Notes sur l’hyper-désordre de la Démocratie ossifiée

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Notes sur l’hyper-désordre de la Démocratie ossifiée

5 novembre 2014 – Le grand débat des élections mid-term de cette année 2014 aux USA, ce fut la popularité et la place dans l’Histoire de l’actuel POTUS (President Of The United States). Plus précisément, pour citer en substance Ivan Eland, commentateur libertarien modéré : BHO est-il ou n’est-il pas le pire POTUS de l’histoire des USA ? Grave question, – et l’on s’étripe sur sa place de dernier du classement, ou d’avant-dernier, etc. Le titre de l’article d’Eland va d’ailleurs droit au fond du problème  : «Is Barack Obama the Worst President in American History?» (sur Antiwar.com, le 4 novembre 2014)... Sacrebleu, Eland l’a classé 34ème sur 41 POTUS depuis George Washington et il s’est fait méchamment relever les bretelles par Donald Trump...

«After my recent appearance on the Fox News Channel’s morning show, “Fox and Friends,” Donald Trump, appearing after me on the same show, asserted that my ranking of Barack Obama 34th out of 41 presidents rated – in the new, revised edition of Recarving Rushmore: Ranking the Presidents on Peace, Prosperity, and Liberty – had “zero credibility” because Obama was the worst president in American history...»

Mais Eland est furieux (avec un grand calme de plume, pourtant) et entend remettre Trump à sa place, et BHO à la sienne, – 34ème place sur 41, – place d’une affligeante médiocrité pour un jeune homme (BHO) de si belle et multiculturelle allure, par rapport aux autres, derrière lui, présidents qui ont tout de même la majesté d’être réellement catastrophiques, dont l’action fut si importante dans le registre du malheur qu’elle laissa une trace profonde dans l’Histoire. Eland n’accorde même pas cette honneur à BHO ; il le place quasiment à égalité avec Bush, quasiment comme deux frères-siamois suivant le sillon catastrophique tracé un siècle plus tôt par le président Wilson, lorsque ce denier impliqua les USA dans une guerre (la Grande) qui n’était pas la leur (celle des USA). Il poursuit donc, avant de terminer son article, nombre de paragraphes plus loin, par sa péroraison anti-wilsonienne, – faisant d’Obama un arrière-arrière-petit-fils de Wilson, tout juste capable de suivre la voie catastrophique...

«Donald Trump has a right to his opinion and may be an expert on real estate and “shock marketing,” but he is an apprentice at American history. With America’s ahistorical orientation and restrictive two-party political system, people on the right of the American political spectrum reflexively and viscerally believe that the current left-of-center president is the worst in history; left-leaning people had the same opinion of George W. Bush... [...] So Barack Obama is a bad president whose stock is dropping, as I said on the show, because his war against ISIS is likely to make Islamic radicalism and terrorism worse; but Woodrow Wilson is the worst president in American history, because he ruined the 20th century and is now working on the 21st.»

Dans ce concours pour la médiocrité et la place du plus catastrophique de tous les POTUS, Eland et Trump ne sont pas les seuls à débattre. On l’a vu, c’est le grand débat des mid-term de novembre 2014, et l’on vous précise, – comme RT le fait le 4 novembre 2014, – que les démocrates ont porté le président Obama comme une croix pendant toute la campagne... Et cette campagne, elle, s’est faite au rythme des résultats des sondages de popularité du POTUS en place, ou disons au rythme des sondages de son extrême impopularité.

«If President Barack Obama were on the ballots on Tuesday, he would not fare very well, as a near-record-high number of Americans view him unfavorably. And his unpopularity could negatively affect Democrats’ chances in Tuesday’s midterm elections. Half of Americans have an unfavorable impression of the president, with 44 percent viewing him favorably, according to a new ABC News/Washington Post poll. His unpopularity is even worse ‒ 53 percent ‒ among likely voters. Last November, Obama’s unfavorables hit a record-high 52 percent among Americans. And the six-point difference between those who see him favorably versus unfavorably is the worst the president has ever faced. Gallup polls mirrored the ABC News/Washington Post findings. The daily tracking poll had Obama’s approval rating at just 40 percent, down three points from Thursday. His disapproval rating held steady Sunday at 54 percent.»

