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707116 février 2019 – Les choses sont ainsi faites qu’il nous faut chaque jour, selon la course folle des événements, louer le comportement d’une personne que nous dénoncions la veille. Cela se comprend dans le cadre de l’affrontement entre le Système et l’antiSystème, essentiellement dans la monde politique des USA, dans cette époque nouvelle ouverte en 2015-2016, dans un cadre totalement pris par la démence de la haine contre Trump, – au moins, cet étonnant président des États-Unis sert à cela, – tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre. Nous voulons dire par là que The-Donaldcomme tête de Turc des démocrates, tantôt se trouve comme involontairement soutien des antiSystème et par conséquent diablement vertueux, tantôt se trouve totalement absorbé par une position pro-Systèmeet par conséquent représentant vulgaire et grossier de l’ignominie même.
...Ainsi varient notre point de vue et l’orientation de notre commentaire, littéralement d’un extrême à l’autre car aujourd’hui aucune autre position sage et raisonnable ne peut se concevoir qui ne soit extrême, – car Delenda Est Systemum, –car cette entreprise de destruction de cette monstruosité qu’est le Système ne peut se concevoir qu’installé “avec sagesse et raison” dans une position antiSystème d’un extrémisme total... Tout cela est écrit, qu’on en soit assuré, d’une plume froide et mesurée, qui n’a perdu aucun sens de la mesure.
Aujourd’hui, le sujet c’est “les filles du Congrès”. Le titre est un peu leste sinon provocateur mais que les féministes-guillotineuses se rassurent et rengainent leurs lames tranchantes. Il s’agit tout de même de trois jeunes femmes dont aucune n’atteint la quarantaine, toutes trois démocrates, toutes trois venues d’une “minorité” et parlant haut et fort, pas vraiment ou complètement féministes toutes les trois même si certaines le sont, mais qui, dans certains de leurs actes, après tout font beaucoup pour “la cause des femmes” ; trois jeunes femmes représentant par conséquent une nouvelle génération de la politique washingtonienne,et une politique “nouvelle” dans tous les sens du qualificatif. C’est-à-dire qu’à les considérer, au côté des mâles de toutes les couleurs et tremblant de trouille, et malgré la considération défavorable qu’on peut avoir pour cet production de la postmodernité, – surprise surprise, – on se dit qu’il y a du bon dans ce qu’il y a de pire... Ces trois jeunes femmes ne sont pas moins que trois Congress(wo)men, c’est-à-dire membres de la Chambre des Représentants des États-Unis.
... Enfin, pour clore cette longue introduction, nous signalons que nous intercalons deux textes des seules sources de la presse de grande diffusion qui aient aujourd’hui quelque crédit. On aura compris qu’il s’agit des bêtes noires des pouvoirs-Système en place, et des élites du même tonneau, particulièrement français puisque la France est décidément la Grande Nation dans l’abjection comme elle le fut parfois dans la gloire.
La première de ces trois jeunes femmes est déjà connue plus par ses initiales (pourtant sans nom/prénom intermédiaire, à l’américaine) AOC, pour Alexandria Ocasio-Cortez. On a déjà signaléson dernier exploit qui est de bloquer/de saboter l’investissement de New-York City par Amazon/Bezos :
« Cette ultragauche nullement insurrectionnelle mais désormais institutionnelle (plusieurs parlementaires démocrates, des candidats à la désignation démocrate aux présidentielles de 2020), d’ailleurs très féminine et “féministe”, propose des mesures que ne désavoueraient ni les Gilets-Jaunes ni les souverainistes français et européens en général. Au grand dam de ZeroHedge.com (désordre là aussi, par rapport à nos références), cette ultragauche vient de saboter l’implantation d’Amazon avec ses emplois pourris à New York City (NYC), sous l’impulsion de la superstar-AOC (Alexandria Olivia-Cortez, députée démocrate de New York à la Chambre), avec le soutien du maire démocrate de NYC De Blasio, contre le gouverneur démocrate de l’État de New York Cuomo et au grand dam tweeté de l’ancien patron de Goldman-Sachs Llyod Blankfein, donateur régulier du parti démocrate... »
Il y a beaucoup à dire sur le parcours et les ambitions de AOC, et la droite conservatrice et populiste US ne s’en prive pas, la dénonçant comme une véritable “socialiste” (disons de type-communiste) menaçant les fondements du capitalisme. On ne s’attardera pas à discuter là-dessus, sinon pour observer que si le capitalisme c’est effectivement la situation actuelle on ne voit pas quel argument sérieux on pourrait avancer pour le défendre, et tout ce qui concourt à le démolir est évidemment bienvenu. En attendant AOC enrage Bezos, les mandarins démocrates, Wall Street et quelques autres gros poissons du genre. Il n’y a pour nous aucune espèce d’intérêt à nous attacher à des spéculations sur ses convictions et ses projets, nous bornant à constater que son action présente suffit à lui valoir une certaine reconnaissance et des encouragements à persévérer.
