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5709• Cette fois, nous relevons le gant : non, mille fois non, Biden n’est pas une marionnette qu’on manipule à volonté. • Dément sénile, corrompu, d’une sottise et d’une inculture au-delà de la moyenne des cancres, on veut bien, – mais marionnette, jamais ! • Au contraire, Biden est l’accomplissement presque parfait de l’accomplissement de la politiqueSystème activée dans sa phase finale en 2001-2003 par le couple Bush-Cheney. • Depuis, personne n’a pu ralentir sa course, malgré qu’Obama et Trump ait par moment tenté de le faire, en toute honnêteté. • Biden, lui, par contre, est tout à fait dans son élément, et c’est pour cette raison qu’il n’est pas une marionnette, mais au contraire un parfait exécutant, une sorte de Murat des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse. • Ce n’est pas une mauvaise chose puisqu’alors, il conduit cette politique de surpuissance vers son autodestruction. • A moins qu’il ne soit pas élu, dira-t-on ? Les élections présidentielles 2024, – c’est vrai, où avions-nous la tête ! • Alors, puisqu'il le faut décidément, nous ferions la révolution comme ces fous de Français.
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19 janvier 2024 (16H55) – Nous allons explorer certains aspects du comportement de Joe Biden pour expliquer la situation actuelle, – notamment la crise au Moyen-Orient, – en développant l’affirmation que le président des États-Unis y joue un rôle central. Si c’est une “marionnette”, comme certains le désignent, alors la situation du monde est un ‘Opera dei pupi’ qu’il domine de la tête et des épaules.
On reprend ici un extrait d’un texte du 15 janvier d’Alastair Crooke, où cet analyste remarquable explique le comportement de Joe Biden, en lui accordant une place centrale manifeste de direction des affaires. On prêtera particulièrement attention aux termes employés pour désigner la sources des impulsions de sa politique, – les “tripes”, ou ‘kishkes’ en yiddish, ou ‘guts’ en anglais.
« Le fait est que Biden, au centre de la tempête, n’est pas un Sun Tzu à la tête froide. Sa politique est personnelle et très viscérale : Comme Noah Lanard l’a écrit dans son analyse judiciaire de “Comment Joe Biden est devenu le meilleur faucon des Etats-Unis”, son équipe le dit clairement : La politique de Biden est ancrée dans ses ‘kishkes’ – ses tripes.
» Cela se voit à la façon dédaigneuse et imagée dont Biden traite le président Poutine d’“autocrate” et à la façon dont il parle des victimes de l’attaque du Hamas, massacrées, agressées sexuellement et prises en otage, alors que “la souffrance palestinienne est laissée dans le vague – si tant est qu’elle soit mentionnée”. “Je ne pense pas qu’il voit les Palestiniens du tout”, déclare Rashid Khalidi, professeur d’études arabes modernes à l’université de Columbia.
» Il existe une longue tradition de dirigeants qui prennent la bonne décision sous l’impulsion du moment à partir de leur inconscient, sans calcul rationnel minutieux. Dans l’Antiquité, cette qualité était très prisée. Ulysse l’exsudait. On l’appelait la ‘mêtis’. Mais cette capacité dépendait d’un tempérament serein et d’une aptitude à voir les choses “en face” ; à saisir les deux faces d’une pièce, dirions-nous.
» Mais que se passe-t-il si, comme le laisse entendre le professeur Khalidi, les ‘kishkes’ sont remplis de colère et de bile ; une sympathie instinctive pour Israël, alimentée par une vision dépassée de la scène intérieure israélienne. “Il ne semble tout simplement pas reconnaître l’humanité [des autres]”, comme l’a dit un ancien membre de l’équipe Biden à Lanard.
» Eh bien, les erreurs – les erreurs stratégiques – deviennent inévitables. Et ces erreurs attirent les États-Unis, de plus en plus profondément (comme l’avait prévu la Résistance). Michael Knights, chercheur au sein du groupe de réflexion néoconservateur Washington Institute, a fait remarquer que :
» “Les Houthis sont fiers de leurs succès et ne seront pas faciles à dissuader. Ils s’amusent comme des fous à tenir tête à une superpuissance qui ne peut probablement pas les dissuader”. »
Il faut aussi bien réaliser que ce comportement de Biden n’est pas nouveau. Il y a un fond de caractère qui est bien de cette sorte, qui a été monstrueusement accentué par le vieillissement, les troubles cognitifs et la fonction présidentielle qui est d’une considérable puissance par le fait de la signature même du président. Le mot fameux et que nous chérissions de Barack Obama (« Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de Joe à foutre la merde) a une réelle signification et caractérise certaines situations qu’a vécues le président des Etats-Unis (Obama dans ce cas).
