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133609 mars 2017 – Par “D.C.-Système”, nous voulons dire présentement la direction-Système de Washington D.C. as a whole (présidence, Congrès, influence, centre de pouvoir, Deep State, etc.) et ce qui s’y passe. Cette correspondance fondamentale, – D.C. est le principal outil opérationnel du Système qui nous emprisonne tous globalement, y compris Washington D.C. et les USA, – c’est l’évidence, selon nous, une évidence écrasante ; bien peu de commentateurs le réalisent en musardant dans des polémiques et argumentations sur les pseudo affrontements idéologiques et autres...
C’est dire que la situation à Washington D.C. nous concerne tous, non pas selon ce qu’elle va produire sur la puissance et l’influence des USA qui est un facteur dépassé, mais par ce qu’elle va engendrer directement sur la situation du Système dont nous sommes tous comptables, dont nous dépendons tous, qui nous emprisonnent tous. C’est le sort du Système qui se joue à Washington D.C., donc notre sort à tous. Croire qu’un effondrement, sous la forme d’une dissolution accélérée, de Washington D.C. ouvrira la voie à un remplacement à partir d’autres pôles de puissance est logique mais complètement erroné ; logique selon la raison humaine, erroné parce que tout dépend du Système qui a sa propre logique et qui a la puissance invincible de l’extérieur de l’imposer à tous. L’on comprend donc que l’effondrement en question (de Washington D.C., du Système pour suivre) créera une situation où toutes les hypothèses et prospectives développées précédemment n’auront plus aucune validité, puisque dépendantes d’une logique pulvérisée. Ce qui se passe à Washington D.C. est sans précédent ni équivalent (SPSE), ce qui suivra sera SPSE à la puissance-X, c’est-à-dire celle du Système effondrée.
La phase est absolument typique du schéma surpuissance-autodestruction. Ce qui se passe à Washington est un suicide collectif selon les règles (quel vista, Lincoln), un hara-kiri à l’échelle d’un pouvoir qui prétendit régner sur le monde au nom du Système.
Revenons maintenant au détail pour constater que la situation à Washington D.C. ne faiblit pas d’intensité, l’activité opérationnelle essentielle du Système étant pour l’instant concentrée sur l’étouffement aussi expéditif que possible de la dernière livraison de WikiLeaks sur l’activité créatrice de la CIA dans une grande et belle dynamique nommée Vault7. Cela posé, en sachant tout de même que WikiLeaks n’a lâché que 1% de tout ce qu’il possède sur ce volet des activités de la CIA, et que le reste va suivre...
Cette énorme affaire, qu’on s’emploie à réduire à quasi-rien dans le système de la communication et la presseSystème pour revenir aux choses sérieuses, – essentiellement les manigances de Trump avec les Russes, – se greffe sur une multitude de dynamiques de tension à Washington D.C., qu’on peut symboliser essentiellement dans les rapports furieux entre Trump et Obama. ZeroHedge.com reprend une analyse du Wall Street Journal décrivant ces rapports, – entre un Trump “convaincu qu’Obama tente de miner son administration débutante” et un Obama “furieux” des tweets de Trump l’accusant d’avoir fait écouter illégalement ses conversations téléphoniques. Situation évidemment sans aucune référence historique convenable, comme on ne esse de le constater, que les historiens les plus institutionnalisés confirment avec inquiétude...
« Accuracy of the [WSJ] report notwithstanding, it is obvious that the bad blood between the two people has grown to unprecedented levels: Douglas Brinkley, a presidential historian, said the open friction has upended tradition, an “almost unwritten rule that you treat your predecessor with a degree of grace and decorum.” “There are these kinds of things that have happened in the past, but nothing to the degree where a sitting president would charge his predecessor with a felony,” Mr. Brinkley said. “It creates a feeling of instability in the United States.” »
Le sentiment général d’un catastrophe affectant le centre du pouvoir du système de l’américanisme ne cesse de gagner. On perçoit l’évolution d’un sentiment rendant compte de quelque chose d’irrémédiable, où il devient de plus en plus vain de désigner un coupable dans la mesure où la révélation d’une telle culpabilité n’apporterait rien qui puisse faire espérer un ralentissement de la dynamique générale.