Le tsunami des $millions et des $millions

La campagne fut effectivement à la mesure de ces constats catastrophiques des présidents US, jusqu’aux plus catastrophiques d’entre tous. Elle se fit dans l’indifférence affligeante des citoyens au-dessous d’un “tsunami de $millions” comme l’observe Le Figaro (le 3 novembre 2014), qui fut dispensé au bénéfice de tous ces candidats qui n’intéressaient personne. Car Le Figaro, oui oui, n’a pas sa plume dans sa poche pour fustiger le régime lui-même et ce “quelque chose de pourri” qui commence à diablement puer... Quoi ?! Antiaméricaniste primaire, Le Figaro ?

«Il y a quelque chose de paradoxal et de pourri dans le royaume d'Amérique: les citoyens sont de plus en plus dégoûtés de la politique, sceptiques sur leurs élus et de moins en moins tentés de se rendre aux urnes. Mais un tsunami d'argent toujours plus massif s'abat sur le pays à chaque élection pour matraquer des messages simplistes et les sortir de leur apathie ; suscitant à son tour plus de dégoût et de désaffection…»

... Et de nous accabler de chiffres plus astronomiques les uns que les autres, qui font de cette campagne du mid-term la plus dépensière de toute l’histoire de ce domaine des élections intermédiaires. En fait, c’est la corruption quasi-absolue de la politique à visage découvert, tout sourire, heureuse de cette façon d’être et de cette si typique American Way of Democracy. «Quatre milliards de dollars ont été lancés dans la bataille, en faisant le scrutin de midterm le plus cher de l'histoire des États-Unis. “Cela représente 10 fois le budget que le gouvernement a mobilisé pour combattre Ebola”, note CNN. Sur ces 4 milliards, 3 milliards ont été dépensés pour financer les états-majors sur le terrain, avec leurs bus, leurs tracts, leurs tee-shirts et leurs troupes d'activistes allant “chercher l'électeur” maison par maison. Mais ce qui inquiète le plus les instituts de recherche traquant les liens incestueux entre argent et politique, c'est le milliard restant. Ce dernier est le produit des dons fastueux qui ont été déversés par des “intérêts spéciaux“ extérieurs aux campagnes, via des “super-PAC” privés dont le but est d'acheter de l'influence, en élisant des élus à leur main. “Ces intérêts veulent avoir leur gars dans la place” pour faire passer des lois qui leur sont favorables, explique Ian Vanderwalter, du Brennan Center for Justice.»

Grands thèmes : Daesh et Ebola

Tout de même, nous n’irions pas jusqu’à dire que cette campagne ne fut pour rien dans la marche des choses, ne compta pour rien, ne servit à rien et, sur le plan des enjeux de la bataille, – drôle d’enjeux, drôle de bataille, – ne représenta que ce vide absolu que l’on décrit ici ? Eh bien, ce n’est pas loin d’être proche d’une certaine, disons, “vérité de situation”. Tom Engelhardt décrit cela (TomDispatch le 4 novembre 2014), observant d’une façon stupéfaite une campagne où il ne fut guère question que d’ISIS/EI/Daesh d’un côté, d’Ebola de l’autre, et rien qui vaille mention sur l’essentiel, – l’inégalité affolante, les pauvres qui prolifèrent, les prisons transformées en bagne pour éliminer une population déplaisante, l’effondrement des infrastructures, l’espèce d’aspect de Tiers-Monde qui deviendrait un Quart-Monde qui caractérise l’American Dream aussi ossifié qu’un diplodocus ou que le désert de la Vallée de la Mort. Bref, ils ne songent qu’à une chose, – faire leurs guerres-fantômes, leurs expéditions dans le vaste monde, partir en guerre contre tout ce qui bouge, proclamer une mobilisation sans fin, exercer leur hybris de l’exceptionnalisme de la narrative de l’américanisme pour opérationnaliser les paniques sans fin qui permettent de s’insulter à Washington D.C. et, par ce faire, croire que l’on vit...

