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17607 février 2015 – C’est un de ces moments où il faut mettre à l’écart les diverses hypothèses, les essais de prospective, les constats pressants qui ne cessent de s’imposer. Il faut s’en tenir à l’événement, l’observer et tenter de l’interpréter par rapport au contexte événementiel qui nous enserre, qui est celui de la Grande Crise, de la crise d’effondrement du Système. Par conséquent, plutôt que qualifier la rencontre de Moscou (sommet à trois Poutine-Hollande-Merkel, cinq heures d’entretien sur la question d’un accord de cessez-le feu en Ukraine) d’“événement historique” qui le fixerait dans le temps historique comme s’il avait déjà signifié ses effets et ses conséquences, il importe d’y voir un “Moment historique” où apparaît soudain, – l’espace d’un instant, – la vérité d’une situation générale. Pour beaucoup parmi ceux qui veulent bien accepter d’observer ce “Moment historique” pour ce qu’il est, il s’agit d’une révélation tant cette vérité de situation est différente de la narrative qui est offerte, sinon imposée par le Système, comme une pathétique “feuille de route” pour tenter d’interpréter ce qui se passe selon le rythme et la rengaine qui importent.
Nous ignorons ce qui sera fait de ce “Moment historique” mais nous ne devons pas ignorer ce qu’il nous a montré. Nous ne devons pas non plus écarter l’hypothèse que ce “Moment historique” a peut-être constitué une tentative par certains de se libérer des chaînes de l’interprétation (la narrative) que le Système leur impose. Si l’hypothèse est juste, cela ne signifie pas non plus que la tentative est réussie ou sera réussie par une transformation de la perception permettant de s’approcher de la vérité du monde. Tout cela est suspendu, effectivement comme un “Moment historique” qui serait la traduction politique de l’idée poétique du “Ô Temps, suspends ton vol”. Bien entendu, le Temps historique de la Grande Crise est bien autrement cruel que le Temps du poète contemplant Le lac, mais il n’en est pas moins question de sa suspension pour nous permettre de contempler les choses, de les fixer, peut-être même d’éprouver la même nostalgie pour d’autres temps...
De nombreux commentaires accompagnent évidemment cette suspension du temps politique que constitue l’escapade de Moscou, – avec cet entretien massif (près de cinq heures) aboutissant à l’élaboration des fondements d’un possible document de cessez-le-feu en Ukraine qui serait éventuellement prêt demain, et soumis à l’accord du groupe informel dit des “quatre de Normandie”, – que de conditionnels, de nuances de prudence sinon de scepticisme, etc.... (Le groupe dit des “quatre de Normandie” est totalement “informel” effectivement, reprenant la structure d’entretiens qui s’étaient faits à quatre, – l’Allemande Merkel, le Français Hollande, le Russe Poutine, l’Ukrainien Porochenko, – en marge des cérémonies de commémoration du 70ème anniversaire du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Il y a quelques jours, Porochenko a suggéré que le groupe soit étendu à l’UE et, – “what else?”, – aux USA. Ce n’est pas la première fois qu’une telle suggestion est faite, les USA ne cessant de tenter de pénétrer dans ce groupe pour en briser ce caractère sacrilège de leur non-participation.)
On trouve dans Russia Today, confirmée comme une excellente source d’information commentée, des commentaires portant sur un premier grand aspect de cette rencontre. Il s’agit de la perception que la forme, les circonstances, le rythme de la rencontre, mettent en évidence une faille, une rupture dans le bloc BAO entre l’Europe, – si l’Allemagne et la France forment bien “l’Europe”, ce qui est à voir (voir plus loin, certes), – et les USA-“what else?”. (Dans RT du 6 février 2015.)
«Media reports earlier suggested that Hollande and Merkel’s visit to Moscow was a snap decision made without consulting Washington. After Hollande said on Thursday that “together with Angela Merkel we have decided to take a new initiative,” French media hinted that the decision to visit Moscow came as an attempt to present a viewpoint on solving the Ukrainian crisis that differs from the US one. Le Nouvel Observateur reported that this “historic initiative” on Hollande and Merkel’s part was preceded by “secret” talks between Paris, Berlin and Moscow. The French weekly also suggested that the EU leaders are meeting Putin “to get ahead of the Americans, who are trying to impose their solution to the problem on Westerners: a transfer of weapons to Ukraine.”