Effectivement, “D.C.-la-folle” n’est pas proche de perdre son pouvoir d’attraction, d’ironie involontaire, de capacité de volteface et d’extraordinaire empoisonneuse de tourner en rond fichée dans les pattes du Système. Après AOC comme pourfendeuse du capitalisme, on s’arrête au spectacle du traitement réservé à Elliott Abrams, l’un des plus pervers parmi les bourreaux employés par le département d’État pour ses dirty tricks ces quarante dernières années, par la commission des Relations Internationales de la Chambre dirigée par les démocrates, – ou dans tous les cas par certains de ses membres. Puisqu’il s’agit de la Chambre des Représentants où les démocrates ont emporté la majorité dans le nouveau Congrès, rien de ce qui vient de Trump n’est épargné, ce qui fait que, désormais, la commission en question, affirme qu’une intervention US au Venezuela telle que l’administration Trump l’envisagen’est pas une option et sera complètement bloquée par le Congrès. On verra ce qu’il en sera, mais en attendant on met des bâtons dans les roues...
Au cours de cette fameuse audition s’est particulièrement distinguée, une des nouvelles élues démocrates, Ilhan Omar, la première femme d’origine somalienne (née à Mogadiscio en 1981) élue au Congrès. Remarquable par sa beauté autant que par son foulard caractéristique des polémiques franco-françaises et laïcardes, Omar est devenue fameuse lorsqu’elle a suggéré il y a deux semaines que la plupart des parlementaires US étaient achetés par le lobby juif-sioniste (AIPAC), ce qui a suscité aussitôt les accusations pavloviennes-standard d’antisémitisme. Trump a estimé qu’elle devrait être exclue du Congrès pour avoir émis une telle hypothèse, tellement évidente qu’il est absolument sacrilège de l’énoncer. Omar a dû s’excuser sous peine de lynch de communication. Cela ne l’a pourtant pas désarmée pour son attaque contre l’immonde Abrams, sous la plume admirative du Saker US, qui note dans un de ses textes : « Au fait, voyez ici comme la Représentante Ilan Omar presse de questions ce vieux [fils de pute] d’Abrams. Cette jeune femme a clairement beaucoup plus de courage et d’intégrité que tous ses collègues pris ensemble ! »
Vérifions sur pièce, dans un texte de RT-com, qui décrit la séance d’audition à la Chambre avant d’envoyer son reporter Ted Cohen tenter d’obtenir, à la différences des autres réseaux (CNN, MSNBC) respectueux des vieilles crapuleSystème, quelques commentaires d’Abrams après cette séance. Le texte permet également de mesurer l’ahurissante dialectique employée par le volumineux Pompeo pour faire l’éloge d’un homme condamné pour mensonges et outrage au Congrès concernant des activités de corruption, de détournements de fonds publics, de crimes et de massacres, et sauvé de la prison par une grâce présidentielle venue de l’homme qui avait supervisé les opérations (le président Bush père, lorsqu’il était vice-président sous Reagan, notamment pour l’affaire Iran-Contra, ou scandale Irangateoù Abrams joua un rôle essentiel).
« Elliot Abrams se souviendra de sa première audition devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis le 13 février pour s'expliquer sur ses intentions au Venezuela.