On prend l’exemple, – un entre mille, – de Léon Panetta, homme de main du clan Clinton-Obama (chef de cabinet de Bill Clinton, directeur de la CIA puis secrétaire à la défense d’Obama entre 2009 et 2013). Bien entendu, Panetta met tout sur le compte de Trump, bien entendu présenté sans discussion comme une marionnette de Poutine, – mais cela, vrai ou grossièrement faux comme l’on sait, perd de plus en plus de son importance (“la révélation d’une telle culpabilité n’apporterait rien...”, etc.). Ce qui ressort de plus en plus de deux interventions télévisées que Panetta fait coup sur coup, le 5 et le 7 mars sur CBS et sur CNN, c’est la perception de l’ampleur de la catastrophe qui emporte l’entièreté de la mécanique du pouvoir, le système de l’américanisme dans son ensemble, en plein processus d’effondrement. Si Trump est le principal responsable, – certes selon Panetta, Who else ?, – la CIA et le FBI sont de leur côté en plein processus de chute, avec leurs crédibilités qui se dissolvent dans des polémiques et des interférences, des fuites et des processus de dissolution sans fin... Si l’on prend quelques extraits, on voit bien que le sentiment concerne une situation générale où tout le monde est emporté irrésistiblement.
« Tout le monde se demande, mais que se passe-t-il donc à Washington ? » ( “What’s the hell is going on in Washington ?!”) ... « Cette situation relaie un terrible message vers le monde entier... Elle affaiblit terriblement l’influence et le pouvoir de Washington ... Il s’agit d’un moment extrêmement dangereux pour notre pays. »
Chaque jour qui passe montre d’ailleurs l’accentuation des divisions au sein du Système, y compris au sein de ce qu’on croit être la coalition anti-Trump, notamment des “organes” à Washington, – c’est-à-dire les grands centres de l’IC (Intelligence Community). A chaque naufrage, celui du Titanic comme les autres et celui du Titanic encore plus que les autres, chacun lutte en priorité pour ce qu’il croit être sa propre survie... Règle d’or de la bureaucratie, à Washington où la sauvagerie de la bataille dans ce champ est particulièrement féroce, furieuse et sans pitié.
Ainsi, à la lumière des révélations Vault7, qui montrent que la CIA dispose de nombreux moyens concurrençant la NSA et permettant de contourner divers obstacles juridiques pour lancer ses actions, un incident que rappelle Justin Raimondo prend tout son sens... Effectivement, Vault7 a permis à la NSA de bien détailler les capacités nouvelles de la CIA dans toute leur ampleur et surtout dans leurs orientations opérationnelles, et cela durant les deux derniers mois, bien avant que WikiLeaks nous en informe. (L’énorme fuite sur l’ensemble Vault7, pour l’essentiel même si dans une forme différente que celle dont dispose WikiLeaks, circulait dans les milieux de la sécurité nationale avant de passer depuis avant-hier dans le domaine public. Cela impliquerait-il aussi bien, pour le penchant à la complication qui domine, qu’il y aurait peut-être deux “lanceurs d’alerte”, un à l’intérieur de l’IC, de la CIA vers les autres, l’autre quelque part dans l’IC, vers WikiLeaks ?) La NSA a donc réalisé que la CIA pouvait aussi bien monter des opérations où elle se ferait passer pour la NSA pour pouvoir faire soupçonner la NSA, qu’elle en a faites très probablement en se faisant passer pour des hackers russes pour pouvoir faire accuser les Russes (fuites sur les e-mails du DNC démocrate et sur Podesta).
... D’où effectivement, le rappel de cet incident par Justin Raimondo le 8 mars , montrant à la lumière des nouveaux événements que la NSA joue son jeu personnel auprès de Trump, qui l’éloigne de la coalition très élastique des anti-Trump: « Finally, we have another interesting “coincidence”: the brouhaha over NSA chief Admiral Michael Rogers, who top Obama administration officials wanted to fire, which started because Rogers traveled to Trump Tower to meet with the President-elect. The ostensible reasons given – various breaches of security – were odd: after all, why fire him just as Obama was leaving office? In short, the intensity of the campaign to fire him was out of all proportion to his alleged misdeeds. Aside from the security issue, the very fact that he was visiting Trump was supposedly a major issue: we were told “There’s only one President at a time.” But why shouldn’t someone who might be asked to continue to serve meet with the President-elect?