L’une d’elle, qui concerne Israël et Netanyahou, est rapportée par le même Alastair Crooke, et elle est extrêmement significative ; pire encore, elle nous montre une Hillary Clinton, alors Secrétaire d’Etat, se “faire avoir” par Biden, – un comble lorsqu’on connaît la capacité de machination d’Hillary pour les coups tordus (et Obama derrière elle)... Dans tous les cas, on y trouve toutes les prémisses nécessaires pour bien comprendre l’actuelle situation et la politique de Biden.
« En 2010, lorsque Netanyahou a exaspéré Obama avec une expansion majeure des colonies alors que Biden était en Israël, Peter Beinart a rapporté que tandis que Biden et son équipe voulaient gérer le différend en privé, le camp Obama a pris une voie totalement différente : La secrétaire d’État Clinton a donné 24 heures à Netanyahou pour répondre, en l’avertissant : “Si vous n’obtempérez pas, cela pourrait avoir des conséquences sans précédent sur les relations bilatérales, d’un genre jamais vu auparavant”.
» “Biden a rapidement pris contact avec un Netanyahou abasourdi… Biden a complètement décrédibilisé la secrétaire d’État [Clinton] et a donné à Netanyahou une forte indication que tout ce qui se préparait à Washington était du vent – et qu’il pourrait désamorcer la situation à son retour».
» Lorsque Clinton a pris connaissance de la transcription, elle a “réalisé qu’elle s’était fait avoir” par Biden, a déclaré un fonctionnaire. Beinart a conclu : “Au cours d’une période critique au début de l’administration Obama, lorsque la Maison-Blanche envisageait d’exercer une réelle pression sur Netanyahou pour maintenir en vie la possibilité d’un État palestinien, Biden a fait plus que tout autre responsable du cabinet pour protéger Netanyahou de cette pression”. »
Crooke nous a bien expliqué qu’agir “selon son instinct”, c’est-à-dire très vite, à un moment soudainement choisi, comme si aucune réflexion ne jouait, n’est nullement un défaut. Les héros de Homère montrent cet esprit de décision, mais Crooke précise bien que la décision et l’exécution qui doivent tant à l’instinct viennent d’esprits lucides, mesurés, qui ont pris la mesure des dimensions de la bataille, de l’enjeu, qui connaissent leurs adversaires, donc qu’il y a une réflexion comme toile de fond et qu’elle structure l’action d’apparence spointanée.
Note de PhG-Bis : « Ici, PhG suggère avec force de distinguer ce qui est nommé “instinct” dans le cas de Biden et ce que Crooke désigne comme le ‘mêtis’ grec. L’idéal pour lui (pour PhG) serait de faire s’équivaloir “intuition” et “instinct”, l’instinct réalisant sans plus de nécessité de réfléchir ce que l’intuition commande. L’instinct, dans le cas de Biden, est un acte brutal, impensé et gouverné par un esprit sauvage fixé dans des bornes intangibles, un acte qui se considère de lui-même justifié, vraiment venu des tripes. »
D’une façon très caractéristique, l’instinctif chez Biden renvoie à un courant qui est une politique, que nous nommons en général politiqueSystème. Cela ne signifie pas que Biden a adopté ce qu’on nomme politiqueSystème, mais qu’il y est parfaitement adapté par son esprit inexistant, son caractère furieux et incertain, son absence complète de lucidité, sa corruption et son conformisme à la sauvagerie de cette politique. Il est alors intéressant de voir que Biden retrouve, en l’accentuant jusqu’à la catastrophe du fait de ses défauts, de son gâtisme et de sa démence sénile, les fondements mêmes des politiciens qui ont été les meilleurs serviteurs, et donc les architectes adaptés à la modernité, de cette politiqueSystème née du « déchaînement de la Matière ».
En effet, dans notre définition (‘Glossaire.dde’) de politiqueSystème, nous avons cherché les sources récentes qui avaient conduit à son élaboration, et à ses parfaites adaptation et contribution au courant catastrophique caractérisant notre époque. Ainsi avons-nous retrouvé un analyste fameux, Harlan K. Ullman, à qui l’on a attribué la paternité de la doctrine dite ‘Schock & Awe’ pour définir les guerres du type Irak-2003, – alors qu’il a lui-même contesté qu’on ait appliqué précisément la doctrine qu’il préconisait. Malgré cette paternité, Ullman n’était nullement un extrémiste militariste ni un type-neocon, mais au contraire un critique assez sévère de la politique suivie par GW Bush (et son vice-président Cheney), devenue selon nous la politiqueSystème.
