similaire :

» Pour la troisième fois de l’année, ce qui devait être une nouvelle aube pour le Venezuela a tourné au fiasco.

» “Les responsables de l'administration Trump s'attendaient à ce que mercredi soit le début de la fin pour le président Nicolas Maduro, les hauts responsables du gouvernement lui ayant retiré leur soutien et l'opposition ayant lancé un soulèvement de masse appuyé par les militaires.

» Du moins, c'est ce que l'administration avait été amenée à croire.

» “Mais les défections promises n'ont pas eu lieu, le soulèvement militaire ne s'est jamais concrétisé et Maduro semble toujours être fermement aux commandes de la nation sud-américaine. Les responsables de Trump se plaignent à nouveau du soutien que le Venezuela reçoit de Cuba et de la Russie tout en émettant de vagues menaces d'action militaire.” »

Ce passage résume ce qui finit par apparaitre comme une extraordinaire naïveté et un amateurisme édifiant  de la part de la direction washingtonienne, nés à la fois de l’arrogance, de l’hybris et de l’aveuglement, poussant ces dirigeants de la sécurité nationale US à prendre pour du comptant toutes les affirmations de Guaido. C’est un étrange mais très conforme à l’époque échange de simulacres qui résume bien la rocambolesque aventure du Venezuela : le simulacre de Guaido promettant des conditions irrésistibles pour plaire à ses patrons-commanditaires, le simùulacre des patrons-commanditaires qui ne peuvent concevoir une seconde de s’être trompé de marionnette et acceptent aveuglément, sinon avec enthousiasme, tous ses bobards. 

(Jusqu’au jour où, comme vu plus haut, un service de la CIA prendra ombrage de ces échecs et ordonnera la liquidation du Guaido pour inventaire solde de tous comptes, et parallèlement recherche d’une autre marionnette pour encore plus de catastrophiques initiatives…)

Option “sur la table”, as usual

On ajoutera que les “alliés” des USA autour du Venezuela, Brésiliens compris qui ont fait beaucoup de tintamarre au début, ne se sont nullement empressés pour entrer dans la danse d’une façon sérieuse. Il resterait donc, dit-on et fait dire à Trump plutôt mezzo voce, mais fortissimo comme il se doit pour le cas Bolton, qu’on travaille désormais à l’option militaire directe des USA, – cette fameuse “option” qui ne cesse de rester “sur la table”... En effet, Bolton est de loin le principal meneur de jeu en faveur d’une intervention et à la tête de l’opération, avec un Pompeo largement suiviste dans cette surenchère. 

Le Pentagone, lui dont parle fort peu, est une force de freinage qui n’est pas sans effets. Le département de la défense est sans tête véritable mais avec un Shanahan “faisant fonction” de ministre qui s’appuie et dépend à la fois de ces puissances que sont la bureaucratie et les militaires ; mais cette faiblesse structurelle devient une force dans la mesure où, cette fois, toutes les tendances sont réunies dans une opposition à l’aventure vénézuélienne. Tous sont conscients que l’appareil militaire risquerait d’y laisser quelques belles et riches plumes supplémentaires et de se trouver embourbé dans une guerre sans fin avec des moyens de plus en plus limitées jusqu’à créer ici ou là dans d’autres zones de très graves vides stratégiques. 

Certains jugent en effet qu’il y a là un risque de déstructuration générale du système stratégique de bases et d’engagements du Pentagone dans le monde à un moment d’affaiblissement général des forces. Certes, une intervention au Venezuela y contribuerait gravement, avec les effectifs nécessaires, une issue incertaine face à une armée vénézuélienne très fortement motivée par son “chavisme” militant et antiaméricaniste, en plus d’un risque catastrophique de déstabilisation générale de la région avec les conséquences qu’on imagine. 

Il s’agit notamment, selon les calculs enthousiasmants des planificateurs du Pentagone, de la possibilité d’un flux du 8 à 10 millions de réfugiés vers le Nord, déstabilisant totalement le Mexique et exerçant une pression semblable à une quasi-guerre d’invasion sur la frontière US… Il faudra l’armée US au plus haut de sa force, – et où donc la trouvera-t-on, elle qui est dispersée dans le monde et qui serait verrouillée dans le bourbier du Venezuela ?

Qu’on ne s’y trompe pas : de telles conditions, la rupture viendrait très vite et toucherait la situation intérieure US qui reste en état d’effervescence avec les haines en cours, l’hostilité contre Trump, les folies des progressistes-sociétaux partisans de “frontières ouvertes” et ainsi de suite. L’armée US serait même nécessaire pour maintenir la cohésion intérieure et empêcher la guerre civile aux USA ; mais ne serait-elle pas au Venezuela ?! Mais si les USA ne font rien, acceptent l’échec et les Russes dans la place, quel revers stratégique...