» In retrospect, the visit – and the disproportionate anger it provoked from the Obama crowd – makes perfect sense. If the NSA was being used as a source for the campaign to delegitimize Trump, and build a case that the President-elect is a “Russian puppet,” as Hillary Clinton put it, then Rogers’ may have been trying to distance himself from the effort: “It wasn’t me, Boss!” »
Bien entendu, la narrative actuelle, suivie par tout le monde officiel côté-Système, enjoint de rejeter la responsabilité de l’état actuel de la situation sur Trump, notamment à la suite de la mise en cause d’Obama par Trump (écoutes téléphoniques). On sait que cela est terriblement exagéré, sinon complètement inverti dans la mesure où la riposte de Trump (mise en cause d’Obama) est une contre-attaque, – ou le début d’une contre-attaque, attendons voir, – qu’il ne pouvait plus écarter au risque de voir son administration s’effondrer dans le chaos d’une dissolution accélérée. Il restera donc, pour l’histoire éventuellement, à établir les vraies responsabilités mais on l’a vu le véritable résultat de cette action n’est pas tant de faire évoluer le sens de la bataille que d’accentuer le chaos qui balaie le pouvoir du système de l’américanisme dans son ensemble d’une manière de plus en plus décisive.
En attendant de plus amples développement, la question fameuse peut donc à nouveau être posée : Cui Bono ? La réponse est, pour nous, triomphante ... Ni un complot, ni un parti, ni tel ou tel centre de puissance, ni telle agence, ni rien de cette sorte : le pouvoir américaniste, donc le Système, de plus en plus directement touché. La situation profite plus simplement, et plus vertueusement pour notre compte, à la dynamique antiSystème... Dans ce cas, Trump, quoi qu’on puisse dire de lui, accomplit son contrat au-delà de toute espérance : il attire sur lui la colère furieuse du Système qui est déstabilisatrice pour le Système lui-même, c’est-à-dire toutes les structures du pouvoir washingtonien ... (Surpuissance-autodestruction.)... Et la riposte de survie de Trump ne fait qu’accélérer ce processus en exacerbant toutes les forces-Système, en les poussant à la faute, à l’excès, à la surpuissance devenant dans le même temps autodestruction, – et cette riposte de survie s’appuie sur une perception extrêmement argumentée et pleine de conviction du côté de Trump.
« In fact, as NewsMax CEO Christopher Ruddy, a friend of Mr. Trump who sees him on weekends at the president’s Mar-a-Lago, said in an interview: “From what I’m hearing, Trump’s people think Obama is at war with them.” “This president has been under siege since Day One from both the press and Obama loyalists and he’s reacting to it,” Mr. Ruddy said. “I don’t think there’s any doubt that Obama loyalists inside the administration and outside are giving Donald Trump a lot of grief and a lot of problems.” »
Il ne faut pas compter pour rien cette conviction de Trump et de son camp d’être victimes d’une attaque orchestrée par Obama. Nombre de témoignages viennent appuyer cette thèse et les analyses détaillées de Michael S. Rozeff sont particulièrement convaincantes. Cela implique que la défense et la contre-attaque de Trump s’appuyant sur cette conviction a beaucoup pour elle, pour se poursuivre et constituer un obstacle considérable, un mur de résistance sur lequel se fracasseront les unes après les autres les attaques du Système, sans parvenir à la victoire d’aucun des deux protagonistes, mais en accentuant le chaos, l’insaisissabilité catastrophique de la situation... Et c’est cela qui doit nous importer puisque ce qui nous importe est la progression de la situation antiSystème.
Là-dessus, ou plutôt là-dedans, se situe l’“intermède Vault7”. Il est accueilli dans une indifférence quasi-générale de la presseSystème, comme le note aussitôt, après un jour et demi passé sa diffusion, Russia Insider [RI], le 9 mars :
« Even with our pragmatic worldview, the western media consistently performs well below our already extremely low expectations. It's now been roughly 24 hours since Wikileaks released more than 8,000 documents detailing the CIA's "global covert hacking program". And the leaks (known as "Vault 7") haven't even finished yet. As the Independent notes, "when taken together, Vault 7 will make up the biggest intelligence publication in history." Considering how much the U.S. media loves to gossip about spies and hacking, you would expect around-the-clock coverage and analysis of these leaks. [...] [RI passe en revue quelques exemples de ce qui intéresse la presseSystème depuis l’arrivée de Vault7, et rien qui concerne Vault7] [...]