C’est à l’occasion de l’arrivée au pouvoir d’Obama, qui semblait décider à modifier cette politique, – ce qu’il ne fit en rien ni ne put en aucune façon, – qu’Ullman développa sa critique et que nous-mêmes en tirâmes le concept de politiqueSystème. Nous abordâmes le sujet dans cette perspective dans un texte du 29 mai 2009 (« Le cœur du sujet »), à partir d’une critique de la politique Bush-Cheney de Ullman
« La vision de Cheney (Bush) et de tout le parti alentour, où s’ajoutent divers extrémismes, des neocon aux républicains de droite, est qu’en temps d’urgence, de grande menace, de guerre, etc., – étant admis que ce temps-là est nôtre et qu’on ne voit pas comment il pourrait changer, – tous les pouvoirs vont au président d’une manière discrétionnaire et sans la moindre limite ; le président décide comme il veut, selon son “instinct” et l’idéologie extrémiste qu’il affectionne ; le Congrès ne peut qu’acquiescer sans poser de questions pour “légaliser” l’action du président ; les lois doivent être “adaptées”, tournées, malaxées, etc. Ce qui compte est effectivement l’idéologie, l’“instinct”, d’une certaine façon les “tripes” (‘guts’) à la fois radicales et instinctivement, presque primitivement brutales. Le reste suit. “En agissant pour protéger la nation, Cheney et Bush croient que l’idéologie et l’instinct peuvent determiner la prise de decision”. »
Pour suivre, dans le même texte, nous posions la question, – en faisant alors crédit à Obama d’une telle volonté, – de savoir si un président plus lucide, plus mesuré, d’une plus grande sagesse ou de simple bon sens, pourrait changer cette politiqueSystème. En nous répondions évidemment par la négative, avec une certaine amertume mais aussi le constat presque satisfait, dans tous les cas fataliste, que puisque cette politique contient dans sa surpuissance l’autodestruction à la fois de l’Amérique et du Système, – eh bien, laissons aller, malgré toutes les pénibles épreuves, jusqu’aux plus extrêmes, que tout cela nous fera subir ! (D’ailleurs, quoi faire d’autre ?).
Notre réflexion, à ce point impliquait que nous jugions que s’étaient mises en place des forces supérieures et irrésistibles accouchant effectivement de la politiqueSystème, et que les acteurs type-Bush et Cheney n’étaient que de pâles crétins qui s’étaient faits, – eux, sans aucun doute, – les marionnettes d’une brutalité qui les dépassait évidemment. Une fois sur ses rails, définitivement, d’une façon irrésistible, avec une surpuissance énorme, plus rien ne pourrait l’arrêter que son autodestruction. On doit faire crédit à Obama et à Trump, chacun à sa façon, d’être à certains moments intervenus pour tenter de bloquer la machinerie, et arrivant tout juste à la ralentir quelque peu rien de plus, et pour si peu de temps, sans modifier en rien la ligne directrice.
« Ainsi comprend-on le dilemme mis en évidence par Ullman, mais pour se demander aussitôt dans quelle mesure la pratique constitutionnelle de gouvernement d’Obama peut, à elle seule, par sa seule éventuelle vertu, supplanter l’usage qu’en ont fait Bush-Cheney. Il n’est pas nécessaire qu’un “contre-pouvoir” se manifeste en tant que tel, il est bien plus probable qu’il suffise de laisser aller les choses mécaniquement; ce système d’hypercommunication exerce une pression presque de nature sur ses composants médiatiques vers des arguments extrémistes et des “jugements” par “idéologie et instinct”, avec suffisamment de poids et de pression pour contrecarrer et paralyser le type de gouvernement d’Obama. Le constat revient à se demander si l’on peut encore faire rentrer le mauvais génie de l’action par “idéologie et instinct” dans sa bouteille, une fois qu’il en a été sorti par la politique post-9/11 de Bush-Cheney. On ajoutera que des pratiques comme celles du gouvernement israélien actuel, ultra-extrémiste, avec ses puissants relais et interférences intérieurs à Washington (le Lobby AIPAC), aggravent encore la situation. Cette pression par “idéologie et instinct” offre moins une alternative qu’elle ne consolide continuellement une réaction paralysant le soi disant “gouvernement par la raison” d’Obama. »
Il est évidemment sympathique et prémonitoire que, d’une part l’un des facteurs fondamentaux renforçant la politiqueSystème soit le gouvernement israélien d’alors, déjà « nétanyaousé” ; et d’autre part, dans l’épisode de 2010 rapporté par Alastair Crooke, que ce soit Biden qui ait saboté une tentative d’Obama de contraindre les Israéliens à avoir une conduite plus acceptable... Ils étaient déjà tous là et le sort en était déjà jeté.