»There is clearly a disagreement between Washington and Brussels over arming Ukraine, says Nicolai Petro, Professor of Politics at the University of Rhode Island. “There seems to be a real discrepancy between the rhetoric on the American side of the Atlantic and the European side this time," he told RT. "Within the EU clearly there is also a division of opinions. There are more hawkish nations: Poland, the Baltic states that got even further than the US in providing military assistance. And on the other hand, Germany, France, Britain and Denmark have ruled it out so far.” “Of course there is a difference in the position. There is also difference in the position of the EU as a whole because there are different economic interests. France has always been largely independent in NATO. So their position historically is very different than the position of Germany,” Ann Van Densky, political commentator for EU Reporter magazine, told RT. [...]
»“NATO is flexing muscles. We hear the Republicans’ debate in Washington and they use very strong language and they are very eager to supply Kiev forces with weapons. Within this context Europe tries to promote its interest,” she said, adding that there is still no “profound understanding [in Europe] that the peace can not be imposed without inclusion of people of Donbass,” as a long lasting solution can only be found if these people's interests are heard. “Let's not forget that federalization of Ukraine which is possible now won't be possible very soon,” she said. Van Densky stressed the special role of France in NATO and expressed hope that “they will be more independent in treatment or in approach to conflict in Ukraine. However, they didn’t show themselves as independent as needed to protect European interests.”
»Political analyst Alexandar Pavic told RT that it’s now up to the West to repair relations with Russia, “not the other way around.” “Whether the Western states will do it remains to be seen,” he said. As for Washington’s mulling whether to send arms to Ukraine, Pavic believes it is Washington’s goal and it doesn’t need Europe’s support to send arms to Kiev. “Maybe privately the European leaders are against this but so far they haven’t shown sufficient resistance to Washington. In fact they’ve shown that they are not an independent entity as far as foreign policies [are] concerned.”
Autre texte de RT, le 7 février 2015, après le sommet de Moscou et le retour aux bercails respectifs de Merkel et de Hollande. Ce texte laisse une bonne place à un excellent commentateur, l’ancien éditorialiste-vedette de UPI, Martin Sieff, qui travaille aujourd’hui à Moscou et a développé sa liberté d’analyse des USA à mesure. Le commentaire est intéressant parce que Sieff se concentre sur une appréciation critique de la situation et de la position de Washington.
Sieff avance surtout l’argument que “l’Empire”, épuisé par sa folie interventionniste et ses diverses tares-Système, est dans cette position caractéristique des “fins-d’Empire” de l’“overstretched” (sorte de “sur-extension” de ses interventions, conduisant à des situations d’incapacité de toutes les assumer en même temps). Pour Sieff, les USA ne peuvent conduire à la fois leur intervention contre ISIS/Daesh et leur intervention en Ukraine, où ils ont installé une situation hors de contrôle, avec une pseudo-direction fractionnée, des groupes incontrôlables, etc., c’est-à-dire une situation aussi impuissante et paralysée dans le désordre que l’est le pouvoir à Washington. Par conséquent, “le problème est à Washington et à Kiev, pas à Paris ni à Berlin”, – ou, mieux dit, «le problème sera à Washington et à Kiev, pas à Paris et à Berlin»
«The apparently widening policy rift between Washington and the European capitals with regards to the Ukrainian crisis did not go unnoticed, with critics saying that it is in fact the US and Kiev who are creating obstacles which stand in the way of the conflict’s resolution. Martin Sieff, columnist for the Post-Examiner newspaper, spoke to RT about the Friday talks in Moscow: “I think we will be seeing an outlined document, I think there will be significant progress made towards the implementation of a ceasefire. Chancellor Merkel and President Hollande [have] belatedly recognized the seriousness of what is happening in Ukraine, they do want to move back from the brink, they do want to restrain the Kiev government, they are strongly in favor on a negotiated settlement. The problems will be in Washington and Kiev, not in Paris and Berlin.”
»According to Sieff, the “key rogue player” in the conflict is the Kiev government, which has been backed by the West but is now getting out of control and want to play its own rules on the ground. “The West created President Poroshenko, but he is in many respects the tail that wags the dog, they cannot always rein him in. He is the rogue player, he is the joker in this hand,” Sieff argued. If Washington goes ahead and sends arms to Ukraine as American hard-liners demand, it will be “a very dangerous move,” Sieff said, adding that Hollande and Merkel seem to have “a much greater sense of responsibility” regarding efforts to resolve the Ukrainian crisis.