» And yet, here are some screengrabs we took early this morning (Moscow Time) — around 18 hours after the leaks were released. Unless you look hard, you would never know that we are witnessing a historic public disclosure about an intelligence agency's vast criminality. »
Ces remarques concernant la presseSystème ne sont pas loin de valoir aussi pour la presse antiSystème. On peut penser qu’il y a eu des consignes pour étouffer l’effet de Vault7, mais on peut penser aussi, considérant le faible effet de la révélation dans la presse antiSystème qui n’est pas censée, elle, répondre aux consignes, que point n’était besoin de telles consignes. (Au reste, on verra bien ce qu’il en est puisque nous n’en sommes, comme on l’a dit plus haut, qu’à 1% du matériel diffusé, par rapport à ce que détient WikiLeaks, que nous aurons donc droit à notre dose mensuelle, ou bien bimensuelle, ou bien hebdomadaire, etc., de Vault7.)
Cela signifie-t-il une meilleure censure, ou une meilleure autocensure, ou quoi que ce soit de cette sorte ? Nous refuserions évidemment de répondre dans ce sens, justement parce que le phénomène touche également l’antiSystème. Nous avons une autre explication, à partir d’une autre observation qui vient peu à peu à mesure que continuent à s’accumuler les révélations générales, les analyses, les polémiques, etc., sur le chaos washingtonien avec l’implication générale et dans tous de l’IC avec ses multiples composants : l’intégration quasi-immédiate de Vault7, du point de vue de la communication, dans ce chaos du processus d’effondrement de D.C.-Système. Les révélations sur la CIA et son Vault7 se sont très rapidement et très pertinemment intégrées dans les problématiques d’ores et déjà en cours (la polémique sur l’intervention russe dans les élections USA-2016, par exemple), comme on le voit dans diverses analyses venues de sites antiSystème (Alexander Mercouris et Larry Johnson par exemple, deux excellents analystes antiSystème qui savent exploiter aussitôt, dans le sens qu’il faut, le matériel mis à leur disposition).
C’est-à-dire qu’aujourd’hui, WikiLeaks avec un nouveau Snowden (“Snowden-2.0”) ne fait plus événement à lui seul. Il alimente ce qui est déjà en cours, il grossit la cataracte grondante et le fleuve déferlant. Bien entendu, la presseSystème se défausse, couarde et vendue comme à son habitude, mais la presseSystème n’a plus aucune importance ni aucun effet : son temps est passé et son rôle réduit à celui d’un pion vieux-postmoderne dépassé par les ruses des garnements-antiSystème dont nous soupçonnons qu’ils parviendront à la perception exacte du phénomène en cours, inconnaissance comprise, lorsqu’ils se seront faits antimodernes selon la tradition. C’est l’événement qui parle et lorsqu’il parle on se tait pour l’écouter ; il s’est constitué d’ores et déjà en “tourbillon crisique” et il siphonne tout, notamment et principalement à “D.C.-Système”, sous le regard effaré de Panetta : “What’s the hell is going on in Washington ?!”
Il s’agit donc, on s’en est aperçu, d’une situation fort complexe, en mouvement constant, et dont le sens est de plus en plus insaisissable par l’analyse de la raison courante, mais aussi de plus en plus inutile à comprendre dans son apparente rationalité. Il n’y a désormais plus grand intérêt à savoir si Trump appliquera ou non les changements politiques, notamment de politique extérieure, qu’il avait annoncée ; disons sur ce point, comme nous le dirions sur d’autres, qu’il ne le fera pas parce que les USA n’ont plus de politique extérieure, et que leur univers “se réduit” au colossal champ de bataille de Washington D.C. ou “D.C.-Système”. Ne rien comprendre de rationnellement sérieux et de rationnellement décisif de toutes les péripéties qu’on y distingue est une chose normale, et nous conseillons plutôt l’abri de l’inconnaissance que l’épuisement de la recherche de manœuvres, de complots et autres bondieuseries postmodernes.
Il est d’autant plus inutile de chercher dans le sens de cette compréhension que les grandes tendances qui s’affrontent, en réalité s’intègrent dans la dynamique générale qui ne cesse de se constituer en ce “tourbillon crisique” de plus en plus puissant. Elles représentent de moins en moins, jusqu’à ne plus représenter du tout ce qu’elles étaient censées représenter, idéologiquement, politiquement, stratégiquement. Tout se perd ou plutôt s’intègre, se transmute, dans l’événement principal. Le phénomène, cet événement fondamental, est manifestement à son point d’incandescence, à son paroxysme ; la voie qu’il a ouverte ne pourra plus être refermée, exactement comme l’on dit de la voie d’eau décisive qui emporta le Titanic.
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