... En effet, la conclusion de ces divers passages en revue est bien que Biden correspond parfaitement à la politiqueSystème. Il n’en est nullement la marionnette, il en est au contraire son parfait exécutant conscient et complètement satisfait de l’être, l’habile réalisateur des meilleures techniques et tactiques, toujours plein d’idées nouvelles, beaucoup plus entreprenant que la troupe de charlots soi-disant-neocon qui l’entoure, – pour la faire avancer plus vite, cette glorieuse politiqueSystème, toujours plus vite...
On a bien compris que le Système, mystérieuse émanation de forces suprahumaines accoucheuses du « déchaînement de la Matière », entend imposer aux cette force surpuissante de la politiqueSystème de et à l’Occident-récréatif jusqu’à ce qu’autodestruction s’ensuive. On peut alors ne pas craindre une seconde de dire qu’en bien des occasions, c’est Biden lui-même qui est allé et qui va gaillardement au-delà des avis de ses conseillers bien entendu-neocon et qui apparaissent bien médiocre à la lumière fulgurant du Chef-en-action. C’est lui, le premier, depuis Varsovie, qui a annoncé qu’il fallait faire tomber Poutine de son fauteuil de président ; c’est lui qui, alors que Blinken se félicitait avec Xi de la réussite d’une reprise de contact lors de la conférence des États du Pacifique en Californie, s’était éclipsée pour gratifier des donateurs d’une envolée où il précisait que Xi était un “dictateur” ; c’est lui qui s’est précipité à Tel Aviv pour annoncer à Netanyahou qu’il soutenait à fond sa politique de liquidation des Palestiniens.
En tous lieux et en toutes occasions, Biden n’est pas une marionnette qu’on manipule. C’est un meneur, en cheval emballé, les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse à lui tout seul et dont personne n’arrive à reprendre les rênes. Tout le monde le craint derrière son apparence de fragilité et son ice-cream dont on se dit qu’il s’agit d’une arme secrète ; même son ministre de la défense, pourtant énorme gaillard noir de peau qui l’expédierait à trois mètres d’une simple toux, – ce Austin qui n’ose lui annoncer qu’il a une prostate et qu’elle se double en volume d’un cancer.
Biden est la parfaite démonstration que nul ne peut prétendre ni lui faire la leçon, ni le diriger dans sa politique. Depuis des mois, le parti démocrate le supplie de ne pas se représenter alors qu’au départ il était prévu qu’il resterait trois-quatre mois avant d’être débarqué pour cause d’incontinences cérébrales au nom du 25ème Amendement. Mais une telle opération devant être menée par le vice-président, on comprend qu’elle n’ait jamais eu lieu lorsque l’on mesure le calibre de Kamala Harris, son autorité, son audace désormais proverbiale..
Le fait est qu’élu pour être une marionnette de circonstance, et l’étant aux yeux de tous, Biden s’est imposé comme le président le plus autoritaire, non seulement vis-à-vis des USA, mais même vis-à-vis de son équipe. Par là, il constitue la preuve que la politiqueSystème est en pleine surpuissance, à un tel régime que le stade de l’autodestruction ne saurait plus vite se rapprocher. Le paradoxe que nous affrontons est qu’il serait fou d’espérer sa réélection qui nous mènerait directement à une guerre majeure (il y a le choix entre plusieurs fronts : Russie, Chine, Iran, – ou bien les trois ensemble, voilà qui serait une riche idée), alors que sa réélection mènerait également à une autodestruction du Système, – mais au milieu et au prix de sacrées douleurs.
Cela dit, il faut se rassurer même s’il semble bien qu’il ne sera pas réélu (à moins qu’Orlov n’ait raison ?) : l’élection d’un autre que lui, – un certain Trump notamment, – conduirait sans doute à des troubles civils profonds, et à une paralysie quasiment totale de l’exécutif américaniste.
Par ailleurs, et pour maintenir les plateaux de la balance en équilibre comme l’exige le fléau démocratique, on peut tenir pour raisonnablement acquis qu’une élection de Biden, sans doute dans les conditions suggérées par Orlov, conduirait à des troubles civils équivalents et à une paralysie tout aussi “assez-totale” de l’exécutif, ce qui rendrait évidemment le passage à l’autodestruction certainement moins bruyant et sans doute un petit peu moins douloureux.
Croyez-en notre instinct, nos ‘kishkes’, nos ‘guts’, il n’est pas assuré que nous ayons tort, ni dans un sens ni dans l’autre. C’est ce qu’on appelle la démocratie sans le moindre découragement.