» A cette occasion, plusieurs militants se sont introduits au sein de la Chambre vêtus de T-shirts et arborant de pancartes portant les inscriptions : “Abrams est un criminel de guerre”, “Pas touche au Venezuela !”. Ce n'était là que le comité d'accueil. En effet, les représentants démocrates n’ont pas manqué de rappeler à Elliott Abrams son rôle déterminant dans la politique étrangère américaine et son implication dans des affaires troubles, notamment en Amérique centrale – ce qui a donné lieu à des échanges tendus.
» Nommé par le secrétaire d’État américain Mike Pompeo fin janvier pour «aider le peuple vénézuélien à rétablir pleinement la démocratie et la prospérité dans son pays», l'envoyé de Washington au Venezuela a en effet acquis au fil de sa carrière le surnom de “secrétaire adjoint des sales guerres”. Cet homme de 71 ans a en effet été mis en cause dans des coups d’État et des opérations d'ingérence des gouvernements Reagan et Bush fils. Condamné en 1991 pour avoir dissimulé des informations au Congrès dans le cadre du fameux scandale Iran-Contras, il avait finalement été gracié par le président George Bush en 1992.
» En référence à cette affaire, le représentant démocrate Joaquin Castro a demandé à Elliott Abrams s’il était au courant de livraisons d’armes ou d’équipements de défense par le gouvernement américain à des groupes d'opposants à Nicolas Maduro. Elliott Abrams a répondu que non. “Je pose cette question parce que vous avez laissé des traces d'actions de ce genre. Pouvons-nous faire confiance à votre témoignage d'aujourd'hui ?”, a demandé le représentant.
» Rappelant également cette affaire et d’autres, la représentante démocrate Ilhan Omar a renchéri : “Je ne comprends pas pourquoi les membres de ce comité ou le peuple américain devraient trouver véridiques un quelconque témoignage que vous donnez aujourd'hui”. Se montrant particulièrement virulente, Ilhan Omar a poursuivi en mettant l'accent sur le massacre d'El Mozote au Salvador en 1981 qui a fait plusieurs centaines de morts dont des enfants. “Vous avez dit plus tard que la politique américaine au Salvador était une ‘réalisation fabuleuse’” a rappelé la représentante. “Le pensez-vous toujours, oui ou non ? [...]Pensez-vous que ce massacre est un fabuleux exploit accompli sous notre surveillance ?” a-t-elle demandé avec vigueur.
» “C’est une question ridicule, et je ne vais pas y répondre’, a répondu Elliott Abrams, visiblement contrarié. “Oui ou non ?” a insisté Ilhan Omar. “Non !”, a finalement répondu Elliott Abrams. “Je vais prendre ça pour un oui”, a observé la représentante démocrate, [avant de poursuivre :]“Soutiendriez-vous une faction armée au Venezuela qui commettrait des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide si vous pensez qu’ils servent les intérêts des États-Unis comme vous l’avez fait au Guatemala, au Salvador ou au Nicaragua ?” A nouveau, Elliott Abrams a refusé de répondre à la question.
» Aussitôt nommé, l'envoyé de Donald Trump au Venezuela avait déclaré que Washington maintiendrait la pression sur Nicolas Maduro et ses proches par “divers moyens”. “Mais nous fournirons également des voies de sortie à ceux qui feront ce qui est juste pour le peuple vénézuélien”, a-t-il notamment déclaré, laissant à chacun le soin de se faire une idée sur la nature de ces “rampes” à la lumière du parcours de celui qui les évoque.