«Sometimes it seemed that only two issues mattered in the midterm election campaigns just ended. No, I’m not talking about Obamacare, or the inequality gap, or the country’s sagging infrastructure, or education, or energy policy. I mean two issues that truly threaten the wellbeing of citizens from Kansas, Colorado, and Iowa to New Hampshire and North Carolina. In those states and others, both were debated heatedly by candidates for the Senate and House, sometimes almost to the exclusion of anything else. You know what I’m talking about – two issues on the lips of politicians nationwide, at the top of the news 24/7, and constantly trending on social media: ISIS and Ebola. Think of them as the two horsemen of the present American apocalypse.

»And think of this otherwise drab midterm campaign as the escalation election. Republican candidates will arrive in Washington having beaten the war and disease drums particularly energetically, and they’re not likely to stop. In 2015, you’re going to hear far more about protecting Americans from everything that endangers them least, and especially about the need for a pusillanimous president (or so he was labeled by a range of Republicans this campaign season) to buckle down, up the ante, and crush the Islamic State, that extreme Islamist mini-oil regime in the middle of an increasingly fragmented, chaotic Middle East.

»You already know the tune: more planes, more drones, more bombs, more special ops forces, more advisers, and more boots on the ground. After 13 years of testing, the recipe is tried and true, and its predictably disastrous results will only ensure far more hysteria in our future. And count on this: oppositional pressure to escalate, heading into the presidential campaign season, will be a significant factor in Washington “debates” in the last years of the Obama administration.»

Les élections de la dissolution

Les mid-term ne sont donc plus ce qu’elles étaient, ni ce qu’elles furent pendant quelques années fiévreuses, de 2007 à 2012, lorsque se pressaient des forces nouvelles, qu’elles fussent celles du Tea Party ou celles d’une frange progressiste du parti démocrate. Bien entendu, tout cela était l’objet de débats marqués par les habituels réflexes pavloviens de l’esprit du temps, de condamnations, d’appels à l’aide, de regroupements de l’establishment convoquant les fantômes des croisades passées qui assurèrent l’animation du cruel XXème siècle qui accoucha il y a peu de notre étrange XXIème siècle.

L’apathie a donc même gagné les “forces vives” qui existaient encore au sein du corps politiques, ou tentaient de s’y faire une place pour éventuellement chercher à y susciter des réformes. Cela signifie moins une opération de récupération par un Système placé au centre du jeu et assez dynamique pour cette opération de récupération, qu’un état d’ossification, bien au-delà de la gangrène-qui-pue (ce qui disqualifie finalement comme trop modéré le “il y a quelque chose de pourri”), de toutes les structures politiques, sécuritaires, corruptrices, etc., du système de l’américanisme qui est, dans son évolution, directement alimenté par le Système lui-même. Les élections mid-term de 2014 ne font qu’entériner l’état de dissolution, proche de l’entropisation, du système de l’américanisme basé à Washington, D.C.

Les records du POTUS

Là-dessus, tout de même, notons qu’il y a eu des élections et, par conséquent, des résultats. On peut dire que ces résultats confortent en tous points ce qu’on en attendait, à savoir la défaite complétée et pliée définitivement du POTUS courant, le passage du Congrès sous le contrôle des républicains. D’une certaine façon le commentaire que donnait Scott Rasmussen, l’ancien grand spécialiste de la science de l’analyse statistique des situations politiques, reste valable. Il consacre que le président Obama est, de ce point de vue-là également, le pire président de l’ère moderne (inutile de chercher avant)... Mais tout cela, le brave citoyen l’avait auguré, y compris les plus fidèles d’entre eux.

Voici donc le commentaires de Rasmussen, for the record et pour l’histoire par le petit bout de la lorgnette (sur RT, le 4 novembre 2014 : «... And while the ballots being cast on Tuesday will very likely cause a sea change in Congress, former pollster Scott Rasmussen wrote for Newsmax that the significance may surpass anything seen during the last few decades. In a column last week, Rasmussen wrote that the number of Democrats in the House has shrunk from 257 to 199 since Pres. Obama took office in 2008. Should expectations be met with regards to Tuesday’s Senate races, then the 59 seats held there by the Democrats at the start of Obama’s first term could be cut down to 45, if his estimates are correct. “To put that number in perspective, the 58 seats [in the House] already lost by the current president even tops the 46 lost by Richard Nixon amidst the Watergate scandal,” Rasmussen wrote. Pres. Nixon also saw his party lost six seats in the Senate while in office, and Obama may experience cuts in that chamber as costly as 14 seats.