»“I don’t think they [the US government] are looking at the real situation on the ground in Ukraine, and I don’t think they’re putting this in the wider context of the crisis America is facing, the other crisis, in the Middle East, where they’re trying to contain ISIS [Islamic State] at the moment. Containing ISIS is quite enough for America to have on its hands after two exhausting war in Iraq and Afghanistan; they cannot afford to let Ukraine cut loose with American weapons and American support as well, that would be insane for the US, it will be an imperial overstretch,” Sieff said.
»According to the critic, to resolve the conflict, US President Barack Obama and US Secretary of State John Kerry need to “swallow their pride and get a genuine bilateral relationship going again with President Putin,” as the US-Russia ties are “the most important strategic relationship in the world.” The problem is the lack of debate in Washington about the responsibility of Western powers for the current conflict in Ukraine, as well as the strategic importance and sensitivity of the developments in the region for Russia, he said.»
Le détonateur de la phase actuelle, c’est un détonateur de communication ; c’est l’évolution complexe, mais qui semblerait inéluctable avec un Congrès chauffé à blanc et une élite-Système qui ne l’est pas moins, vers une décision US de livrer des armes à l’Ukraine. On découvre alors que le sommet de Moscou portant sur un accord en Ukraine n’est, dans sa substance, que secondaire à cette question des livraisons d’armes ; par contre, dans sa forme, il (le sommet) lui est complètement lié, et il représente une façon de se désolidariser par avance d’une décision US dans ce sens.
Peu importe que cela (les livraisons d’armes) soit déjà en cours bien entendu, et depuis un certain temps, et que le résultat ne soit pas exaltant sur le terrain. Ce qui compte ici est bien la communication, – l’“effet d’annonce” d’une éventuelle décision de livrer des armes. Si une telle décision était prise, surtout dans le climat suscité par la polémique autour d’elle, elle devrait entraîner des réactions violentes, sur le terrain même, en Ukraine, et alentour ; entraînement puis enchaînement éventuel et logique, si la “livraison” était décidée, si la situation ne changeait pas sur le terrain où l’armée ukrainienne est dans une position critique, avec la mécanique habituelle de la montée sans fin aux extrêmes conduisant à l’envoi de troupes “alliées” en Ukraine, c’est-à-dire finalement et précisément des troupes US...
Or, ce “détonateur” a déjà fort bien fonctionné, avant de faire exploser la bombe, à un point que certains pourraient craindre ou craindraient déjà que la bombe ne soit qu’un pétard mouillé et que Washington se range à l’avis de Sieff selon lequel l’“Empire” ne peut plus tout faire. Le bon fonctionnement du détonateur, c’est la levée de boucliers un peu partout, contre la possible/de plus-en-plus-probable décision US, y compris à l’OTAN où les ministres de la défense des pays-membres se sont prononcés presque unanimement, mercredi, contre cette possible initiative. La situation est rocambolesque puisque les USA ont du faire des pieds et des mains pour ne pas être complètement isolés (à l’OTAN...). Ainsi a-t-on pu entendre un fort brave général Breedlove (le SACEUR, commandant en chef des forces intégrées OTAN), rétropédalant en urgence et disant qu’il trouve, sérieusement hein, que la décision d’envoyer des armes n’est peut-être pas une excellente idée. (Voir Antiwar.com le 5 février 2015.) Breedlove ne serait alors pas loin de juger cette initiative complètement folle, – “Qui a eu cette idée folle...”, etc., – lui qui en fait la promotion depuis plusieurs semaines, et qui en est même une des sources ; mais quoi, à Bruxelles il fallait bien embrasser ce qu’on ne pouvait étouffer (la quasi-unanimité contre l’éventuelle décision US).
Tout le monde s’y met d’ailleurs... Mais allons plus loin : si le ministre de la défense britannique se prononce à nouveau et d’une façon spectaculaire, pour ne pas dire tonitruante, contre l’envoi d’armes aux fous ukrainiens de Kiev, c’est peut-être bien qu’il a reçu le discret encouragement de certain(s) à Washington... On pense aussitôt à Sa Majesté Obama, contrainte par son environnement extrémistes, – du Congrès en folie aux Nuland, Powers et Cie, – à envisager la livraison des fameuses armes, et qui aimerait bien être contraint d’y renoncer par la pression des divers “alliés” européens. D’ailleurs, les Anglais, qui ont aujourd’hui une diplomatie étrange courant de l’insulte anti-poutinienne à la satisfaction européenne d’une certaine modération, se sont distingués en applaudissant à l’initiative Hollande-Merkel d’aller à Moscou, exactement comme on ne va pas à Canossa.