» En le nommant, le secrétaire d'État Mike Pompeo avait déclaré : “La passion d’Elliott pour les droits et les libertés de tous les peuples fait de lui une personne idéale et un ajout précieux et opportun. [...] Elliott sera un véritable atout pour notre mission d’aider le peuple vénézuélien à rétablir pleinement la démocratie et la prospérité dans leur pays.” Lors de cette audience du 13 février, les représentants démocrates ont déclaré qu’une action militaire américaineau Venezuela, telles qu’évoquée par Donald Trump, n’était pas une option envisageable et que le Congrès s’y opposerait. »
La troisième personne dans notre revue générale des actions perturbatrices au Congrès vient également d’une jeune démocrate, mais déjà une vétérane (puisque le mot existe) puisqu’entrant dans son troisième mandat de Représentante (démocrate) de l’État de Hawaii, aussi bien que vétérane du service de guerre dans les forces armées (la Garde Nationale où elle vient de recevoir le grade de commandant). Il s’agit bien entendu de Tulsi Gabbard, dont on parle beaucoup depuis qu’elle a annoncé sa candidaturepour les présidentielles de 2020. Gabbard s’est signalée à nouveau par le dépôt d’un projet de loi qui n’a bien entendu aucune chance d’être votée, mais qui figurera à la fois comme symbole et comme élément d’un dossier que la candidate Gabbard veut se constituer comme spécialiste des questions de sécurité nationale recherchant l’abandon de la politique ouvertement belliciste et illégaleque suivent les États-Unis depuis des décennies, et depuis trois décennies de façon ouverte et sans la moindre retenue.
Quelques mots de Spoutnik-français sur le projet de loi de Gabbard :
« L'élue démocrate Tulsi Gabbard a soumis un projet de loi au Congrès américain interdisant à Washington de se retirer du Traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (FNI).
» La décision de Donald Trump de quitter le Traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (FNI) augmente le risque d’une guerre nucléaire et provoque une course aux armements, a déclaré vendredi Tulsi Gabbard, élue démocrate hawaïenne du Congrès américain qui entend briguer un mandat présidentiel en 2020. “J’ai soumis un projet de loi qui doit empêcher le Président Trump de favoriser l’escalade de la nouvelle guerre froide, d’entamer une nouvelle course aux armements, de gaspiller les fonds de nos contribuables pour des aventures militaires qui font baisser notre sécurité”, a indiqué Mme Gabbard lors d’une conférence de presse devant le Capitole.
» Selon elle, le projet de loi assure le respect par les États-Unis du Traité FNI et interdit de “dépenser même un dollar dans les armes qui violent ce traité”. “Plus que jamais, nous sommes actuellement confrontés à un risque de catastrophe nucléaire. La menace d’une guerre nucléaire est bien réelle. La décision irréfléchie du Président Trump de sortir du Traité FNI augmente cette menace, attise une nouvelle guerre froide, provoque une course aux armements entre les États-Unis et la Russie et nous rapproche plus que jamais à l’holocauste nucléaire”, a ajouté Mme Gabbard.
» Elle a invité les autorités de son pays à renforcer le Traité et à y inviter d’autres États comme la Chine, avant de rappeler qu’une fausse alerte aux missiles avait provoqué une panique à Hawaï en 2018. “Nous devons prendre des mesures pour mettre fin à la guerre froide et s’éloigner de l’abîme de la guerre nucléaire”, a conclu Tulsi Gabbard.
» Le projet de loi aurait peu de chances d’être adopté dans un Congrès où la plupart des membres soutiennent la décision de l’administration Trump de se retirer du Traité FNI. »
Ici s’impose un aparté sur Gabbard que nous connaissons bien mieux que les deux précédentes, et qui présente une conception politique beaucoup plus structurée. Comme on l’a vu, l’attaque contre elle a été férocedès l’annonce de sa candidature, à un point qui a pris par surprise ceux qui devraient être naturellement ses partisans, et qui pour beaucoup ne se recrutent certainement pas dans le même parti (démocrate) qu’elle. Finalement, on peut avoir une approche générale des réactions disons de la “dissidence antiSystème” en matière de sécurité nationale au travers de deux articles, tous deux notamment publiés sur le site UNZ.Review, quasiment le même jour.
• L’article du Saker-US (également sur son propre site) est extrêmement argumenté, détaillé, etc., par une plume qui est largement trempée dans l’encre du scepticisme le plus profond et le plus méprisant vis-à-vis du système de l’américanisme. Son jugement systématique sur Trump est à cet égard révélateur. Et pourtant, finalement, le Saker US n’arrive pas à conclure, laissant ouvertes trois possibilités : (1) Gabbard retournera sa veste, (2) elle sera emprisonnée comme Trump, ou bien enfin (3) joker des jokers, elle tentera réellement de faire la politique promise mais il faut craindre alors qu’elle subira le sort de JFK.