»At the DC-based publication Roll Call, reporter Steven Dennis wrote “Obama could set a modern record for midterm-election losses dating back to President Harry S. Truman,” the two-term president who saw the previously Democrat-controlled House lose 54 seats on his watch in the aftermath of World War Two...»

Sentiment du sado-masochiste au sortir de l’isoloir...

Une autre façon de voir les choses, en espérant que l’on ne craint pas le vertige des chiffres et des pourcentages, c’est de suivre CNN qui a jugé judicieux d’interroger les participants au vote sur leurs sentiments vis-à-vis de ceux qui les dirigent. Le texte (ce 4 novembre 2014 est surmonté du titre qui pourrait caractériset, après tout, un exercice rmarquable dans l’art du sado-masochisme : «Exit polls: Majority of voters dissatisfied or angry with Washington»... C’est une litanie sans fin et sans beaucoup d’originalité :

«A majority of Americans are dissatisfied or angry with President Barack Obama's administration and GOP leaders, according to exit polls released Tuesday and analyzed by CNN. And about 8 in 10 Americans disapprove of how Congress is handling its job, according to a survey of voters outside of polling places on Election Day. Nearly six in 10 voters are either dissatisfied or angry with both the White House and Republican leaders in Congress. Less than a third of Americans are satisfied with the Obama administration and GOP leaders. And heading into the voting booth, seven in ten Americans said they were concerned about economic conditions.

»Most voters had a negative view of both parties, with the Democratic Party barely edging out the GOP to pull a positive view from 44% of voters compared to 40% for the Republican Party. [...] Two-thirds of voters said they believe the country is headed on the wrong track, and only 22% believe the next generation of Americans will be better off. And about 72% are at least somewhat worried that there could be a terrorist attack on U.S. soil. And voters' confidence in the government has been seriously shaken, with only 1 in 5 voters saying they trust the government to do the right thing...»

Otage de la Maison-Blanche, du Système

A ce point, on conviendra qu’il devient embarrassant de poursuivre quelque commentaire que ce soit. En effet, qu’est-ce que changent ces élections, à part qu’elles consacrent un changement radical dans l’équilibre du pouvoir puisqu’elles constituent la recette de la paralysie et l’impuissance de l’exécutif ? Rien du tout, exactement, puisque l’exécutif fait partie du pouvoir washingtonien et que le pouvoir washingtonien est, quasiment depuis novembre 2006 où GW Bush hérita lors des mid-term d’alors d’un Congrès majoritairement démocrate. On insistera sur ce fait qu'il importe par-dessus tout de ne pas se méprendre : cette paralysie-impuissance acquérant toute sa puissance à l’occasion d’une élection n’était nullement le fruit de cette élection mais bien le résultat de la chute accélérée du pouvoir washingtonien depuis la fin de la Guerre froide et le 11 septembre 2001, au gré d’avatars divers.

Ainsi, les élections aux USA ne déterminent-elles rien du tout, mais ne font qu’entériner une situation structurelle désormais bien établie. Le président Obama, aujourd’hui impuissant et paralysé, l’est en fait depuis le début de son premier mandat, passé un délai de 6-8 mois où il tenta vaguement de modifier quelque chose de la politique-Système avant de s’en remettre complètement à elle, ayant définitivement abandonné l’idée, – s’il la caressa jamais, s’il l’imagina jamais, – de tenter d’être un “American Gorbatchev”. Chavez, qui le rencontra une fois (en avril 2009) et le prit imprudemment en amitié en croyant qu’il en sortirait quelque chose, avait conclu, deux ans plus tard, avant d’être emporté par le cancer : «Il est l’otage de la Maison-Blanche», – c’est-à-dire du Système, certes, et otages comme les autres, comme l’est aujourd’hui la majorité républicaine du Congrès, – qui, bien entendu, va passer les deux années d’ici l’élection présidentielle, à surenchérir, à se déchirer, à déclamer, à voter des sanctions et ainsi de suite.

La démocratie ossifiée fait des bulles...