Canossa, justement, où l’Empereur Henri IV alla faire amende honorable devant le terrible Pape de la haine, Grégoire VII, mettant un terme à la non moins terrible Querelle des Investitures... Pour certains dont on se permet de penser qu’ils flirtent avec l’hystérie, ceux-là peut-être pris de court par la rapidité de la décision et de l’exécution du sommet, il ne sera aussitôt question que de le mettre en cause, de le dénoncer... Ils sont allés à Canossa, devant le “pape Poutine”, les traîtres ! En voici donc quelques-uns.
• A Washington, il n’en manque pas, de McCain trônant à la tête de la commission des forces armées du Sénat et affirmant que le Congrès se passera s’il le faut de l’accord du président pour ordonner d’envoyer des armes aux amis de Kiev, aux divers neocons/R2P qui parsèment l’administration Obama comme on entre dans un gruyère par les trous. Ajoutez-y le troupeau bêlant des divers experts-Système, déchaînés et qui ne rêvent que plaies et bosses parsemant les terres sans fin de la Sainte-Russie monstrueusement réapparue des cendres de l’URSS. (Tous, ils se sont fait un délice du rapport du Pentagone fuité vers USA Today selon lequel il apparaîtrait que Poutine est une sorte d’autiste, un fou malade quoi, encore plus dangereux que le redoutable Ebola.) Lundi, puisque Merkel doit se trouver en principe dans le bureau ovale, la Teutonne entendra ses oreilles teinter des braillements furieux de tous les libres-penseurs de la capitale de la Grande République...
• A Munich se tient, ce week-end, la fameuse conférence de la Wehrkunde, sorte de Davos des questions de sécurité nationale et donc adepte de la plus parfaite adaptation à l’orthodoxie-Système. Il est très probable qu’on va y entendre rugir les orthodoxes de l’OTAN et les extrémistes du “libéral-transatlantisme”, tant cette sorte de réunions est propice à l’exaltation de tous les extrémismes de la politique-Système. Au reste, le thème est annoncé sans souci de la nuance comme une charge entraînante contre la Russie, – d’ailleurs, tel que le résumait avec un entrain roboratif, Sputnik.News le 5 février 2015 : «“Russia: bear ou bust” [“Russie: ours ou pays en faillite”], c'est ainsi que [le thème de la conférence] est formulé dans le principal document de travail. Tout porte à croire que Moscou sera de nouveau confronté à une vague de menaces et d'accusations. Cependant, estiment les experts, l'Occident n'arrivera sûrement pas à avoir la peau de l'ours russe.» (En attendant les habituels éclats de voix, on a eu tout de même un écho du désordre extérieur, hors-Ukraine, avec la décision de la délégation turque, vendredi, de ne pas assister à la conférence à cause de l’annonce, en dernière minute, de la présence d’une délégation israélienne.)
• A l’UE même, à la veille du sommet, on avait beaucoup d’échos de manifestations de mauvaise humeur devant l’initiative des Français et des Allemands. Il s’agissait moins de condamner l’orientation qu’impliquait éventuellement la perception qu’on pouvait avoir du sommet, que la forme même de la démarche, où ces deux puissances semblent se substituer à l’Europe en prétendant parler en son nom. C’est un exemple parmi d’autres des contradictions et des inversions de perception qui entourent l’Europe, – car qu’y a-t-il de plus “européen” au sens institutionnel classique et orthodoxe qu’une Merkel et qu’un Hollande, et pourtant les voilà partis à Moscou sans mandat, au nom de leurs intérêts propres, de leurs conceptions nationales, et pourtant perçus comme des représentants de l’Europe... On aura tout de même noté, 1) que la Haute Représentante (ministre européenne des AE) Federica Mogherini a salué l’initiative Merkel-Hollande de ses encouragements, ce qui était une façon de lui donner une légitimité européenne ; 2) que le président de l’UE Donald Tusk, lui, s’en est bien gardé. Il s’agit également d’une sorte de “réplique sismique” de l’épisode du lundi 26 janvier (voir le 29 janvier 2015) où Tusk a pris l’initiative, contre tous les usages qui réserve cette sorte d’action au Haut Représentant, de réagir directement, sans réelle consultation des États-membres, à propos d’un événement en Ukraine interprété selon ses conceptions polonaises, c’est-à-dire hystériquement antirusses.