• L’article de Philip Giraldi, le même 15 févrierpasse en revue les candidats (surtout candidates) démocrates pour 2020 et finit par s’arrêter à Gabbard qu’il prend très au sérieux. « Tulsi Gabbard existe-t-elle ? » titre l’article, et la réponse est manifestement positive.
Finalement, une réaction d’un lecteur de l’article de Giraldi donne assez bien le sentiment général qu’on retire à la lecture de ces articles (et d’autres, déjà mentionnées), – de la solidité de la candidate mais aussi des attaques effrayantes qu’elle va subir, d’autant qu’elle apparaît incomparablement plus “sérieuse” et plus déterminée que Trump sur ces questions de sécurité nationale.. « Bien sûr, il est impossible de prédire si ce sera la même chose avec Tulsi Gabbard, mais contrairement à ces autres candidats[antiguerre] dans le passé, elle place son rejet des neocons et du regime change tellement au centre de sa campagne qu’il convient d’assumer qu’elle est sérieuse, – sinon ce serait une trahison trop flagrante. Cependant, si elle est sérieuse à ce sujet et si elle est élue, elle sera combattue par l'État profond et ses alliés dans les médias beaucoup plus durement que Trump, qui n’est pas systématiquement anti-neocon mais pas vraiment pro-neocon. Ce qu’ils lui feraient probablement dans ce cas rendrait risibles par comparaison Spygate, le Russiagate et l’enquête Mueller. Elle pourrait finir comme JFK (un vice-président qui serait juste aussi anti-neocon qu’elle pourrait augmenter ses chances de survie). »
Il est évident que les dossiers pour détruire Gabbard sont prêts, fournis, extrêmement édifiants, plein de moraline moderniste et démocratique, etc. Cela peut offrir une certaine distraction à certains de s’aventurer sur ces chemins de l’anathème, – y compris celui de l’extrême-droite complotiste qui fait toujours recette. Il semblerait plus raisonnable, dans cette atmosphère de rumeurs et de suspicions où la réalité est totalement désintégrée de s’en tenir à des règles les plus simples possibles... Ainsi, on peut par exemple regarder et écouter telle vidéo“pour démolir les rumeurs” (Sham Sharma Show) et accepter la recommandation faite, pour tenir plus ou moins son jugement sur Tulsi Gabbard, de se référer à cette citation de Jimmy Dore (Jimmy Dore Show) : « Ne la [Gabbard] jugez pas sur ses amis mais sur ceux qui sont ses ennemis », c’est-à-dire les establishmentpro-guerre des deux partis démocrate et républicain, et également la presseSystème bellicistes, etc., tous ceux qui la haïssent littéralement (pour faire vite : entre 01’05” et 01’30” sur la vidéo).
Pour l’instant, il importe de s’en tenir à cela. Dans ce système postmoderne de la communication poussé aux extrêmes et au radicalisme du langage et de l’affectivisme, la haine éprouvée contre telle ou telle personnalité est une précieuse mesuredes choses et des actes, une sorte de vérité-de-situation. Elle s’exprime en toute “liberté” (!) et en toute fureur, libérée des conformismes imposés par le Système, dès qu’est identifiée la possibilité très affirmée d’une attitude antiSystème. C’est le cas avec (contre) Gabbard. Il s’agit, de la part de Gabbard, compte tenu de sa (faible) notoriété, de sa jeunesse, etc., d’une formidable performance de communication en quelques semaines : parvenir à se faire prendre au sérieux au point de susciter une telle haine qu’on évoquerait le sort de JFK...
Quelles chances que ceci et cela (ceci ou cela) se produisent ? Que Gabbard soit vraiment sérieuse ? Que Omar et son foulard obtiennent enfin le scalp de la vieille-poubelle d’Abrams ? Que AOC réussisse à nous vendre son “socialisme vert” qui va répandre une panique immonde à Wall Street et dans les rues adjacentes ?