Hyper-désordre, business as usual

In illo tempore, – en d’autres temps qu’il nous arriva de connaître, un tel résultat des élections mid-term était ressenti aussitôt comme une catastrophe, de la Maison-Blanche au reste du monde. Ce fut encore le cas en novembre 1994, lorsque les républicains prirent le Congrès d’assaut, provoquant chez Clinton une phase pathologique dépressive peu connue qui le transforma pendant quelques semaines en une sorte de zombie présidentiel. Aujourd’hui rien de pareil (nous parlons du ressenti catastrophique mais ne nous engageons nullement quant à l’état mental et psychologique de l’actuel POTUS).

La sensation est très forte, relevant de l’intuition sinon de l’évidence, mais nullement exprimé car l’on n’ose trop parler en termes crus de la Grande République, que l’élection effectivement ne changera rien. A l’irresponsabilité assez mal identifiée et peu compréhensible pour ceux qui vivent à l’ombre des clichés de l’American Dream, succède la même irresponsabilité, cette fois affichée, conformée et estampillée. L’hyper-désordre que sème l’Amérique depuis des années se poursuivra, cette fois avec une sorte de légitimité acquise dans les urnes. Business as usual...

... Par exemple et pour prendre un exemple parmi tant d’autres, le brillamment réélu sénateur républicain de l’Arizona James Inhofe dirigera la commission sénatoriale sur l’environnement, selon la philosophie qu’il avait énoncée en 2003 en écartant les thèses de ceux qui dénient la possibilité d’un changement climatique : «It’s also important to question whether global warming is even a problem for human existence. Thus far no one has seriously demonstrated any scientific proof that increased global temperatures would lead to the catastrophes predicted by alarmists. In fact, it appears that just the opposite is true: that increases in global temperatures may have a beneficial effect on how we live our lives.» Il est inutile d’engager aussitôt, à ce propos, la polémique sur le réchauffement climatique, en se reportant pour un débat plus sain sur la très récente déclaration du même Inhofe, en toute continuité des choses raisonnables, à RIA Novosti (le 4 novembre 2014), – ceci, à propos de la livraison d’armes au régime démocratiquement revigoré de Kiev  :

«The US Senate will do everything in its power to overcome a possible White House decision not to send lethal assistance to Ukrainian government forces, a representative from US Senator James Inhofe's office told RIA Novosti. “If no such decision is made by [US President Barack] Obama, the issue will be considered by the Senate and the Armed Services Committee, [who] will do whatever it can to make it happen,” the Inhofe representative said.»

 « ...aussi parfait que la raison puisse concevoir »

Ainsi ces élections n’ont finalement qu’un résultat, mais celui-là tout à fait assuré : elles légitiment et institutionnalisent l’impuissance et la paralysie du gouvernement de l’américanisme, et par conséquent l’irresponsabilité qui va de pair. Elles pérennisent un modèle désormais universel au sein du bloc BAO, et que le bloc BAO voudrait évidemment imposer au reste du monde, par la force de la force si l’on peut dire. Ce modèle, c’est le vide de l’autorité par dissolution et même entropisation, conduisant à une sorte de perfection de l’inversion : la légitimation du vide de l’autorité, ou, si l’on veut, la légitimation de l’illégitimité. Le modèle est parfait, le Système est au terme de son activité absolument déstructurante-dissolvante.

Les USA, dans le chef de Washington D.C., sont aujourd’hui réduits au double négatif d’eux-mêmes. Ceci faisait la puissance et la gloire de la Grande République, dans les écrits mêmes de Germaine de Staël, dans une lettre à Jefferson du 6 janvier 1816 : «Si vous parvenez à détruire l’esclavage dans le Midi, il y aurait au moins dans le monde un gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir.» Les Noirs ne sont plus aujourd’hui “esclaves dans le Midi”, mais ils sont devenus, comme disait Chavez, des “otages de la Maison-Blanche” comme les autres citoyens, – l’égalité enfin affirmée, l’égalité de l’imposture. La Grande République, qui voulait être à cet égard un exemple pour le monde, a donc achevé son périple dans son double absolument négatif d’elle-même : négation de la légitimité, négation de l’autorité, négation absolue du “gouvernement aussi parfait que la raison humaine [puisse] le concevoir”.

... Place au Système, à sa surpuissance et à son autodestruction, – et ainsi soit-il.