Inutile d’anticiper sur la suite de ce sommet, ou sur la suite des événements, pour en rester à l’essentiel, comme nous avons vu plus haut : ce que nous dit ce sommet de la situation du monde au moment où il a lieu. Quel que soit son résultat, quelles que soient ses conséquences, etc., ce sommet est une indication complètement indubitable de la distance qui sépare les USA et les Européens (les puissances européennes, sans aucun doute) sur la question ukrainienne, sur la question des relations avec la Russie, et plus généralement sur la façon d’aborder les questions de sécurité.
Les personnages de la pièce sont ce qu’ils sont, et l’événement ne suffit pas à en modifier la perception qu’on en a, – sinon l’apparition d’une interrogation ou l’autre : Hollande pourrait-il parvenir à affirmer une vision propre, c’est-à-dire française et indépendante, des questions de sécurité, au travers de la réalisation de la gravité de la situation et des conséquences potentiellement catastrophiques de la politique extrémiste que veulent imposer les USA ? Merkel tournerait-elle une fois de plus de cap, sinon de veste, elle aussi sous le coup de la réalisation de la gravité de la situation, et du constat que les USA ne font que l’envenimer, avec le risque de l’affrontement nucléaire au bout du compte ? Questions posées, certainement rien de plus, – mais pas moins, tout de même, c’est-à-dire avec de la substance pour justifier de les poser...
Par contre, ce qui apparaît en pleine lumière, et qui fait effectivement du sommet de Moscou un “Moment historique”, c’est bien l’extraordinaire facticité de l’arrangement courant, et du rangement des uns et des autres au sein du bloc BAO, par rapport aux intérêts des uns et des autres, et selon des perceptions si différentes les unes des autres. Cette facticité implique une extrême vulnérabilité dans les périodes de tension comme est toute l’époque que nous vivons. Il apparaît alors que le rangement au sein du bloc BAO peut très, très rapidement se transformer en désordre au sein du bloc BAO, et que ce désordre deviendrait nécessairement pour notre compte un “hyper-désordre” favorisant l’affaiblissement du bloc BAO (et du Système), et ouvrant éventuellement la voie vers une séquence d’une extrême gravité, qu’on espérerait finale, de la Grande Crise d’effondrement du Système.
Il est assuré, bien entendu, qu’en Ukraine rien n’est fini, quoi qu’il sorte finalement de ce sommet. Il est assuré, bien entendu, que les USA poursuivront, sous la poussée irrésistible du Système, leur politique extrémiste, en poussant eux-mêmes à toutes les extrémités possibles en Ukraine... Et il n’est pas loin, désormais, d’être assuré que les Européens se trouveront de plus en plus nécessairement conduits à s’opposer à la politique extrémiste de leur allié parce que cette politique extrémiste ne peut que recéler les pires possibilités, et pire encore, la pire de toutes les pires possibilités (l’affrontement nucléaire) ... Cette conclusion que nous offrions le 3 mars 2014, est à notre sens de plus en plus valable, et elle vient d’être, indirectement mais puissamment, illustrée par le sommet à “Canossa-sur-la-Moskova”...
«La crise ukrainienne, et la réalisation que les pressions du Système (du bloc BAO, son factotum) peuvent conduire à l’extrême catastrophique des affaires du monde, peuvent aussi bien, grâce au “formidable choc psychologique” dont nous parlons et à l’immense crainte qu’il recèle, déclencher une autre dynamique d’une puissance inouïe. Notre hypothèse à cet égard, rencontrant l’idée de la formidable puissance symbolique du centenaire de la Grande Guerre (voir le 2 janvier 2014), est que cette dynamique est celle de l’effondrement du Système dont rien, absolument rien ne réclame qu’il se fasse dans l’apocalypse nucléaire, parce qu’alors elle pourrait bien être, cette dynamique, le fruit de la panique psychologique totale naissant de la perspective soudain apparue que le risque de la guerre nucléaire existe plus que jamais...»
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