Situation générale

Sans surprise excessive pour cette évolution, nous continuons à assister avec le Venezuela à un processus qui, réduit à lui-même, est au contraire complètement stupéfiant. Il s’agit du spectacle de la façon dont les USA se sont encerclés eux-mêmes dans leur soi-disant forteresseen tentant de porter les remparts de cette forteresse, d’une manière paradoxalement offensives (et aussi illégale, illégitime, cruelle, etc.), vers ces pays de l’arrière-cour.

(On laisse de côté, par pitié, les habituelles causes pseudo-stratégiques et autres dont on nous saoule depuis des années sinon des décennies, sur le mode complotistes certifié sinon authentifié. Oui, le Venezuela a du pétrole, mais ce genre de choses ne suffit plus, – le comprendra-t-on finalement ? – à expliquer les extraordinaires catastrophes qui se succèdent.)

Donc, en attaquant avec une bombastique assurance, comme doit faire un empire, Washington D.C. alias-“D.C.-la-folle” s’est un peu plus cadenassé dans un encerclement paraît-il sécuritaire, et pourtant propice à l’installation de la puissance stratégique russe à bonne portée de frappe courte, – le paradoxe superbe de la forteresse sécuritaire affirmant son hégémonie sur le monde, de plus en plus enfermée dans ses nécessités opérationnelles, – par les Russes, les terribles et horribles Russes. (Aussi avec les Chinois énigmatiques, répétons-le, en “second rideau”.)

Cette fois, les Russes, qui n’avaient rien préparé ni envisagé de sérieux et de structuré, se trouvent eux aussi pris dans la logique de la situation vénézuélienne. Ils ont pris en main la responsabilité de la protection du régime Maduro, exactement comme il protégerait leur propre régime contre une opération de regime change. Ce sont des choses avec lesquelles on ne plaisante plus du tout, puisque la sottise US a été jusqu’à leur donner excellent argument pour cela.

Nous relisons un passage de notre texte du  29 Mars 2019  pour comprendre que la logique en marche est inarrêtable…

« Ce qui se déroule en ce moment au milieu du brouhaha de la communication est bien que nous passons de ce stade conceptuel exposé ci-dessus à un stade opérationnel, en en revenant aux deux phrases de TTG citées au début de cette analyse, selon lesquelles la Russie estime que la situation vénézuélienne et le maintien du gouvernement Maduro sont des enjeux stratégiques essentiels pour elle, et que cette fois elle ne “laissera pas faire” comme elle a “laissé faire” en Syrie et en Ukraine. Si cette résolution est bien celle de Poutine, cela implique une situation extrêmement intéressante et nouvelle, dans le chef d’un engagement russe de cette importance opérationnelle dans l’“arrière-cour” des USA.

« S’il est certes mesuré, l’engagement opérationnel russe est néanmoins effectif, et bien entendu la communication bombastique du côté de “D.C.-la-folle” ne fait que mettre en évidence ce fait. On peut même dire qu’il est assez surprenant que les Russes affichent ainsi leurs intentions, même derrière des explications de façade (consultations courantes entre militaires, prévues depuis longtemps, S-300 déjà commandés et fournis avant la crise, etc.) ; car la poursuite des relations militaires dans les circonstances présentes, avec le soutien militaire que cela implique, sonne bel et bien comme une affirmation de la volonté russe, cette fois et justement de ne pas “laisser faire”. »

A côté de cela, les coups de téléphone de Trump à Poutine pour un accord de régulation des armements nucléaires (Russie-USA, avec la Chine en prime) représentent une aimable conversation de salon de thé. Bien entendu, le Russe accueille avec faveur cette idée qui date d’un autre temps, le temps de la stabilité, du respect mutuel des accords de coopération, d’une certaine confiance entre “adversaires“ de bonne compagnie… O tempora, o mores, – aujourd’hui, nous ne jouons plus ce jeu-là. Trump à sa façon lunatique et irresponsable, Poutine avec sa maîtrise et son contrôle de soi, les Chinois à la manière chinoise, ils sont tous emportés par le désordre chaotique du Système en mode autodestruction, – lequel passe nécessairement (case “départ” ? Dans tous les cas, case “principale”) par la destruction du simili-Empire de carton-pâte que dirige d’une main de coton le président Trump.