Ce que l’on sait d’assuré aujourd’hui, c’est bien que rien, moins que jamais, n’est assuré. Nous revenons souvent à la seule circonstance de ces dix dernières années où nous faillîmes vraiment partir en guerre, où même ces imbéciles de Français (ces Français-devenus-imbéciles) crurent qu’ils allaient partir en guerre, glorieusement et avec le fameux Hollande à leur tête dans la plus stupide des guerres, – cette circonstance, la fameuse attaque “ratée de peu” contre Damas fin août-début septembre 2013, après une attaque chimique évidemment montée de toutes pièces. On en a fait la chose, – l’erreur, l’accident ou la crainte ultime, – d’un seul homme, du président Obama, alors qu’il n’en fut rien, qu’il y eut de façon très différente un mouvement inattendu et collectif qui bouleversa tout dans le mécanisme belliciste de Washington D.C. Nous ne manquons jamais, et le vieux capitaine PhG non plus, de le rappeler à chaque occasion possible, textes et documents à l’appui :
« Il y a un précédent, celui de l’attaque contre la Syrie d’août-septembre 2013. Tant de monde en ont oublié les véritables circonstances, se contentant d’affirmer qu’Obama avait lancé la menace d’une attaque, avait hésité puis avait reculé. La réalité de cette séquence est que l’attaque décidée après et malgré un vote défavorable de la Chambre des Communes de Londres sur la participation britannique, Obama confia la décision au Congrès : soudain, l’on constata l’effritement accéléré du soutien populaire jusqu’alors acquis à l'attaque, ce que les parlementaires, sollicités par les flots épistolaires de leurs électeurs, traduisirent en intentions de vote de plus en plus défavorables jusqu’à une déroute institutionnelle catastrophique d’où Obama fut sauvé in extremis par l’intervention de... Poutine. (Voir les textes sur ce site, à propos de cette séquence : le 27 août 2013, le 29 août 2013, le 02 septembre 2013, le 06 septembre 2013, le 10 septembre 2013, le 12 septembre 2013.)
» Ce phénomène n’a jamais été vraiment analysé, il a même été prestement déformé puis enterré comme “la mémoire” fait aujourd’hui avec les faits historiques, puis oublié par la direction politique et la communication-Système comme beaucoup trop déstabilisant pour la politiqueSystème pour qu’on puisse seulement en avoir un écho lointain... »
Cela est pour dire que tout est possible et que rien n’est assuré, plus que jamais dans ces temps de désordre. Dans les trois personnalités citées dans cette analyse, qui toutes trois renvoient sociétalement à une vision postmoderne qui devrait être naturellement celle sur laquelle le Système appuie sa surpuissance, on pourrait tout aussi naturellement trouver toutes les raisons de n’entretenir aucune possibilité de changement positif dans un sens favorisant la tendance autodestructrice du même Système. Pourtant, un jugement dégagé des divers apriorismes qui caractérisent l’une ou l’autre permet de distinguer effectivement ces “possibilités de changement positif”, ne serait-ce que par le désordre et la confusion suscitées par leur position et amplifiées par la publicité que le système de la communication développe autour de cette sorte d’événements.
Ce désordre et cette confusion sont les caractères exactement inverses à ceux dont a besoin le Système pour rester dans son mode de surpuissance sans verser dans sa tendance autodestructrice. Ces caractères semblent définitivement installées à Washington D.C. depuis que les événements de 2015-2016 ont transformé ce bastion du Système en une “D.C.-la-folle” dont plus personne n’arrive plus à reprendre le contrôle. L’événement d’août-septembre 2013 rappelé ci-dessus indique combien des poussées collectives inattendues et paradoxales peuvent brusquement apparaître à Washington D.C., – et bien plus encore, bien entendu, lorsque Washington D.C. est devenu complètement et décisivement “D.C.-la-folle”. Les mésaventures des trois jeunes femmes de la Chambre des Représentants peuvent s’insérer dans une prospective où des mouvements collectifs inattendus produiraient des effets bien étonnants. Tout le monde est fou à “D.C.-la-folle”, alors pourquoi pas les événements ? Un tel commentaire n’est si fou qu’il y paraît...
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